Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Domaine Fleury Cannes, Alpes-Maritimes
Comme tous les matins Lorie était réveillée à sept heures précises par sa préceptrice. Le rituel matinal était le même chaque matin peu importe le jour de la semaine, Madame Louise entrait dans la chambre, ouvrait les lourds rideaux obstruant les rayons du soleil, ouvrait les fenêtres, posait la robe du jour et donnait ses indications. Toujours la même chose, comme un ballet de danse millimétré. Il arrivait à Lorie de faire semblant de dormir pour essayer de gagner quelques minutes en plus, mais jamais elle gagnait à ce jeu-là. Elle rêvait parfois de faire de longues matinées de sommeil, néanmoins même si elle le voulait son petit corps était trop habitué à ce rythme et il lui était impossible de refermer les yeux après l'entrée de madame Louise dans sa chambre. Ce jour-là la petite Fleury fit mine de ne pas se réveiller, tournant le dos aux rayons de soleils qui passaient au travers de la fenêtre. Se roulant dans ses draps elle essayait de prendre le plus d'espace dans son lit bien trop grand pour elle.
« Mademoiselle Lorie, il est sept heures Fit sa préceptrice. Un son qui tournait en boucle chaque matin, que Lorie pouvait répéter exactement au même moment que madame Louise. Vous avez dix minutes pour faire votre toilette et cinq pour vous changer. »
Quinze minutes, voilà à quoi elle avait droit avant de passer par l'étape de la coiffure. Bien entendu parfois elle faisait exprès d'être prête en retard, mais la sanction qui tombait immédiatement derrière n'était pas à son goût et ces phases de rébellion furent de plus en plus rare. Alors, comme pour la plupart des jours elle finissait par se lever, fonçait dans la salle d'eau rattachée à sa chambre puis faisait en sorte d'être prête dans les quinze minutes autorisées. Une fois sa robe du jour enfilée, sa préceptrice prenait le temps de la coiffer. Elle mettait en moyenne une vingtaine de minutes, ce qui laissait à Lorie le temps de bien se réveiller, tout en écoutant le programme de la journée. La petite française rêvait de rentrer à l'académie, elle pourrait sans nul doute se lever plus tard, mais surtout elle n'aurait plus cette routine infernale. Ce n'est qu'une fois coiffée qu'elle descendit dans la salle à manger. Elle y retrouvait ses sœurs tous les matins. Si Rose semblait avoir maintenant bien l'habitude, la benjamine de la famille, elle, était bien plus bougonne. Toutes avaient droit à une petite potion qui se trouvait dans une fiole. Tous les matins, cette petite potion était censée leur donner l'énergie qu'il fallait et les détendre pour la journée. Elles ne posaient pas de questions, cette habitude était désormais encrée. Une fois cela fait elles avaient le droit à un petit déjeuner, toutes ensembles. Elles avaient jusqu'à huit heures pour manger dans le calme sous les yeux la préceptrice qui s'occupait des quatre sœurs. Lorie était occupée à jouer aux échecs dans sa tête lorsqu'elle fut sortie de sa partie pleine de rebondissement.
« Mademoiselle Lorie, exceptionnellement le grand maître ne pourra pas vous dispenser votre cours d’échec aujourd’hui. »
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorsque Louise parlait, la petite française trouvait qu’il y avait quelque chose d’agaçant dans sa voix. Elle ne savait pas si c’était à cause de toutes les règles qu’elle imposait ou si c’était simplement elle qui avait une voix insupportable.
« De ce fait les trois heures seront remplacées par une activité physique. »
« Non... Tout sauf ça, s'il vous plait madame Louise. »
Elle détestait les activités physiques. L'idée d'en faire pendant trois heures était quelque chose qui la révulsait. Il était pourtant vrai qu'elle pratiquait beaucoup moins que ses sœurs, vu qu'elle était occupée plus longtemps avec les échecs.
« Vous n’êtes toujours pas autorisée à vous plaindre. Elle marqua une pause. Cela vous fera du bien, il est important de stimuler votre esprit, mais il est important de ne pas oublier le corps.
Aucune réponse ne sortit de la bouche de la seconde fille des Fleury. Elle reprenait à manger en silence sous les yeux de ses sœurs qui semblaient compatir pour elle, malgré l'absence de mot. Elle avait envie d'exploser, de crier, se révolter, mais elle n'y était pas autorisée et un excès d'émotion lui rajouterai surement des lignes à copier en fin de journée. Il en était hors de question. « Vivement l'académie » voilà une pensée qui fusait souvent dans l'esprit de la petite française, néanmoins elle devrait attendre. Longue attente puisqu'il ne lui fallait pas moins de quatre ans de plus avant de pouvoir s'y rendre. Quatre années qui seraient rythmées par cet enfer quotidien, d'un comportement exemplaire en toute circonstance. Avec probablement les aller retours de ses parents, la sermonnant plus qu'autre chose sur l'image de la famille et ce qu'elle inspire.
Lorie aspirait à beaucoup de liberté, et il fallait bien l'avouer toutes ces règles, ses professeurs et surement même ses parents étaient un frein à celle-ci. C'est pourquoi ce jour-là, elle s'échappât dans les jardins du domaine, loin de tous les cours particuliers qu'elle devait suivre. Elle avait simulé une envie d'aller aux toilettes lors des exercices d'italien de madame Simon pour prendre la poudre d'escampette alors qu'il était seulement 14h13. Madame Simon n'avait pas l'habitude, et c'était la cible parfaite. Elle avait Lorie pour lui apprendre le français, l'italien, l'anglais, l'espagnol et le chinois, c'était l'experte en langues et avait une Lorie sérieuse et appliquée. Sa grande sœur avait fait le même coup à son enseignante du moment, lorsqu'elle avait vu sa sœur Lorie courir dans les jardins. Lorie fut donc rejointe par Rose la plus grande des sœurs. Elle avait onze ans et rentrerai en septembre à l'académie. Ne se souciant guère de celle qui devait à présent courir derrière les deux filles pour les remettre dans le droit chemin. Lorie se contentait d'apprécier ce grand sentiment de liberté, tandis qu'elle écoutait les doutes et les craintes de sa grande sœur qui quitterai le domaine d'ici quelques mois.
« Tu seras tout de même bien mieux là-bas. Dit Lorie calmement alors qu’elle arrachait une fleur des rosiers. »
« Je ne sais pas trop, on n’est jamais réellement sorti d’ici… sauf pour les repas et les réceptions interminables.
« Victor ne t’a rien dit ?
« Il te parle toi notre frère ?
« Non répondit Lorie
« Voilà…
« Je pensais qu’il le faisait… Au moins à toi
« À croire qu’il y est interdit
Les déplacements de Rose étaient si différents de ceux de Lorie. Ils étaient saccadés comme étouffé par quelque chose qui pesait sur ses épaules. Ceux de Lorie étaient souple, d'une certaine grâce. Lorie resta silencieuse pour donner suite à la dernière phrase de sa sœur. Elle n'était pas d'accord, il devait avoir le droit, mais c'était le seul garçon de la famille, il y avait donc beaucoup d'attente de leur père et il avait tout de même cinq ans de plus que Rose, soit neuf ans avec Lorie. Même s'il n'avait pas l'interdiction il devait avoir mieux à faire.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
« Mesdemoiselles, je vous vois ! »
C'était madame Louise. Sa voix aiguë courait vers Lorie et sa sœur. Ses escarpins entravaient sa vitesse. Elle fut rapide pour les retrouver, bien plus que d'habitude. Lorie se mit à courir instantanément, sa sœur non, elle resta sur place. Alors que la petite française regardait sa sœur se faire sermonner tout en essayant de courir le plus loin possible derrière la végétation des jardins, elle vit que madame Louise était toujours après elle. Tenant la main de sa sœur comme pour éviter qu'elle s'échappe à nouveau.
« Mademoiselle Lorie… Ma-de-moiselle ! »
Lorie courrait trop vite pour se faire rattraper, et les escarpins de madame Louise, sans oublier Rose étaient des poids trop lourds pour penser à rattraper la fillette qui avait décidé de faire l'activité physique avant l'heure. Elle eut instant de liberté supplémentaire. Lorie eut le temps de s'allonger sous les arbres, tout en profitant du soleil chaleureux du littoral. C'était si agréable pour elle d'enfin prendre du temps, loin de la surveillance de madame Louise. Cet après-midi avait une saveur particulière, loin des temps de pause qui lui était allouée entre ses cours dispensés. Allongée dans l'herbe, le bras sur le visage la petite Fleury était pour une fois contente que ses parents soient riches, au moins pour avoir ses jardins remplis de belles fleurs, sous un soleil éclatant, submergeant le ciel d'un magnifique bleu de sa lumière. Même si ça lui coutait de le dire, les jardins dans cette région de France étaient vraiment quelque chose de salutaire. Normalement, elle devrait jouer aux échecs dans le grand salon avec un grand maître français à cette heure, mais le destin en avait décidé autrement et plutôt que de faire du sport avec monsieur Morel, elle était là, à se reposer dans l'herbe dans un coin des jardins. Finalement, elle pouvait jouer aux échecs, aux moins dans sa tête. Elle aimait beaucoup comment les pièces pouvaient danser sur le plateau de soixante-quatre cases. Sa préférée était la dame bien évidemment, mais elle avait un faible pour les tours qui étaient puissantes et pouvait ressembler à des sortes de canons. Elle imaginait toujours un coup de canon avant de jouer ces pièces, comme on pouvait l'entendre à midi lorsque l'on était à Nice. Bien des minutes étaient passées depuis l'intervention de madame Louise, et il fallait bien que ça arrive à nouveau. Lorsqu'elle vit celle-ci marcher droit sur elle, Lorie se releva, mais elle n'eut pas le temps de courir, sa robe du jour était comme retenue par quelque chose qui l'empêchait de fuir à nouveau. Madame Louise avait sorti sa baguette, et sa magie lui permettait de mettre un terme à la cavale de la petite française.
« Mademoiselle Lorie sachez que cet écart vous fera perdre plus de temps qu'il ne vous en a fait gagner.»
Sa voix était sèche. Elle trahissait sans nul doute un certain agacement. Il fallait dire qu'elle avait perdu beaucoup de temps à courir après.
« Je peux sans doute vous expliquer, vous voyez j'étais... »
« Ne vous fatiguez pas mademoiselle, de plus je ne crois pas vous avoir donné la parole. »
Lorie essayait de se débattre, mais la magie de madame Louise était bien trop forte pour la fillette. C'était inéluctable. »
« Madame Lou… »
« Votre insolence et votre irrévérence vous en coutera de l’énergie, je vous suggère de la garder, même si je vois que vous en avez beaucoup à revendre aujourd’hui. »
« C’est votre potion madame, vos talents de potio… »
« Continuez, vous ne gagnerez pas, surtout pas du haut de vos sept ans. Je vois que je devrais aussi m’occuper de l’insolence qui se dégage de vous, comme j’ai dû le faire avec votre sœur par le passé. »
Menée par la poigne de madame Louise qui formait une étreinte sur son avant-bras, Lorie était cette fois bien forcée de suivre. Lorie avait un tas d'autre chose à dire, elle trouvait même certaines phrases, qui étaient toutes ridiculement incohérentes pour un adulte, capable de la sauver d'une punition somme toute interminable, mais elle se tut. Après de longues minutes de marche la petite française put enfin apercevoir ce qui semblait être le professeur d'éducation physique. Sa grande sœur Rose devait faire des allers retours entre deux arbres alors qu'un bip sonore rythmait la course. Si elle avait le malheur de ne pas être arrivé à un des arbres au moment du signal, elle devait endurer soit des pompes, soit des sauts en partant d'accroupie. C'était beaucoup trop violent pour la petite Lorie qui regardait sa sœur avec des yeux ronds, presque terrifiée.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
« Bien voici la deuxième, je vous la laisse également, elle a beaucoup d’énergie à revendre vous verrez. »
Lorie n'osait simplement plus parler. Lorsque Monsieur Morel lui ordonna de se changer, elle s'exécuta. Il y avait une sorte de vestiaire dans le jardin qui le permettait. Un vestige bien utile pour le professeur d'éducation physique qui avait donc prit ce coin pour faire ses séances. Une fois en tenue, il lui expliqua les consignes, elle devrait faire comme sa sœur, courir entre les arbres. Elle avait l'interdiction de parler ou d'ouvrir la bouche pour autre chose que respirer. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle devait courir, mais pour elle cela faisait déjà une éternité. Plus elle courrait et plus ça devenait difficile de courir. Un véritable enfer pour la petite Lorie qui regrettait amèrement son escapade à présent. Sa sœur avait le droit de partir, mais elle, elle devait rester et courir sous les yeux de monsieur Morel, sans se plaindre. Lorsqu'elle eut fini, elle s'allongea sur le sol. Elle était dans un état de fatigue pour le moins sérieux. Après un long commentaire sur le fait qu'il n'était pas convenable de s'allonger comme elle l'avait fait pour une fille, elle se releva et fut autorisée à récupérer sa robe. La robe en main elle se dirigea vers l'entrée de la bâtisse. Madame Louise était devant la porte et se tenait droite, tandis que Lorie essayait de reprendre son souffle. Lorsqu'elle passa la porte, suivi de sa préceptrice, elle eut droit à un long discours sur la façon de se comporter convenablement, et la façon de représenter sa famille. Elle fut autorisée à prendre une douche, puis une fois cela fait elle regagna le salon principal de la bâtisse.
« Bien pour vous faire passer votre insolence, qui ma foi est arrivée bien tôt. Vous me copierez deux cents fois la phrase suivante. La phrase étant : Je ne dois pas faire preuve d'insolence et je dois me comporter correctement. Aucune rature, aucune bavure, de belles lettres sinon vous recommencerez depuis le début.»
Lorie prit sur elle pour ne pas souffler ou exprimer son mécontentement. Elle se concentrerait donc pour rendre ces lignes le plus propre possible. Elle savait que madame Louise ne rigolait pas, elle devrait recommencer si elle bâclait les lignes.
« Des questions ?»
Lorie prit le temps de réfléchir. Chaque question qui devait amener une réponse se devait d’être réfléchi. Elle n’en avait pas pour la punition, mais elle s’essaya à une autre plus globale.
« Père et mère rentrent quand ? »
« Votre père rentrera de Paris fin mai et vous irez dans la principauté de Monaco vous et vos sœurs en sa présence. Votre mère devrait rentrer avant et il vous sera possible de passer du temps avec elle, sauf si vous décidez de refaire votre cinéma d’aujourd’hui tous les jours. »
« Merci, madame Louise. »
« Je vous laisse prendre place pour vos lignes. » fit-elle avec un hochement de tête.
Lorie s'installa et s'exécuta. Après de longues heures d'écriture et un poignet endolori par la répétition du geste, elle put enfin quitter le salon et rejoindre ses sœurs dans le salon de la réception. Madame Louise était assise dans un fauteuil à lire le journal alors que Rose, Elina et Pensée discutaient et jouer ensemble. Rose proposa une partie d'échec à sa sœur et bien évidemment Lorie accepta. Se posant toutes les deux devant l'échiquier, Rose ouvra par le pion du roi devant les yeux curieux des deux petites sœurs. La plus petite qui avait cinq ans se colla à Lorie, comme pour lui faire un câlin. La petite Lorie, elle, discutait sans trop regarder l'échiquier avec Elina. Demandant comment c'était passé sa journée et ce qu'elle avait appris. Il régnait un certain calme dans le salon. Lorie avait appris à rester discrète. Si elle pouvait jouer et discuter sans mal, elle se devait garder des convenances qu'elle devait adopter en public. Un entrainement de tous les jours parfois bien difficiles pour l'ensemble des sœurs Fleury.
« Mat en quatre. » Annonça Lorie à sa sœur au bout de dix minutes de jeu alors qu’elle regardait par la fenêtre.
« Je ne vois pas comment tu peux gagner en quatre coups… Joue…»
« Cavalier, double échec, dame échec, ton fou prend dame, cavalier mat.»
« Restez modeste Mademoiselle, votre sœur n’a pas votre niveau et même si elle l’avait il est de convenance de rester discrète. »
« Oui madame Louise Répondit Lorie un peu exaspérée de constamment se faire reprendre. »
« Oh oui ! ça y est je le vois ! s’exclama sa Rose. On rejoue. »
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
[quote="Lorie Fleury"]
Lorie replaça ses pièces, elle garda les noirs pour la seconde partie. L'écart de niveau était de toute façon confortable pour ne pas être inquiété. Si Lorie n'avait jamais participé à de tournois et n'avait pas de classement FIDE, elle pouvait tout de même ajouter à ses succès d'avoir gagné avec les blancs plusieurs fois un grand maître français. On était certes encore loin du niveau d'un champion national ou encore d'un grand maître international, mais pour son âge Lorie se défendait bien. Même s'il fallait bien avouer que le champion du monde actuel à l'âge de Lorie donnait déjà du fil à retordre à des anciens champions du monde. Lorie gagna la seconde partie en exactement dix-sept coups, au plus grand désespoir de sa sœur.
« Comment tu fais pour faire ça. »
« Je joue tous les jours ou presque avec un grand joueur, j’ai appris à jouer comme tu as appris à peindre. »
« Une autre… »
Cette fois-ci Lorie jouait à l'aveugle. Sa sœur lui donnait le nom des pièces et les déplacements sur les cases et Lorie devait visualiser l'échiquier dans son esprit afin de dire à sa sœur ce qu'elle jouerait. Son niveau à l'aveugle était bien moins avancé que son véritable niveau, mais cela suffisait pour prendre l'avantage sur sa sœur débutante. Il fallait dire qu'elle aimait jouer dans sa tête, elle n'était donc pas totalement dépaysée. Pour cette troisième partie Lorie avait détournée son attention de ses petites sœurs qui jouaient ensemble, elle avait besoin de bien plus se concentrer. Afin de ne pas voir l'échiquier elle regardait madame Louise qui lisait cette fois autre chose que le journal. C'était un livre de Victor Hugo. Elle n'avait pas encore eu à le lire, mais elle savait qu'un jour elle devrait finir par devoir le lire obligatoirement, c'était typiquement le genre de livre qui devait être lut pour étoffer sa culture. Lorie espérait souvent secrètement avoir une vie plus simple, être de famille modeste pour ne pas avoir cette pression perpétuelle sur les épaules. Se devait d'être toujours parfaite dans les yeux d'autrui. Mais comme pour la harpe, elle n'avait pas le choix c'était sa vie et sa famille elle devait l'accepter et ce même si c'était compliqué et qu'elle ne voyait que trop peu ses parents à son goût. Ceci-dit elle avait tout de même la chance de les voir minimum deux fois par mois, ce n'était pas le cas d'autres familles dans lesquelles elle avait été invitée. Mais c'était peu, et la discipline passait toujours au premier plan.
« Ton roi était en échec, tu ne peux pas jouer ta tour. »
« Oh oui bien vue… enfin… bien anticipé »
La petite française s'imagina alors dans cette fameuse académie. Celle ou ses parents avaient étudié, elle revoyait sa mère dans ce magnifique uniforme bleu. Le sourire aux lèvres, elle était belle sa mère. Une blonde pleine de vie, avec des lèvres rouges et un visage embelli par des chapeaux sophistiqués. Pleine de manière elle donnait l'impression de survoler le sol lorsqu'elle marchait. Lorie aussi voulait faire comme elle, avoir ses lèvres rouges et sa grandeur. Mais pour le moment elle était trop petite pour porter du rouge, sa taille elle était suffisamment normale pour son âge que ça lui permettait d'espérer un jour être aussi grande que sa mère.
« Je… j’ai gagné ? »
« Comment ça ? »
« Mon fou, te met en échec et tu peux plus bouger ton roi.»
« Je n’ai pas un cavalier qui peut prendre ? »
« Ah si… »
La partie était plus longue que d'habitude, il fallait dire Rose mettait plus de temps pour jouer, et Lorie bien évidemment aussi. Mais après trente- sept coups et un sacrifice de tour, Lorie bloqua le roi de sa sœur qui n'eut d'autre choix que de s'incliner. Le lendemain Lorie et ses sœurs avaient droit à la même routine de la part de madame Louise. À l'exception prêt que la phase rebelle de Lorie s'était complètement éteinte avec les lignes qu'elle avait dû écrire la veille. Et ce n'est que dans la salle à manger que Lorie prit la parole après qu'on le lui a autorisé à la prendre.
« Mesdemoiselles Rose et Lorie je compte sur vous pour avoir un comportement exemplaire, vous n’avez plus quatre ans. Je peux vous faire confiance et ne pas remonter à vos professeurs qu’il faut absolument vous surveiller si vous partez aux toilettes ?»
« Oui madame Louise. Les deux voix des sœurs s’étaient parfaitement superposées. »
« Bien, vous pouvez manger. »
La journée se passa normalement, Lorie était avec ses professeurs. Elle avait commencé par la musique accompagnée de Rose, puis les sœurs avaient été séparées pour que Lorie puisse suivre ses cours d'histoires à la fois magique et non magique. S'enchainait par la suite les cours de lecture et expression orale, les bonnes manières à tenir. Le repas du midi, suivit d'une petite pause. Le cours de langue, celui d'échec, de l'arithmétique, sur la botanique et pour finir un cours de culture générale sur le monde sorcier et non magique. Le programme changeait d'une semaine à l'autre et c'était madame Louise qui l'élaborait suivant les directives du père et de la mère de Lorie. Chaque enfants Fleury avait droit à des cours particuliers et des remises à niveaux si c'était nécessaire. Il fallait ce qu'il fallait pour que les enfants représentent bien la famille et puisse briller en société, peu importe l'âge, les caprices et les comportements désobligeant ou inadapté n'avait plus leur place lors des invitations après les quatre ans. Évidemment Lorie avait un niveau supérieur à ses petites sœurs, toutefois bien inférieur à sa grande sœur. Celui étant plus avancé étant l'ainé de la famille Victor. Heureusement, pour Lorie, elle avait toujours été impeccable et irréprochable lors des invitations ou lorsqu'elle était invitée.
Lorie replaça ses pièces, elle garda les noirs pour la seconde partie. L'écart de niveau était de toute façon confortable pour ne pas être inquiété. Si Lorie n'avait jamais participé à de tournois et n'avait pas de classement FIDE, elle pouvait tout de même ajouter à ses succès d'avoir gagné avec les blancs plusieurs fois un grand maître français. On était certes encore loin du niveau d'un champion national ou encore d'un grand maître international, mais pour son âge Lorie se défendait bien. Même s'il fallait bien avouer que le champion du monde actuel à l'âge de Lorie donnait déjà du fil à retordre à des anciens champions du monde. Lorie gagna la seconde partie en exactement dix-sept coups, au plus grand désespoir de sa sœur.
« Comment tu fais pour faire ça. »
« Je joue tous les jours ou presque avec un grand joueur, j’ai appris à jouer comme tu as appris à peindre. »
« Une autre… »
Cette fois-ci Lorie jouait à l'aveugle. Sa sœur lui donnait le nom des pièces et les déplacements sur les cases et Lorie devait visualiser l'échiquier dans son esprit afin de dire à sa sœur ce qu'elle jouerait. Son niveau à l'aveugle était bien moins avancé que son véritable niveau, mais cela suffisait pour prendre l'avantage sur sa sœur débutante. Il fallait dire qu'elle aimait jouer dans sa tête, elle n'était donc pas totalement dépaysée. Pour cette troisième partie Lorie avait détournée son attention de ses petites sœurs qui jouaient ensemble, elle avait besoin de bien plus se concentrer. Afin de ne pas voir l'échiquier elle regardait madame Louise qui lisait cette fois autre chose que le journal. C'était un livre de Victor Hugo. Elle n'avait pas encore eu à le lire, mais elle savait qu'un jour elle devrait finir par devoir le lire obligatoirement, c'était typiquement le genre de livre qui devait être lut pour étoffer sa culture. Lorie espérait souvent secrètement avoir une vie plus simple, être de famille modeste pour ne pas avoir cette pression perpétuelle sur les épaules. Se devait d'être toujours parfaite dans les yeux d'autrui. Mais comme pour la harpe, elle n'avait pas le choix c'était sa vie et sa famille elle devait l'accepter et ce même si c'était compliqué et qu'elle ne voyait que trop peu ses parents à son goût. Ceci-dit elle avait tout de même la chance de les voir minimum deux fois par mois, ce n'était pas le cas d'autres familles dans lesquelles elle avait été invitée. Mais c'était peu, et la discipline passait toujours au premier plan.
« Ton roi était en échec, tu ne peux pas jouer ta tour. »
« Oh oui bien vue… enfin… bien anticipé »
La petite française s'imagina alors dans cette fameuse académie. Celle ou ses parents avaient étudié, elle revoyait sa mère dans ce magnifique uniforme bleu. Le sourire aux lèvres, elle était belle sa mère. Une blonde pleine de vie, avec des lèvres rouges et un visage embelli par des chapeaux sophistiqués. Pleine de manière elle donnait l'impression de survoler le sol lorsqu'elle marchait. Lorie aussi voulait faire comme elle, avoir ses lèvres rouges et sa grandeur. Mais pour le moment elle était trop petite pour porter du rouge, sa taille elle était suffisamment normale pour son âge que ça lui permettait d'espérer un jour être aussi grande que sa mère.
« Je… j’ai gagné ? »
« Comment ça ? »
« Mon fou, te met en échec et tu peux plus bouger ton roi.»
« Je n’ai pas un cavalier qui peut prendre ? »
« Ah si… »
La partie était plus longue que d'habitude, il fallait dire Rose mettait plus de temps pour jouer, et Lorie bien évidemment aussi. Mais après trente- sept coups et un sacrifice de tour, Lorie bloqua le roi de sa sœur qui n'eut d'autre choix que de s'incliner. Le lendemain Lorie et ses sœurs avaient droit à la même routine de la part de madame Louise. À l'exception prêt que la phase rebelle de Lorie s'était complètement éteinte avec les lignes qu'elle avait dû écrire la veille. Et ce n'est que dans la salle à manger que Lorie prit la parole après qu'on le lui a autorisé à la prendre.
« Mesdemoiselles Rose et Lorie je compte sur vous pour avoir un comportement exemplaire, vous n’avez plus quatre ans. Je peux vous faire confiance et ne pas remonter à vos professeurs qu’il faut absolument vous surveiller si vous partez aux toilettes ?»
« Oui madame Louise. Les deux voix des sœurs s’étaient parfaitement superposées. »
« Bien, vous pouvez manger. »
La journée se passa normalement, Lorie était avec ses professeurs. Elle avait commencé par la musique accompagnée de Rose, puis les sœurs avaient été séparées pour que Lorie puisse suivre ses cours d'histoires à la fois magique et non magique. S'enchainait par la suite les cours de lecture et expression orale, les bonnes manières à tenir. Le repas du midi, suivit d'une petite pause. Le cours de langue, celui d'échec, de l'arithmétique, sur la botanique et pour finir un cours de culture générale sur le monde sorcier et non magique. Le programme changeait d'une semaine à l'autre et c'était madame Louise qui l'élaborait suivant les directives du père et de la mère de Lorie. Chaque enfants Fleury avait droit à des cours particuliers et des remises à niveaux si c'était nécessaire. Il fallait ce qu'il fallait pour que les enfants représentent bien la famille et puisse briller en société, peu importe l'âge, les caprices et les comportements désobligeant ou inadapté n'avait plus leur place lors des invitations après les quatre ans. Évidemment Lorie avait un niveau supérieur à ses petites sœurs, toutefois bien inférieur à sa grande sœur. Celui étant plus avancé étant l'ainé de la famille Victor. Heureusement, pour Lorie, elle avait toujours été impeccable et irréprochable lors des invitations ou lorsqu'elle était invitée.
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