Le Narrateur
Ami des Lettres
Sur le pas de ma porte de classe, j’attendais mes élèves en regardant ce qui se passait dans le couloir. Les peintures qui répétaient inlassablement les mêmes scènes depuis des siècles, les statues qui saluaient les élèves ou qui au contraire se figeaient, les gouttes de pluie qui faisaient la course sur les fenêtres avant de s’écraser, les élèves qui se rendaient aux toilettes au bout du couloir en quatrième vitesse entre deux cours. Je fis signe à Leandro qui avait sorti le bout de son nez. D’autres élèves arrivèrent essoufflés par le grand escalier et se dirigeaient dans leurs salles de classe correspondantes, celle de Leandro, la mienne et celle d’artisanat magique au fond du couloir que je devinais aisément. J’en avais passé des heures à cet étage. C’était, il fallait l’avouer, l’étage où je passais le plus de temps et par conséquent, mon préféré. Il y avait une atmosphère particulière, remplie de magie. Entre mes cours, la métamorphose, l’artisanat, la salle des fêtes et les instruments enchantés, les statues des fondateurs, le salon des frasques et autres… Cela en faisait de l’activité!
Un sourire se dessina sur mon visage. Je repensais à une scène qui s’était déroulée vingt ans plus tôt…
Mardi 2 octobre 2001
- Spoiler:
- Professeure Cormier! Profess… Bon.
Elle ne m’avait pas entendue et avait disparu dans le flot des élèves qui descendait à l’étage inférieur puisque les derniers cours venaient de se terminer. Un élève m’avait parlé d’un de ses problèmes, une sombre histoire d’Inflamare raté, qui a failli provoquer un incendie, et je voulais en discuter avec elle. J’étais déléguée depuis un an maintenant et j’avais affaire parfois à de drôles de requêtes ou bêtises. Bon en même temps, je ne suis pas là à toutes les traquer non plus, je préfère aider ceux qui en ont besoin que de réprimander les autres. En plus, ça peut nous arriver à tous! Prenez Leandro l’année dernière ou même mon frère, ce n’étaient pas des enfants de chœur. Tahina non plus, et puis moi... Bon moi on n’allait pas le crier trop fort. Et je ne parle pas de mes copines, Lucie et Sanne. Bref toujours est-il qu’il fallait que j’en fasse part à ma maitresse de confrérie mais je n’en avais pas franchement envie. Tant pis. Je me dirigeais vers la salle des fêtes. Le bal était encore dans longtemps mais il fallait que je m'entraîne pour certaines danses. Andoni se serait bien fichu de moi s’il savait ce que je faisais de mon temps libre, lui qui ne jurait que par le Quidditch. Depuis qu’il n’était plus là, je ne m’y intéresse plus tant que ça. Je suis les matchs de Dagda et voilà. Je préférais d'autres activités.
Par exemple, demain je m’entrainerai aux duels, mais ce soir c’était danse. J’allais franchir la porte lorsque j’entendis comme un bruit d’explosion étouffé, qui venait de l’autre bout du couloir. Maman m’avait dit que dans le monde non’mag il y a plusieurs jours, il s’était passé des choses horribles. J’espère qu'il ne nous arrive pas la même chose ici! Je décide tout de même d’aller voir, mais de manière prudente, je n’ai pas de cours de conjuration, moi hein! Déjà que j'étais pas toujours très douée durant les duels. Je ne sais pas trop d’où ça vient et si ça se trouve c'est juste un élève qui avait fait un excès de bouillabaisse! J'avance de quelques mètres et aperçois une silhouette familière.
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
Cet Aliaume-la avait 77 ans. Il n’était pas encore le directeur de l’académie, ce vieux déluré qui rusait pour expédier ses professeurs aux quatre coins de la France (et du monde !). Non, cet Aliaume-la avait 77 ans, six cheveux blancs qui se battaient en duel sur le sommet de son crâne, le dos droit, et une barbe qui lui tombait sur les cuisses agrémentée de trois quatre torsades colorées. Cet Aliaume-la était professeur d’Artisanat Magique et le maître incontestable de la confrérie de Lug. Une célébrité qui avait défié toutes les lois de la Magie (ou peu s’en faut) pour fabriquer le Chaudron d’Abondance, un artéfact d’une puissance rare qu’il avait remis entre les mains plus avisées du ministère des Affaires magiques.
Mais cet Aliaume-la, comme sa version plus âgée, avait l’adorable manie d’accepter toute sorte de missions, y compris les plus folles comme celle, confiée par le fringant Léopold Delacour — récemment élu ministre des Affaires magiques — qui consistait à tenter de comprendre comment une explosion d’une si grande ampleur avait pu se produire dans le monde non-mag’ le mois de septembre dernier, à Toulouse. Léopold, très proche du président non-mag’ à ce qui se disait, était résolu à écarter toute responsabilité sorcière dans cette tragique affaire. C’est là qu’Aliaume entrait en piste et là que son art méticuleux des reproductions et des maquettes venait de déboucher sur une explosion qui avait enfumé toute sa salle de classe.
La barbe et le visage noircis par la suie, toussotant, Aliaume ouvrit grand la porte de sa salle de classe en sortant dans le couloir pour faire courant d’air avec la fenêtre qu’il avait réussi à ouvrir de justesse. Cette fumée empestait le caramel brûlé !
« MacAron n’a qu’à bien se tenir, les non-mag’ ont peut-être bien trouvé de quoi se propulser plus vite que le Catapulte trois ! s’exclama le bonhomme en étirant les bras comme si son test ne venait pas de secouer une bonne partie du premier étage de l’académie. Ah, mademoiselle Uharte, vous tombez à pic ! »
La déléguée de la confrérie de Dagda allait certainement pouvoir l’aider. Il se disait dans la salle des enseignants qu’elle n’avait pas d’égale en Éducation Historique et Citoyenne.
« Est-ce que vous avez dix minutes à me consacrer ? Je vais avoir besoin d’apprendre un ou deux sortilèges de récurage si je veux nettoyer tout ça avant que la girafe ne débarque pour me tirer les oreilles. »
Inutile de vous signifier QUI était la girafe, tout le monde savait que c’était l’amour fou entre ces deux-là.
Mais cet Aliaume-la, comme sa version plus âgée, avait l’adorable manie d’accepter toute sorte de missions, y compris les plus folles comme celle, confiée par le fringant Léopold Delacour — récemment élu ministre des Affaires magiques — qui consistait à tenter de comprendre comment une explosion d’une si grande ampleur avait pu se produire dans le monde non-mag’ le mois de septembre dernier, à Toulouse. Léopold, très proche du président non-mag’ à ce qui se disait, était résolu à écarter toute responsabilité sorcière dans cette tragique affaire. C’est là qu’Aliaume entrait en piste et là que son art méticuleux des reproductions et des maquettes venait de déboucher sur une explosion qui avait enfumé toute sa salle de classe.
La barbe et le visage noircis par la suie, toussotant, Aliaume ouvrit grand la porte de sa salle de classe en sortant dans le couloir pour faire courant d’air avec la fenêtre qu’il avait réussi à ouvrir de justesse. Cette fumée empestait le caramel brûlé !
« MacAron n’a qu’à bien se tenir, les non-mag’ ont peut-être bien trouvé de quoi se propulser plus vite que le Catapulte trois ! s’exclama le bonhomme en étirant les bras comme si son test ne venait pas de secouer une bonne partie du premier étage de l’académie. Ah, mademoiselle Uharte, vous tombez à pic ! »
La déléguée de la confrérie de Dagda allait certainement pouvoir l’aider. Il se disait dans la salle des enseignants qu’elle n’avait pas d’égale en Éducation Historique et Citoyenne.
« Est-ce que vous avez dix minutes à me consacrer ? Je vais avoir besoin d’apprendre un ou deux sortilèges de récurage si je veux nettoyer tout ça avant que la girafe ne débarque pour me tirer les oreilles. »
Inutile de vous signifier QUI était la girafe, tout le monde savait que c’était l’amour fou entre ces deux-là.
Le Narrateur
Ami des Lettres
Je m’approche de la salle d’artisanat magique en ne prêtant même pas attention à ce qui m'entoure. Pas à l'élève qui sort des toilettes en étant complètement débraillé, ni même à la peinture sur ma droite qui représente, justement, un artisan qui vient de Belgique, créant une plume magique, si mes souvenirs sont bons, l’ancêtre de la plume à papote, un truc dans le genre. Le cours sur ce tableau remonte à mes premières années et j’avoue que je ne me souviens pas toujours de tout.
En tout cas, j’avais bien deviné qui était derrière cette silhouette. De toute manière, le bruit ne pouvait venir que de lui. C’était une évidence. Demontre, demontre… Pourquoi ma curiosité m’avait fait venir jusqu'ici? Il fallait vraiment que j’apprenne à la contrôler, ça allait me jouer des tours un jour. Je pourrais me retrouver dans des situations fâcheuses. Un peu comme celle-là. Je m’efforce de sourire à mon professeur. Sourire qui disparaît bien vite à la suite de la proposition du vieil homme.
- Euh pardon? Vous voulez que moi je vous apprenne un sortilège?
Il était complètement fou. Plus que je ne le pensais déjà! Fallait qu’il aille au dispensaire ou qu’il prenne sa retraite. Il vou-lait qu’une é-lè-ve lui a-pre-nne à lan-cer des sort-il-è-ges!
- Je...Je suis désolée mais nous n’avons pas encore vu ça au programme. Y a les sortilèges Tergeo et Recurvite je crois. Mais je veux bien vous aider si vous voulez. On peut essayer de le faire à la mode non’mag sinon.
Dans quoi est-ce que je me fourrais? Je n’allais pas lui dire que maman avait tenté de m'apprendre des sorts non plus. Surtout que le résultat n’était pas franchement réussi. Enfin selon elle, selon moi ma chambre était propre!
- Comment c’est arrivé?
Je regardais le bazar qu’il y avait autour, puis son état à lui. Bon ça ne se faisait pas, mais encore une fois, ma curiosité était plus forte que les convenances. J’espère qu’il ne le remarquera pas. Après s'ils le disaient aux parents, je pense pas qu'ils me diront quoique ce soit. Ils sont déjà assez surpris (et moi donc!) que je ne sois pas à Lug ou Ogme alors bon.
- Sinon je peux demander au professeur Lamblin? Il pourrait vous aider.
Je ne fis pas attention au surnom donné à la directrice. Il était de notoriété publique qu'ils ne s’entendaient pas beaucoup. Moi elle ne me dérangeait pas du tout. Quand je venais d'arriver, et même encore parfois maintenant, elle m'impressionnait. Mais mis à part ça, je n’ai pas de problème avec elle. Bon bien sûr, ça n’était pas mes affaires, moi aussi il y avait des gens que je n’aimais pas. Comme certains Lug l’année dernière qui avaient tenté de m’empoisonner par exemple!
En tout cas, j’avais bien deviné qui était derrière cette silhouette. De toute manière, le bruit ne pouvait venir que de lui. C’était une évidence. Demontre, demontre… Pourquoi ma curiosité m’avait fait venir jusqu'ici? Il fallait vraiment que j’apprenne à la contrôler, ça allait me jouer des tours un jour. Je pourrais me retrouver dans des situations fâcheuses. Un peu comme celle-là. Je m’efforce de sourire à mon professeur. Sourire qui disparaît bien vite à la suite de la proposition du vieil homme.
- Euh pardon? Vous voulez que moi je vous apprenne un sortilège?
Il était complètement fou. Plus que je ne le pensais déjà! Fallait qu’il aille au dispensaire ou qu’il prenne sa retraite. Il vou-lait qu’une é-lè-ve lui a-pre-nne à lan-cer des sort-il-è-ges!
- Je...Je suis désolée mais nous n’avons pas encore vu ça au programme. Y a les sortilèges Tergeo et Recurvite je crois. Mais je veux bien vous aider si vous voulez. On peut essayer de le faire à la mode non’mag sinon.
Dans quoi est-ce que je me fourrais? Je n’allais pas lui dire que maman avait tenté de m'apprendre des sorts non plus. Surtout que le résultat n’était pas franchement réussi. Enfin selon elle, selon moi ma chambre était propre!
- Comment c’est arrivé?
Je regardais le bazar qu’il y avait autour, puis son état à lui. Bon ça ne se faisait pas, mais encore une fois, ma curiosité était plus forte que les convenances. J’espère qu’il ne le remarquera pas. Après s'ils le disaient aux parents, je pense pas qu'ils me diront quoique ce soit. Ils sont déjà assez surpris (et moi donc!) que je ne sois pas à Lug ou Ogme alors bon.
- Sinon je peux demander au professeur Lamblin? Il pourrait vous aider.
Je ne fis pas attention au surnom donné à la directrice. Il était de notoriété publique qu'ils ne s’entendaient pas beaucoup. Moi elle ne me dérangeait pas du tout. Quand je venais d'arriver, et même encore parfois maintenant, elle m'impressionnait. Mais mis à part ça, je n’ai pas de problème avec elle. Bon bien sûr, ça n’était pas mes affaires, moi aussi il y avait des gens que je n’aimais pas. Comme certains Lug l’année dernière qui avaient tenté de m’empoisonner par exemple!
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
L’adolescente semblait surprise mais était-ce si surprenant de recourir aux services d’une personne bien plus douée que soi dans un domaine ? Aliaume balaya tout sentiment de gêne de ce corps ; si tant est qu’il en soit doté. Il lui fallait nettoyer tout ce bordel avant que la police ne débarque sur ses grands chevaux. A la magie ou à l’eau d’Armelle — une méthode de nettoyage non-mag’ qui consistait à lancer de l’eau sur la salissure et à la laisser agir, Aliaume ne savait trop comment, le temps suffisant — peu importe ! Mais il n’avait pas beaucoup de temps. En prime, l’option Onélien Lamblin n’était pas envisageable depuis qu’Aliaume avait porté au Corbeau Mystique un chat errant trouvé dans les jardins enchantés… Un chat qui s’était avéré appartenir au professeur d’Education Historique et Citoyenne. Le bougre les collectionnait comme on collectionne les timbres !
« Non-non n’embêtons pas le professeur Lamblin haha il a bien assez à faire comme ça ! déclara Aliaume en se grattant la nuque et en essayant de faire passer son embarras dans un rire de poitrine. Vous connaissez des méthodes non-mag’ qui nous permettraient de nettoyer tout ce fatras en un rien de temps ? Brillant ! A l’eau d’Armelle c’est ça ? »
Tout guilleret à l’idée de voir cette méthode à l’oeuvre de ses propres yeux, Aliaume jeta un coup d’œil par-dessus son épaule : la porte largement ouverte de sa salle de classe laissait apparaître le bric-à-brac d’éléments en métal, en bois, en verre, et même en pierre, éparpillés sur des plans de travail runiques (comprendre par là que tout un tas de symboles venus d’on-ne-sait-où s’illuminaient le long de leur surface dès qu’il était question de créer quelque chose) qui caractérisait ses cours. A ceci près que tout était sans dessus dessous, que des tables faisaient les mortes, les pieds en l’air, qu’une fine couche de poudre noire recouvrait le tout et qu’un large cercle, au centre de la pièce, accueillait un joli trou dans le plancher.
« Je travaille à innocenter notre communauté dans une affaire d’explosion survenue dans le monde non-mag’. Monsieur le ministre m’a mis sur ce dossier, mais chut, c’est un secret ! »
En disant ça, Aliaume adressa un clin d’œil à Santana, parfaitement insensible au ridicule de son apparence. Il toussota, les bronches sensibles à cette horrible poudre noire, et mis les poings sur ses hanches.
« Si vous m’aidez, je vous garantie une récompense digne de ce nom, dit-il, assez fier de lui. Bien ! Par où commençons-nous ? »
Un battement d’ailes lui fit relever les épaules avant qu’un beau corbeau noir se pose dessus. Odin adressa un « CROA » à l’adolescente avant de décocher le même à son maître.
« Tu as raison mon vieux. Je reconnais volontiers que j’y suis peut-être aller un peu fort. »
« Non-non n’embêtons pas le professeur Lamblin haha il a bien assez à faire comme ça ! déclara Aliaume en se grattant la nuque et en essayant de faire passer son embarras dans un rire de poitrine. Vous connaissez des méthodes non-mag’ qui nous permettraient de nettoyer tout ce fatras en un rien de temps ? Brillant ! A l’eau d’Armelle c’est ça ? »
Tout guilleret à l’idée de voir cette méthode à l’oeuvre de ses propres yeux, Aliaume jeta un coup d’œil par-dessus son épaule : la porte largement ouverte de sa salle de classe laissait apparaître le bric-à-brac d’éléments en métal, en bois, en verre, et même en pierre, éparpillés sur des plans de travail runiques (comprendre par là que tout un tas de symboles venus d’on-ne-sait-où s’illuminaient le long de leur surface dès qu’il était question de créer quelque chose) qui caractérisait ses cours. A ceci près que tout était sans dessus dessous, que des tables faisaient les mortes, les pieds en l’air, qu’une fine couche de poudre noire recouvrait le tout et qu’un large cercle, au centre de la pièce, accueillait un joli trou dans le plancher.
« Je travaille à innocenter notre communauté dans une affaire d’explosion survenue dans le monde non-mag’. Monsieur le ministre m’a mis sur ce dossier, mais chut, c’est un secret ! »
En disant ça, Aliaume adressa un clin d’œil à Santana, parfaitement insensible au ridicule de son apparence. Il toussota, les bronches sensibles à cette horrible poudre noire, et mis les poings sur ses hanches.
« Si vous m’aidez, je vous garantie une récompense digne de ce nom, dit-il, assez fier de lui. Bien ! Par où commençons-nous ? »
Un battement d’ailes lui fit relever les épaules avant qu’un beau corbeau noir se pose dessus. Odin adressa un « CROA » à l’adolescente avant de décocher le même à son maître.
« Tu as raison mon vieux. Je reconnais volontiers que j’y suis peut-être aller un peu fort. »
Le Narrateur
Ami des Lettres
C’est qui ou c’est où Armelle? De quoi il me parlait? Il est vraiment étrange. Les fumées étaient peut-être toxiques! En plus, il rit bizarrement. Il faudrait qu’il aille voir le professeur de guérison, il avait peut-être une potion pour soigner tout ça. N’ayant aucune connaissance en la matière, je n’avais aucune idée de ce qu’il pourrait faire pour se soigner mais là c’est sûr il ne tournait pas rond.
Mon regard se plonge dans la salle et ma mâchoire m’en tombe en découvrant l’ampleur des dégâts.
- Mais professeur, je veux bien aider à nettoyer mais que fait-on pour ça?
Je désigne le trou dans le sol. J’espère que personne n’a été blessé en dessous! Je me retourne vers lui, interloquée. Ce n’était pas du nettoyage qu’il fallait c’était des travaux. Aaaah je savais que c’était en lien avec les explosions non mag’! Je dois avoir un don de divination, moi je vous le dis! Enfin je vois pas trop pourquoi on demandait au professeur Delalande de faire ça. Y a personne au ministère capable de le faire? Je comprends jamais rien avec tous ces adultes. Par contre j’avais raison les fumées sont toxiques, voilà qu’il toussait maintenant, il fallait vraiment qu’il aille au dispensaire. Surtout lorsqu’il me propose une récompense. Une récompense pour quoi? Je n’allais pas l’aider à inventer la nouvelle roue cosmique à ce que je sache. Je le regarde en fronçant les sourcils.
- C’est gentil mais non merci!
Je salue le corbeau en souriant. C’était quand même bizarre quand on y pensait, de se balader avec son oiseau comme ça. Surtout que nous on n’avait pas le droit à un animal dans l’académie. Mais les professeurs avaient tous les droits apparemment…
- Avant de nettoyer, il faut ranger le plus gros. Et ça c’est bon je connais des sorts pour tout remettre en ordre.
J’avance dans la pièce tout en faisant attention au trou. Je pointe ma baguette sur tous les éléments et me concentre. Il ne fallait pas que je me loupe. Je lance un Failamalle distinctement et à ma grande surprise, tout le fouillis se range dans les placards, armoires et sur les plans de travail. Lancée, je poursuis avec des Wingardium Leviosa pour remettre les tables contre les murs. Tant pis pour la poussière en dessous, ça ne se verrait pas de toute façon. Je ne pouvais pas les remettre à leur place puisqu’il y avait une ouverture dans le plancher! J’étais très fière de moi et me retournais vers mon professeur.
- Bon maintenant, il faut aller chercher du savon noir et on fera un aguamenti pour de l’eau. Et par contre pour vous…
Une idée me vient en tête et je souris de nouveau.
- Vous devez bien avoir des brosses pour votre barbe non?
Mon regard se plonge dans la salle et ma mâchoire m’en tombe en découvrant l’ampleur des dégâts.
- Mais professeur, je veux bien aider à nettoyer mais que fait-on pour ça?
Je désigne le trou dans le sol. J’espère que personne n’a été blessé en dessous! Je me retourne vers lui, interloquée. Ce n’était pas du nettoyage qu’il fallait c’était des travaux. Aaaah je savais que c’était en lien avec les explosions non mag’! Je dois avoir un don de divination, moi je vous le dis! Enfin je vois pas trop pourquoi on demandait au professeur Delalande de faire ça. Y a personne au ministère capable de le faire? Je comprends jamais rien avec tous ces adultes. Par contre j’avais raison les fumées sont toxiques, voilà qu’il toussait maintenant, il fallait vraiment qu’il aille au dispensaire. Surtout lorsqu’il me propose une récompense. Une récompense pour quoi? Je n’allais pas l’aider à inventer la nouvelle roue cosmique à ce que je sache. Je le regarde en fronçant les sourcils.
- C’est gentil mais non merci!
Je salue le corbeau en souriant. C’était quand même bizarre quand on y pensait, de se balader avec son oiseau comme ça. Surtout que nous on n’avait pas le droit à un animal dans l’académie. Mais les professeurs avaient tous les droits apparemment…
- Avant de nettoyer, il faut ranger le plus gros. Et ça c’est bon je connais des sorts pour tout remettre en ordre.
J’avance dans la pièce tout en faisant attention au trou. Je pointe ma baguette sur tous les éléments et me concentre. Il ne fallait pas que je me loupe. Je lance un Failamalle distinctement et à ma grande surprise, tout le fouillis se range dans les placards, armoires et sur les plans de travail. Lancée, je poursuis avec des Wingardium Leviosa pour remettre les tables contre les murs. Tant pis pour la poussière en dessous, ça ne se verrait pas de toute façon. Je ne pouvais pas les remettre à leur place puisqu’il y avait une ouverture dans le plancher! J’étais très fière de moi et me retournais vers mon professeur.
- Bon maintenant, il faut aller chercher du savon noir et on fera un aguamenti pour de l’eau. Et par contre pour vous…
Une idée me vient en tête et je souris de nouveau.
- Vous devez bien avoir des brosses pour votre barbe non?
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
Que faire du vilain trou dans le plancher ? Cette question valait assurément son pesant de cacahuètes. La gamine avait raison de la soulever. Maintenant qu’il y songeait, comment devait-il s’y prendre pour le faire disparaître ou, faute de mieux, le cacher ? Aliaume se gratta la barbe à défaut de pouvoir se gratter les cheveux. Diable ! Comment allait-il échapper à ce cirque ? C’est là que la Magie opéra avec un grand O ; en regardant l’adolescente mettre en branle toutes ses affaires comme une cheffe d’orchestre pour objets récalcitrants. C’était prodigieux ! La petite en avait sous le pied !
Un grand sourire s’étira sur la face d’Aliaume. Lui qui n’avait jamais été un grand ami du ménage — s’il était nécessaire de le préciser — il était comme tous ces croyants devant un miracle : médusé d’admiration. La Magie offrait bel et bien des solutions aux gens qui, comme lui, souffraient d’un sérieux déficit de motivation quand il s’agissait de remettre de l’ordre dans leur existence. Prodigieux, réellement prodigieux ! Il applaudit à deux mains. Des applaudissements qui s’interrompirent quand il fut question d’un savon noir… C’est qu’il n’en était pas à concevoir que le savon pouvait avoir différentes couleurs. Le voilà qui se retrouvait encore dans l’embarras. Du savon noir hein ? Il était un sorcier après tout, ce qu’il ne comprenait pas, il pouvait quand même tenter de l’amener sous son nez.
« Oui-oui du savon noir. Grande idée ! Accio savon noir ! »
Une tentative, baguette en main, comme une autre. Mais qui ne demandait qu’à se concrétiser. Le temps continua son bonhomme de chemin et Aliaume se retrouva encore avec les deux fesses dans le tajine. Voilà que la petite imaginait qu’il avait des brosses pour barbe ! Les seules brosses qu’il connaissait étaient utilisées sur les abraxans. Non pas qu’il n’ait pas le poil rebel, mais peut-être pas au point de nécessité un brossage en règle comme les chevaux-ailés de l’académie. Pensif, il ajouta quelques nœuds à sa barbe, sans même remarquer que la suie passait de sa barbe à ses doigts et de ses doigts à sa barbe.
« Ne vous préoccupez pas pour ma barbe, les gens sont habitués à la voir dans tous ces états, s’amusa Aliaume. Ce trou en revanche, c’est une autre histoire… un Reparo ferait peut-être l’affaire. Encore que la magie qui habite le plancher pourrait bien tout faire capoter… »
Et de fait, lorsqu’il s’y essaya, Aliaume vit son sortilège de Réparation faire un joli pet mouillé. Le rouge lui monta aux joues que même sa barbe ne pouvait cacher.
« … si on trouvait un tapis assez grand, il suffirait de le placer au-dessus et de le rigidifier pour cacher cette misère. Le temps, du moins, de trouver une solution durable. »
Un grand sourire s’étira sur la face d’Aliaume. Lui qui n’avait jamais été un grand ami du ménage — s’il était nécessaire de le préciser — il était comme tous ces croyants devant un miracle : médusé d’admiration. La Magie offrait bel et bien des solutions aux gens qui, comme lui, souffraient d’un sérieux déficit de motivation quand il s’agissait de remettre de l’ordre dans leur existence. Prodigieux, réellement prodigieux ! Il applaudit à deux mains. Des applaudissements qui s’interrompirent quand il fut question d’un savon noir… C’est qu’il n’en était pas à concevoir que le savon pouvait avoir différentes couleurs. Le voilà qui se retrouvait encore dans l’embarras. Du savon noir hein ? Il était un sorcier après tout, ce qu’il ne comprenait pas, il pouvait quand même tenter de l’amener sous son nez.
« Oui-oui du savon noir. Grande idée ! Accio savon noir ! »
Une tentative, baguette en main, comme une autre. Mais qui ne demandait qu’à se concrétiser. Le temps continua son bonhomme de chemin et Aliaume se retrouva encore avec les deux fesses dans le tajine. Voilà que la petite imaginait qu’il avait des brosses pour barbe ! Les seules brosses qu’il connaissait étaient utilisées sur les abraxans. Non pas qu’il n’ait pas le poil rebel, mais peut-être pas au point de nécessité un brossage en règle comme les chevaux-ailés de l’académie. Pensif, il ajouta quelques nœuds à sa barbe, sans même remarquer que la suie passait de sa barbe à ses doigts et de ses doigts à sa barbe.
« Ne vous préoccupez pas pour ma barbe, les gens sont habitués à la voir dans tous ces états, s’amusa Aliaume. Ce trou en revanche, c’est une autre histoire… un Reparo ferait peut-être l’affaire. Encore que la magie qui habite le plancher pourrait bien tout faire capoter… »
Et de fait, lorsqu’il s’y essaya, Aliaume vit son sortilège de Réparation faire un joli pet mouillé. Le rouge lui monta aux joues que même sa barbe ne pouvait cacher.
« … si on trouvait un tapis assez grand, il suffirait de le placer au-dessus et de le rigidifier pour cacher cette misère. Le temps, du moins, de trouver une solution durable. »
Le Narrateur
Ami des Lettres
Je rougis lorsque mon professeur m’applaudit. Je n’avais rien fait d’extraordinaire non plus. Si cela avait été quelqu’un d’autre, j’aurais pensé qu’il se moquait de moi mais connaissant un peu le sorcier, je savais qu’il était sincère, d’où mon embarras. Embarras qui fut vite dissipé quand l’adulte tenta de faire venir le savon noir. Même moi, je n’y croyais pas. Il ne savait pas ce qu’était le savon noir ou quoi? En plus, je ne savais même pas s’il y en a dans l’Académie. Toujours est-il que mon embarras refit surface lorsqu'il loupa également le Reparo. Je le regardai un peu désolée et stupéfaite qu’il ne réussisse pas. Mais je détournai vite mon regard lorsque je me rendis compte qu’il était lui-même gêné. C'était toujours déplaisant de voir un homme de son âge mal à l'aise. Je n'aimais pas ça. Son idée de tapis n’était pas bête du tout je mais je ne savais pas où trouver ça, moi. Il avait créé le chaudron d’abondance et il ne pourrait pas fabriquer quelque chose pour combler un trou?
- On peut prendre un tapis du Salon des Frasques mais ça va se voir si on le laisse ici. On va vous accuser de vol sinon.
Parfois papa disait que la purée de ma grand-mère pourrait boucher n’importe quel trou. Mais je ne suis pas certaine que ce soit vrai. C’est bête mais je suis sûre que dans le livre de Bonnenouvelle il y aurait la solution mais disons que ce n’est pas mon livre de chevet et je pense, que ça ne l'est pas pour mon professeur non plus…
- Vous vous y connaissez en Alchimie?
Question idiote vu tous ses tatouages. Bien joué, Nana.
- Peut-être qu’on pourrait l’y associer avec votre talent d’artisan non?
Un petit de flatterie ne faisait jamais de mal, pas vrai? De toute manière, c’était vrai. Il était doué. Fou mais doué.
- Comme créer quelque chose et en changer la matière?
Je ne savais pas si c’était réellement possible et surtout comment faire, mais lui le saurait sûrement!
- On peut prendre un tapis du Salon des Frasques mais ça va se voir si on le laisse ici. On va vous accuser de vol sinon.
Parfois papa disait que la purée de ma grand-mère pourrait boucher n’importe quel trou. Mais je ne suis pas certaine que ce soit vrai. C’est bête mais je suis sûre que dans le livre de Bonnenouvelle il y aurait la solution mais disons que ce n’est pas mon livre de chevet et je pense, que ça ne l'est pas pour mon professeur non plus…
- Vous vous y connaissez en Alchimie?
Question idiote vu tous ses tatouages. Bien joué, Nana.
- Peut-être qu’on pourrait l’y associer avec votre talent d’artisan non?
Un petit de flatterie ne faisait jamais de mal, pas vrai? De toute manière, c’était vrai. Il était doué. Fou mais doué.
- Comme créer quelque chose et en changer la matière?
Je ne savais pas si c’était réellement possible et surtout comment faire, mais lui le saurait sûrement!
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
La remarque à propos du tapis était très juste, trop juste. Décidément le cerveau de cette petite tournait à un rythme hautement plus élevé que le sien ! Aliaume sentait qu’il devait remédier à cela, déjà parce que ses capacités intellectuelles étaient tout à fait capables de surpasser celles de n’importe qui et parce qu’il était tout de même le professeur du duo — même si cela ne transpirait pas beaucoup depuis les prémisses de cette scène. Peine perdue. La petite en avait sous le pied. C’est elle qui apporta une solution toute trouvée au problème du trou béant dans le plancher : l’alchimie.
Comment n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Il s’en frappa le front en pestant intérieurement contre lui-même et surtout contre les égarements de son esprit ! L’alchimie, bougre d’idiot ! La solution à tous les maux de ce monde !
« Si quelqu’un a la mauvaise idée, un jour, de me nommer directeur de cette académie, comptez sur moi pour avoir la bonne idée de vous y offrir un poste, assura-t-il à l’adolescente en se rapprochant du trou dans le plancher. J’aurais dû penser plus tôt à cette solution. Reculez, je vous prie. La transformation de la matière est un art capricieux. »
Sur cette bonne mise en garde — voilà en quoi, du moins, il reprenait son rôle de professeur — le maître de la confrérie de Lug se retroussa les manches, laissant voir ses étranges tatouages le long de ses avant-bras aussi musclés que des baguettes chinoises. D’un coup de baguette justement, il traça d’abord un cercle de transformation tout autour du trou qui s’illumina d’une vive lumière bleue en même temps qu’une série de tatouages tous plus étranges les uns que les autres le long de son avant-bras gauche et de son cou. Après quoi, il y ajouta différents symboles et traits qui devaient conduire le bois du plancher à s’étendre au-delà de ses capacités pour refermer le trou. Le plancher grinça, dans une sorte de longue protestation, mais il plia à la volonté d’Aliaume.
Quand la lumière bleue disparut, au même titre que le cercle de transformation, le trou avait disparu, remplacé par des planches anormalement plus longues que celles qui l’entouraient, mais Aliaume ne versait pas vraiment dans l’esthétique.
« Disons vingt poussières pour la confrérie de Dagda pour avoir accouché d’un esprit aussi perspicace et vingt autres poussières pour vous pour m’avoir servi de bonne conscien… »
Aliaume n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’un savon multicolore lancé à la vitesse d’une balle de fusil le frappa en pleine tempe, l’assommant proprement et simplement. Sa lente chute ne s’en trouva amortie que par l’intervention d’un tapis persan qui le réceptionna avant de le coucher par terre. Et le tapis de dessiner un pouce levé en faisant face à Santana comme pour la remercier de ne pas avoir donné suite à l’idée première d’Aliaume pour boucher le trou.
Comment n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Il s’en frappa le front en pestant intérieurement contre lui-même et surtout contre les égarements de son esprit ! L’alchimie, bougre d’idiot ! La solution à tous les maux de ce monde !
« Si quelqu’un a la mauvaise idée, un jour, de me nommer directeur de cette académie, comptez sur moi pour avoir la bonne idée de vous y offrir un poste, assura-t-il à l’adolescente en se rapprochant du trou dans le plancher. J’aurais dû penser plus tôt à cette solution. Reculez, je vous prie. La transformation de la matière est un art capricieux. »
Sur cette bonne mise en garde — voilà en quoi, du moins, il reprenait son rôle de professeur — le maître de la confrérie de Lug se retroussa les manches, laissant voir ses étranges tatouages le long de ses avant-bras aussi musclés que des baguettes chinoises. D’un coup de baguette justement, il traça d’abord un cercle de transformation tout autour du trou qui s’illumina d’une vive lumière bleue en même temps qu’une série de tatouages tous plus étranges les uns que les autres le long de son avant-bras gauche et de son cou. Après quoi, il y ajouta différents symboles et traits qui devaient conduire le bois du plancher à s’étendre au-delà de ses capacités pour refermer le trou. Le plancher grinça, dans une sorte de longue protestation, mais il plia à la volonté d’Aliaume.
Quand la lumière bleue disparut, au même titre que le cercle de transformation, le trou avait disparu, remplacé par des planches anormalement plus longues que celles qui l’entouraient, mais Aliaume ne versait pas vraiment dans l’esthétique.
« Disons vingt poussières pour la confrérie de Dagda pour avoir accouché d’un esprit aussi perspicace et vingt autres poussières pour vous pour m’avoir servi de bonne conscien… »
Aliaume n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’un savon multicolore lancé à la vitesse d’une balle de fusil le frappa en pleine tempe, l’assommant proprement et simplement. Sa lente chute ne s’en trouva amortie que par l’intervention d’un tapis persan qui le réceptionna avant de le coucher par terre. Et le tapis de dessiner un pouce levé en faisant face à Santana comme pour la remercier de ne pas avoir donné suite à l’idée première d’Aliaume pour boucher le trou.
Le Narrateur
Ami des Lettres
O Jainkoarren! J’AI TUÉ LE PROFESSEUR! Panique pas, Nana, panique pas!... Je panique, je panique! Je m’affaire à droite, à gauche, espérant trouver une solution mais évidemment, je brasse de l’air plus qu’autre chose. Appeler un professeur? Pour lui dire quoi? Que le professeur Delalande s'était pris un objet volant non identifié sur le coin de la tronche? On allait m'accuser c'était certain. On allait assimiler le bruit et l'adulte qui était mort, et moi dans les parages, et...et...et... Je vois une bosse se former sur le côté du visage du vieil homme. Attends si une bosse se forme c’est qu’il n’est pas mort non? Sinon il y aurait rien? J’y connais peut-être rien en guérison mais ça j’en suis plutôt sûre. Je suis tombée un certain nombre de fois dans la forêt ou quand on se battait avec Ando et jamais je n'en étais morte. Maman avait un super baume pour ça. Mais je ne l'avais pas là, bien sûr.
J’avais déjà oublié ce qu’il avait dit les secondes auparavant. Le rouge au visage à l’évocation d’un poste de professeur était vite redescendu au blanc livide, l’émerveillement de la magie alchimique était remplacé par l’angoisse et la joie d’avoir rapporté des points à ma Confrérie par l’inquiétude. Bref tout s'était envolé en un quart de secondes.
Il avait l’air paisible, je n’osais même pas le toucher. J’avais l’impression qu’il allait se casser en deux. Mais je n’avais pas trop le choix. Je secoua le professeur doucement puis un peu plus vivement. J’espérais qu’il reprenne ses esprits rapidement. Je jette un regard désespéré vers Odin.
- Tu crois que tu pourrais prévenir quelqu’un s’il te plait? Tant pis si on m'accuse mais je ne veux pas avoir sa mort sur la conscience!
Je ne sais pas s’il avait compris et surtout s’il m’obéirait. Je ne suis qu’une simple élève, il ne communique qu’avec l’homme tatoué d’habitude. Je ne savais pas ce que j'attendais le plus, que l'homme se réveille de lui-même ou que quelqu'un nous trouve.
J’avais déjà oublié ce qu’il avait dit les secondes auparavant. Le rouge au visage à l’évocation d’un poste de professeur était vite redescendu au blanc livide, l’émerveillement de la magie alchimique était remplacé par l’angoisse et la joie d’avoir rapporté des points à ma Confrérie par l’inquiétude. Bref tout s'était envolé en un quart de secondes.
Il avait l’air paisible, je n’osais même pas le toucher. J’avais l’impression qu’il allait se casser en deux. Mais je n’avais pas trop le choix. Je secoua le professeur doucement puis un peu plus vivement. J’espérais qu’il reprenne ses esprits rapidement. Je jette un regard désespéré vers Odin.
- Tu crois que tu pourrais prévenir quelqu’un s’il te plait? Tant pis si on m'accuse mais je ne veux pas avoir sa mort sur la conscience!
Je ne sais pas s’il avait compris et surtout s’il m’obéirait. Je ne suis qu’une simple élève, il ne communique qu’avec l’homme tatoué d’habitude. Je ne savais pas ce que j'attendais le plus, que l'homme se réveille de lui-même ou que quelqu'un nous trouve.
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
Bien sûr qu’elle ne l’avait pas tué. Il s’était tout simplement assommé lui-même en voulant nettoyer sa salle de classe. Voilà qui devait lui servir de leçon ! S’il fallait une preuve supplémentaire de son incompétence en matière de rangement et de propreté, voilà qui était parfaitement claire. Odin, fidèle corbeau de son maître qui observait ce drôle de spectacle depuis une pile de grimoires, croassa en réponse aux instructions de l’adolescente. Elle aurait pu croire que le satané corbac ne se bougerait pas les plumes pour elle, mais il n’en fut rien. Odin prit ses ailes à son cou et quitta les lieux.
Le tapis persan, ses coins croisés sur sa poitrine effilée, sembla se perdre d’impatience lui aussi. Aussi se donna-t-il bonne conscience en aidant l’adolescente à secouer vigoureusement le professeur qui, au prix d’un effort commun et soutenu, s’éveilla en marmonnant des mots incompréhensibles comme « abagagné-moitoru » ou encore « safémwédu ». Le tapis persan haussa ses coins en fixant Santana, comme pour lui signifier qu’il ne comprenait pas plus la langue des hommes réveillés qu’à demi-conscients. Mais l’essentiel c’est que le vieil homme reprenait des couleurs — il était moins blanc que blanc — et que ses pensées, loin d’être tirées de la mélasse, tentaient de se reconstituer en toute logique.
Ce qui prit le temps qu’il fallut au professeur Perdieu, Romélus de son prénom, pour faire irruption dans la salle après avoir été tiré par le corbeau agité depuis les remparts où il l’avait trouvé.
« Aliaume ! »
« Romulu… quelle bonne surprise ! s’étonna Aliaume en se redressant sur le coude gauche. Votre gâteau aux fèves est un… » La bosse sur sa tempe avait atteint la taille d’une balle de golf.
« Ne bougez surtout pas ! lui ordonna l’avisé professeur de Guérison à la moustache ondoyante et à l’épaisse chevelure brune. »
Il avisa Santana et s’accroupît à côté d’elle.
« Racontez-moi tout. Ne m’épargnez aucun détail je connais l’énergumène mieux qu’il ne se connaît lui-même. »
Le tapis persan, ses coins croisés sur sa poitrine effilée, sembla se perdre d’impatience lui aussi. Aussi se donna-t-il bonne conscience en aidant l’adolescente à secouer vigoureusement le professeur qui, au prix d’un effort commun et soutenu, s’éveilla en marmonnant des mots incompréhensibles comme « abagagné-moitoru » ou encore « safémwédu ». Le tapis persan haussa ses coins en fixant Santana, comme pour lui signifier qu’il ne comprenait pas plus la langue des hommes réveillés qu’à demi-conscients. Mais l’essentiel c’est que le vieil homme reprenait des couleurs — il était moins blanc que blanc — et que ses pensées, loin d’être tirées de la mélasse, tentaient de se reconstituer en toute logique.
Ce qui prit le temps qu’il fallut au professeur Perdieu, Romélus de son prénom, pour faire irruption dans la salle après avoir été tiré par le corbeau agité depuis les remparts où il l’avait trouvé.
« Aliaume ! »
« Romulu… quelle bonne surprise ! s’étonna Aliaume en se redressant sur le coude gauche. Votre gâteau aux fèves est un… » La bosse sur sa tempe avait atteint la taille d’une balle de golf.
« Ne bougez surtout pas ! lui ordonna l’avisé professeur de Guérison à la moustache ondoyante et à l’épaisse chevelure brune. »
Il avisa Santana et s’accroupît à côté d’elle.
« Racontez-moi tout. Ne m’épargnez aucun détail je connais l’énergumène mieux qu’il ne se connaît lui-même. »
Le Narrateur
Ami des Lettres
A ma grande surprise, le compagnon de (in)fortune de mon professeur m’avait bien comprise et avait prévenu la bonne personne qui plus est. Qui de mieux que le professeur de Guérisons? Bon maintenant qu’est ce que je faisais? J’allais pas mentir à un professeur, même que je ne connaissais pas…
- Professeur Delalande avait besoin d’aide pour nettoyer sa salle qui était en bazar alors j’ai voulu le faire. Mais je ne maitrise pas encore tout à fait les sorts ménagers, donc j’ai dit qu’on pouvait le faire de la manière non-mag’ avec du savon noir par exemple. Le professeur a alors fait le sortilège d’attraction mais ça n’a pas fonctionné de suite. On a continué de ranger (et accessoirement de boucher un énorme trou, pensais-je) et c’est là que le savon lui a cogné le visage comme une flèche. Plus rapide qu’un myrmidon! Et,... et, il s’est écroulé, moi je ne savais pas quoi faire… je ne suis pas douée pour aider les autres, chuchotais-je en baissant la tête honteuse. Alors j’ai paniqué et j’ai demandé à Odin d’aller chercher quelqu’un et voilà.
Je ne lui avais pas menti, j’avais pas dit pourquoi il y avait le bazar, ni qu’il y avait un trou mais ça n’avait rien à voir avec l’histoire de toute façon. Moi j'allais pas lui dire pourquoi il avait la moustache noire. Ca se trouve il le verrait même pas. Comme l'a dit le bouc, on y prête plus attention à son apparence. Et puis il m'avait dit que c'était un secret le pourquoi du comment, j'allais pas le trahir. Ca aurait rien apporté de plus à nos affaires. Je me tournais vers mon professeur d’Artisanat Magique.
- Ça va aller hein? Parce que…
Chut tais-toi Nana, ne va pas lui dire que ce qu’il dit est incompréhensible ou qu’il perd la tête. Tu sais pas quel âge il a en plus. Juste il est…vieux. Je me redressai et adressai un sourire de remerciements au corbeau. Bien joué mon grand! Bon et maintenant comment je partais de là? J'allais pas passer ma soirée auprès des professeurs tout de même. Déjà que j'étais pas toujours bien vue par les autres, alors si ça venait à se savoir, ma vie sociale était fichue.
- Professeur Delalande avait besoin d’aide pour nettoyer sa salle qui était en bazar alors j’ai voulu le faire. Mais je ne maitrise pas encore tout à fait les sorts ménagers, donc j’ai dit qu’on pouvait le faire de la manière non-mag’ avec du savon noir par exemple. Le professeur a alors fait le sortilège d’attraction mais ça n’a pas fonctionné de suite. On a continué de ranger (et accessoirement de boucher un énorme trou, pensais-je) et c’est là que le savon lui a cogné le visage comme une flèche. Plus rapide qu’un myrmidon! Et,... et, il s’est écroulé, moi je ne savais pas quoi faire… je ne suis pas douée pour aider les autres, chuchotais-je en baissant la tête honteuse. Alors j’ai paniqué et j’ai demandé à Odin d’aller chercher quelqu’un et voilà.
Je ne lui avais pas menti, j’avais pas dit pourquoi il y avait le bazar, ni qu’il y avait un trou mais ça n’avait rien à voir avec l’histoire de toute façon. Moi j'allais pas lui dire pourquoi il avait la moustache noire. Ca se trouve il le verrait même pas. Comme l'a dit le bouc, on y prête plus attention à son apparence. Et puis il m'avait dit que c'était un secret le pourquoi du comment, j'allais pas le trahir. Ca aurait rien apporté de plus à nos affaires. Je me tournais vers mon professeur d’Artisanat Magique.
- Ça va aller hein? Parce que…
Chut tais-toi Nana, ne va pas lui dire que ce qu’il dit est incompréhensible ou qu’il perd la tête. Tu sais pas quel âge il a en plus. Juste il est…vieux. Je me redressai et adressai un sourire de remerciements au corbeau. Bien joué mon grand! Bon et maintenant comment je partais de là? J'allais pas passer ma soirée auprès des professeurs tout de même. Déjà que j'étais pas toujours bien vue par les autres, alors si ça venait à se savoir, ma vie sociale était fichue.
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
Romélus Perdieu écoutait l’adolescente comme on écoute une blague dont on sait que la chute sera forcément mauvaise : les sourcils froncés, le regard fixe, presque accusateur. Ce qui devait inéluctablement se terminer par des yeux levés au ciel puis une tête désespérée secouée de gauche à droite. Sonné, Aliaume retrouva le confort du parquet en grimaçant.
Un lourd silence s'ensuivit. Romélus se grattait la tête ; Aliaume touchait sa bosse. Il sembla même à Santana qu’Odin, le corbeau beaucoup plus intelligent qu’il n’y paraissait, lui adressait un clin d’œil ou du moins quelque chose qui s’y apparentait en fixant un œil noir sous une paupière tout aussi noire.
« Vous avez fait ce qu’il fallait. Vingt poussières pour la confrérie de Dagda, finit par annoncer le professeur Perdieu. Ne vous inquiétez pas, j’ai les choses bien en main et cette vieille souche est beaucoup plus solide que tout ce que vous pouvez imaginer. J’espère seulement, même s’il y a peu d’espoir, que cette bosse lui rappellera que même sa magie possède des limites évidentes. »
Il soupira en faisant onduler sa moustache entre ses doigts mais céda très vite à l’amusement en regardant cet Aliaume papillonner des yeux et lâcher :
« … deux glaçons bien frais pour moi s’il vous plaît… Mélangez-les à votre recette anti gueule de bois, je crois bien qu’un Pic-à-plume vient de poser ses valises dans ma tête. »
Ce qu’était un Pic-à-plume ? Santana et Romélus n’en avaient pas la moindre idée — Aliaume non plus, soit dit en passant. Il fallait bien lui excuser de ne plus avoir toute sa tête sur ce coup-là.
« Je veille sur lui, vous pouvez retourner à vos occupations, dit Romélus. Mais qu’est-ce que… »
Romélus n’avait encore jamais vu un tapis persan, d’une valeur certainement inestimable, étalé négligemment sur une table, par-dessus une pile de vieux grimoires, comme une vulgaire couverture. Mais Santana savait qu’il ne s’agissait pas d’un simple tapis persan. A l’instar de son propriétaire, il savait très bien se faire passer pour ce qu’il n’était pas.
Un lourd silence s'ensuivit. Romélus se grattait la tête ; Aliaume touchait sa bosse. Il sembla même à Santana qu’Odin, le corbeau beaucoup plus intelligent qu’il n’y paraissait, lui adressait un clin d’œil ou du moins quelque chose qui s’y apparentait en fixant un œil noir sous une paupière tout aussi noire.
« Vous avez fait ce qu’il fallait. Vingt poussières pour la confrérie de Dagda, finit par annoncer le professeur Perdieu. Ne vous inquiétez pas, j’ai les choses bien en main et cette vieille souche est beaucoup plus solide que tout ce que vous pouvez imaginer. J’espère seulement, même s’il y a peu d’espoir, que cette bosse lui rappellera que même sa magie possède des limites évidentes. »
Il soupira en faisant onduler sa moustache entre ses doigts mais céda très vite à l’amusement en regardant cet Aliaume papillonner des yeux et lâcher :
« … deux glaçons bien frais pour moi s’il vous plaît… Mélangez-les à votre recette anti gueule de bois, je crois bien qu’un Pic-à-plume vient de poser ses valises dans ma tête. »
Ce qu’était un Pic-à-plume ? Santana et Romélus n’en avaient pas la moindre idée — Aliaume non plus, soit dit en passant. Il fallait bien lui excuser de ne plus avoir toute sa tête sur ce coup-là.
« Je veille sur lui, vous pouvez retourner à vos occupations, dit Romélus. Mais qu’est-ce que… »
Romélus n’avait encore jamais vu un tapis persan, d’une valeur certainement inestimable, étalé négligemment sur une table, par-dessus une pile de vieux grimoires, comme une vulgaire couverture. Mais Santana savait qu’il ne s’agissait pas d’un simple tapis persan. A l’instar de son propriétaire, il savait très bien se faire passer pour ce qu’il n’était pas.
[FIN]
Le Narrateur
Ami des Lettres
J’avais fait gagner des poussières à ma confrérie. Oh! En ayant assommé un professeur. Fallait le dire plus tôt! Je rougis tout de même de la situation, regarda une dernière fois le professeur allongé, d’un air désolé. Cette scène était vraiment étrange et je ne savais vraiment pas quoi penser de tout ça.
- Je vous remercie.
Je salua une dernière fois les adultes, lança un regard au tapis avec un sourire en coin ainsi qu’au corbeau. Je pressais le pas pour rejoindre mes copines pour tout leur raconter mais me souvenais de ma promesse. Bon j’étais pas obligée de leur donner de détails non plus. En tout cas, c’était pas tous les jours que je faisais gagner des points grâce à de la Guérison. Mes parents seraient fiers!
L'adolescente que j'étais n'avait pas compris que les frasques de mon professeur de l'époque nétaient pas les dernières que je verrais et qu'elles seraient plus loufoques les unes des autres. Je ne savais pas non plus, à ce moment-là qu'Aliaume avait des dons de divination, puisqu’il avait raison sur un point. J’étais bien devenue professeure lorsqu’il était directeur. Et pourtant rien ne me prédestinait à cette carrière. J’étais certes une élève relativement modèle mais enseigner aux autres ne faisait absolument pas partie de ce que je voulais faire de ma vie. Je pensais ne pas avoir la patience, et parfois cela m’arrive encore de le penser, mais finalement je me plais plutôt bien ici. Alors c’est sûr que mon ancien métier me manque, mes collègues, la vie au Ministère mais je suis maîtresse de confrérie de la troisième école de sorcellerie au monde. Que demander de plus?
- Je vous remercie.
Je salua une dernière fois les adultes, lança un regard au tapis avec un sourire en coin ainsi qu’au corbeau. Je pressais le pas pour rejoindre mes copines pour tout leur raconter mais me souvenais de ma promesse. Bon j’étais pas obligée de leur donner de détails non plus. En tout cas, c’était pas tous les jours que je faisais gagner des points grâce à de la Guérison. Mes parents seraient fiers!
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L'adolescente que j'étais n'avait pas compris que les frasques de mon professeur de l'époque nétaient pas les dernières que je verrais et qu'elles seraient plus loufoques les unes des autres. Je ne savais pas non plus, à ce moment-là qu'Aliaume avait des dons de divination, puisqu’il avait raison sur un point. J’étais bien devenue professeure lorsqu’il était directeur. Et pourtant rien ne me prédestinait à cette carrière. J’étais certes une élève relativement modèle mais enseigner aux autres ne faisait absolument pas partie de ce que je voulais faire de ma vie. Je pensais ne pas avoir la patience, et parfois cela m’arrive encore de le penser, mais finalement je me plais plutôt bien ici. Alors c’est sûr que mon ancien métier me manque, mes collègues, la vie au Ministère mais je suis maîtresse de confrérie de la troisième école de sorcellerie au monde. Que demander de plus?
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