Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Dans ce RP, Teilo est en Première Année.
Février 2023
Partie 1
Et la serrure cliqueta, et les murs s'éclairèrent de symboles alchimiques. Autant de rituels auxquels Teilo était habitué. Il les attendait même avec une certaine impatience : ils étaient le signe que ça commençait. Restait à définir ça. A chaque fois, c'était différent. A chaque fois, ça tenait du merveilleux. C'était bien pour ça que, malgré ses quelques difficultés en Alchimie, Teilo ne rechignait jamais à venir en cours.
Son nez se leva vers le ciel étoilé au plafond. C'était mieux qu'au Futuroscope. Mieux, ça lui rappelait ce soir où toute l'académie avait donné vie aux constellations, un souvenir de quelques mois maintenant mais qui lui resterait à coup sûr pour la vie et qui ne manquait pas, à chaque fois qu'il l'invoquait, de le rendre heureux. Heureux d'être ici et nulle part ailleurs.
Le reste du décor s'agrémentait trop bien avec le plafond étoilé. Il aimait particulièrement la petite lampe sur sa paillasse et, au lieu de se pencher sur le traité d'alchimie comme les avait invité leur professeur, il s'était penché près de la flamme pour l'observer danser. Bleue, elle paraissait moins dangereuse que rouge ou orange mais, prudent quand même, le Lug n'alla pas jusqu'à y approcher ses mains.
L'intervention d'une fille de Dagda lui fit enfin relever la tête et s'intéresser à ce qui se passait au niveau des humains. Quoi, elle osait rectifier Monsieur Delalande ? Le directeur de l'Académie, qui pouvait être son arrière grand père ? Sourcils froncés, il suivit la scène avec curiosité et étonnement. Elle avait raison, en plus ! La pirouette qu'utilisa l'Ancien pour faire croire qu'il ne s'était pas trompé le fit bruyamment pouffer, comme pas mal de ses camarades, mais malgré cela, il restait pensif.
Delalande pouvait se tromper ? Il n'aurait jamais pensé que ça pouvait arriver. Pour le coup, il était un peu... ouais, déçu. Il réussit à faire temporairement fi de ce sentiment - les talents du Directeur pour captiver son auditoire devaient y être pour quelque chose - et se mit à rêver à la vie du prince-sorcier Miguel et à toutes les choses merveilleuses qu'il avait du faire en Espagne... au Portugal ! Ahhh, c'était un compatriote de son pote Paolo, qui avait justement pris place sur la paillasse à sa gauche. Mais le petit portugais était trop occupé à caresser les tubes de cuivre devant lui pour capter son regard complice. Quant à son 'camarade' Oscar, il était deux paillasses derrière, et c'était déjà bien assez près. Pensée Fleury, qui prenait toujours de son temps pour l'aider à comprendre les complexités de la matière Alchimique, était trois paillasses sur sa droite et c'était bien trop loin.
Monsieur Delalande venait de révéler l'objet du cours. Rien que le nom faisait briller les yeux de Teilo. "La Pierre des Océanides", répéta le garçon à mi-voix, affichant l'air saisi d'un fictif professeur d'archéologie face à une relique qui, assurément, avait sa place dans un musée. Elle devait être super belle... et super pratique, à en croire leur professeur. Il avait déjà essayé de parler sous l'eau à la piscine avec ses frères et sœurs, le résultat n'avait pas été à son goût, comme l'eau chlorée qu'il avait avalé par réflexe. Et si jamais il croisait le roi Triton et son trident un jour, ce serait bien de pouvoir lui dire que c'était pas super sympa la manière dont il traitait sa fille.
Non, blague à part... y'avait vraiment des créatures avec des tridents dans l'eau, en plus des déjà terribles vogeottes ? Teilo en frissonna, de peur un peu mais surtout d'excitation. Bien sûr, il voulait en savoir plus. Delalande avait réussi son coup : le jeune Lug était suspendu à ses lèvres.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Partie 2
Accoudé sur sa paillasse, Teilo se pencha en avant et plissa les yeux pour tenter de mieux voir la fameuse Pierre que Monsieur Delalande tenait dans la main. Même de loin, elle avait l'air... très bleue. Très jolie. Magnifique. Même s'il n'avait pas forcément prévu dans son emploi du temps d'aller parler aux monstres des plus proches profondeurs, rien que l'idée d'avoir une jolie pierre dans la poche et de pouvoir la sortir de temps en temps, juste pour la toucher, en sentir les aspérités sous ses doigts, juste pour admirer ses détails et voir comment le soleil en altérait sa perception, juste pour fanfaronner devant les copains et les copines...
Ouais, il lui en fallait une. Donc il fallait qu'il reste concentré, qu'il ne se fasse distraire par rien. Le jeune Lug prit une grande inspiration et, ignorant la craie qui écrivait toute seule au tableau, se focalisa sur les instructions orales de leur professeur. Il n'observa les jolies couleurs sur le verre de sa cornue qu'après avoir sorti sa baguette et lancé un petit Incendio. Se retenant de gigoter des jambes en attendant que le feu fasse son effet, il sourit aux précisions que Monsieur Delalande apportait sur les conditions d'obtention de l'eau à purifier, visualisant le décor de la montagne solitaire avec une belle lune en toile de fond. Il voyait tout d'en haut, la source avec l'eau tant convoitée dans laquelle la lune se reflétait, les oiseaux nocturnes...
C'était fou comme le ciel, l'espace pouvaient avoir autant d'importance en alchimie ! Déjà à l'atelier d'avant, Delalande avait évoqué l'importance des constellations et du zodiaque. Et maintenant, il parlait de solstice et, comme à chaque fois qu'il était question d'espace, Teilo était fasciné. C'était une des raisons pour lesquelles, malgré ses difficultés dans cette matière, le petit Lug s'accrochait.
La consigne de faire un Tracé de la Fusion le ramena au sol et dans la salle de classe. Mais.. quoi ? Il avait pas encore appris ça ! Sa frustration fut de courte durée, Delalande venait déjà aider Paolo à exécuter le dit tracé. Soulagé, il attendit son tour et, quand celui-ci vint, s'efforça de tout faire comme son professeur lui montrait. Il dut quand même s'y reprendre à plusieurs fois pour exécuter un tracé qui, bien que pas super, obtint l'approbation de l'Ancien.
Sa fierté d'avoir réussi ne lui fit pas oublier pour autant la suite des consignes. Il compta "Un... deux... trois..." et jeta les trois jolis bâtons bleus dans le creuset. Les yeux et la bouche grands ouverts, les mains posées de part et d'autre de sa paillasse, le Lug ne voulait rater aucune miette de ce que ça pouvait donner.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Partie 3
Les yeux de Teilo ne pouvaient se détacher du lapis lazuli qui, de solide, passait à liquide. La transformation de la matière avait quelque chose de fascinant. C'était la preuve que rien n'était immuable, que tout pouvait toujours changer. Le principe plaisait beaucoup au petit Lug qui se hâta de suivre les consignes de son professeur en plongeant sa baguette au beau milieu du liquide pour touiller.
Pour mieux se concentrer, le Lug tira la langue. Une fois, deux fois, trois fois, dans le sens des aiguilles d'une montre. Voi-là !
La suite l'étonna comme tous ses petits et grands camarades. Voilà que le vénéré et vénérable directeur de l'Académie de Beauxbâtons se transformait sous leurs yeux en pizzaïolo, à frapper en rythme la "pâte bleue" sur la paillasse. Ça rappelait à Teilo les fois où il avait pu aller dans les cuisines de la pizzeria juste en face de chez lui dans la Rue du Garet et admirer, les yeux ébahis, l'agilité des cuisiniers. Ils jonglaient avec la pâte toute fraîche comme de vrais artistes de cirque.
Signore Delalando ne se débrouillait pas mal non plus. En fait, il avait un tour de main impressionnant pour son âge et Teilo hochait la tête d'un air approbateur. Il ne manquait plus à l'Ancien qu'une large moustache au lieu de la barbe. C'était leur tour, maintenant. Familier du respect du tempo de par ses expériences au théâtre, Teilo n'eut aucun mal à battre la mesure - et la pâte. Il y mit même beaucoup plus d'énergie que demandé, imaginant que la substance qui collait à sa baguette était son ami Oscar sous une autre forme. "Tiens. Tiens. Tiens. Tiens !" répéta-t-il donc quatre fois au rythme des claquements de main du professeur.
Ça faisait quand même un peu du bien, réalisa le garçon en desserrant les dents. Son cœur battait un peu plus vite, il l'entendait cogner dans sa poitrine. Les yeux rivés sur la pâte battue, il loupa complètement l'incident qu'avait failli provoquer sa camarade en ayant mal touillé sa préparation. Il resta ainsi, quasi immobile, à regarder la substance bleue coaguler autour de sa baguette et, quand leur professeur leur demanda de guetter l'apparition de points blancs, il avança sa tête et plissa les yeux pour observer de plus près.
Oui, il y avait des points blancs ! Deux ! C'était... bien ou pas assez ? Peut-être qu'il avait tapé trop fort ? Ah... trois... cinq ! "Alleeezzz, tu peux le faire", encouragea-t-il la pâte qui semblait vouloir en rester là. Le Lug leva la tête vers M. Delalande qui semblait préparer la prochaine étape en approchant sa baguette du dessus d'une cornée. Il vit très bien la pâte réagir à la chaleur : elle semblait se tordre de douleur. Elle n'était pas... vivante, quand même ?
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Partie 4
Alors que le Lug se demandait bien, comme beaucoup de ses camarades, ce qu'il allait advenir de cette pâte bleue toute tremblante, leur Professeur choisit ce moment de suspense pour leur raconter... une histoire ?
Génial. Teilo adorait les histoires. Il posa son coude droit sur le plan de travail et sa main vint soutenir sa joue. Tout en écoutant avec attention Monsieur Delalande, il agitait distraitement sa baguette ou coagulait la pâte. Le garçon de presque douze ans ne comprit pas tous les mots qu'employait le vieux et sage conteur mais il avait quand même l'impression de saisir l'essence du propos. Il frémit un peu à la mention d'un potentiel infanticide - quoi, le père voulait tuer son fils, carrément le tuer, juste parce qu'il était un peu bizarre, un peu différent ?
Heureusement qu'on était plus en 1499 ! Même si des pères indignes, il en connaissait au moins un en 2023. Pas le sien, le sien il était super.
Miguel avait bien de la chance que sa nourrice soit une sorcière espionne, elle lui avait sauvé la vie. Peut-être que c'était pour ça que aujourd'hui, comme son précepteur avait expliqué à Teilo, tous les sorciers de famille non-mag recevaient une sorte de marque magique à la naissance ? Pour les protéger de leurs parents intolérants ? L'idée que, depuis sa toute petite enfance, il ait eu des anges gardiens pour veiller sur lui plaisait beaucoup au petit Daroux.
Tout comme l'idée que, peut-être, plusieurs siècles plus tôt, l'infant Miguel da Paz da Trucmasta da Avis s'était assis sur le même banc que lui, dans cette même salle. Il aurait aimé le connaître, il avait l'air génial. Par contre, son histoire était vraiment trop triste. Il n'avait jamais connu sa maman. Teilo en avait lu des histoires tristes, dans les contes d'Andersen et dans le livre des contes sorciers que lui avait offert Nathaniel à Noël... mais ça n'empêchait pas le garçon de continuer à ressentir pleinement cette tristesse. A chaque nouvelle histoire, ça marchait.
L'air s'était alourdi. Delalande s'était arrêté de parler. En regardant autour de lui, Teilo sentait bien que l'Ancien avait plombé l'ambiance. Lui-même ne se sentait pas au top, ses épaules s'étaient affaissées, sa gorge était nouée et le bout de sa baguette, où la pâte coagulait toujours, menaçait de toucher sa table. Il se ressaisit en constatant que la pâte de leur professeur, la même pâte qui craignait jusque lors d'entrer dans la cornue, s'était docilement glissée dedans. Mais alors... toute cette tristesse dans l'air, c'était voulu !
L'explication de l'Ancien le fascina. Teilo aurait du s'en douter : comme pour faire des murs de feu, il fallait faire ressortir des émotions spécifiques, c'était pareil pour faire la Pierre. Mais cette fois, ça imprimait vraiment dans le cerveau du Lug. L'Alchimie, c'était aussi une affaire d'émotions. On mettait toujours une partie de soi dans ce qu'on faisait. D'ailleurs, c'était pareil en Gastromagie... et en Artisanat Magique... et même pour lancer un simple sort ! Toute magie demandait de la passion.
Ça tombait bien, Teilo en avait à revendre. Ou plutôt à donner... à partager avec qui voulait. Et ça tombait super bien parce que c'était justement l'exercice que leur Professeur leur demandait de faire là, maintenant : évoquer une émotion particulière et personnelle, un traumatisme ! Paradoxalement, le Lug était enthousiaste à cette idée. Il se mit aussitôt à chercher dans sa tête ce qui pouvait l'avoir vraiment choqué au point de lui faire faire des cauchemars. Ah ! L'arrivée de la Délégation de Durmstrang ! L'oiseau en feu, les tambours, l'armée qui avançait inexorablement vers eux en vociférant, prête à leur passer dessus pour prendre possession du château.
Il tendit sa baguette près de la cornue en pensant à cette soirée là. Mais ça ne marchait pas, la pâte bleue gigotait, signalant son refus d'entrer par le bec. Hmm, peut-être qu'il n'était pas vraiment traumatisé par ça ? Oui, ça l'avait impressionné mais il avait toujours su qu'à ce moment là, il n'était pas seul. Et, comme il s'en était douté, c'était juste un spectacle, Durmstrang n'allait pas vraiment envahir Beauxbâtons. Il fallait trouver autre chose, quelque-chose de plus personnel, où il s'était vraiment senti impuissant.
Un soir, il avait huit ans, son père avait disparu de la maison. Pendant plus de deux heures et même plus, tout le monde s'était inquiété - son père ne sortait quasiment jamais et quand ça lui arrivait, il prévenait toujours. Teilo se souvenait particulièrement de sa mère, toute pâle et mutique, toute frêle. Mais finalement, son père était rentré en disant qu'il avait juste eu besoin de prendre un peu l'air. Tout le monde s'était inquiété pour rien.
Non. La pâte refusait toujours d'entrer dans la cornue. Teilo soupira ostensiblement. Il commençait à s'agiter. Est-ce que quelque-chose l'avait vraiment traumatisé dans sa courte existence ? Il fallait qu'il trouve, sinon il n'aurait pas de pierre !
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Partie 5
Le jour où Ariane, sa petite sœur, lui avait volé son nounours et que Maman avait même pas voulu qu'il le récupère ? Le jour où il avait du manger... berk... des choux de bruxelles tout mous et pleins d'eau à la cantine ?
Le jour où il avait regardé (sans aucune autorisation parentale) un film d'horreur qui se passait dans un hôtel où y'avait personne et le monsieur il avait une hache et il courait après son enfant comme un fou ?
Non. Il avait beau essayer, Teilo ne trouvait rien de traumatisant. Il fallut que son professeur s'approche de lui, que leurs regards se croisent, que Teilo se souvienne exactement de ce que l'Ancien avait dit... pour qu'il cesse enfin de tourner autour du pot. Il n'était pas comme Destiny Marsch - il n'avait pas pour habitude de garder ses émotions pour lui, il les semait à tous les vents ! Il était même plutôt doué pour mettre des mots sur ce qui le tracassait, d'habitude.
En vrai, c'était... il inspira... "le jour où j'ai compris que j'allais plus jamais voir ma Mamie." Mais ça ne marchait toujours pas, malgré la tristesse qui s'emparait de lui à la simple évocation de Mamie. D'abord surpris, Teilo leva de nouveau la tête vers Aliaume Delalande. Peut-être que ce n'était pas assez précis ? Ou peut-être que ce n'était pas ce jour là, le pire ? Non, ce n'était pas le pire. Il s'en doutait.
En vrai, c'était... Teilo inspira... "le jour où ma Mamie a oublié mon prénom." Il avait huit ans. Il la revoyait comme si c'était hier, assise sur la banquette devant la télé éteinte. Elle le regardait avec des yeux hagards, paniqués et conscients de leur panique. Il avait insisté Je m'appelle Teilo, Mamie ! Elle avait hoché la tête sans se départir de son regard, ce même regard qui revenait parfois le hanter aujourd'hui. Puis ses parents l'avaient amené dans sa chambre pour lui expliquer ce qui se passait.
Mamie l'avait oublié. Il n'était plus son petit Teilo qu'elle aimait tant - son préféré, lui avait-elle même admis une fois. Il n'était plus personne.
Ce jour là, il avait compris qu'on pouvait tout oublier, même ceux et celles qu'on aimait le plus au monde. Ce souvenir, cette réalisation lui perçaient encore le cœur. La gorge nouée et la tête basse, Teilo renifla doucement. En levant ses yeux vitreux, il constata qu'il avait réussi : la pâte liquide était entrée dans la cornée. Alors, miracle de l'alchimie, le Lug se sentit content et triste à la fois. C'était assez bizarre mais... pas déplaisant.
Le Première Année suivit les nouvelles instructions du professeur en prenant garde à respirer doucement. Même si Delalande commandait de l'entrain avec sa voix, il fallait toujours un peu de temps à Teilo pour se reconcentrer après de fortes émotions. Avec application néanmoins, l'élève dessina les deux cercles, leurs traits, le trait vertical qui les reliait et plongea sa main dans le bocal pour en extraire les cheveux de sirène - beuh, c'était clairement pas ceux d'Ariel - qu'il déposa dans le cercle... du bas ? du haut ? Du bas. L'Ancien avait dit du bas.
"Viiivre sur teeerre, loiiin de la meeer.... partiiiir là-baaas", se mit à chantonner tout doucement le garçon en replaçant les cheveux bien au centre. Chanter l'avait toujours calmé et réconforté. Du coin de l’œil, il vit que ça avait attiré l'attention de Paolo sur sa gauche. A son chétif ami de Lug, qui avait les yeux rouges d'avoir pleuré, Teilo fit un clin d’œil et un sourire rassurant. Puis il tendit sa baguette vers la cornée où infusait sa préparation bleue : "Levioso."
La langue tirée, il guida le flacon au dessus du cercle du haut et le fit se retourner d'un souple mouvement du poignet. Le semi-liquide bleu tomba mollement dans un schplorf et se répandit sans dépasser les contours du cercle. D'accord, ce n'était pas tout à fait liquide mais, Teilo n'en doutait pas, leur vieux et sage professeur viendrait pour corriger ça.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Partie 6 & Fin
Ça n'avait pas manqué. Monsieur Delalande était venu le voir. Il avait même fait écrire à une plume les erreurs qu'il avait commises lors de sa préparation. Teilo se sentit d'abord un peu déçu : il avait vraiment tout donné pour que ce soit parfait et ce n'était pas parfait. Mais les paroles et le sourire rassurants de son professeur firent rapidement leur effet et c'est avec un petit élan de fierté que le Lug suivit la dernière instruction.
L'explosion inattendue lorsque le bout de sa baguette entra en contact avec le tracé le fit sursauter. Comme ça arrivait à tout le monde, il se rassura très vite - c'était normal - et attendit avec impatience que la fumée se dissipe pour révéler le résultat de son dur travail : une pierre bleue un peu cabossée, petite et, il la prit avec délicatesse dans sa main pour la soupeser, très légère. Des coups d’œil furtifs aux pierres de ses voisins lui confirmèrent qu'elle était plus cabossée, plus petite, sans doute plus légère.
Mais c'était sa pierre, qu'il avait conçu tout seul (avec quand même un peu d'aide) et elle lui était précieuse. Il la regardait comme un trésor qu'un pirate pouvait découvrir dans un coffre extirpé des fonds de la mer. Peut-être que ça lui irait bien autour du cou ? Ou alors il allait la garder dans sa poche pour pouvoir la caresser du bout des doigts comme il le faisait maintenant, avec délicatesse et affection. Il n'avait jamais vu un bleu aussi... bleu de toute sa vie.
Dans cette pierre, se disait Teilo, il y avait un souvenir de sa grand-mère. Ce n'était pas le meilleur souvenir, loin de là, mais il allait le chérir comme les autres. Il allait essayer.
Il finit par relever la tête vers Monsieur Delalande quand celui-ci proposa à la classe un exercice pratique. Par la barbe de Merlin, il n'avait même pas vu l'aquarium surgir de nulle part. Les yeux grands ouverts, le Lug observa avec curiosité les petites créatures qui se mouvaient dans l'eau et n'attendit même pas la fin des explications pour s'approcher, pierre bien en main. Pour la première fois depuis la rentrée, il décida de ne pas entendre la cloche de fin des cours et grimpa sur l'échelle dès qu'elle apparut.
Arrivé à la surface de l'aquarium, il n'hésita pas une seconde et prit une grande inspiration avant de plonger directement la tête dans l'eau. Et sa main gauche aussi, celle qui tenait la pierre, au cas où c'était nécessaire. Il se fichait bien d'avoir les cheveux et des bouts de son uniforme trempés.
"Salut ! Je m'appelle Teilo !" lança-t-il aux Limina- Lamani- aux créatures qu'il voyait trouble. Alors qu'il s'était attendu à entendre un truc du genre "Awu, we wawelle welo", il crut à la place entendre émaner de sa bouche d'autres sons qu'il n'était pas certain d'avoir prononcé. Il sourit franchement aux hippies de la mer - sa grande sœur les aurait appelés comme ça - avant d'ajouter rapidement : "Comment vous faites les algues ?"
Il manquait déjà un peu d'air. Avec un petit Capuchon de Figueiredo, qu'il apprenait à confectionner en artisanat magique, il n'aurait pas ce problème.
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