Jessica Landi
Professeure d’Artisanat Magique
Fieschstadt, 10 août 2023, 11h49
@Aliaume Delalande
@Aliaume Delalande
Savez-vous pourquoi et comment Jessica Landi est devenue la nouvelle professeure d’Artisanat Magique sur un quiproquo? Non? Asseyez-vous, je vous explique.
En cette belle matinée du mois d'août qui touchait à sa fin, Jessica s’affairait à comprendre pourquoi le Sac Tic-Tac n'était, justement, pas à l'heure. L’aiguille accusait un retard d’exactement 37 secondes. Si pour vous cela n’est qu’un détail, pour cette artisane réputée, c’était toute une histoire. Jamais une Rochat n’avait des problèmes d’aiguilles, ça non ! Jessica Rochat, ou plutôt Landi depuis 15 ans, tenait un atelier de réparation qui faisait aussi commerce depuis tout autant de temps, voir plus désormais au sein du village magique de Fieschstadt en Suisse. Le local est composé de deux pièces distinctes, une pour les clients et l’autre bien cachée de leur vue.
La première ressemble à une petite boutique chaleureuse (oui, même en pleine montagne). Certes elle n’est pas très grande mais vous pouvez y circuler librement. De toute manière, tout est dans des vitrines sécurisées. Si quelqu’un, autre que Jessica bien sûr, tentait d’ouvrir la porte vitrée, une alarme stridente se déclencherait et tout le quartier serait informé dans les trois secondes qui suivent de ce qui se trame, mais à vrai dire cela n'est jamais arrivé, nous sommes en Suisse ne l'oublions pas. Il faut dire que certaines pièces sont précieuses, notamment tout ce qui est sur le présentoir près de la caisse, juste à côté du comptoir. Vous n’y trouverez que des bijoux somptueux, renfermés dans leur écrin. La plus belle “perle” (sans mauvais jeu de mot) de sa collection est sans conteste le diadème de Staël, qui lorsque vous le portez, vous transforme en un poète romantique éperdu. Il s’agit de sa meilleure vente en période de Saint Valentin. En parcourant la boutique, vous trouverez un peu partout des lunettes astronomiques qui se calent sur la constellation désirée, des bourses de monnaie de toutes les tailles et formes, le fameux sac Tic-Tac qui affiche une horloge sur le devant et où vous pouvez y ranger vos affaires personnelles, des balances qui pèsent le poids des mots, et surtout, surtout, des horloges en tout genre dont celle qui a fait la renommée de la famille Rochat. Vous ne pouvez pas, non plus, passez à côté (enfin si justement) de Mapi, le globe terrestre sur pieds qui vous suivra partout dans la boutique. Personne ne sait réellement s’il vous surveille, si au contraire, il est content de vous voir, s’il appartient à quelqu’un, s’il est à vendre, enfin tout simplement ce qu’il fait là. Une chose est sûre, le coffre qu’il a à l’intérieur de l’hémisphère nord est plein car il tinte quand il se déplace.
Quant à l’atelier de Jessica, il est tout aussi encombré mais rangé. Sauf le grand établi au milieu de la pièce, lorsqu’elle répare comme ici, tout est posé un peu partout. Les outils qui servent à contrôler la qualité d’un matériau ou d’un objet, des plumes, à papote pour la plupart et des parchemins parfois encore enroulés, tout, tout traine sur la table en bois. En son centre: le four qui, étrangement, à la forme d’une énorme ampoule. Contre les murs, des étagères qui regorgent de tissus, bouts de métaux, bois, potions, onguents, marteaux de toutes tailles, pots scellés et étiquetés… Chaque chose est à sa place et ordonnée.
Tandis qu’elle venait enfin de comprendre pourquoi l’aiguille n’avançait pas comme il le fallait (une des roues avait un point de côté), elle entendit Urla, sculpture d’une vouivre (enfin d’après son beau-père qui lui avait offert, elle ne reconnaissait pas les dragons) qui lui indiquait que quelqu’un entrait dans la boutique.
Jessica commença à crier en s’essuyant les mains sur un torchon pris à la volée et en profita pour nettoyer sa baguette, couverte de poussière.
- Je te préviens, Nathan, c’est la dernière fois que tu arrives à cette heure-là. Tant pis pour toi, c’est bientôt l’heure de manger, tu ne reviendras que cet après-midi maintenant.
Quelle ne fut pas sa stupéfaction de découvrir non pas Nathan Stauffiger, son apprenti du mois, mais son ancien professeur et désormais directeur de l’académie Beauxbâtons.
- Alors ça c’est une surprise! Professeur Delalande, bonjour, pardon. En quoi puis-je vous aider? Quelque chose ne va pas avec Ava?
Sa fille avait intégré Beauxbâtons l’année précédente.
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
Trente-sept secondes. Un temps infiniment court à l’échelle d’une vie mais infiniment long pour les deux corbeaux qui campaient sur une branche de mélèze depuis que leur maître, le brave Aliaume Delalande, était apparu dans un craquement sonore sur l’une des nombreuses petites places que comptaient le village magique de Fieschstadt. A leur décharge, le vieil homme était pris dans la contemplation — inutile — des pavés multicolores qui garnissaient la place.
« CRÔA ! s’emporta Odin, le plus noir des deux corbeaux — ce qui se jouait à trois plumes près. »
Le directeur leva le nez vers ses carnassiers, agita sa main libre en signe de compréhension et marcha jusqu’à l’atelier pour lequel il avait pris un Portoloin international puis transplané. Dès ses premiers pas Chez Rochat, des objets qui durent, le vieil homme se laissa attendrir par la présence d’un merveilleux globe terrestre sur pieds à ses côtés. Il le gratifia même d’un tapotement amical quand il s’arrêta pour admirer le travail d’artisanat fourni sur les lunettes astronomiques notamment. Oeuvres uniques, outils minutieux, tout dans cet endroit lui rappelait les plus belles heures de ses années en Suisse… Que le temps des expérimentations matin-midi-soir lui semblait à la fois bien loin et tout d’un coup si proche.
Une voix qui porte, des bruits de pas sur les tomettes… Il n’en fallait pas plus pour éveiller les douleurs lombaires du Mage Blanc lorsqu’il se redressa pour faire face à la propriétaire des lieux — dont le prénom, s’il est nécessaire de le rappeler, lui échappait totalement.
« Ava ? Ma foi je me porte comme un charme, c’est gentil de demander. Très gentil, commenta-t-il en ne s’interdisant pas de baisser les yeux sur le présentoir et les merveilles d’orfèvrerie qu’il renfermait — oubliant, au passage, que la politesse imposait de demander à son interlocutrice comme, elle, se portait. J’aimerais pouvoir dire que c’est le cas, mais je ne suis pas ici pour une visite de courtoisie. A vrai dire, je suis ici pour vous lancer un défi irréalisable… J’en ai peur. »
S’aidant de son bâton de marche, il s’approcha du présentoir pour observer de plus près le diadème qui prétendait conquérir le cœur de toutes les sorcières.
« Un défi que j’ai lancé à d’autres confrères et consoeurs talentueux par-ci par-là… »
Il se redressa, son sourire à moitié dissimulé sous sa moustache aussi blanche qu’une île flottante.
« J’imagine que vous avez gardé la broche de votre confrérie ? — Question rhétorique. J’en recherche quatre de ce type. Elles devront traduire et transcrire en temps réel l’anglais, le mendé, le portugais et le russe. Vous avez deux semaines pour y parvenir. »
« CRÔA ! s’emporta Odin, le plus noir des deux corbeaux — ce qui se jouait à trois plumes près. »
Le directeur leva le nez vers ses carnassiers, agita sa main libre en signe de compréhension et marcha jusqu’à l’atelier pour lequel il avait pris un Portoloin international puis transplané. Dès ses premiers pas Chez Rochat, des objets qui durent, le vieil homme se laissa attendrir par la présence d’un merveilleux globe terrestre sur pieds à ses côtés. Il le gratifia même d’un tapotement amical quand il s’arrêta pour admirer le travail d’artisanat fourni sur les lunettes astronomiques notamment. Oeuvres uniques, outils minutieux, tout dans cet endroit lui rappelait les plus belles heures de ses années en Suisse… Que le temps des expérimentations matin-midi-soir lui semblait à la fois bien loin et tout d’un coup si proche.
Une voix qui porte, des bruits de pas sur les tomettes… Il n’en fallait pas plus pour éveiller les douleurs lombaires du Mage Blanc lorsqu’il se redressa pour faire face à la propriétaire des lieux — dont le prénom, s’il est nécessaire de le rappeler, lui échappait totalement.
« Ava ? Ma foi je me porte comme un charme, c’est gentil de demander. Très gentil, commenta-t-il en ne s’interdisant pas de baisser les yeux sur le présentoir et les merveilles d’orfèvrerie qu’il renfermait — oubliant, au passage, que la politesse imposait de demander à son interlocutrice comme, elle, se portait. J’aimerais pouvoir dire que c’est le cas, mais je ne suis pas ici pour une visite de courtoisie. A vrai dire, je suis ici pour vous lancer un défi irréalisable… J’en ai peur. »
S’aidant de son bâton de marche, il s’approcha du présentoir pour observer de plus près le diadème qui prétendait conquérir le cœur de toutes les sorcières.
« Un défi que j’ai lancé à d’autres confrères et consoeurs talentueux par-ci par-là… »
Il se redressa, son sourire à moitié dissimulé sous sa moustache aussi blanche qu’une île flottante.
« J’imagine que vous avez gardé la broche de votre confrérie ? — Question rhétorique. J’en recherche quatre de ce type. Elles devront traduire et transcrire en temps réel l’anglais, le mendé, le portugais et le russe. Vous avez deux semaines pour y parvenir. »
Jessica Landi
Professeure d’Artisanat Magique
Jessica posa les mains sur le comptoir et fronça les sourcils. Qu’est ce qu’il raconte celui-là? Ava lui avait bien dit que des rumeurs couraient sur son ancien maître de confrérie. Mais là, elle en avait la preuve sous les yeux. Cela faisait presque trente ans qu’elle était partie de l’école et ne l’avait plus revu. Quel âge pouvait-il bien avoir? Elle ne s’était jamais posé la question et à vrai dire s’en souciait peu jusque là.
En temps normal, elle aurait répondu à la personne (il ne fallait pas se moquer de ses enfants quand elle était dans les parages) mais cette fois-ci, elle ne s’en formalisa pas; elle était désormais sûre qu’il ne savait même pas qui était sa fille. Donc ce n’était pas pour elle qu’il venait. Et elle fut bien vite informée du pourquoi du comment.
Un défi donc… Elle l’observa contempler le diadème de Staël en attendant la suite. 4 broches pour 4 langues en plus de toutes les autres. Jouable. Pour dans deux semaines. Moins.
Jessica regarda son carnet de rendez-vous. Elle comptait prendre quelques jours de repos avec les enfants avant la rentrée. Si elle mettait autant de temps qu’on lui accordait, elle ne pourrait pas honorer ses engagements auprès d'eux. Sans compter sur les commandes déjà programmées des autres clients. Mais c’était une femme qui aimait les challenges. Sans se départir de son assurance, elle le questionna.
- Le mendé? Ça vient d’où, ça? Il va y avoir des élèves d’autres écoles cette année encore?
Elle avait eu la chance de faire un programme d’échange scolaire lors de sa dernière année et donc était ravie que sa fille puisse elle aussi avoir l’honneur de connaître ça.
- Admettons que je relève ce fameux défi. Étant une demande inhabituelle, je ne peux vous établir un devis. Quelle en serait la contrepartie?
En temps normal, elle aurait répondu à la personne (il ne fallait pas se moquer de ses enfants quand elle était dans les parages) mais cette fois-ci, elle ne s’en formalisa pas; elle était désormais sûre qu’il ne savait même pas qui était sa fille. Donc ce n’était pas pour elle qu’il venait. Et elle fut bien vite informée du pourquoi du comment.
Un défi donc… Elle l’observa contempler le diadème de Staël en attendant la suite. 4 broches pour 4 langues en plus de toutes les autres. Jouable. Pour dans deux semaines. Moins.
Jessica regarda son carnet de rendez-vous. Elle comptait prendre quelques jours de repos avec les enfants avant la rentrée. Si elle mettait autant de temps qu’on lui accordait, elle ne pourrait pas honorer ses engagements auprès d'eux. Sans compter sur les commandes déjà programmées des autres clients. Mais c’était une femme qui aimait les challenges. Sans se départir de son assurance, elle le questionna.
- Le mendé? Ça vient d’où, ça? Il va y avoir des élèves d’autres écoles cette année encore?
Elle avait eu la chance de faire un programme d’échange scolaire lors de sa dernière année et donc était ravie que sa fille puisse elle aussi avoir l’honneur de connaître ça.
- Admettons que je relève ce fameux défi. Étant une demande inhabituelle, je ne peux vous établir un devis. Quelle en serait la contrepartie?
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
D’où venait le mendé ? Aliaume Delalande n’en était pas tout à fait sûr. Il se souvenait tout juste qu’il s’agissait d’une langue qui côtoyait l’anglais à l’école Moorisatee et qu’elle était parlée par la championne locale, celle-là même qui avait remporté le Tournoi des Trois Montagnes — à l’instar du Tournoi des Trois Sorciers, ce concours magique se dispute entre les trois écoles de sorcellerie africaines que sont l’académie Manaralsaahir (située en Egypte), l’école Moorisatee (située au Sierra Leone) et le collègue Uagadou (situé en Ouganda).
« D’Afrique de l’ouest, répondit-il, l’air de rien, tandis que son regard continuait de se promener sur les œuvres à droite et à gauche. Vous n’êtes pas sans savoir — le vieil homme n’avait pas conscience qu’il révélait, en réalité, une information qu’aucun journal et qu’aucun officiel de la Confédération n’avait publié à ce jour — que la Confédération entend réunir et faire s’affronter les champions des quatre grands concours magiques qui se sont disputés, l’année dernière, dans le monde. Notre académie a manqué cette opportunité de peu, mais nous devons nous montrer bon perdant et solidaire de Durmstrang. Je serai ravi d’envoyer ce présent à notre représentant européen, qu’il puisse apporter un peu de notre savoir-faire sur les terres brésiliennes. »
Le vieil homme — qui avait très bien entendu la dernière question de l’artisane mais qui était aussi très doué pour utiliser son âge comme un atout quand il était question de faire comme s’il n’avait rien entendu — se détourna du présentoir pour s’approcher d’une vitrine qui conservait jalousement des balances d’un genre très particulier : elles pesaient le poids des mots. L’ancien professeur d’Artisanat Magique qui se cachait à l’intérieur de cette carcasse tout en longueur ne pouvait que vibrer pour une telle création. Faisant craquer ses orteils d’impatience — comme n’importe quel enfant devant un étal de sucreries — il plongea sa main libre dans la poche de sa robe de sorcier et en sortit une bourse en cuir qu’il soupèsa.
« Oui, deux semaines ce sera bien, marmonna-t-il dans sa barbe. »
Il tourna ensuite sa tête vers la pauvre propriétaire qui voyait ses rêves de contrepartie se désagréger en direct. Elle était à des années-lumière de comprendre ce qui se tramait, à l’instant même, dans l’esprit du vieil homme. C’est que ça fourmillait d’idées là-dedans !
« Combien vous en demandez pour cette balance en cuivre ? »
Il désigna de son poing fermé sur la bourse de liards la plus petite des balances qui proposait de peser le poids des mots.
« D’Afrique de l’ouest, répondit-il, l’air de rien, tandis que son regard continuait de se promener sur les œuvres à droite et à gauche. Vous n’êtes pas sans savoir — le vieil homme n’avait pas conscience qu’il révélait, en réalité, une information qu’aucun journal et qu’aucun officiel de la Confédération n’avait publié à ce jour — que la Confédération entend réunir et faire s’affronter les champions des quatre grands concours magiques qui se sont disputés, l’année dernière, dans le monde. Notre académie a manqué cette opportunité de peu, mais nous devons nous montrer bon perdant et solidaire de Durmstrang. Je serai ravi d’envoyer ce présent à notre représentant européen, qu’il puisse apporter un peu de notre savoir-faire sur les terres brésiliennes. »
Le vieil homme — qui avait très bien entendu la dernière question de l’artisane mais qui était aussi très doué pour utiliser son âge comme un atout quand il était question de faire comme s’il n’avait rien entendu — se détourna du présentoir pour s’approcher d’une vitrine qui conservait jalousement des balances d’un genre très particulier : elles pesaient le poids des mots. L’ancien professeur d’Artisanat Magique qui se cachait à l’intérieur de cette carcasse tout en longueur ne pouvait que vibrer pour une telle création. Faisant craquer ses orteils d’impatience — comme n’importe quel enfant devant un étal de sucreries — il plongea sa main libre dans la poche de sa robe de sorcier et en sortit une bourse en cuir qu’il soupèsa.
« Oui, deux semaines ce sera bien, marmonna-t-il dans sa barbe. »
Il tourna ensuite sa tête vers la pauvre propriétaire qui voyait ses rêves de contrepartie se désagréger en direct. Elle était à des années-lumière de comprendre ce qui se tramait, à l’instant même, dans l’esprit du vieil homme. C’est que ça fourmillait d’idées là-dedans !
« Combien vous en demandez pour cette balance en cuivre ? »
Il désigna de son poing fermé sur la bourse de liards la plus petite des balances qui proposait de peser le poids des mots.
Jessica Landi
Professeure d’Artisanat Magique
Évidemment que Jessica n’avait aucune idée qu’un nouveau tournoi inter écoles allait avoir lieu puisque personne, à part les directeurs desdites écoles et la Confédération, n’en était informé. Toutefois, elle comprenait mieux l’utilité des broches désormais et l’envergure que cela prendrait. Les retombées pouvaient être phénoménales si elle réussissait.
Ainsi donc c’était un présent pour le champion de Durmstrang (elle ne savait pas de quelles écoles venaient les autres champions si ce n'est leur langue). Elle aurait préféré que cela soit pour la participante de Beauxbâtons mais elle s’en contenterait largement. Le problème étant désormais de trouver quelqu’un parlant le mendé pour s’assurer de la traduction. Elle trouverait bien des livres qui pourraient l’aiguiller mais pour la tester, cela serait une autre paire de manches. Cependant, une chose était certaine, elle n'allait pas baisser les bras avant même d’avoir commencé. Son talent d’artisane couplé à ses compétences linguistiques (après tout elle-même parlait déjà plusieurs langues, joies de vivre dans un pays comprenant quatre langues nationales), ne peuvent faire que bon ménage pour ce type de défi. Elle n’allait en faire qu’une bouchée. Sans qu’elle ne s’y attende, le directeur de l’académie changea de sujet.
- Soixante Liards pour la petite. J’aurais juré que vous seriez intéressé par le diadème. Vous n’avez pas de cœur à conquérir ou à entretenir?
Jessica regarda l’heure (et ne se rendit pas compte que ses horloges l’indiquant, se sont toutes arrêtées), prit un morceau de parchemin et écrivit à la va-vite : “commencez à manger sans moi, je serai en retard, client de dernière minute”. Elle envoya la note à sa mère qui gardait ses enfants.
- Je vais faire jouer mes relations pour trouver les meilleurs interprètes. J’ai justement rencontré Leke Ngalè, qui a étudié à Mahoutokoro, lors de la vingt-quatrième édition du concours mondial de l’artisanat et découvertes magiques. Il saura m’orienter vers le bon interlocuteur s’il ne peut pas m’aider lui-même. Si tout va bien, je pourrais même finir avant. Je vous préviendrais lorsque ce sera le cas.
Le plus difficile sera la première broche, les trois autres ne seront que des copies parfaites. Par contre, il fallait que toutes ses connaissances soient disponibles et en cette période, rien en était moins sûr!
Ainsi donc c’était un présent pour le champion de Durmstrang (elle ne savait pas de quelles écoles venaient les autres champions si ce n'est leur langue). Elle aurait préféré que cela soit pour la participante de Beauxbâtons mais elle s’en contenterait largement. Le problème étant désormais de trouver quelqu’un parlant le mendé pour s’assurer de la traduction. Elle trouverait bien des livres qui pourraient l’aiguiller mais pour la tester, cela serait une autre paire de manches. Cependant, une chose était certaine, elle n'allait pas baisser les bras avant même d’avoir commencé. Son talent d’artisane couplé à ses compétences linguistiques (après tout elle-même parlait déjà plusieurs langues, joies de vivre dans un pays comprenant quatre langues nationales), ne peuvent faire que bon ménage pour ce type de défi. Elle n’allait en faire qu’une bouchée. Sans qu’elle ne s’y attende, le directeur de l’académie changea de sujet.
- Soixante Liards pour la petite. J’aurais juré que vous seriez intéressé par le diadème. Vous n’avez pas de cœur à conquérir ou à entretenir?
Jessica regarda l’heure (et ne se rendit pas compte que ses horloges l’indiquant, se sont toutes arrêtées), prit un morceau de parchemin et écrivit à la va-vite : “commencez à manger sans moi, je serai en retard, client de dernière minute”. Elle envoya la note à sa mère qui gardait ses enfants.
- Je vais faire jouer mes relations pour trouver les meilleurs interprètes. J’ai justement rencontré Leke Ngalè, qui a étudié à Mahoutokoro, lors de la vingt-quatrième édition du concours mondial de l’artisanat et découvertes magiques. Il saura m’orienter vers le bon interlocuteur s’il ne peut pas m’aider lui-même. Si tout va bien, je pourrais même finir avant. Je vous préviendrais lorsque ce sera le cas.
Le plus difficile sera la première broche, les trois autres ne seront que des copies parfaites. Par contre, il fallait que toutes ses connaissances soient disponibles et en cette période, rien en était moins sûr!
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
« Il y a longtemps que les coeurs ont arrêté de chavirer pour moi, s’amusa le vieil homme. »
En disant cela, il s’approcha du présentoir et sortit de sa bourse six billets d’une valeur de dix liards suisses qu’il glissa vers l’artisane.
« Vous seriez très aimable de me l’emballer. C’est un cadeau. »
Tandis que l’artisane s’affairait, le directeur promenait son regard de droite à gauche — adressait un clin d’œil au globe terrestre qui trépignait d’impatience dans un coin de la boutique — en essayant de se remémorer pourquoi Leke Ngalè était un nom qui lui semblait si familier. Mais comme sa cervelle était une véritable passoire — d’autant plus en présence d’objets magiques stimulant sa curiosité maladive — il quitta la boutique Chez Rochat, des objets qui durent quelques minutes plus tard sans avoir réussi à se souvenir de ce garçon charmant qui avait bien failli foutre le feu à sa robe lors de leur seule et unique rencontre.
Deux semaines s’écoulèrent. Au zénith du quatorzième jour — le soleil étincelait dans un ciel bleu sans nuage — tout le village magique de Fieschstadt murmurait des choses au sujet d’un mystérieux défi lancé par le directeur de l’académie Beauxbâtons aux meilleurs artisans du pays. Tout le monde y allait de son invention — faute d’avoir arraché la vérité à qui la possédait. Une nouvelle baguette plus puissante. Un bâton de mage qui fonctionnerait comme une baguette. Un fauteuil lévitant. Il y eut même un commerçant pour raconter que le vieil homme cherchait un objet capable d’effacer les drôles de tatouages alchimiques qu’il se trimballait sur le corps.
Rien de tout cela n’était vrai, bien évidemment. Aucun habitant de Fieschstadt n’avait assez d’imagination pour supposer que le directeur de Beauxbâtons s’apprêtait à faire d’une pierre deux coups. Pas même la principale intéressée…
« Bonjour toi, dit Aliaume en posant sa main libre sur le globe terrestre qui l’accueillit comme un fidèle compagnon. Moi aussi je suis heureux de te revoir. »
S’appuyant sur son bâton de marche, le vieil homme marcha jusqu’au présentoir sur lequel il posa sa main libre en attendant patiemment l’apparition de la maîtresse des lieux. Habillé d’une longue robe de sorcier vert avocat, Aliaume ressemblait plus que jamais à un druide celte qui avait pris soin de choisir un tissu assez long pour garder au chaud ses pieds nus.
« Madame Rorschach ! s’exclama-t-il en voyant paraître l’artisane. Bien le bonjour ! Comment se porte notre petit défi ? »
En disant cela, il s’approcha du présentoir et sortit de sa bourse six billets d’une valeur de dix liards suisses qu’il glissa vers l’artisane.
« Vous seriez très aimable de me l’emballer. C’est un cadeau. »
Tandis que l’artisane s’affairait, le directeur promenait son regard de droite à gauche — adressait un clin d’œil au globe terrestre qui trépignait d’impatience dans un coin de la boutique — en essayant de se remémorer pourquoi Leke Ngalè était un nom qui lui semblait si familier. Mais comme sa cervelle était une véritable passoire — d’autant plus en présence d’objets magiques stimulant sa curiosité maladive — il quitta la boutique Chez Rochat, des objets qui durent quelques minutes plus tard sans avoir réussi à se souvenir de ce garçon charmant qui avait bien failli foutre le feu à sa robe lors de leur seule et unique rencontre.
*
Jeudi 24 Août 2023, 14h.
Deux semaines s’écoulèrent. Au zénith du quatorzième jour — le soleil étincelait dans un ciel bleu sans nuage — tout le village magique de Fieschstadt murmurait des choses au sujet d’un mystérieux défi lancé par le directeur de l’académie Beauxbâtons aux meilleurs artisans du pays. Tout le monde y allait de son invention — faute d’avoir arraché la vérité à qui la possédait. Une nouvelle baguette plus puissante. Un bâton de mage qui fonctionnerait comme une baguette. Un fauteuil lévitant. Il y eut même un commerçant pour raconter que le vieil homme cherchait un objet capable d’effacer les drôles de tatouages alchimiques qu’il se trimballait sur le corps.
Rien de tout cela n’était vrai, bien évidemment. Aucun habitant de Fieschstadt n’avait assez d’imagination pour supposer que le directeur de Beauxbâtons s’apprêtait à faire d’une pierre deux coups. Pas même la principale intéressée…
« Bonjour toi, dit Aliaume en posant sa main libre sur le globe terrestre qui l’accueillit comme un fidèle compagnon. Moi aussi je suis heureux de te revoir. »
S’appuyant sur son bâton de marche, le vieil homme marcha jusqu’au présentoir sur lequel il posa sa main libre en attendant patiemment l’apparition de la maîtresse des lieux. Habillé d’une longue robe de sorcier vert avocat, Aliaume ressemblait plus que jamais à un druide celte qui avait pris soin de choisir un tissu assez long pour garder au chaud ses pieds nus.
« Madame Rorschach ! s’exclama-t-il en voyant paraître l’artisane. Bien le bonjour ! Comment se porte notre petit défi ? »
Jessica Landi
Professeure d’Artisanat Magique
Jessica avait travaillé d’arrache-pied pour terminer la commande inattendue du directeur de Beauxbâtons. Elle avait passé nuit et jour dessus afin de pouvoir s’accorder un weekend prolongé en Italie avec ses enfants. Fort heureusement, ses contacts avaient tous répondu présents, intrigués et excités par la demande. L’artisane n’avait évidemment pas dévoilé les détails, ni le nom de son client, et encore moins la raison, discrétion professionnelle oblige. Non, le challenge d’une broche pouvant traduire les langues du monde entier était largement suffisant. Pourquoi se lançait-elle là-dedans? Elle souhaitait prendre la place des Devineresses? Elle avait découvert les secrets de leur magie? Souhaitait-elle parcourir le monde? Allait-elle devenir chasseuse? Autant de questions à côté de la plaque qui la firent sourire. Tout comme celles qui se posaient au sein du village. Après tout, Aliaume Delalande ne passait pas inaperçu et encore moins à Fieschstadt.
Le cri d’Urla lui indiqua que quelqu’un était entré dans la boutique. Jessica rangea la bande de cuir dans sa boîte correspondante et passa dans l’autre pièce.
- Professeur Delalande, adieu!
Dire qu’elle était surprise de le voir serait mentir. Elle attendait sa visite depuis plusieurs jours déjà, elle avait même fait tout ce qu’il fallait pour revenir au cas où. Mais elle se doutait qu’il viendrait aujourd’hui, deux semaines s’étant écoulées.
- Oh vous savez je suis une Landi désormais. Jessica Landi (elle tut que cela faisait plus de 15 ans que c’était le cas). Eh bien, j’ai essayé de vous contacter il y a quelques jours de ça ayant terminé plus tôt comme je le pensais mais peut-être n’avez vous pas eu ma coursive? Attendez un instant, je reviens.
Elle passa derrière et prit quatre écrins identiques. Elle les posa sur le comptoir et les ouvrit un à un en enlevant délicatement le morceau de tissu (floqué de ses initiales) enveloppant les broches de la forme de la rune de Gebo. Elle passera juste sous silence qu'en anglais, l’accent australien pouvait causer quelques erreurs de traduction. Mais mis à part ce détail, les broches étaient étincelantes et présentées ainsi, d’une beauté sans pareille.
- Est-ce que cela pourrait vous convenir?
Si c’était le cas, alors elle lui parlerait de la compensation puisque le sujet n’avait pas été évoqué, ou du moins décidé, jusque là.
Le cri d’Urla lui indiqua que quelqu’un était entré dans la boutique. Jessica rangea la bande de cuir dans sa boîte correspondante et passa dans l’autre pièce.
- Professeur Delalande, adieu!
Dire qu’elle était surprise de le voir serait mentir. Elle attendait sa visite depuis plusieurs jours déjà, elle avait même fait tout ce qu’il fallait pour revenir au cas où. Mais elle se doutait qu’il viendrait aujourd’hui, deux semaines s’étant écoulées.
- Oh vous savez je suis une Landi désormais. Jessica Landi (elle tut que cela faisait plus de 15 ans que c’était le cas). Eh bien, j’ai essayé de vous contacter il y a quelques jours de ça ayant terminé plus tôt comme je le pensais mais peut-être n’avez vous pas eu ma coursive? Attendez un instant, je reviens.
Elle passa derrière et prit quatre écrins identiques. Elle les posa sur le comptoir et les ouvrit un à un en enlevant délicatement le morceau de tissu (floqué de ses initiales) enveloppant les broches de la forme de la rune de Gebo. Elle passera juste sous silence qu'en anglais, l’accent australien pouvait causer quelques erreurs de traduction. Mais mis à part ce détail, les broches étaient étincelantes et présentées ainsi, d’une beauté sans pareille.
- Est-ce que cela pourrait vous convenir?
Si c’était le cas, alors elle lui parlerait de la compensation puisque le sujet n’avait pas été évoqué, ou du moins décidé, jusque là.
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
Jessica Landi. Aliaume appréciait vraiment l’effort qui consistait à lui donner un prénom et un nom ; il n’appréciait tout simplement pas l’idée de le garder en mémoire. D’une, parce que cela prenait bien trop de place à son goût et de deux, parce que l’esprit sorcier était tel qu’un nom en chassait vite un autre. Et le vieil homme ne tenait pas à oublier certains noms qui rôdaient aux confins de sa mémoire. De toute façon, personne ne s’était jamais offusqué d’être appelé par un mauvais prénom ou un mauvais nom — l’apanage d’être bientôt centenaire, j’imagine. Quand bien même quelqu’un s’offusquerait… Aliaume Delalande n’avait pas les jambes pour courir après qui que ce soit.
Le vieil homme tiqua plutôt sur le fait que la jeune femme avait vraisemblablement tenté de le contacter par « coursive ». Il en avait emprunté une, une fois ; depuis il savait qu’il était sujet au mal de mer et n’était plus remonté sur un navire — ceci expliquait sans doute pourquoi il était plus proches des gitans des terres que des gitans des mers. Mais cela ne lui expliquait pas vraiment pourquoi la jeune femme lui avait envoyé un navire ni comment elle avait espéré qu’il lui parvienne dans les Pyrénées. De retour à l’académie, il demanderait à son fidèle majordome si un navire s’était présenté quelque part dans la région.
« Vous devriez songer à utiliser les fées postales ! hurla-t-il — enfin hurla… façon de parler — tandis que la jeune femme basculait momentanément dans l’arrière-boutique. »
La main toujours appuyée sur le présentoir, le vieux sorcier attendit le retour de la propriétaire et sa présentation des quatre broches commandées deux semaines plus tôt. Au premier coup d’oeil, l’ancien professeur d’Artisanat Magique reconnut la qualité du travail accompli. La précision avec laquelle l’artisane avait cacheté la magie était remarquable. La finesse de l’objet, sa légèreté… Aliaume en saisit une, au hasard, et la soupesa — un chef d’oeuvre d’artisanat moderne ! La rune choisie pour l’occasion n’était pas, non plus, un hasard. Elle apportait sa propre magie à l’édifice, comme on dit. Le vieil homme était sensible à ce détail parmi tant d’autres.
« Vous avez réalisé quatre chefs-d’oeuvre, affirma-t-il, à moitié penché sur le présentoir. C’est du grand art ! Toutes mes félicitations professeure. »
Un petit sourire aux lèvres, Aliaume admirait les jeux de lumière qui se formaient à la surface des broches tout en fouillant une des nombreuses poches que dissimulait sa robe. Il en sortit un rouleau de parchemin cacheté — tout ce que l’académie faisait de plus officiel en matière de contrat et de planification du travail hebdomadaire — et le posa sur le présentoir.
« Cela fera parfaitement l’affaire, ça ne fait aucun doute. Je vous conseille de vous présenter à l’académie avant la rentrée. Mon majordome, Emilien, vous aidera à prendre possession de votre salle de classe. Il vous fera également visiter la tour de Lug, histoire de vous rafraîchir la mémoire avant que vous n’en preniez la tête… Disons mardi ou mercredi prochain ? C’est la finale de la Coupe d’Europe ce week-end. »
Le vieil homme tiqua plutôt sur le fait que la jeune femme avait vraisemblablement tenté de le contacter par « coursive ». Il en avait emprunté une, une fois ; depuis il savait qu’il était sujet au mal de mer et n’était plus remonté sur un navire — ceci expliquait sans doute pourquoi il était plus proches des gitans des terres que des gitans des mers. Mais cela ne lui expliquait pas vraiment pourquoi la jeune femme lui avait envoyé un navire ni comment elle avait espéré qu’il lui parvienne dans les Pyrénées. De retour à l’académie, il demanderait à son fidèle majordome si un navire s’était présenté quelque part dans la région.
« Vous devriez songer à utiliser les fées postales ! hurla-t-il — enfin hurla… façon de parler — tandis que la jeune femme basculait momentanément dans l’arrière-boutique. »
La main toujours appuyée sur le présentoir, le vieux sorcier attendit le retour de la propriétaire et sa présentation des quatre broches commandées deux semaines plus tôt. Au premier coup d’oeil, l’ancien professeur d’Artisanat Magique reconnut la qualité du travail accompli. La précision avec laquelle l’artisane avait cacheté la magie était remarquable. La finesse de l’objet, sa légèreté… Aliaume en saisit une, au hasard, et la soupesa — un chef d’oeuvre d’artisanat moderne ! La rune choisie pour l’occasion n’était pas, non plus, un hasard. Elle apportait sa propre magie à l’édifice, comme on dit. Le vieil homme était sensible à ce détail parmi tant d’autres.
« Vous avez réalisé quatre chefs-d’oeuvre, affirma-t-il, à moitié penché sur le présentoir. C’est du grand art ! Toutes mes félicitations professeure. »
Un petit sourire aux lèvres, Aliaume admirait les jeux de lumière qui se formaient à la surface des broches tout en fouillant une des nombreuses poches que dissimulait sa robe. Il en sortit un rouleau de parchemin cacheté — tout ce que l’académie faisait de plus officiel en matière de contrat et de planification du travail hebdomadaire — et le posa sur le présentoir.
« Cela fera parfaitement l’affaire, ça ne fait aucun doute. Je vous conseille de vous présenter à l’académie avant la rentrée. Mon majordome, Emilien, vous aidera à prendre possession de votre salle de classe. Il vous fera également visiter la tour de Lug, histoire de vous rafraîchir la mémoire avant que vous n’en preniez la tête… Disons mardi ou mercredi prochain ? C’est la finale de la Coupe d’Europe ce week-end. »
Jessica Landi
Professeure d’Artisanat Magique
Jessica absorbée par son travail, ne s’était pas rendue compte de son erreur de langage: “missive” et non “coursive”. Mais à vrai dire avec Aliaume Delalande, cela ne portait pas vraiment à conséquence. Prenez la suite de l’échange. Rien de ce qu’il disait n'était sensé. La Suisse se regarda dans le reflet d’une vitrine pour voir si elle avait changé son apparence par mégarde (cela ne lui arrivait jamais mais c’était la seule explication qui lui était venue à l’esprit à ce moment-là). Non non, à part une mèche rebelle qui sortait de son bandeau qui maintenait ses cheveux, elle ne voyait rien de spécial.
Mais à qui croyait-il avoir affaire? Elle avait souvenir que la professeure d’Artisanat était une ancienne consœur, Leen Peters? Peter? Peeters? Bref une autre personne qui ne lui ressemblait pas du tout d'après ses souvenirs du bal de de l'année dernière. Ou alors, puisqu’elle recevait des jeunes en apprentissage, il la considérait comme une professeure. Dans un sens, oui dirons-nous. Voulait-il officialiser les choses? Jessica comprenait l’obligation d’aller à l’académie mais pas tant pourquoi elle devait visiter -enfin retourner- à Lug ni une salle de classe. Elle “enseignerait” ici dans son atelier. On tenait largement à deux, voire trois.
- Oh non, c’est gentil à vous merci, mais ici fera largement l’affaire. Pas besoin de quoique ce soit à l’académie.
Elle fit un signe de mains pour signifier que ce n’était rien et prit le parchemin posé pensant qu’il s’agissait de la facture (inversée) pour le paiement des broches.
Elle le parcourut rapidement et fronça les sourcils. Mais qu’est-ce-que…? Ce n’était pas du tout une facture mais un contrat d’embauche. Comme professeur d’artisanat magique à l’académie de Beauxbâtons. Une vraie professeure. Elle blêmit.
- Je crois qu’il y a méprise. Je n’ai pas postulé pour quoique ce soit. Je…
Et son atelier? Et ses clients? Et ses enfants? Et son mari?
- J’ai un fils de 9 ans, vous savez. Il ne me voit déjà pas beaucoup, je ne veux pas qu’il grandisse en se disant que sa mère n’a jamais été là pour lui. Et Ava…Non, je… Je vais en parler avec ma famille. Et puis comment voulez-vous que j’aille à l’académie? l'interrogea-t-elle en se ressaisissant. Et si j’accepte ne pensez pas que je ne souhaite pas une indemnisation pour le travail effectué.
Elle sourit. Il fallait bien amortir les frais engendrés par les enfants. Artisane certes, mais maman avant tout!
Mais à qui croyait-il avoir affaire? Elle avait souvenir que la professeure d’Artisanat était une ancienne consœur, Leen Peters? Peter? Peeters? Bref une autre personne qui ne lui ressemblait pas du tout d'après ses souvenirs du bal de de l'année dernière. Ou alors, puisqu’elle recevait des jeunes en apprentissage, il la considérait comme une professeure. Dans un sens, oui dirons-nous. Voulait-il officialiser les choses? Jessica comprenait l’obligation d’aller à l’académie mais pas tant pourquoi elle devait visiter -enfin retourner- à Lug ni une salle de classe. Elle “enseignerait” ici dans son atelier. On tenait largement à deux, voire trois.
- Oh non, c’est gentil à vous merci, mais ici fera largement l’affaire. Pas besoin de quoique ce soit à l’académie.
Elle fit un signe de mains pour signifier que ce n’était rien et prit le parchemin posé pensant qu’il s’agissait de la facture (inversée) pour le paiement des broches.
Elle le parcourut rapidement et fronça les sourcils. Mais qu’est-ce-que…? Ce n’était pas du tout une facture mais un contrat d’embauche. Comme professeur d’artisanat magique à l’académie de Beauxbâtons. Une vraie professeure. Elle blêmit.
- Je crois qu’il y a méprise. Je n’ai pas postulé pour quoique ce soit. Je…
Et son atelier? Et ses clients? Et ses enfants? Et son mari?
- J’ai un fils de 9 ans, vous savez. Il ne me voit déjà pas beaucoup, je ne veux pas qu’il grandisse en se disant que sa mère n’a jamais été là pour lui. Et Ava…Non, je… Je vais en parler avec ma famille. Et puis comment voulez-vous que j’aille à l’académie? l'interrogea-t-elle en se ressaisissant. Et si j’accepte ne pensez pas que je ne souhaite pas une indemnisation pour le travail effectué.
Elle sourit. Il fallait bien amortir les frais engendrés par les enfants. Artisane certes, mais maman avant tout!
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
Le vieil homme esquissa un sourire de circonstance. Aucune once de moquerie, ça non. Mais une sympathie toute naturelle pour cette sorcière talentueuse qui n’avait pas encore compris ce que lui avait compris dès l’instant où il lui avait soumis le défi de concevoir ces broches.
« Professeure, vous le dites vous-même, vos enfants ne vous voient pas beaucoup parce que vous venez vous enterrer dans cet endroit au demeurant charmant, dit le vieux singe à qui on ne pouvait décidément pas apprendre à faire la grimace. Alors que préférez-vous leur raconter comme histoire ? Que vous leur préférez le calme de votre boutique ou que vous leur préférez l’académie dans laquelle ils vivront forcément ? »
Sur cette question dont la réponse était évidente pour le père qu’il avait été — non pas que son fils soit mort, mais que sa fonction de père soit morte il y a très longtemps — Aliaume referma l’écrin et prit une grande respiration. Sans parler des étincelles que la simple évocation du mot « Beauxbâtons » allumait dans les yeux des petits sorciers-en-herbe.
« La solitude dénature la perception que vous avez de vous-même, dit-il, toujours le sourire aux lèvres. Vous ne comprenez pas qu’il est criminel que votre talent soit remisé au fin fond des montagnes suisses quand il pourrait éclairer des milliers de jeunes sorciers en quête d’inspiration et de connaissances dans les montagnes pyrénéennes. »
Pivotant de quelques degrés sur lui-même, le directeur de l’académie jeta à nouveau un coup d’oeil aux vitrines, au globe terrestre qui ne pouvait s’empêcher de gigoter, puis au panorama qui se découpait à travers les fenêtres de la boutique.
« J’ai beau admiré l’air vivifiant de ce pays, j’ai toujours autant de mal avec l’étroite relation à l’or que vous entretenez, vous autres sorciers suisses. J’imagine que vous avez déjà songé au prix que vous pourriez m’en demander pour la confection de ces oeuvres ? Quoi de plus normal pour une suisse. Cependant, le vieil homme que je suis vous invite à réfléchir aux retombées que vous pourriez espérer lorsque votre nom sera prononcé de l’autre côté de l’Atlantique, sur un continent où l’artisanat n’en est encore qu’à ses balbutiements et à l’enthousiasme débordant d’un peuple pour une artisane capable d’une telle prouesse magique… »
Le vieil homme fit sonner son bâton contre le sol de la boutique — ce qui fit sursauter le globe terrestre — et adressa une salutation de la tête à l’artisane.
« Envoyez la facture à l’académie. Je tairais jusqu’à votre existence pour que vous puissiez continuer de mener votre train de vie en toute tranquillité, dit-il en s’éloignant du présentoir. Et si ma foi, vous changez d’avis, mon majordome fera le nécessaire pour que la cheminée de votre domicile soit directement raccordée à l’académie et un carrosse vous attendra sur la place du village mercredi prochain. »
Parvenu à la porte, Aliaume ne put s’empêcher de s’arrêter pour caresser le globe terrestre.
« Je l’espère, à très bientôt, mon ami. Sous d’autres toits. »
Et de saluer l’artisane de la main…
« Bonne journée Jessica. »
… avant de quitter les lieux et d’activer un portoloin.
« Professeure, vous le dites vous-même, vos enfants ne vous voient pas beaucoup parce que vous venez vous enterrer dans cet endroit au demeurant charmant, dit le vieux singe à qui on ne pouvait décidément pas apprendre à faire la grimace. Alors que préférez-vous leur raconter comme histoire ? Que vous leur préférez le calme de votre boutique ou que vous leur préférez l’académie dans laquelle ils vivront forcément ? »
Sur cette question dont la réponse était évidente pour le père qu’il avait été — non pas que son fils soit mort, mais que sa fonction de père soit morte il y a très longtemps — Aliaume referma l’écrin et prit une grande respiration. Sans parler des étincelles que la simple évocation du mot « Beauxbâtons » allumait dans les yeux des petits sorciers-en-herbe.
« La solitude dénature la perception que vous avez de vous-même, dit-il, toujours le sourire aux lèvres. Vous ne comprenez pas qu’il est criminel que votre talent soit remisé au fin fond des montagnes suisses quand il pourrait éclairer des milliers de jeunes sorciers en quête d’inspiration et de connaissances dans les montagnes pyrénéennes. »
Pivotant de quelques degrés sur lui-même, le directeur de l’académie jeta à nouveau un coup d’oeil aux vitrines, au globe terrestre qui ne pouvait s’empêcher de gigoter, puis au panorama qui se découpait à travers les fenêtres de la boutique.
« J’ai beau admiré l’air vivifiant de ce pays, j’ai toujours autant de mal avec l’étroite relation à l’or que vous entretenez, vous autres sorciers suisses. J’imagine que vous avez déjà songé au prix que vous pourriez m’en demander pour la confection de ces oeuvres ? Quoi de plus normal pour une suisse. Cependant, le vieil homme que je suis vous invite à réfléchir aux retombées que vous pourriez espérer lorsque votre nom sera prononcé de l’autre côté de l’Atlantique, sur un continent où l’artisanat n’en est encore qu’à ses balbutiements et à l’enthousiasme débordant d’un peuple pour une artisane capable d’une telle prouesse magique… »
Le vieil homme fit sonner son bâton contre le sol de la boutique — ce qui fit sursauter le globe terrestre — et adressa une salutation de la tête à l’artisane.
« Envoyez la facture à l’académie. Je tairais jusqu’à votre existence pour que vous puissiez continuer de mener votre train de vie en toute tranquillité, dit-il en s’éloignant du présentoir. Et si ma foi, vous changez d’avis, mon majordome fera le nécessaire pour que la cheminée de votre domicile soit directement raccordée à l’académie et un carrosse vous attendra sur la place du village mercredi prochain. »
Parvenu à la porte, Aliaume ne put s’empêcher de s’arrêter pour caresser le globe terrestre.
« Je l’espère, à très bientôt, mon ami. Sous d’autres toits. »
Et de saluer l’artisane de la main…
« Bonne journée Jessica. »
… avant de quitter les lieux et d’activer un portoloin.
[FIN]
Merciiii ! C’était génial !
Jessica Landi
Professeure d’Artisanat Magique
Comment ça elle venait s’enterrer? Mais qu’est ce qu’il racontait? Ses enfants étaient à deux pas! C’était le cas de le dire puisqu’ils vivaient dans les étages supérieurs, le commerce/atelier étant au rez-de-chaussée de la maison familiale. Ses parents habitaient à quatre maisons de là, ses beaux parents de l’autre côté de la place, et le reste de la famille non loin, non plus. Bref, ils n’étaient en aucun cas isolés. Alors oui certes, la journée elle était ici, mais son fils était avec les précepteurs et Ava à Beauxbâtons. Et puis d’abord de quoi je me mêle, elle menait la vie qu’elle voulait. Si lui prenait ses décisions sur un coup de tête, grand bien lui fasse mais elle, elle avait besoin a minima de l’avis de son mari et ses enfants, ou bien de leur soutien et accord. Surtout pour une décision aussi importante. Elle aimait sa vie actuelle au fin fond de ses montagnes suisses comme il disait. Et aux dernières nouvelles, il avait lui aussi déserté l’académie il fut un temps (bon elle n’avait pas les détails, ce n’était que des racontars d’il y a plusieurs décennies). Elle allait répliquer quand il poursuivit sur sa lancée. Et voilà qu’il dénigrait les sorciers suisses maintenant. Mais de mieux en mieux! Fulminant, ses yeux virèrent au noir puis ses pupilles se rétractèrent pour devenir des yeux de reptiles. Ses cheveux se changèrent en des piques sur la tête mais restèrent rouges.
- J’avais bien en tête, professeur (elle insista sur ce mot) ce que votre demande allait m’apporter, je ne suis pas idiote. (Mais elle n’en mesurait pas la portée pour autant). Seulement, ce n’est pas cette supposée renommée qui paiera les quittances.
Puis elle comprit que le directeur de l’académie l’avait complimentée subtilement. La tension redescendit d’un coup et ses cheveux et yeux reprirent leurs formes naturelles. Elle salua poliment le vieil homme qui, de toute manière, ne l’écoutait déjà plus.
N’y tenant plus, Jessica avait convoqué toute sa petite famille et même sa mère (son père était en déplacement et ne pouvait revenir aussi rapidement) pour leur faire part de la nouvelle.
- Mais comment ça il t’a offert ce poste? Comme ça? Juste parce que tu lui as fait des broches? s’interrogea Terenzio.
- Merci de croire en mes compétences. Comme si c’était quelque chose d’extraordinaire.
- Non ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, tu le sais bien, mais je suis étonné c’est tout.
- Mais ça veut dire que tu seras avec Ava et plus avec moi?
- Mais non mon chéri, je pourrais revenir quand je ne serais pas réquisitionnée pour faire des rondes.
Son fils lui demanda ce que ça voulait dire et Ava étrangement, n’avait rien dit. Quand Jessica la consulta, elle haussa les épaules. Ce n’est que plus tard, après avoir réfléchi qu’elle lui confia que même si ça ne l'enchantait pas (“tu te rends compte, j’aurais ma mère sur mon dos tout le temps, je serais la seule dont la mère sera là”), ça ne la dérangeait pas (“après tout je suis à Dagda et j’ai pas pris Artisanat donc ça joue” ). Quant à Solvi, la mère de Jessica, elle la rassura en lui disant qu’elle serait toujours là pour elle et pour Lendel quand il y aurait besoin (ce qui offusqua Terenzio qui leur rappela qu’il était là lui aussi pour son fils). Après avoir réglé les détails (hors de question de vendre la boutique, prévenir la clientèle, ne prendre que les commandes de clients importants et réguliers etc.), Jessica fit part de sa décision au majordome de Beauxbâtons. Elle serait désormais professeure d’artisanat magique.
- J’avais bien en tête, professeur (elle insista sur ce mot) ce que votre demande allait m’apporter, je ne suis pas idiote. (Mais elle n’en mesurait pas la portée pour autant). Seulement, ce n’est pas cette supposée renommée qui paiera les quittances.
Puis elle comprit que le directeur de l’académie l’avait complimentée subtilement. La tension redescendit d’un coup et ses cheveux et yeux reprirent leurs formes naturelles. Elle salua poliment le vieil homme qui, de toute manière, ne l’écoutait déjà plus.
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N’y tenant plus, Jessica avait convoqué toute sa petite famille et même sa mère (son père était en déplacement et ne pouvait revenir aussi rapidement) pour leur faire part de la nouvelle.
- Mais comment ça il t’a offert ce poste? Comme ça? Juste parce que tu lui as fait des broches? s’interrogea Terenzio.
- Merci de croire en mes compétences. Comme si c’était quelque chose d’extraordinaire.
- Non ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, tu le sais bien, mais je suis étonné c’est tout.
- Mais ça veut dire que tu seras avec Ava et plus avec moi?
- Mais non mon chéri, je pourrais revenir quand je ne serais pas réquisitionnée pour faire des rondes.
Son fils lui demanda ce que ça voulait dire et Ava étrangement, n’avait rien dit. Quand Jessica la consulta, elle haussa les épaules. Ce n’est que plus tard, après avoir réfléchi qu’elle lui confia que même si ça ne l'enchantait pas (“tu te rends compte, j’aurais ma mère sur mon dos tout le temps, je serais la seule dont la mère sera là”), ça ne la dérangeait pas (“après tout je suis à Dagda et j’ai pas pris Artisanat donc ça joue” ). Quant à Solvi, la mère de Jessica, elle la rassura en lui disant qu’elle serait toujours là pour elle et pour Lendel quand il y aurait besoin (ce qui offusqua Terenzio qui leur rappela qu’il était là lui aussi pour son fils). Après avoir réglé les détails (hors de question de vendre la boutique, prévenir la clientèle, ne prendre que les commandes de clients importants et réguliers etc.), Jessica fit part de sa décision au majordome de Beauxbâtons. Elle serait désormais professeure d’artisanat magique.
Merci également pour ce RP, Jessica est désormais prête pour des aventures académiciennes!
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