Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
#E1 [ST] Tracé du Bélier
Acquis d’extension
Le tracé du Bélier invoque deux murs de feu impénétrables durant l’épopée. Les murs ne répondent qu’au sorcier qui les a invoqués et peuvent pivoter sur eux-même à 360° à l’endroit où ils ont été invoqués. Les murs peuvent mesurer jusqu’à trois mètres de haut pour trois mètres de large et résistent à l’assaut de 4 sortilèges avant de disparaître. (Coût : 4 )
Acquis d’extension
Le tracé du Bélier invoque deux murs de feu impénétrables durant l’épopée. Les murs ne répondent qu’au sorcier qui les a invoqués et peuvent pivoter sur eux-même à 360° à l’endroit où ils ont été invoqués. Les murs peuvent mesurer jusqu’à trois mètres de haut pour trois mètres de large et résistent à l’assaut de 4 sortilèges avant de disparaître. (Coût : 4 )
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
Le feu qui ronronnait dans la cheminée n’était pas là pour réchauffer la pièce — il ne faisait jamais vraiment froid à l’intérieur du château. La cheminée n’était pas non plus là pour cuir un boeuf entier — bien qu’elle en avait la capacité. Quant au vieil homme assit sur un tabouret, dos au brasier, il n’était pas non plus là pour faire de la figuration — les cours d’Alchimie n’étaient pas ceux qui se prêtaient le mieux à l’art du tournage de pouces. Il attendit que tout le monde se trouve une place contre les murs de la salle de classe, là où s’érigeaient des travées en bois plongées dans la pénombre. Le tout formait un U qui encadrait un large espace éclairé par un plafonnier en cristal. Le dit plafonnier en cristal dessinait des taches de lumière sur le sol. Rouge, bleu, vert, jaune… Aucune couleur ou nuance pouvait se plaindre de ne pas être représentée.
Aliaume remercia d’un hochement de tête le délégué qui scella la porte de la salle de classe. Au cliquetis de la serrure, des symboles alchimiques s’illuminèrent instantanément sur tous les murs et même au plafond. Seules les dalles de pierre du sol demeuraient aussi grises et sans vie que le souhaitait le maître des lieux. Un sourire passa sur son visage marqué aussi bien par les années que par les tatouages alchimiques lorsqu’il rencontra les regards étonnés des nouveaux élèves de deuxième année.
« Soyez toutes et tous les bienvenus au premier atelier d’Alchimie de l’année, dit-il en tapotant son bâton de marche du bout des doigts, appuyé qu’il était contre sa poitrine. Aujourd’hui, je vous propose de confondre deux univers en un seul tracé… enfin treize, en toute logique, encore que le commun des mortels se plaît à croire qu’ils sont en réalité douze... »
Au silence qui planait dans la salle, Aliaume était certain de les avoir perdu. Il poussa un rire de moustache — comprendre une espèce de hoquet de rire étouffé par des poils blancs qui pousseraient en broussaille — et se leva en grimaçant. C’était un très vieil homme et il avait un très vieux bassin !
« Par tous les druides, fichues hanches ! Allons, debout ! Voilà qui est mieux. »
Il avança à petits pas en faisant claquer son bâton sur le dallage de pierre.
« … allons, je suis sûr que vous avez déjà entendu parler du Zodiaque et des signes qui le constituent, hm ? »
Des baguettes s’allumèrent un peu partout autour de lui — c’était le signe communément admis en cours d’Alchimie que quelqu’un souhaitait prendre la parole. En grand seigneur, Aliaume acquiesça en fixant une adolescente au premier rang. Une élève de la confrérie de Lug à en croire sa broche.
Aliaume remercia d’un hochement de tête le délégué qui scella la porte de la salle de classe. Au cliquetis de la serrure, des symboles alchimiques s’illuminèrent instantanément sur tous les murs et même au plafond. Seules les dalles de pierre du sol demeuraient aussi grises et sans vie que le souhaitait le maître des lieux. Un sourire passa sur son visage marqué aussi bien par les années que par les tatouages alchimiques lorsqu’il rencontra les regards étonnés des nouveaux élèves de deuxième année.
« Soyez toutes et tous les bienvenus au premier atelier d’Alchimie de l’année, dit-il en tapotant son bâton de marche du bout des doigts, appuyé qu’il était contre sa poitrine. Aujourd’hui, je vous propose de confondre deux univers en un seul tracé… enfin treize, en toute logique, encore que le commun des mortels se plaît à croire qu’ils sont en réalité douze... »
Au silence qui planait dans la salle, Aliaume était certain de les avoir perdu. Il poussa un rire de moustache — comprendre une espèce de hoquet de rire étouffé par des poils blancs qui pousseraient en broussaille — et se leva en grimaçant. C’était un très vieil homme et il avait un très vieux bassin !
« Par tous les druides, fichues hanches ! Allons, debout ! Voilà qui est mieux. »
Il avança à petits pas en faisant claquer son bâton sur le dallage de pierre.
« … allons, je suis sûr que vous avez déjà entendu parler du Zodiaque et des signes qui le constituent, hm ? »
Des baguettes s’allumèrent un peu partout autour de lui — c’était le signe communément admis en cours d’Alchimie que quelqu’un souhaitait prendre la parole. En grand seigneur, Aliaume acquiesça en fixant une adolescente au premier rang. Une élève de la confrérie de Lug à en croire sa broche.
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
L’adolescente, qui était consciente que tous les regards étaient fixés sur elle malgré la pénombre environnante, s’éclaircit la voix et répondit dans un français teinté d’un fort accent néerlandais :
« En astronomie, le Zodiaque est la zone traversée par le soleil en un an. Cette zone compte treize constellations. Le bélier, le taureau, les gémeaux, le cancer, le lion, la vierge, la balance, le scorpion, l’ophiucus, le sagittaire, le capricorne, le verseau et les poissons. »
« Remarquable ! s’enthousiasma le professeur Delalande. C’est tout à fait ça. Il semble que les centaures soient toujours les meilleurs astronomes de notre monde, hm ? »
L’adolescente rougit en acquiesçant. Le vieil homme connaissait au moins deux ou trois centaures aux Pays-Bas qui pouvaient facilement donner le change aux meilleurs astronomes du monde de la sorcellerie. Fort heureusement pour l’égo de ces sorciers, les centaures étaient rarement assez patients pour supporter la bêtise des adultes d’une autre espèce.
« Treize constellations pour treize tracés de légende, poursuivit le vieil homme en sortant sa baguette d’un pli de sa robe. »
En l’agitant délicatement, treize tracés prirent forme sur le sol. Des tracés d’une complexité rare qui mêlaient des traits courbés, des formes géométriques et des chiffres. Les treize tracés du Zodiaque alchimique, dont un figurait même sur le socle de la Boussole des Mers si chère au peuple gitan.
« Nous allons aujourd’hui nous intéresser au premier d’entre eux, le tracé du Bélier, qui tire principalement sa force de Hamal, l’étoile la plus brillante de la constellation du Bélier. »
D’un nouveau coup de poignet, sa baguette effaça les douze autres tracés pour ne garder que celui qui devait faire l’objet de leur étude.
« Est-ce que quelqu’un parmi vous s’intéresse d’assez près à l’astrologie pour me dire à quel élément est associé le signe du Bélier ? »
A nouveau, une forêt de points lumineux s’alluma dans les travées, majoritairement par des adolescentes des trois écoles de sorcellerie européennes. Aliaume s’amusait de constater que la page astrologie des journaux et autres revues sorcières avait encore de belles années devant elle sur le Vieux Continent. Cette fois, il désigna une élève de la confrérie d’Ogme. Une beauté pâle aux cheveux noirs noués d’un ruban rouge.
« Le feu professeur. »
Aliaume acquiesça gaiement.
« Précisément : le feu ! C’est lui que nous allons utiliser pour déclencher ce tracé. Un ou une volontaire pour descendre dans la fosse aux lions et tenter de reproduire ce tracé dans un cercle alchimique ? »
Les travées s’illuminèrent d’un nuage plus éparse de Lumos. Le travail pratique devant témoins devait en inquiéter plus d’un et plus d’une dans l’assistance.
« Ne soyez pas timides, tout le monde va y passer. »
« En astronomie, le Zodiaque est la zone traversée par le soleil en un an. Cette zone compte treize constellations. Le bélier, le taureau, les gémeaux, le cancer, le lion, la vierge, la balance, le scorpion, l’ophiucus, le sagittaire, le capricorne, le verseau et les poissons. »
« Remarquable ! s’enthousiasma le professeur Delalande. C’est tout à fait ça. Il semble que les centaures soient toujours les meilleurs astronomes de notre monde, hm ? »
L’adolescente rougit en acquiesçant. Le vieil homme connaissait au moins deux ou trois centaures aux Pays-Bas qui pouvaient facilement donner le change aux meilleurs astronomes du monde de la sorcellerie. Fort heureusement pour l’égo de ces sorciers, les centaures étaient rarement assez patients pour supporter la bêtise des adultes d’une autre espèce.
« Treize constellations pour treize tracés de légende, poursuivit le vieil homme en sortant sa baguette d’un pli de sa robe. »
En l’agitant délicatement, treize tracés prirent forme sur le sol. Des tracés d’une complexité rare qui mêlaient des traits courbés, des formes géométriques et des chiffres. Les treize tracés du Zodiaque alchimique, dont un figurait même sur le socle de la Boussole des Mers si chère au peuple gitan.
« Nous allons aujourd’hui nous intéresser au premier d’entre eux, le tracé du Bélier, qui tire principalement sa force de Hamal, l’étoile la plus brillante de la constellation du Bélier. »
D’un nouveau coup de poignet, sa baguette effaça les douze autres tracés pour ne garder que celui qui devait faire l’objet de leur étude.
« Est-ce que quelqu’un parmi vous s’intéresse d’assez près à l’astrologie pour me dire à quel élément est associé le signe du Bélier ? »
A nouveau, une forêt de points lumineux s’alluma dans les travées, majoritairement par des adolescentes des trois écoles de sorcellerie européennes. Aliaume s’amusait de constater que la page astrologie des journaux et autres revues sorcières avait encore de belles années devant elle sur le Vieux Continent. Cette fois, il désigna une élève de la confrérie d’Ogme. Une beauté pâle aux cheveux noirs noués d’un ruban rouge.
« Le feu professeur. »
Aliaume acquiesça gaiement.
« Précisément : le feu ! C’est lui que nous allons utiliser pour déclencher ce tracé. Un ou une volontaire pour descendre dans la fosse aux lions et tenter de reproduire ce tracé dans un cercle alchimique ? »
Les travées s’illuminèrent d’un nuage plus éparse de Lumos. Le travail pratique devant témoins devait en inquiéter plus d’un et plus d’une dans l’assistance.
« Ne soyez pas timides, tout le monde va y passer. »
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
Parce qu’il était conscient que l’exercice s’avérerait plus probant avec un élève de sa propre confrérie, Aliaume sélectionna un élève qui arborait la broche de Lug ; soit quelqu’un qui pratiquait l’Alchimie depuis suffisamment longtemps pour ne pas se ridiculiser devant tout le monde. Le vieil homme invita l’élève à le rejoindre dans la lumière.
« Si vous voulez bien nous ouvrir un cercle alchimique, demanda-t-il. Deux emplacements suffiront amplement. »
L’élève s’exécuta avec beaucoup de sérieux au moment de prononcer la formule « Alchimia Circulus ». Son coup de baguette lui fit tracer un beau cercle alchimique divisé en deux parties égales par un trait horizontal (une originalité quand on savait que la grande majorité des alchimistes lui préféraient le trait vertical). Aliaume approuva son travail d’un sourire appuyé.
« C’est là que ça se gâte, s’amusa-t-il en se décalant suffisamment pour laisser un corridor entre l’élève et le feu qui ronronnait dans la cheminée. Le tracé du Bélier puise une partie de sa force dans la constellation du même nom… »
Le vieil homme agita sa baguette magique.
« … le tracé suit les quatre étoiles principales de la constellation du bélier : Botein, Mesarthim, Sheratan, et en dernier Hamal… »
A chaque nom d’étoile qu’il prononça, le vieil homme fit apparaître une petite boule de lumière correspondante flottant à quelques centimètres du sol. Un énième coup de baguette magique relia les quatre petites boules par un trait de lumière.
« … Il est crucial que vous exécutiez le tracé dans cet ordre précis. Qui plus est que vous l’exécutiez auprès d’une source de feu. Sans quoi, j’ai bien peur que vous n’obteniez pas l’effet escompté. Permettez que j’illustre mes propos, jeune homme. »
L’élève de Lug recula pour laisser place à la virtuosité du sorcier expérimenté qui fit une nouvelle danser sa baguette magique dans les airs pour inscrire deux tracés dans le cercle alchimique de l’élève : le vrai tracé du Bélier, mené d’une main de maître, et un tracé du Bélier identique par la forme, mais tracé sans avoir suivi l’ordre des étoiles énoncé plus tôt. Les résultats s’en trouvèrent radicalement opposés.
Lorsque le cercle alchimique s’activa dans un halo de lumière blanche, le second tracé produisit une petite flammèche qui mourut aussitôt quand le premier tracé aspira le gros des flammes de la cheminée et produisit deux murs de flammes aussi hauts que larges. Aliaume s’amusa à les faire pivoter sur un axe désormais invisible (l’endroit précis où figurait le centre du cercle alchimique) en veillant à ne pas laisser les flammes lécher le plafonnier en cristal.
« Si vous voulez bien nous ouvrir un cercle alchimique, demanda-t-il. Deux emplacements suffiront amplement. »
L’élève s’exécuta avec beaucoup de sérieux au moment de prononcer la formule « Alchimia Circulus ». Son coup de baguette lui fit tracer un beau cercle alchimique divisé en deux parties égales par un trait horizontal (une originalité quand on savait que la grande majorité des alchimistes lui préféraient le trait vertical). Aliaume approuva son travail d’un sourire appuyé.
« C’est là que ça se gâte, s’amusa-t-il en se décalant suffisamment pour laisser un corridor entre l’élève et le feu qui ronronnait dans la cheminée. Le tracé du Bélier puise une partie de sa force dans la constellation du même nom… »
Le vieil homme agita sa baguette magique.
« … le tracé suit les quatre étoiles principales de la constellation du bélier : Botein, Mesarthim, Sheratan, et en dernier Hamal… »
A chaque nom d’étoile qu’il prononça, le vieil homme fit apparaître une petite boule de lumière correspondante flottant à quelques centimètres du sol. Un énième coup de baguette magique relia les quatre petites boules par un trait de lumière.
« … Il est crucial que vous exécutiez le tracé dans cet ordre précis. Qui plus est que vous l’exécutiez auprès d’une source de feu. Sans quoi, j’ai bien peur que vous n’obteniez pas l’effet escompté. Permettez que j’illustre mes propos, jeune homme. »
L’élève de Lug recula pour laisser place à la virtuosité du sorcier expérimenté qui fit une nouvelle danser sa baguette magique dans les airs pour inscrire deux tracés dans le cercle alchimique de l’élève : le vrai tracé du Bélier, mené d’une main de maître, et un tracé du Bélier identique par la forme, mais tracé sans avoir suivi l’ordre des étoiles énoncé plus tôt. Les résultats s’en trouvèrent radicalement opposés.
Lorsque le cercle alchimique s’activa dans un halo de lumière blanche, le second tracé produisit une petite flammèche qui mourut aussitôt quand le premier tracé aspira le gros des flammes de la cheminée et produisit deux murs de flammes aussi hauts que larges. Aliaume s’amusa à les faire pivoter sur un axe désormais invisible (l’endroit précis où figurait le centre du cercle alchimique) en veillant à ne pas laisser les flammes lécher le plafonnier en cristal.
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
Les mirettes étincelaient aux premiers rangs. Même l’élève de la confrérie de Lug présent aux côtés du vieil homme observait les murs de feu avec des yeux lumineux et une bouche légèrement entrouverte. A moins que ce ne fut tout simplement la lumière produite par les hautes et puissantes flammes qui donnaient à cette ribambelle d’yeux un scintillement si particulier ?
Quoi qu’il en fut réellement, le vieil homme dut mettre fin aux rêves de puissance ou au simple émerveillement de la classe maintenant que la démonstration de son art était faite. Il tendit le bras qui tenait son bâton de marche vers la cheminée et le brasier qui végétait se raviva à un point où les flammes, complètement folles, se mirent à noircir la pierre de l’âtre. Les plus observateurs remarqueraient, peut-être, le rougeoiement près du coude droit du professeur, mais un battement de cils plus tard, plus rien n’en subsistait.
Il y en eut, peut-être, pour interroger leurs voisins sur ce qu’ils pensaient avoir vu, mais toute l’attention revint sur Aliaume lorsqu’il traça un nouveau cercle alchimique sans avoir recours à la moindre formulation magique : un cercle beaucoup plus grand que le premier offert par l’élève de la confrérie de Lug ; et pour cause, il comptait dix emplacements de tracés ! Dix emplacements qui n’attendaient qu’une main délicate pour y inscrire le fameux tracé du jour.
« Il me faut neuf volontaires pour rejoindre notre camarade ici présent, déclara Aliaume avec une certaine malice dans le ton de sa voix. Tôt ou tard, il faut bien s’essayer au tracé du Bélier, hm ? Les autres, je vous laisse constituer une file dans les travées. Vous passerez par groupe de dix. Allez, allez ! Un peu de nerf, je sais pas vous mais moi je ne compte pas laisser filer l’assiette de gratin dauphinois prévue ce midi ! »
De gré ou de force, le premier groupe de dix se constitua rapidement autour de l’élève de la confrérie de Lug tandis qu’une file se mettait plus difficilement en place dans les travées. Aliaume invita le premier groupe à se répartir autour du cercle alchimique de sorte à ce que chaque sorcier se trouve devant un emplacement vide.
« N’oubliez pas de connecter votre pensée aux flammes qui ronronnent dans la cheminée quand vous exécuterez votre tracé. Reliez-les à votre propre feu intérieur. Allez-y maintenant, c’est à vous de jouer. »
Sachant combien la situation pouvait être déstabilisante pour ses élèves, Aliaume s’évertua à marcher lentement derrière chacun d’eux, son regard affûté analysant aussi bien leur technique que leur précision ou leur fragilité.
Quoi qu’il en fut réellement, le vieil homme dut mettre fin aux rêves de puissance ou au simple émerveillement de la classe maintenant que la démonstration de son art était faite. Il tendit le bras qui tenait son bâton de marche vers la cheminée et le brasier qui végétait se raviva à un point où les flammes, complètement folles, se mirent à noircir la pierre de l’âtre. Les plus observateurs remarqueraient, peut-être, le rougeoiement près du coude droit du professeur, mais un battement de cils plus tard, plus rien n’en subsistait.
Il y en eut, peut-être, pour interroger leurs voisins sur ce qu’ils pensaient avoir vu, mais toute l’attention revint sur Aliaume lorsqu’il traça un nouveau cercle alchimique sans avoir recours à la moindre formulation magique : un cercle beaucoup plus grand que le premier offert par l’élève de la confrérie de Lug ; et pour cause, il comptait dix emplacements de tracés ! Dix emplacements qui n’attendaient qu’une main délicate pour y inscrire le fameux tracé du jour.
« Il me faut neuf volontaires pour rejoindre notre camarade ici présent, déclara Aliaume avec une certaine malice dans le ton de sa voix. Tôt ou tard, il faut bien s’essayer au tracé du Bélier, hm ? Les autres, je vous laisse constituer une file dans les travées. Vous passerez par groupe de dix. Allez, allez ! Un peu de nerf, je sais pas vous mais moi je ne compte pas laisser filer l’assiette de gratin dauphinois prévue ce midi ! »
De gré ou de force, le premier groupe de dix se constitua rapidement autour de l’élève de la confrérie de Lug tandis qu’une file se mettait plus difficilement en place dans les travées. Aliaume invita le premier groupe à se répartir autour du cercle alchimique de sorte à ce que chaque sorcier se trouve devant un emplacement vide.
« N’oubliez pas de connecter votre pensée aux flammes qui ronronnent dans la cheminée quand vous exécuterez votre tracé. Reliez-les à votre propre feu intérieur. Allez-y maintenant, c’est à vous de jouer. »
Sachant combien la situation pouvait être déstabilisante pour ses élèves, Aliaume s’évertua à marcher lentement derrière chacun d’eux, son regard affûté analysant aussi bien leur technique que leur précision ou leur fragilité.
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
Pour analyser, Aliaume analysa : le vieil homme laissa à chaque élève le loisir d’exécuter son tracé comme il ou elle l’entendait. Ce n’est qu’une fois le dessin immortalisé dans le cercle alchimique qu’il se penchait sur l’épaule du bougre ou de la bougresse pour corriger ce qui n’était pas conforme.
« Pas mal du tout, mais attention votre arc était trop courbé entre Botein et Mesarthim. Soyez plus vif la prochaine fois. C’est un tracé de feu, un tracé brut, sans compromis. »
Il se permettait même quelques anecdotes murmurées du bout des lèvres :
« Vous vous en sortez beaucoup mieux que vôtre grand-père. C’est à peine s’il réussissait à retenir l’ordre des étoiles. »
Ou des mots d’encouragement :
« Vous tremblez. N’ayez pas peur. Il faut s’exposer à l’échec pour réussir et croyez-moi quand je vous dis qu’en Alchimie plus qu’en toute autre chose, il vous faut échouer. »
Personne n’était épargné, pas même les élèves expérimentés :
« Vous avez retenu la leçon, c’est indéniable, mais votre cœur est froid comme l’hiver ma chère. Laissez le feu vous réchauffer, vos sentiments se libérer. Votre magie n’en sera que plus affirmée. »
Quand il ne disait tout simplement pas :
« Prenez votre courage à deux mains mon brave et dites-lui que vous l’aimez ou j’ai bien peur que vous ne soyez condamné à passer le reste de mes cours à la dévorer des yeux sans m’accorder la moindre attention. »
Conformément à ce à quoi il s’attendait quand le cercle alchimique s’activa, les résultats s’avéraient plutôt moyens à tendance médiocres. Ce qui était tout à fait normal. L’Alchimie était une recherche permanente du geste parfait, de l’équilibre parfait, par un esprit lavé de toutes ses imperfections. Du bruit de pétard mouillé à la ligne de feu, en passant par deux flammèches qui dansaient l’une autour de l’autre, aucun résultat n’équivalait, en rien, celui obtenu par le vieil homme un instant plus tôt. Il sourit.
« Contemplez votre échec en face. Pensez à ce que je viens de vous dire et retournez dans les travées méditer sur tout ça. Vous reviendrez plus forts dans quelques minutes, je n’en doute pas. Groupe suivant ! »
Les dix premiers volontaires laissèrent place aux dix suivants, tous bien déterminés à montrer qu’ils s’en sortiraient beaucoup mieux. Aliaume s’en amusa en traçant un nouveau cercle alchimique.
« Pas mal du tout, mais attention votre arc était trop courbé entre Botein et Mesarthim. Soyez plus vif la prochaine fois. C’est un tracé de feu, un tracé brut, sans compromis. »
Il se permettait même quelques anecdotes murmurées du bout des lèvres :
« Vous vous en sortez beaucoup mieux que vôtre grand-père. C’est à peine s’il réussissait à retenir l’ordre des étoiles. »
Ou des mots d’encouragement :
« Vous tremblez. N’ayez pas peur. Il faut s’exposer à l’échec pour réussir et croyez-moi quand je vous dis qu’en Alchimie plus qu’en toute autre chose, il vous faut échouer. »
Personne n’était épargné, pas même les élèves expérimentés :
« Vous avez retenu la leçon, c’est indéniable, mais votre cœur est froid comme l’hiver ma chère. Laissez le feu vous réchauffer, vos sentiments se libérer. Votre magie n’en sera que plus affirmée. »
Quand il ne disait tout simplement pas :
« Prenez votre courage à deux mains mon brave et dites-lui que vous l’aimez ou j’ai bien peur que vous ne soyez condamné à passer le reste de mes cours à la dévorer des yeux sans m’accorder la moindre attention. »
Conformément à ce à quoi il s’attendait quand le cercle alchimique s’activa, les résultats s’avéraient plutôt moyens à tendance médiocres. Ce qui était tout à fait normal. L’Alchimie était une recherche permanente du geste parfait, de l’équilibre parfait, par un esprit lavé de toutes ses imperfections. Du bruit de pétard mouillé à la ligne de feu, en passant par deux flammèches qui dansaient l’une autour de l’autre, aucun résultat n’équivalait, en rien, celui obtenu par le vieil homme un instant plus tôt. Il sourit.
« Contemplez votre échec en face. Pensez à ce que je viens de vous dire et retournez dans les travées méditer sur tout ça. Vous reviendrez plus forts dans quelques minutes, je n’en doute pas. Groupe suivant ! »
Les dix premiers volontaires laissèrent place aux dix suivants, tous bien déterminés à montrer qu’ils s’en sortiraient beaucoup mieux. Aliaume s’en amusa en traçant un nouveau cercle alchimique.
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
Le second groupe ne fit pas mieux que le premier. Pas plus que le troisième ne fit mieux que le second. A chaque tracé, Aliaume passait tous les détails au peigne fin, rectifiait ce qui devait l’être, et encourageait chaque élève à persévérer. Il se montrait beaucoup plus attentif aux efforts consentis par les élèves d’Ogme et Dagda dans ce domaine si singulier de la magie qu’est l’Alchimie. Peut-être parce que ces élèves ne possédaient pas une base aussi solide sur laquelle s’appuyer, contrairement aux habitués des cercles alchimiques de la confrérie de Lug.
Quand sonna l’heure du deuxième passage, une plus grande proportion d’élèves abandonna le rôle de pantin pour celui de sorcier. Sur les conseils avisés du vieil homme, ces élèves abandonnèrent l’idée simple, mais inutile, de copier les faits et gestes de leur aîné pour beaucoup mieux ressentir la puissance des flammes dans la cheminée ; la conjuguer à leur propre feu intérieur (ce qui était plus ou moins aisé selon que le feu fût ou non leur affinité élémentaire), et tracer quelque chose qui ressemblait beaucoup plus à un tracé de feu que tout ce qui avait pu être proposé jusqu’à présent.
« C’est mieux ! C’est beaucoup mieux ! commenta Aliaume en tournant autour du groupe en exercice. Soyez sans compromis, comme l’incendie qui ravage tout ce qu’il peut sur son passage. Rappelez-vous que les tracés de feu, contrairement aux tracés d’air, d’eau ou encore de terre, ne laissent aucune place à l’hésitation. En cela ils sont bruts, déterminés, et résolus à s’accomplir, quoi qu’il en coûte. »
Il rectifia la position du poignet d’un élève.
« Vos mouvements de baguette doivent y ressembler. Bruts, déterminés, résolus à s’accomplir… »
Il vérifia la mire d’un autre élève, la réaligna, puis il tapota l’épaule d’une élève de la confrérie de Dagda pour l’encourager.
« … bruts… déterminés… résolus à s’accomplir. »
Au fil des nouveaux essais, les murs de flammes commencèrent à devenir une norme (même si le terme « muret » aurait sans doute mieux convenu à ce que la plupart des élèves étaient capables de produire), les échecs se réduisant à une peau de chagrin.
Aliaume accorda plus de temps à celles et ceux qui montraient de réelles difficultés à appréhender le feu dans un moment d’échange bienveillant, à l’écart, tandis qu’il invitait le reste à tenter un dernier essai si le cœur leur en disait.
Le feu n’était pas un élément qui faisait dans la finesse. Il puisait le plus gros de sa force dans des sentiments difficiles à capturer, des moments compliqués de l’existence. Quand l’atelier prit fin et que le flux d’élèves commença à s’écouler en dehors de la salle de classe, la plupart d’entre eux était habité d’une énergie revancharde qui risquait bien de produire quelques étincelles dans la journée.
Aliaume s’en amusa.
« Pas de fumée sans feu. »
Et la cheminée de lui répondre discrètement d’une voix chuintante :
« Pas de feu sans peine. »
Quand sonna l’heure du deuxième passage, une plus grande proportion d’élèves abandonna le rôle de pantin pour celui de sorcier. Sur les conseils avisés du vieil homme, ces élèves abandonnèrent l’idée simple, mais inutile, de copier les faits et gestes de leur aîné pour beaucoup mieux ressentir la puissance des flammes dans la cheminée ; la conjuguer à leur propre feu intérieur (ce qui était plus ou moins aisé selon que le feu fût ou non leur affinité élémentaire), et tracer quelque chose qui ressemblait beaucoup plus à un tracé de feu que tout ce qui avait pu être proposé jusqu’à présent.
« C’est mieux ! C’est beaucoup mieux ! commenta Aliaume en tournant autour du groupe en exercice. Soyez sans compromis, comme l’incendie qui ravage tout ce qu’il peut sur son passage. Rappelez-vous que les tracés de feu, contrairement aux tracés d’air, d’eau ou encore de terre, ne laissent aucune place à l’hésitation. En cela ils sont bruts, déterminés, et résolus à s’accomplir, quoi qu’il en coûte. »
Il rectifia la position du poignet d’un élève.
« Vos mouvements de baguette doivent y ressembler. Bruts, déterminés, résolus à s’accomplir… »
Il vérifia la mire d’un autre élève, la réaligna, puis il tapota l’épaule d’une élève de la confrérie de Dagda pour l’encourager.
« … bruts… déterminés… résolus à s’accomplir. »
Au fil des nouveaux essais, les murs de flammes commencèrent à devenir une norme (même si le terme « muret » aurait sans doute mieux convenu à ce que la plupart des élèves étaient capables de produire), les échecs se réduisant à une peau de chagrin.
Aliaume accorda plus de temps à celles et ceux qui montraient de réelles difficultés à appréhender le feu dans un moment d’échange bienveillant, à l’écart, tandis qu’il invitait le reste à tenter un dernier essai si le cœur leur en disait.
Le feu n’était pas un élément qui faisait dans la finesse. Il puisait le plus gros de sa force dans des sentiments difficiles à capturer, des moments compliqués de l’existence. Quand l’atelier prit fin et que le flux d’élèves commença à s’écouler en dehors de la salle de classe, la plupart d’entre eux était habité d’une énergie revancharde qui risquait bien de produire quelques étincelles dans la journée.
Aliaume s’en amusa.
« Pas de fumée sans feu. »
Et la cheminée de lui répondre discrètement d’une voix chuintante :
« Pas de feu sans peine. »
[FIN]
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