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Teilo Daroux
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug

Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug

Teilo Daroux
https://www.beauxbatons.org/t136-teilo-daroux

Mer 3 Jan 2024 - 19:55

Mercredi 3 Janvier 2024

Ils avaient donné la main à Madame Louise et, en quelques secondes, le décor autour d'eux avait changé. Ils n'étaient plus chez eux à Lyon mais à Cannes, au domaine des Fleury, sous un soleil palôt de début janvier.

"Beuh...." fit Suzanne en posant sa valise sur les pavés de l'allée centrale. Au visage pâle de sa soeur, Teilo se doutait bien qu'elle ne critiquait pas le paysage. Elle avait juste du mal avec le transplanage. Lui, en revanche, se portait comme un charme et inspira l'air légèrement iodé du Sud à pleins poumons tout en observant son nouvel environnement d'un regard circulaire.

Le château des Fleury se dressait fièrement devant lui, impressionnant. Il était joli, déjà, et sa pierre semblait plus propre encore que chez Disney. Il était immense, bien plus que Teilo ne l'avait imaginé : pas très haut mais tout en longueur. Ce n'était pas la même architecture que Beauxbâtons mais ça aurait très bien en être une succursale, il y avait la place pour accueillir une bonne centaines d'élèves, peut-être plus. La large allée centrale sur laquelle ils se trouvaient avec Madame Louise était impeccable et pavée, bordée à droite comme à gauche par des parterres de fleurs qui ajoutaient une petite touche d'enchantement. Des chemins annexes menaient vers de grands jardins plus loin, fleuris eux aussi et où Teilo pouvait voir s'affairer à leurs besognes quelques figures humaines.

Tout semblait parfait, carré, dessiné et agencé au millimètre près. Seul le ciel bleu n'avait pas eu le mémo et jouait les rebelles : le vent y sculptait des nuages blancs avec de drôles de formes. L'un ressemblait presque à un feu follet, ce qui fit sourire Teilo.

Il cligna des yeux en entendant une voix qu'il connaissait bien et la chercha du regard. Elle était en hauteur par rapport à lui, sur le perron à l'entrée de son château. Mais déjà la fille aux cheveux blonds descendait en courant un des deux escaliers tournants pour le rejoindre. Alors Teilo posa son sac et courut lui aussi pour la retrouver à mi-chemin, entre deux marches, et enlacer Pensée. Ils ne s'étaient pas vus depuis Noël, ça faisait au moins une semaine !

La gouvernante, Madame Louise, était quelqu'un de très organisé et prévoyant en plus d'être une belle femme. Elle avait sorti de sa poche une potion pour Suzanne, signalé à un majordome jusque là fort discret de récupérer les sacs et valises de leurs invités pour les amener à bon port, et semblait attendre patiemment que Pensée Fleury daigne se souvenir de son rôle d'hôte.

"Lorie n'est pas là ?" avait demandé Suzanne après avoir ingurgité sa potion. Elle portait ses lunettes noires, un chapeau blanc, une robe rouge et des talons. Teilo ne l'avait jamais vue comme ça. Lui était habillé un peu comme d'habitude avec son combo polo-jeans-baskets mais ses vêtements, dont la teinte variait autour du bleu, étaient bien propres et repassés. Il avait même, suprême effort, consenti à mettre une chemise sous son polo. On voyait le col finement quadrillé dépasser, et un petit pan en bas aussi car il n'allait quand même pas mettre la chemise dans son pantalon : il était en va-cances.

Quoi que... à voir l'accoutrement de Pensée, qui collait très bien au cadre, il aurait peut-être dû faire un peu plus attention.

La benjamine des Fleury rassura rapidement Suzanne : Lorie serait bientôt parmi eux. Elle convia ensuite ses invités à la suivre, en haut de l'escalier d'abord, puis dans le hall d'entrée au marbre si brillant que Teilo en eut presque mal aux yeux. Il était habitué maintenant au faste de son académie mais trouver autant de luxe dans un domicile individuel le laissait pantois. Pour le coup, il se demandait ce que les soeurs Fleury devaient penser de son chez lui, ou tout était si étroit, petit et fouillis.

Ils suivirent Pensée à travers le gigantesque hall, au seul bruit des talons et des "aïe" discrets de Suzanne. Teilo se retint de pouffer en voyant sa soeur galérer à marcher correctement. Qu'est ce qui lui avait pris de mettre çà ? Après être passés par une porte décentrée à droite, ils se retrouvèrent dans un grand salon à la lumière plus chaude et aux teintes dominantes d'or et de vert. Là encore, tout respirait l'abondance : les ornements au plafond, les longs miroirs aux cadres dorés accrochés aux murs, les tableaux, les tables circulaires et leurs fauteuils anciens aux coussins bombés, l'imposante cheminée au fond. Teilo n'osait même pas marcher sur les tapis de peur que ceux-ci s'indignent d'être piétinés par de vulgaires baskets. Tandis que Pensée s'avançait au centre de la grande pièce, il restait un peu à l'entrée, les bras ballants.

"Dis donc... c'est.... c'est grand chez toi", lança le garçon avec un petit sourire. Le son de sa voix était différent, comme étouffé par les meubles et les murs. "Tu fais comment pour pas te perdre ?" Il exagérait et Pensée le savait : la Tour de Lug était bien plus compliquée à naviguer que n'importe quel château. Suzanne, quant à elle, n'avait pas attendu l'autorisation pour poser ses fesses sur un des fauteuils aux coussins verts. Immédiatement, elle enleva sa chaussure de son pied droit et détendit ses orteils en soufflant : "Pfouuu." Le regard oscillant entre son petit frère et la petite Fleury, elle étira ses bras au dessus de sa tête : "Sympa la déco, j'adore. Et sinon, elle arrive quand Lorie ?"

Teilo grinça des dents. S'il n'était pas forcément doué pour les convenances à respecter en haute société, sa grande soeur l'était encore moins. Pour rattraper le coup, il se tourna vers Madame Louise qui était restée encore plus en retrait que lui à l'entrée du salon et pencha légèrement la tête en avant tout en s'efforçant de ne pas trop sourire, ça pouvait parfois être mal vu : "Merci beaucoup d'être venue nous chercher, Madame Louise. Vous nous avez évité plusieurs heures de voyage."
Lorie Fleury
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Lorie Fleury
https://www.beauxbatons.org/t146-lorie-fleury

Mer 3 Jan 2024 - 22:07



Louise était comme une impératrice, pour autant ses traits étaient doux. Lorsqu’elle eut enfin fini de transplaner jusqu’au château. Étonnée que le petit Daroux n’ait pas besoin de potion, il tendit une fiole à la plus grande qui semblait être très impatiente que Lorie revienne. D’un coup de baguette magique le ciel grisonnant et maussade laissa place à une éclaircie qui lentement dégagea totalement le ciel. Le soleil brillant illuminait désormais le domaine au milieu d’un somptueux ciel bleu, qui à l’horizon se fondait dans le bleu de la mer. Visiblement satisfaite d’elle, Louise Grandciel rangea sa baguette.

« Doucement mademoiselle Pensée » eut-elle le temps de dire alors que la benjamine des Fleury descendait les marches pour les rejoindre.

Habillée dans une robe de première qualité a la teinte blanche et aux coutures brodé mauve, elle ressemblait à la parfaite petite princesse du château.

« Je suis si contente ! » S’exclama-t-elle alors qu’elle prit Teilo dans ses bras. Elle observa Suzanne et lui fit un petit mouvement de tête pour la saluer. « Ne t’en fais pas Suzanne, Lorie va bientôt rentrer, elle est partie rue Claudel pour acheter des confiseries et… » « Et d’autres fournitures que je lui aie demandé » Finissait Louise pour ne pas laisser l’une de ses protégées dans l’hésitation.

L’adulte appuya un regard en direction de Pensée qui se raidit d’un seul coup. La benjamine fit un petit geste pour guider les invités vers le salon. Elle emprunta l’escalier de droite, enjambant les marches deux par deux sous l’œil de la préceptrice qui laissa échapper un soupir. Elle n’avait aucunement envie de voir Pensée se casser la figure et dégringoler jusqu’à ses pieds. Fort heureusement, elle atteignit le haut sans le moindre tracas et s’empressa de passer la double porte en fer forgé qui s’ouvrit d’elle-même.

Désormais dans le hall d’entrée entièrement composé de marbre blanc luisant, Pensée se retourna sous les cliquetis des talons de Suzanne. Elle ne l’avait pas souvent vu, mais la petite des Fleury ne l’aurait jamais au grand jamais, imaginé en talon. Mais la plus petite ne se décontenança pas et s’empressa de passer une autre double porte révélant le salon principal du château. Celui-ci était spacieux, les velours et les coussins des canapés de couleur verts, tandis qu’un nombre incalculable d’objets venaient orner les différents meubles en bois massif de santal libérant une odeur envoûtante et feutrée. La température y était parfaite et la lumière abondante.

« Ce n’est qu’une petite partie du château, mais je dois avouer que je n’ai pas eu l’occasion de l’explorer en entier » Pensée était debout au centre de la pièce, juste à côté d’une table en cristal qui supportait un globe terrestre qui tournait sur lui-même au même rythme que la planète. « Je ne me suis jamais perdue, mais j’ai toujours été suffisamment accompagné, par contre Lorie… Elle s’est souvent "perdue" » fit la plus jeune en mimant les guillemets alors que Louise roulait les yeux au ciel.

« Le plaisir est pour moi, d'autant que c’est bien la première fois que les enfants reçoivent de la visite. » Expliqua Louise avec un sourire pour le garçon qui faisait des efforts. Soudain, une grande détonation fit trembler un lustre laissant tinter ses cristaux. « Veuillez m’excuser… Louise se frotta la gorge MADEMOISELLE ELINA ! » S’exclama-t-elle en disparaissant par la porte du salon.

Pensée haussa les épaules et observa le Matagot qui était lové sur le coussin en velours vert d’un fauteuil. Par chance, celui-ci n’avait pas eu peur et n’avait donc pas triplé de volume. Au même moment la cheminé s’éclaira de flammes couleur émeraude. Une grande silhouette en sortit et s’épousseta le regard hautain quelque peu inquisiteur. Pensée se raidit et adopta une posture solennelle tandis que l’homme aux cheveux blonds leva un sourcil en observant Teilo, puis Suzanne.

« Pensée, où est donc ta mère ? » Sa voix était sèche, autoritaire.

« Elle n’est pas là. »

« Hum… Voilà qui est fâcheux… Son regard toisa le plus petit des Daroux, puis d’un mouvement, il se déplaça jusqu’à un meuble où il sortit une carafe en cristal au contenu ambré. Qui est-ce ? »

« Teilo est mon meilleur ami, Suzanne est une amie de Lorie. » Un verre à la main il jugea du regard la petite Daroux.

« Je préférais l’époque où elle n’en avait pas… » Il prit une gorgée de Whisky,

« Et je préférais quand tu n'était pas dans ce château. La voix de Lorie s’était élevée depuis la porte d’entrée. Que viens-tu faire ici François ? » La froideur de Lorie était aussi grande que sa concentration lors du tournoi. Elle pénétra dans la pièce et attribua une caresse à son Matagot qui s’empressa de relever la tête pour que la main de Lorie passe dans son cou.

« J’ai affaire avec et jusqu’à preuve du contraire rien ne m’interdit de revenir dans mon château. »

La tension dans l’air montait, Pensée ne savait plus où se mettre, si bien qu’elle avait fait quelques pas pour reculer et gagner de l’espace avec son père. Pourtant Lorie, elle était calme.

« Je te l’interdis. » François laissa un rire s’échapper entre deux gorgées.

« Mais oui, mais oui, tu te la joues mage blanc devant tes petits copains ? Lorie laissa échapper un soupir d’amusement, elle continuait de caresser son Matagot. Depuis quand ta mère a un Matagot ? »

« C’est le mien…  Tu n’es pas le bienvenu, d’autant plus que tu insultes mes amis. Le Matagot se gratta derrière l’oreille, s’étira et sauta du fauteuil où il était installé pour se poster assis aux pieds de Lorie. Ne m’oblige pas à rentrer dans un rapport de force, pars. »

« Et ne revient jamais… » Avait murmuré Pensée qui s’amusait de la phrase du film Disney sur lequel elle avait fait des recherches.

« Plait-il ? » François se tourna vers Pensée, mais au même moment le Matagot bondissait pour se mettre entre les deux Fleury. Puis il se gonfla et très vite il prit une taille suffisamment grande pour mesurer près de trois fois la taille du père Fleury à presque en toucher le plafond. Son air hautain se changeait en peur, et François recula de quatre ou cinq pas en sortant sa baguette. Quand le Matagot repris sa taille normale, François baissa sa baguette et souffla. Il but le reste de son verre d’une traite puis le posa sur le bord de la cheminé. « J’ai compris » avait-il soufflé avant de transplaner.

« Lorie ! » S’exclama Pensée avant de la prendre dans ses bras. Puis elle se tourna vers le gros chat pour le remercier, mais celui-ci se contenta de lécher sa patte.

« Navrée pour ça, il ne faisait pas partie de la fête à la base. Lorie se laissa tomber dans un canapé à côté de Suzanne. Vous avez fait bon voyage ? Vous voulez boire quelque chose ? » Sa voix était toujours très douce.
Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Jeu 4 Jan 2024 - 1:29

Alors qu'il souriait à la gouvernante, une explosion quelque part dans le château fit sursauter Teilo. Madame Louise confirma bien vite ce qu'il pensait : c'était encore une expérience d'Elina. Elle lui avait un peu manqué, elle aussi. C'était quand même dommage qu'elle veuille toujours avoir raison sur tout. Mais, dut admettre à contrecoeur le Lug, elle avait quand même rarement tort.

Progressivement, le tout petit intrus dans le gigantesque château se détendait. Les guillemets que Pensée avait fait avec ses mains n'y étaient pas étrangers. C'était vraiment bien qu'elle continue à développer son sens de l'humour, pensa-t-il, et bien sûr, il était prêt à l'aider avec ça comme avec plein d'autres choses. Il allait lui dire un truc dans ce sens quand son regard fut capté par le feu qui s'intensifiait dans la cheminée.

Quelqu'un venait d'apparaître. La surprise passée, Teilo s'apprêtait à saluer convenablement l'homme mais ce regard était si froid qu'il le tétanisa sur place et le fit déglutir. Pour ce monsieur, c'était certain, les Daroux étaient réellement des intrus. Et comment osait-il s'adresser à Pensée de cette manière ? C'était lui, le fameux "père" dont elle et Lorie avaient parlé ? Celui aux punitions atroces ?

En quelques secondes, Teilo décida qu'il n'aimait vraiment pas cet homme ET qu'il devait rester le plus loin possible de lui. Une chose toutefois lui redonna du courage. Pensée venait de le présenter à son père comme son 'meilleur ami'. Alors, avec un rictus, il osa faire les quelques pas qui lui permettaient de la rejoindre, vérifiant en passant devant Suzanne que celle-ci n'était pas sur le point de faire une grosse bêtise. C'était mal engagé : elle bouillait sur son siège, soupesait la chaussure à talon dans sa main et s'apprêtait sûrement à sortir une pique bien sentie de son cru. "Suzanne, non", lui murmura-t-il mais elle n'avait pas vraiment l'air de l'entendre - ou elle avait décidé de l'ignorer.

A ce rythme, ils allaient rentrer à Lyon aussi vite qu'ils étaient arrivés. Teilo ne savait pas quoi faire, là. Heureusement, ce qu'il avait maintes fois imaginé ces trois derniers mois se produisit. Lorie arrivait comme la cavalerie, à point nommé pour leur sauver la mise. Le Lug souffla de soulagement. Il était sûr et certain qu'elle parviendrait à tenir tête à son père, surtout que depuis son séjour à Castelobruxo, elle avait changé et dégageait quelque chose de nouveau, de plus impérieux et puissant qu'avant, que Teilo avait bien du mal à définir. Faute de mieux, il appellait ça l'effet CMB - l'effet Championne-Mage Blanc.

Pensée, qui semblait moins confiante, s'éloignait de son père et reculait donc vers lui. Alors, sans trop y réfléchir, le brave petit Lug s'avança pour la dépasser et mit la main dans la poche de son jean. Mais il allait faire quoi ? Il n'était pas de taille à lutter contre un vrai sorcier. Il n'avait même pas sa baguette, elle était dans son sac. Et il n'avait de toute manière pas le droit d'utiliser la magie ici. Sans idée, il se campa sur ses deux pieds et croisa les bras sur sa poitrine pour bien montrer que là, il n'était pas content. C'était toujours mieux que rien et ça ne l'engageait pas à grand chose.

Personne ne remarqua son petit manège, probablement. La tension infusait chaque échange entre Lorie et son mauvais père. Mais Teilo eut le privilège, lui, d'entendre ce que Pensée venait de murmurer. Il ne rêvait pas, elle venait vraiment de citer Le Roi Lion, son dessin animé préféré ! Vrai, constata-t-il en souriant, cet homme avait tout de l'horrible Oncle Scar, sauf peut-être la subtilité. Pourvu qu'il se fasse rapidement exiler du royaume ou, à défaut, déchiqueter par des hyènes. Ici, la vraie reine, c'était Lorie.

A défaut de hyènes, ce fut le matagot qui eut raison du méchant. Un Matagot qui captiva l'attention de tout le monde lorsqu'il gonfla jusqu'à presque toucher le plafond du salon. "Ouah", lâcha Teilo. Ca, c'était impressionnant. Le Père Fleury saisit enfin le message et, en un battement de cils, il disparut. La tension dans la pièce redescendit aussi vite que le brave gros chat dégonfla. Le petit Lug souffla en réalisant qu'il avait retenu sa respiration et sourit à Lorie.

"Lorie, tu es arrivée pile au bon moment", crut-il bon de lui préciser en pensant très fort 'comme toujours'. Quant à sa grande soeur, qui était restée étonnament docile pendant toute la scène, il la vit se tourner vers Lorie, sa chaussure à talon toujours dans la main. "Oh, nooon. C'est vraiment dommaaage qu'il soit pas invité. Il me donne de trop bonnes idées. J'espère que tu as prévu une activité cassage de voitures, j'ai un surplus d'énergie là." Sa soeur avait un regard maléfique et des dents carnassières. Elle aussi ferait une bonne méchante, pensa Teilo. Elle souleva son chapeau de sa main libre et le fit tournoyer avant de le poser sur la tête de Lorie. "En attendant, je veux bien une sangria. Je déteste le transplatruc, ça me donne toujours envie de gerber."

Teilo sourit en coin. "Pas moiiiii". "Ouais, on sait Teilo. T'es trop fort, coeur sur toi", commenta acidement sa soeur, mais Teilo haussa les épaules. "Moi, je veux bien euh... je sais pas, un truc bizarre mais qui pétille... avec plein de couleurs !" Sautillant, il se posa sur le premier fauteuil venu et de son bras, fit glisser le fauteuil d'à côté un peu plus près, juste au cas où Pensée veuille s'y asseoir. Suzanne, qui l'avait vu faire, pouffa et se retourna vers Lorie. "Alors, Madmage Blanche, c'est quoi le programme ?" Et, plus bas à son oreille : "Quand est-ce qu'on largue les nabots ? Et est-ce qu'on peut laisser Lierre avec eux ?"

Teilo, lui, se caressait pensivement le menton avec sa main gauche. "Tu as pris quoi Rue Claudel ?" Les propos de Madame Louise ne lui avaient pas échappé. Lorie avait prévu une surprise, il en mettrait sa main au feu de la cheminée.
Lorie Fleury
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6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Jeu 4 Jan 2024 - 2:29


Postée dans le canapé dans sa belle robe blanche munie de la cape posée sur son épaule, Lorie fit un petit clin d’œil à Suzanne. Évidemment qu’elle avait prévu un atelier cassage de voiture, tout était déjà près dans le sous-sol, les voitures n’attendaient plus que la tempête. Toutefois, Lorie était curieuse de savoir quelle arme allait prendre son amie.

« Moi aussi ça me donne envie de vomir. Confia Lorie sur le transplanage  Bientôt, murmura Lorie avant d’ajouter. Je vais éviter de laisser une créature qui sur une frayeur peut tuer ma petite sœur et ton petit frère. S’amusa-t-elle à dire en se rappelant que Suzanne n’aimait pas spécialement les animaux, ou du moins n’était pas à l’aise avec les chats. Il fera sa vie dans les jardins ne t’inquiète pas… Pleiiiin de trucs Teilo plein de trucs ! »

Se relevant lentement, Lorie n’avait aucune idée de comment était fait une sangria. Peut-être y avait-il la recette dans le bar. Elle s’approcha d’une sculpture de verre et toucha le verre de celle-ci. Aussitôt, le parquet se scinda en deux et laissa apparaître un bar, celui-ci avait une longueur modeste, a moins que ce soit un effet d’optique à cause de la longueur de la salle. De toute façon, le bar était une merveille d’artisanat. Entre son pouce et son majeur, Lorie tira un petit tiroir et retira un parchemin et une plume. Elle y inscrivit le nom de la sangria, puis la recette apparue comme une tache d’encre. Son regard se releva vers Suzanne. Ok, elle n’aurait que peu de temps pour la faire, si Louise la surprenait, elle était morte. Lorie ouvrit un autre tiroir et glissa le parchemin dedans. Soudain, tous les tuyaux mystiques se mirent à couler et deux verres apparurent juste en dessous. Quelques glaçons tombèrent non sans éclabousser un peu autour.

« Pensée ? »
« Un jus d’orange s'il te plaît »

Lorie inscrivit le nom sur le parchemin avant de le glisser dans le tiroir et comme par magie, un grand verre d’orange sanguine se remplissait. Il ne restait plus que Teilo, sans surprise le bar produisit une nouvelle boisson dont trois étages se distinguaient : rouge dans le fond, jeune orangé au milieu et bleu sur le dessus. Le tout pétillait tellement que le cocktail semblait produire de mini-feux d’artifices.

« Et voilà pour vous ! Vient Suze, je vais te montrer nos chambres, Teilo je laisse Pensée s’occuper de toi. » Fit Lorie alors qu’elle venait de donner tous les verres. Lorie entraîna Suzanne par la main à l’extérieur du salon sous les yeux de Pensée qui sirotait son jus avait rougi à vue d’œil, mais elle souriait à son ami en regardant le Matagot sortir par l’une des fenêtres du salon.

Lorie escalada les escaliers de l’aile ouest pour se rendre au premier étage. Elle poussa une grande double porte pour révéler sa chambre. Elle faisait à elle seule, toute la cuisine et le salon des Daroux, un lit en baldaquin était parfaitement fait, et il y avait même un petit salon et une porte donnant sur la salle de bain. Une alcôve où était placée sa coiffeuse était composée de grandes fenêtres ou les épais rideaux tombaient. Les moulures et les miroirs donnaient à cette chambre un vrai cachet de château. Toutes les princesses rêvaient d’une chambre comme celle-là.

« C’est ma chambre, la tienne est mitoyenne… Après rien ne t’empêche de dormir ici ce n’est pas la place qu’il manque. » S’amusa à dire Lorie alors qu’elle regardait le canapé confortable, puis le lit king-size. Le matelas valait une petite fortune, mais Lorie n’avait jamais eu un lit aussi bon, pas même à Beauxbâtons. Sa famille avait fait venir les lits de Suède et, le prix restait un mystère.
Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Jeu 4 Jan 2024 - 16:45

Alors comme ça, Lorie avait aussi envie de vomir après avoir transplané. Suzanne lui offrit un sourire compatissant. Elles allaient pouvoir monter un club ou - non, encore mieux, elles pouvaient transplaner juste avant de se rendre dans la chambre du père Fleury et vomir en coeur sur le lit ? C'était une idée au moins aussi attrayante que d'aller casser des voitures trop chères à coup de batte. Par contre, elle grimaça à l'idée que Lierre soit laissé libre à errer dans les jardins. Elle n'avait vraiment pas envie de le recroiser. Plus ce gros chat-panthère - qui pouvait devenir encore plus gros ! - était loin d'elle, mieux elle se portait. Mais bon, s'il pouvait accidentellement bouffer Teilo, c'était déjà ça de gagné.

La grande soeur à robe rouge se leva et enleva son autre chaussure pour suivre la grande soeur à robe blanche jusqu'au bar automatique. C'était super pratique ça ! Un peu comme ChatGPT qui avait rédigé sa dernière dissertation sur l'alchimie poétique dans les Fleurs du Mal de Baudelaire. Fallait avouer que les dernières avancées de l'IA étaient épatantes, elles faisaient un peu penser à de la magie. Accoudée au comptoir, Suze observa Lolo procéder - ça pouvait être utile pour plus tard - puis le bar s'activer, et récupéra sa sangria qu'elle goûta aussitôt.

"Haaaa. Bon-jour le surréalisme", s'exclama-t-elle alors en secouant ses cheveux auburn, un sourire carnassier aux lèvres.

Trop occupée à savouer son verre, elle se désintéressa des autres jusqu'à ce que Lorie ne la tire par le bras pour l'amener voir les chambres. "Hé, attends, mes chauss- bon, tant pis. Teilo tu me les garde ! Et oublie pas de donner ses croquettes au gentil matou." Ses pieds nus se posèrent alors, le temps du voyage guidé, sur différents revêtements de sol, tous plaisants au toucher. Ils s'arrêtèrent et s'enfoncèrent avec un certain plaisir sur les lourds tapis de la chambre de Lorie.

Mais ce n'était pas une chambre. Le lit à baldaquin, la coiffeuse, les grands miroirs et les moulures, l'immensité du tout... C'était un décor de film, le genre comédie romantico-historique que sa copine Claire adorait regarder. Suzanne avait le même sentiment que depuis son arrivée avec son frère. Ce château était pour le show, des gens réels ne pouvaient pas vivre ici et pourtant, si. La tête oscillant vers tous les éléments too much du décor, Suzanne laissa échapper de sa gorge un "Hin" circonspect, puis se tourna vers son amie avec des yeux ronds. Elle avait le même genre de chambre à côté ?

"Mais ma chérie, si j'ai une chambre aussi grande que ça, je vais me perdre en allant du lit à la porte", ironisa-t-elle avec un doux sourire. Son regard suivit celui de Lorie vers ce tentant canapé qui avait l'air bien plus confortable que ce qu'elle avait à Lyon. Peut-être allait-elle céder à la proposition de son hôte et juste coucher là. Résistant à l'envie de sauter dans le lit à baldaquin pour en tester tout le moelleux, elle mit une main à son menton, raidit légèrement ses hanches et se donna un air de dame de la haute. "Rassure-moi, nous avons des serviteurs attitrés ? Ernest et Norbert ? J'ai toujours rêvé d'avoir un serviteur qui s'appelle Norbert."

Ce n'était même pas une blague. Dans certains de ses rêves, elle glandait au lit et gueulait NORBERT pour que le brave gars, la mine basse, lui ramène tout ce que sa lubie du moment commandait.

***

Teilo n'avait pas réagi à la pique de Suzanne, ni à son départ avec Lorie. Il était bien trop occupé à scruter les détails de son jus pétaradant aux trois couleurs. Seule la rougeur sur le visage de Pensée put l'extraire de sa contemplation. Son amie de Lug était plus rouge que son jus d'orange et c'était assez amusant à regarder. En plus, ça détonait pas mal avec sa robe blanche.

Ce n'était pas qu'amusant.

Histoire de lui changer un peu les idées, il aspira bien fort dans sa paille tout en louchant. Mais il aspira si fort qu'il en avala de travers et toussa, ce qui lui donna des rougeurs à son tour. Tant pis pour les convenances. De toute façon, il n'y avait plus de grands ni même d'adultes dans le salon. "Hé !" croassa le Lug, et il se racla la gorge avant de reprendre : "si ça se trouve, il y a des passages secrets ici, comme à Beauxbâtons. Hic." Flûte, il avait le hoquet maintenant mais il ne se démonta pas et, après une grande gorgée de jus pétillant, renchérit en agitant ses sourcils : "On pourrait même trouver un trésor."

Il y avait quand même peu de risques mais ce n'était pas son vrai objectif. Le château des Fleury était si grand, si impressionnant, en explorer quelques recoins lui semblait un bon moyen de l'apprivoiser. Ils avaient fait ça à Beauxbâtons avec Gio et ça avait bien fonctionné. Ici aussi, il ne serait pas tout seul. Il pouvait le faire avec Pensée.

"Qu'est-ce que t'en penses ? Hic !" Tout sourire, le garçon sauta de son fauteuil et sautilla jusqu'au globe terrestre au milieu du salon, celui qui tournait très lentement. Il en fit le tour en l'observant, tournant plusieurs fois sur lui-même comme le faisait la planète. Elle était si grande, et eux si petits. Combien de choses mystérieuses et merveilleuses n'avaient pas encore été découvertes ?

Mais ils avaient le temps, se convainquit Teilo en hoquetant à nouveau, et il fallait faire les choses dans l'ordre. D'abord le château, Beauxbâtons et ses murs impénétrables, et après : la Terre entière !
Lorie Fleury
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme

Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme

Lorie Fleury
https://www.beauxbatons.org/t146-lorie-fleury

Jeu 4 Jan 2024 - 20:50


Les yeux de Lorie s’arrondir quand elle entendit le « ma chérie » de Suzanne. Elle se doutait que ce n’était que pour rigoler, mais elle n’avait pas entendu ce surnom depuis sa rupture avec Andrea, les joue de Lorie s’empourprèrent un peu, mais l’adolescente ne laissa pas le temps au rouge de gagner plus de territoire. D’un seul geste Lorie but son cocktail et sa tête tourna légèrement.

« Uhm la tienne est plus grande en réalité » avoua Lorie après s’être raclé la gorge. Et pourquoi Norbert ? C’était bizarre Norbert comme nom. Lorie allait se laisser tomber sur le lit quand elle entendit des pas, accompagnés de la voix de Louise faire une remontrance à sa sœur.

« Vous resterez dans votre chambre, jusqu’à avoir fini de rédiger un double parchemin recto-verso sur les dangers d’utiliser un canon dans la salle des armes ! Et vous ferez aussi une réflexion sur comment ça aurait pu mal tourner ! »

Lorie posa un regard sur Suzanne, elle n’avait jamais pensé à utiliser un canon pour détruire les voitures de son père, mais ça semblait être alléchant, un petit sourire en coin s’afficha sur son visage. Tandis que son regard se posa sur le merveilleux cocktail de Suzanne. Elle irait bien reprendre un verre de cette Sangria. Mais pour l’heure ! Il fallait montrer la chambre à Suze.

« Viens ta chambre est juste à côté » signifia Lorie, l’invitant à sortir.

Après quelques pas, Lorie poussa une nouvelle double porte pour révéler le lieu. La chambre était, en effet, plus grande, elle servait de chambre d’amis et la décoration y était totalement différente. Le lit était incrusté dans le mur du fond via une alcôve tandis qu’un petit salon était présent au centre de la pièce. Les rideaux et les murs étaient jaunes et donnaient un aspect provençal et chaleureux à la pièce. Il y avait bien moins de miroirs et on sentait que cette pièce n’était pas souvent utilisée.

« Alors ? Celle-là ou la mienne ? Le lit est moins bon dans celle-ci » Lorie cligna plusieurs fois des yeux. Mais qu’est-ce qu’elle venait de raconter encore ? On s’en foutait que le lit était moins bon ici…

***

Pensée sirotait son jus d’orange en aspirant pat la petite paille en argent légèrement pliée. Elle souriait à Teilo et s’amusa du fait que celui-ci était un grand explorateur. Non, sans opiner du chef, la petite blonde lâcha sa paille pour lui répondre.

« Forcément, il y a un passage qui mène jusqu’à la chapelle, mais c’est le seul que je connais et j’en pense qu’on devrait chercher, mais il ne faut pas que madame Louise nous voit Pensée laissa un silence avant de couper court à une réflexion, c’est plus drôle. » Justifiait la benjamine.

L’idée de savoir madame Louise en train de les chercher était bien plus amusant qu’une madame Louise au fait de leur excursion. Même si elle ne dirait rien, et que le duo d’explorateur n’aurait aucune punition, elle se voyait mal comme une exploratrice si un adulte lui collait aux chaussures.

Une nouvelle lumière verte fit son apparition dans la cheminée. Mais c’était le défilé et le carnaval aujourd’hui ? C’est ce que Pensée avait en tête, mais une présence rassurante en sortit. Rose sa plus grande des sœurs s’époussetait la robe avant de sourire aux deux enfants dans le salon.

« Coucou Pensée ! Salut Teilo ! Ça va ?» Elle s’approcha du bar avec un regard suspicieux et avec beaucoup de grâce elle commanda un Gin à celui-ci. Pensée restait sans voix, qu’est-ce que sa sœur venait faire ici ? « Bah quoi ? Tu n’es pas contente de me voir ? » s’amusa l’adulte avec une voix joueuse et terriblement féminine. Elle déposa son verre sur le bar non sans laisser le bois crier "Poc", et prit Pensée dans ses bras. Elle n’eut aucun mal à reconnaître le garçon des lettres de Pensée qui hantait son esprit. « Quoi d’neuf dans l’œuf ? Enchantée monsieur Daroux ! »

Rose transpirait une confiance qui laissait souvent les gens sans voix, mais là, c’était un peu trop, surtout venant de sa sœur.

« Bah euh Rose bah qu’est-ce que tu fais là ? » Demanda Pensée qui avait du mal à mettre en ordre ses pensées.

« Bah bonne question, mais figure toi que ton ingrate de sœur revient du Brésil et n’ose même pas prévenir qui ? Sa grande sœur adoooorée, tu imagines le choc quand j’ai appris ça ? » Rose avait mis la main sur le cœur et paraissait véritablement outrée, elle jouait tellement bien la comédie que Pensée tomba immédiatement dans le panneau.

« Elle n’a peut-être pas fait exprès ? » Justifiait la benjamine d’une petite voix qui se voulait réconfortante.
« Miséricorde, Lorie m’a oublié » Rose mit le revers de sa main sur le front et simula une chute. C’est à ce moment précis que Pensée compris ce que sa sœur faisait.
« Arrêêêteuh » Rose se releva et fit un clin d’œil à Teilo avant d’attraper à nouveau son verre de Gin.

« Vous avez prévu quoi ? »
« Explorer les passages secrets ! » S’exclama Pensée avec beaucoup d’engouement pendant que sa sœur hochait la tête à répétition.
« Good good… Bon courage pour trouver les vingt-quatre ! S’exclama-t-elle en rigolant sous le regard médusé de sa petite sœur. Hey, comment tu pensais que j’arrivais à faire entrer Louis pour batifoler sans que Louise ne me choppe ? »
Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Ven 5 Jan 2024 - 1:11

Sa chambre était plus grande ? C'était possible, ça, une chambre encore plus grande ? Suzanne avait bien de la peine à le croire, Lorie la faisait marcher. Elle était prête à lâcher un rire tonitruant mais des bruits de pas et la voix de la gouvernante lui firent plutôt tendre l'oreille. La petite Elina était en train de se faire gronder sévère. Le double-parchemin comme punition, c'était atroce.

"Dommage, vous avez pas internet. Avec chatGPT, c'est plié en deux minutes", glissa-t-elle à Lorie avant de préciser : "C'est une intelligence artificielle sur ordinateur qui peut faire plein de trucs à ta place comme écrire une rédaction, des bios, résoudre des exercices de maths et - bref, bon courage Elina."

Elle aimait plutôt bien Elina, qui partageait avec Lorie un certain flair pour la destruction et ne se laissait clairement pas faire. A côté, Pensée était beaucoup plus effacée, et du peu qu'elle l'avait vue, ne semblait pas animée par un feu rebelle comme l'étaient ses soeurs. Pour le coup, Suzanne s'étonnait un peu que ce soit avec elle que Teilo préfère passer son temps. Mais bon, son frère faisait bien ce qu'il voulait, qu'est-ce qu'elle en avait à secouer ? Elle était avec Lorie et elle attendait ce moment depuis bien trop longtemps, elle n'allait certainement pas laisser Teilo parasiter son séjour.

Quand son amie but une gorgée de cocktail, Suzanne fit de même avec sa sangria - c'était chargé juste ce qu'il fallait, félicitations au bar. Puis elle suivit la blonde, toujours pieds nus, jusqu'à débouler dans la chambre juste à côté, celle des invités. Lorie n'avait pas menti, c'était bel et bien plus grand mais le jaune un peu partout donnait à la pièce un aspect beaucoup plus cosy. Aussi, quant Lorie l'invita à choisir dans quelle chambre dormir, Suzanne faillit ne pas hésiter.

Avant de capter exactement ce que Lorie venait de dire.

"Ah, ton lit est plus confortable ?" répéta-t-elle avec un grand sourire. "Alors dans ce cas..." Elle s'approcha de la Mage Blanc à cape en clignant exagérément des yeux et, sans prévenir, lui tapa sèchement sur l'épaule : "Merci pour ton sacrifice ! Ha, parfait, Norbert a déjà déposé mes affaires." Sans regarder Lorie, elle alla chercher sa valise près du lit et la transporta à grandes enjambées de l'autre côté de la double porte, dans l'ex-chambre de Lorie, puisqu'elle venait de la lui céder. Sans se retourner, elle continua : "Fais pas cette tête, Lolo, c'est juste pour une nuit. Et si t'as besoin d'un truc dans un de tes tiroirs, tu peux toujours frapper à ma porte."

Elle posa sa valise près du meilleur lit, posa également sa sangria sur la table basse et se laissa tomber à plat ventre sur le matelas qui devait coûter une blinde. "Ouhhh." C'était un lit ou un trampoline ? Y'avait combien de ressorts là-dessous ? "Je confirme, c'est bien mieux !" cria-t-elle en s'enfonçant dans le matelas.

***

Le regard enjoué de Teilo quitta le globe terrestre pour se poser sur Pensée. Super, elle avait l'air partante pour son idée de chercher des passages secrets. Le seul souci, visiblement, c'était Madame Louise. Mais pourquoi il ne fallait absolument pas qu'elle les voit ? Pensée maintenait le suspense et Teilo commençait à s'imaginer des punitions terribles, encore pire que celles imaginées par Madame Yapara. Quand enfin son amie avoua que ce serait simplement plus drôle comme ça, il soupira et rit de soulagement.

Il partageait son sentiment. C'était plus amusant de faire des bêtises en secret, au nez et à la barbe des adultes. Tant que ça n'embêtait personne, Teilo ne voyait vraiment pas ou était le problème. Comme la fois où ils avaient bravé le couvre-feu pour aller sur la terrasse de la salle des fêtes voir les étoiles et les planètes. Heureusement que Lorie, qui les avait débusqué, n'avait rien dit aux professeurs. Si l'Académie contactait sa mère pour ça, ou pour la bêtise du premier avril avec Giovanni, il allait avoir de sacrés problèmes.

La cheminée crépita à nouveau et Teilo se tendit en se tournant vers elle. C'était le père qui revenait ? Il n'y avait plus Madame Louise ni Lorie pour le gérer, là ! Mais non, ouf, la nouvelle venue n'était autre que...

Rose Fleury ?

Teilo sourit jusqu'aux oreilles quand il reconnut la grande soeur de Pensée et de Lorie. C'était la première fois qu'ils se croisaient vraiment mais il avait l'impression de bien la connaître. Le Cri de la Gargouille lui avait consacré un article en avril dernier intitulé "L'autre Fleury", une sorte de pamphlet dithyrambique sur Rose et ses multiples talents. Il avait même vu placardée dans une rue d'Osse-en-Bazar une affiche annonçant un concert prochain de Rose Fleury et son groupe de musiciens - mais hélas, le concert était prévu en semaine et en début de mois alors il n'avait pas pu s'y rendre. Pour compenser, il était allé demander à l'orchestre de la salle des fêtes de jouer un morceau du groupe.

Le rythme, le chant, les mélodies, tout lui avait vraiment bien plu, même s'il n'avait rien compris aux paroles. Pendant quelques minutes, il avait fermé les yeux et s'était laissé entraîner dans un autre univers.

Oh. Rose Fleury venait de lui dire bonjour. Enfin, "quoi d'neuf dans l'oeuf", une expression qu'il n'avait jamais entendu mais qu'il trouva drôle. Il y répondit par une révérence appuyée tout en prenant garde de ne pas renverser le contenu de son verre. "Cui-cui, Madame Fleury." La petite scénette qui s'ensuivit lui confirma que Rose était aussi douée en théâtre - mais c'était aussi son truc et elle ne pouvait pas le tromper, à mettre sa main comme ça sur son coeur. Il attendit donc, verre à la main et sourire aux lèvres que Pensée finisse par comprendre les choses d'elle-même. Les réactions de son amie lui donnèrent une ou deux idées.

Finalement, la conversation revint à leur objectif : les passages secrets qui étaient donc au nombre de... vingt-quatre ? Teilo en resta perplexe. C'était bien trop, vingt-quatre, ils n'auraient jamais le temps de tous les découvrir. Ou alors il allait falloir qu'il revienne ici souvent. Mais peut-être que Rose, qui semblait aussi abonnée aux bêtises, pouvait transmettre ses connaissances aux futures générations ?

Il s'approcha lentement de la star. "Hem, pardooon", commença-t-il en affectant une mine de petit enfant aux yeux ronds et à la lippe tremblante. Son menton était presque rentré dans son cou. "Vous savez, le château est siiii grand pour nous, on ne sait même pas par où commencer. Votre infinie sagesse est connue de tous, et l'on en parle avec des étoiles dans les yeux sur toutes les places de village, de Bois-Aux-Fées à Osse-En-Bazar. Peut-être avez vous..." Son menton se releva soudain et son visage s'éclaira d'un sourire malin : "... un indice à nous donner ? Ou même plusieurs ?"
Lorie Fleury
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6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Ven 5 Jan 2024 - 2:46


Le regard remplis d’incompréhension, la jeune adolescente observait Suzanne lui parler de Chat j’ai trucmuche… Bref, visiblement Suze avait compris qu’il fallait expliquer et même si ça paraissait un peu obscure encore, elle y voyait déjà plus claire.

« Elle a l’habitude, je l’ai aussi, déjà elle n’a pas à écrire deux ou trois mille lignes. » Répondit Lorie avec un soupçon de compassion quand même pour sa sœur. D’un hochement de tête, elle confirma que son lit était plus confortable et observa le manège de Suzanne sans réellement comprendre ce qu’elle avait en tête. Elle resta sans bouger en regardant son amie récupérer sa valise. Est-ce qu’elle venait de la chasser de sa chambre ? Pantoise, la sorcière regarda Suzanne passer la porte et se mit à bouger que lorsqu’elle perdit de vue la non-magique.

Elle emboîta le pas, de celle-ci. « Heu… » Avait-elle essayé de dire alors que Suze venait de rentrer dans sa chambre. « Attends… » Lorie regarda son ami sur le lit, un peu gênée ne sachant pas comment la situation lui avait échappé. « Quand je disais, enfin, je ne voulais pas dire, je ne comptais pas quitter ma chambre… » Okay, Lorie commençait à rougir sérieusement et il n’y avait plus de sangria dans son verre pour passer à autre chose. Mais ce quiproquo était entièrement sa faute.

Lys vint alors se poster sur l’épaule de sa maîtresse et sembla, elle aussi, gênée, si bien qu’elle se frotta contre la joue de Lorie avant de balayer du regard les deux filles. Enfin, était-elle vraiment gênée ? C’était une hermine après tout. Lorie resta silencieuse jusqu’à ce que madame Louise passe derrière elle. Elle brisa son silence avec un petit « Ah ! » Accompagné d’un sursaut de surprise. Lys avait elle aussi sauté de l’épaule pour se cacher sous un meuble. La main sur le cœur, elle se laissa tomber sur le lit sous le regard de Louise qui ne comprenait pas.

« Tout va bien Lorie ? »
« Oui oui ! »

Louise afficha un petit sourire avant de laisser les deux adolescentes à leurs occupations.

***

Rose observa le petit Daroux avec de grands yeux remplis de mystère, elle souriait et apparaissait pleine de joie. Elle prit une gorgée de Gin, ses lèvres s’arrondir et hocha la tête. Le bois du bar cria une nouvelle fois « Poc » lorsque Rose déposa violemment son verre – quoi que ce fût déjà plus doux que tout à l’heure, et commença à tournoyer dans le salon avant de se laisser tomber avec une certaine forme de dramaturgie.

« Voyez-vous jeune homme, une malédiction pèse sur mon esprit et… Rose sortit sa baguette et d’un geste fit venir le verre jusqu’à sa main. Ma soif n’est point étanchée, Rose agita le verre comme invitant Teilo à le prendre. Ah ! Si ! Fit-elle en se relevant d’un seul coup, je crois me souvenir ! Elle lança le verre par-dessus son épaule et celui-ci se fracassa contre le mur. Le parchemin disait : l’air, vous guidera vers l’obscurité, le feu est un bon point de départ et… Où est donc mon verre ? » Rose fit semblant de le chercher avant d’observer Teilo en levant les sourcils. « Partit ! S’était-elle exclamée comme si c’était une évidence. Surement un coup des pattes grognonne ! » Elle franchisa la porte du salon et marcha a reculons pour réapparaître. Elle répara le verre et fit un clin d’œil à Teilo avant de disparaître à nouveau.

« Disgrâââââce !!! Où est mon ingrate de petite sœur dans ce château gigantesque ?! Où est mon verre ! Où sont les pattes grognonne ! » avait-elle crié sur un ton dramatique.

Puis, le silence fit son grand retour et Pensée était déjà en train de réfléchir à l’énigme de sa sœur. Elle se déplaça lentement vers la cheminée et commença à observer autour. Des bibliothèques, des meubles, des bibelots en tout genre, des statuettes de toute taille et une fenêtre non loin. Qu’est-ce que sa sœur voulait leur dire comme indice ?

« Tu as une idée ? » Se lança Pensée tandis qu’elle se retourna vers son ami. À deux, ils trouveraient forcément le passage secret. Il ne restait plus qu’à résoudre le reste de l’énigme… Enfin si par « le feu est un bon point de départ » Rose entendait la cheminée. Ses yeux sondèrent l’espace et se posèrent sur les multiples chandelles et bougies qui ornaient le salon.
Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Ven 5 Jan 2024 - 19:38

Au ton hésitant de Lorie, Suzanne s'était mise sur le dos. Couchée sur le lit vraiment très moelleux, légèrement appuyée sur ses coudes, elle observait son amie avec curiosité.

Le visage de la sorcière, d'ordinaire si pâle, prenait un peu de couleur. Le rose lui allait bien au teint, constata la non-mag. "Oh", s'exclama-t-elle à l'explication qui suivit. Elle avait envie de titiller un peu plus la jolie blonde mais deux choses l'en empêchèrent : d'abord l'arrivée soudaine de Dame Louise qui la fit se redresser de surprise, et puis l'attitude de Lorie qui visiblement avait du mal à se remettre des derniers événements.

Suzanne en resta bête un instant. Elle ne s'attendait pas à ça. Les gens qu'elle cotoyait, sa famille et ses rares amis, rigolaient parfois à ses blagues, souvent par pitié. La plupart se contentaient simplement de l'ignorer. Fabrice, le petit frère qu'elle a-do-rait embêter et critiquer, était devenu très tôt un pro à ça.

Mais Lorie, elle, prenait ça diablement au sérieux, et même Lys en avait été affectée. Et le plus intriguant dans cette histoire, c'était que Suzanne ressentait - quoi - du remords ? Impossible. Ca faisait bien longtemps qu'elle avait évacué cette émotion, pensait-elle. "Vous inquiétez pas, Madame Louise !" lança-t-elle assez fort à la gouvernante qui déjà les quittait. Alors, avec un fin sourire, la fille à robe rouge se pencha pour regarder la fille à robe blanche qui venait de la rejoindre sur le lit.

"On va prendre soin de ce petit coeur."

Elle l'observa ainsi quelques secondes, surprise par sa propre audace, avant de s'asseoir en tailleur sur le matelas. "Le truc, tu vois, c'est que ton lit est vraiment trop confortable. Je ne peux plus revenir à quelque-chose d'inférieur Mais bon, on trouvera bien une solution ! Tu veux pas aller casser une Lamborghini ou deux ? Il paraît que l'exercice physique, c'est bon pour le coeur."


***


Durant toute la représentation de Rose, le fan de théâtre qu'était Teilo resta suspendu à ses lèvres. Ses yeux ne perdaient pas une miette du spectacle, allant jusqu'à scruter le moindre de ses gestes. C'était vraiment une performance de pro, se dit-il en souriant au panel varié d'émotions qu'elle affichait. Et son petit numéro qui consistait à simuler une inversion du temps jusqu'à ce que le verre brisé ne se répare était vraiment génial. Elle utilisait à la fois le hors-champ et la magie pour augmenter l'effet de la scène !

Quand la prestation toucha à sa fin, il dut se retenir d'applaudir. Ca lui rappelait ce qu'il avait essayé de faire - avec plus ou moins de succès - lors de la fête surprise pour Lorie l'année dernière. Sauf que Rose n'avait pas passé un mois à tout peaufiner, elle avait tout improvisé ! C'était évident, il avait encore du chemin à faire. Mais le simple passage de Rose Fleury, quoique court, lui avait rappelé une chose : oui, ses passions d'enfance étaient compatibles avec la magie qu'on lui apprenait à Beauxbâtons. Elle en était l'exemple personnifié.

La voix de Pensée coupa court à ses réflexions. "Hein ?" fit Teilo en clignant des yeux. "Oh ! L'énigme !" Les sourcils froncés, il tenta de se remémorer ce que Rose avait dit. Une histoire d'air et de feu, deux des éléments alchimiques qu'il avait commencé à apprivoiser sous la tutelle de Monsieur Delalande. Qu'est-ce qu'il en avait passé du temps à les étudier avec Pensée dans la tour de Lug.

Mais peut-être que c'était plus simple qu'une question d'alchimie ? Teilo se tourna vers son amie qui furetait du côté de la cheminée. "Mais oui, t'as raison. Il faut partir du feu. Et après, elle a dit... l'air vous guidera vers l'obscurité." Ses lèvres s'étirèrent en une grimace et il se gratta l'arrière de son crâne avec sa main gauche. Il aimait bien les énigmes, il adorait même. Le souci, c'était qu'il avait toujours été un peu nul pour les résoudre. A la maison, c'était toujours Fabrice ou Robin qui trouvaient en premier, et à Beauxbâtons, c'était Gio.

Il n'allait pas arrêter d'essayer pour autant. Avec Pensée, qui réfléchissait quand même plus que lui, ils allaient trouver en un rien de temps, c'était sûr. "Ffffffff." Il sautilla jusqu'à la fenêtre proche de la cheminée tout en soufflant une douce brise par la bouche. "L'air, ça peut être le vent de dehors ? Mais comment ça peut mener à l'obscurité ? Il fait très beau dehors, y'a plein de lumière."

Circonspect, il se retourna vers Pensée en haussant un sourcil interrogatif. Une crainte l'assaillit soudain : qu'elle apprenne que, malgré toute leur bonne volonté, lui et Gio n'avaient encore trouvé aucun passage secret à Beauxbâtons. Il allait vraiment passer pour un naze.
Lorie Fleury
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6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Ven 5 Jan 2024 - 23:00


Lorie rougissait encore plus lorsqu’elle entendit Suzanne. Les quelques secondes de silences furent longues, très très longues, mais heureusement son amie brisa celui-ci en justifiant son choix et Lorie ouvrit sa bouche comme une petit poisson hors de l’eau en manque d’oxygène. Heureusement, une fenêtre s’ouvrit, voilà ce qu’il fallait faire ! Casser des voitures, c’était bien ça ! Ni-une ni-deux Lorie se releva.

« Il nous faut le canon qu’Elina a utilisé » Dit-elle alors qu’elle semblait réfléchir à un plan en se mordillant le bout de l’ongle de son pouce en évitant le regard de la fille en rouge. Son visage était déjà trop empourpré pour se risquer à croiser une Suzanne taquine. Au loin, la petite sorcière entendit la voix de Rose qui résonnait dans un couloir. D’abord surprise, elle profita de cet instant. « Suze il y a peu de Lamborghini, en revanche, oh ben tu verras bien ! » S’exclama-t-elle alors que ses yeux bleus avaient croisé succinctement ceux de la non-mag’

Prenant la direction de la porte, elle percuta Rose qui était déjà là. Mais comment avait-elle fait ?
« Oh ben Lorie ? »
« Rose ! Tu peux nous apporter le canon de la salle d’armes dans le garage de… »
« Oh çaaa c’est une très mauvaise idée » s’exclama l’ainé, sur un ton de désaccord.
« Projet artistique ! »
« J’aaaadoooore les projets artistiques ! » S’exclama Rose qui avait soudainement changé de ton et qui venait subitement d’adhérer au projet de destruction.
« Merci ! On t’attend en bas ! » S’exclama Lorie avant de tirer Suzanne avec elle.

D’un pas rapide elle s’éloigna de Rose qui avait écarté les bras avant de les laisser retomber le long de son corps. Son air béat trahissait qu’elle ne revenait pas de s’être fait éclipser comme ça.
« Je t’aime ! »
« Moi aussi ! » Répondit Lorie sans même se retourner.
« Pas autant qu’elle cria Rose dans le couloir avant de les voir disparaître, visiblement… »

Il ne fallut pas longtemps pour que Lorie pose un pied dans le garage de son père. Il devait y avoir une soixantaine de voitures de luxe. Certaines étaient des sportives, d’autres plus anciennes. Lorie avait déjà préparé un tas d’objets pour se défouler. Batte de baseball, masse et tout un tas d’autre truc très pratique pour froisser de la tôle.

« Tu as quelques Lamborghini, mais si tu veux avoir l’honneur de taper la plus chère, c’est celle-là » Lorie pointa son doigt vers une voiture relativement ancienne, une Mercedes 300 SLR que son père avait acheté pour plus d’une centaine de millions. « Bon, après tu as toutes les autres bien sûr. »

Parmi les autres, Bugatti faisait quelques voitures à plusieurs millions, Ferrari qu’on ne présentait plus, Mclaren, Pagani, Rolls-Royce… Et bien d’autre.

***


« Obscurité… Obscurité… » Réfléchissait Pensée qui se faufila dans la cheminée et observa vers le haut. Ça voulait tout et rien dire, mais elle connaissait sa sœur, moins que Lorie, mais suffisamment pour comprendre que la cheminée, c’était trop simple.

Les sourcils froncés, elle regardait Teilo qui sautilla jusqu’à la fenêtre la plus proche. Il était marrant quand il faisait ça… Pensée secoua la tête pour se remettre au « travail » puis elle commença à faire les cent pas. « Obscurité Obscurité… » Répéta-t-elle comme si c’était censé l’aider à trouver. Elle balaya une nouvelle fois du regard.

« JE SAIS ! S’exclama-t-elle, l’obscurité, c’est le passage secret ! Il fait sombre à l’intérieur ! »

Son grand sourire s’effaça quand elle remit bout à bout les indices. Comment est-ce que l’air était censé la guider vers le passage secret ? Pensée se mordilla la lèvre inférieure et se remis à faire les cent pas. Elle tournait en rond comme un lion en cage, puis se mit à longer les bibliothèques.

« Qu’est-ce que ça veut dire l’air vous guidera vers l’obscurité… »
Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Sam 6 Jan 2024 - 13:00

Hé bien, qu'est ce qui prenait à Lorie, Grande Sorcière extraordinaire, mage blanche à cape, championne de Beauxbâtons, représentante des sorciers d'Europe au tournoi international ? La brillante blonde avait bien failli suffoquer en oubliant de respirer, constata Suzanne avec un sourire certain. Sa blague seule ne pouvait pas avoir causé cet état aplopectique. Elle avait cherché son regard, juste pour confirmer, et constaté avec étonnement que Lorie cherchait à l'éviter.

C'était une blague, sûrement ? La revanche de la sorcière qui à son tour se payait sa tête. Si oui, elle jouait très bien l'émue. Ou alors... non. Ca aussi, c'était impossible.

Ses épaules se détendirent un peu à l'évocation d'un gros canon et ce fut le pas léger qu'elle suivit son hôte jusqu'au garage, en passant par la dénommée Rose - grande soeur - que Lorie ne daigna même pas serrer dans ses bras. La raison ? Suzanne commençait à avoir un sacré doute et Rose semblait diablement perspicace. "Désolée", mima-t-elle du bout des lèvres à la soeurette délaissée, le menton par dessus l'épaule.

Elle n'était pas désolée du tout. Mais dans le garage, la non-mag éprouva de nouveau un sentiment dont elle n'avait pas vraiment l'habitude. Bien sûr que les voitures du Père Fleury étaient trop chères, trop nombreuses, trop polluantes. Elles étaient aussi la preuve d'un hubris qui appelait une vengeance divine. Elle n'était juste plus sûre, maintenant qu'elle avait à portée de main les armes pour rendre cette justice, d'être la mieux placée pour le faire.

"Euh..."

Sa mère, quoique horripilante, lui avait inculqué quelques notions de morale et d'éthique, des notions qui, malgré tous les beaux discours de la fille, s'accrochaient à son petit cerveau. Allait-elle commettre volontairement un acte de vandalisme contre des propriétés privées ? Ne risquait-elle pas des poursuites judiciaires ? Elle n'était jamais allé dans un commissariat de police, contrairement à Lorie, et les seuls objets qu'elle avait cassé jusqu'ici se trouvaient dans sa chambre et, techniquement, lui appartenaient.

Et si Père Fleury se vengeait sur sa famille ? Il devait être un puissant sorcier vu sa descendance, il pouvait très bien les maudire sur plusieurs générations !

Et en même temps, à côté d'elle, il y avait Lorie, dont elle connaissait la furie cachée, Lorie visiblement très désireuse de mener à bien ce projet artistique. Une fille qu'elle aimait de moins en moins décevoir. Elle se pointa vers la Mercedes 300 à la carlingue parfaite et laissa trainer son index sur le bord haut chromé du rétroviseur.

"J'ai besoin... d'inspiration". Son sourire pour Lorie ne pouvait pas cacher sa gêne et sa voix ne ressemblait plus que de loin à celle de la fille révoltée qui en voulait toujours au monde entier. "Dis moi d'autres trucs atroces que François a fait." La liste des méfaits du paternel était déjà bien fournie, les entendre à nouveau de la bouche de Lorie suffirait peut-être à la motiver.


***


"JE SAIS !"

La voix soudain plus forte de Pensée fit sursauter Teilo. Jusque là, il s'était juste plu à l'observer déambuler dans la pièce à la recherche des indices tout en murmurant Obscurité entre ses lèvres parce qu'il trouvait le mot joli et mystérieux. "Bien vu !". Le garçon leva un pouce à l'explication de son amie. Il devait faire sombre à l'intérieur des passages secrets, c'était logique. Ca allait les aider pour l'énigme !

Il ne restait plus qu'à comprendre comment l'air... Pensée avait l'air de prendre tout ça très, très au sérieux... comment l'air vous guidera vers l'obscurité, donc au passage secret.

Par Merlin, que c'était dur. Pourquoi c'était si dur les énigmes à chaque fois ? Teilo but une gorgée de son soda tricolore comme si ça allait lui donner une idée. Les énigmes, c'était dur parce que quand on les trouvait, on avait l'impression d'être intelligent. Le souci, c'était qu'avant de les trouver, on avait surtout l'impression d'être bête.

Tiens, il avait une idée ! Il avala rapidement le jus et, sans attendre que le liquide ne cesse de pétiller dans sa gorge, la proposa à Pensée : "On a qu'à souffler partout. Peut-être que ça va activer un mécanisme caché !" Aussitôt proposé, aussitôt fait. Il se mit à déambuler à son tour dans le salon, soufflant de toutes ses forces sur le comptoir du bar, sur le globe terrestre qui tournait tout doucement au milieu de la pièce, sur le bord de la cheminée, sur-

Non, pouce. Il fallait qu'il reprenne sa respiration. Il haleta bien cinq secondes avant d'avoir une nouvelle idée qu'il s'empressa de délivrer à Pensée. "Oh, ou alors. Peut-être qu'il y a un courant d'air quelque part et c'est ça l'indice. Ca veut dire qu'il y a une pièce derrière ! Faut juste qu'on trouve le courant d'air." Cette idée était mieux, alors, posant son verre pile poil sur le pôle nord du globe terrestre, il se mit à marcher le long des murs en y collant son oreille.
Lorie Fleury
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6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Sam 6 Jan 2024 - 22:24


Adossée à une des innombrables voitures de son père, Lorie observait Suzanne hésiter. Elle se sentit un peu mal de l’avoir emmené ici, Suzanne était désormais bien loin de l’image de l’ado rebelle qu’elle lui avait renvoyé la première fois. Quoi que, elle avait défendu son petit frère de la mauvaise nouvelle, c’était un acte qui n’était pas passé inaperçu auprès de Lorie. L’adolescente se hissa sur le capot de la voiture, Suzanne avait besoin d’inspiration, ou plutôt… Elle avait besoin de réentendre des bonnes raisons de le faire. Pour autant, Lorie ne voulait en rien lui forcer la main, il serait probablement déchiré de savoir que son amie ne serait pas bien.

« Suzanne… J’ai dû casser au moins la moitié des voitures la dernière fois, en vois-tu une de cassé ? »

En parcourant le garage du regard, il sauterait aux yeux que toutes avaient été réparés, la magie était très utile dans un cas comme celui-là.

« Je ne te force pas la main si tu veux remonter, on remonte, dit Lorie d’une voix calme, mais si tu as besoin d’inspiration : il m’a enfermé pendant un mois dans la chapelle, m’a fait lécher du savon, m’a donné un nombre incalculable de ligne, m’a lancé, je ne sais combien de maléfices et m’a harcelé de lettre toutes les semaines durant mes premières années pour me dire à quel point j’étais nulle. » Sa gorge s'était resserré sur la dernière phrase.

Toujours assise sur le capot de la voiture de luxe couleur verte, Lorie se recroquevilla un peu, prenant entre ses bras un de ses genoux. Ce n’étaient pas les meilleurs souvenirs de sa vie. Une petite larme perla le long de sa joue alors qu’elle fixait Suzanne.

***

Pensée restait estomaquée par les actions de Teilo. Elle laissa échapper un petit rire pouffé alors que celui-ci soufflait sur tout ce qu’il voyait. Mais il fallait admettre que c’était la seule piste que la fillette, bientôt adolescente avait. Alors elle profitait juste du spectacle. Elle se sentait bien avec Teilo, c’était un peu comme si sa présence rassurante était un bain chaud qui apaisait les maux. Il avait ce côté sincère et ce petit quelque chose qu’elle n’arrivait pas à nommer.

Avec un air attendri, elle profitait de ce moment. C’était incroyable ce que Lorie avait réussi à faire, jamais elle n’aurait pensé pouvoir inviter un ami chez elle et partager quelque chose comme cela. La petite blonde revint à la réalité lorsque Teilo brisa son silence, si on appelait les FFffuuuu Fuuuu qu’il faisait du silence.

« Mais oui ! Un courant d’air, tu es génial ! » S’exclama Pensée qui se précipita vers le mur proche de la cheminé. Elle commença à inspecter le mur, mais elle ne sentait rien, pas l’ombre d’un souffle jusqu’à ce qu’elle ait une idée. Elle s’arracha un seul de ses longs cheveux et commença à s’en servir comme une baguette de sourcier. Puis, elle se retourna pour le donner à Teilo avant d’en récupérer un autre.

« Peut-être que le courant d’air est dans l’autre sens, si c’est le cas le cheveu sera aspiré ! » Justifiait-elle en se remettant à chercher.
Teilo Daroux
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug

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Dim 7 Jan 2024 - 2:05

Le regard de Suzanne engloba l'intégralité du garage et des voitures rutilantes qui y étaient parquées. Bien sûr... la magie. Elle qui ne la cotoyait pas régulièrement, elle avait encore du mal à intégrer l'idée qu'en un coup de baguette, on pouvait régler pas mal de problèmes et même, comme ici, échapper aux conséquences de ses actes. C'était un concept qui la fascinait et la terrifiait à la fois.

Même si les voitures revenaient à leur état tout pimpant, elle se rappellerait toujours de ce qu'elle avait fait. De ce qu'elle allait faire. Donc ça comptait, non ?

Elle releva la tête vers Lorie, qui avait bien cerné son hésitation. Pas étonnant. Pas étonnante non plus, la possibilité que son amie lui laissait de juste oublier tout ça et remonter. Lorie faisait attention aux autres, et ça ne venait pas avec la cape. Elle faillit accepter sa proposition - mais trop tard. Lorie faisait sa liste, dressait le tableau terrible d'un père horrible. Suzanne le savait déjà mais le rappel était cinglant. Et le système archaïque des sorciers, la puissance du nom de famille, faisaient qu'il n'y avait pas de services sociaux pour les enfants comme elle. Personne n'avait bougé le doigt pour les protéger, les sortir de là.

Lorie versait une larme. Juste une. Pas étonnant.

Suzanne mit sa main dans sa poche - son sang rouge bouillait - et la referma sur les clefs de chez elle, un double que Maman lui avait laissé au cas où. Qu'est ce que ça fichait là ? Ca devait être dans la valise. Bah, au moins ça allait être utile.

"Lécher du savon...." commença-t-elle en faisant tranquillement le tour de la voiture. Le bout de sa clef, entre son index et son majeur, rayait la belle carosserie. "On va dire que c'est original, Hein ? C'est rigolo ça, FRANCOIS. Et les lignes", elle s'arrêta près du rétroviseur de l'autre côté, inspira et donna un coup de pied dedans. Seulement, comme elle était pieds nues, elle eut plus mal que la voiture. "Ah, croooooooottte DE BIQUE ! RAH !" Elle saisit la batte de baseball qui se trouvait là et mit deux trois coups au rétroviseur. Son entraînement au poste de batteyr à Bois-des-Fées portait ses fruits, l'objet céda rapidement. "J'en étais où ? Ah oui, les maléfices. Tant qu'à faire !" Elle tourna sur elle même, batte levée, et cogna bien fort dans la vitre qui éclata en dizaines d'éclats de verre. "Et les LETTRES ! A ! B ! C !" Résolue à réciter l'alphabet, elle prenait de l'élan et cognait à chaque lettre sur la carlingue, de plus en plus fort jusqu'à ce que, à L, elle s'arrête haletante, laisse tomber sa batte et se hisse sur le toit à côté de son amie.

"Non, pas L. C'est une jolie lettre, ça", glissa-t-elle entre deux fortes respirations. Son visage était rouge. "Les autres sont pas mal nulles, mais pas L." D'un mouvement, elle déposa un bisou furtif sur la joue de la sorcière et, quand elle se remit droite, grimaça. "Ouch. Ouille ouch ouch !" De ses deux mains, la non-mag saisit son pied droit et le ramena sur son genou gauche. "Ah ouais." Dans sa furie, elle avait marché sur un éclat de verre sans s'en rendre compte, et celui-ci était maintenant bien incrusté dans sa voute plantaire.



***



Teilo cligna des yeux. Ah bon, c'était génial ? Il avait juste sorti la théorie du courant d'air sans trop réfléchir, parce qu'il avait vu ça dans un dessin animé quand il était petit. Mais Pensée trouvait ça génial, pas de problème, ça lui allait.

Le garçon sourit en coin en regardant Pensée scruter le mur. Elle n'avait pas dit que c'était génial. Elle avait dit qu' Il était génial. Ca lui faisait un drôle d'effet dans le ventre et, à coup presque sûr, ce n'était pas la faim. La réalité des choses le rattrapa quand son amie lui tendit... un cheveu ? Mais pourquoi f... Ah ! Pour détecter le courant d'air, pas bête. En plus, le cheveu était super fin, constata-t-il en le lissant entre deux de ses doigts.

Il trottina vers la fenêtre pour mieux voir son reflet doré à la lumière du jour avant de réaliser que ce n'était vraiment pas comme ça qu'il trouverait le passage secret. Alors il revint du côté de la cheminée - car le feu était un bon point de départ - et promena doucement le cheveu suspendu à ses doigts en plissant les yeux. Sa respiration le faisait bouger un peu mais en tordant ses lèvres vers la droite, ça allait mieux.

Vingt secondes plus tard, il était du côté de la bibliothèque, juste à gauche de la cheminée quand... "LA ! Pensée, là ! Il bouge !" Les yeux ronds, Teilo n'en revenait pas. En fermant les yeux et tendant la joue gauche, il en eut la confirmation : il y avait bien un faible courant d'air là, derrière ce pan de bibliothèque. "Faut juste trouver comment l'ouv- ah, là !" Au milieu des bouquins, une sphère, une sphère qui tenait un bouquin ! Il suffisait peut-être de l'enlever ? Oui !

Le pan de bibliothèque s'ouvrit dans un grincement assourdissant, révélant, derrière les étagères... d'autres étagères ! Son tout premier passage secret ! "OUI !" cria Teilo en sautant sur place, les bras levés en signe de victoire. Extatique, il se tourna tout sourire vers Pensée. "Toi aussi, t'es géniale !" Ils l'avaient vraiment trouvé à deux !

Il restait la récompense : pouvoir contempler le trésor. Teilo sautillait sur place. C'était encore plus excitant que la fois où ils avaient bravé le couvre-feu à l'Académie. En plus, il n'y avait pas tant d'obscurité que ça - ça l'arrangeait. Il s'avança doucement dans le tout petit couloir qui venait de se créer devant eux et, s'apercevant que le cheveu de Pensée était toujours dans sa main, s'arrêta net. "Attends !" Avec ses deux mains, il prit bien soin de le plier comme il pouvait avant de le mettre dans la poche avant de son jean. "C'est bon !"

La pièce dans laquelle ils débouchèrent tous deux était petite et carré mais, comme toute bonne salle au trésor, regorgeait d'objets fantastiques. Les livres aux belles reliures devaient être des traités secrets de magies anciennes. Là, sur un placard en verre, Teilo pouvait voir une toupie qui tournait sans s'arrêter - depuis combien de temps ? Personne ne le savait. Et là, un oiseau en papier, mais le pauvre était prisonnier de son placard !

"Faut qu'on le libère", réagit tout de suite le garçon, l'air très sérieux et le regard figé sur l'oiseau.
Lorie Fleury
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6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Dim 7 Jan 2024 - 3:14


L’inspiration de Suzanne était comme une source d’eau claire, elle était revenue d’elle-même. Néanmoins, la source se transforma rapidement en un torrent déchaîné. Le son strident de la clef sur la carrosserie en était le premier témoin, puis les sons relativement lourds des coups contre la voiture. Lorie n’écouta pas ce que Suzanne pestait, elle l’observait juste dans ce moment cathartique comme une peinture dans laquelle on voulait se perdre. Elle regardait ses cheveux auburn s’agitait au rythme des coups de la tempête.

L’adolescente offrit un sourire à son amie quand celle-ci lui indiqua que la lettre L n’était pas nulle. C’était réconfortant, même si elle le savait déjà un peu. On ne pouvait pas sortir du tournoi des trois sorciers indemne si on était nulle. Lorie n’avait rien à prouver à son père, mais ce n’était toujours pas des bons souvenirs, elle ressentait encore son cœur se serrer à la réception d’une lettre. Pourtant, cette fois, son cœur se serra pour une tout autre raison, assise sur cette voiture verte au logo en forme d’aile, Suze venait de lui déposer un bisou furtif sur sa joue. La mage blanc cligna deux ou trois fois des yeux pour se rendre compte de ce qu’il venait de se passer. Suzanne, celle qui ne voulait pas, il y a de cela quelques mois, qu’on la touche, venait de lui faire un bisou pour la réconforter ?

Revenant soudainement à la réalité, elle s’agita lorsque son amie lui indiqua qu’elle s’était coupée. En fait, elle ne s’était pas que coupé, elle s’était enfoncer un bout de verre dans le pied. Avec douceur, Lorie lui fit comprendre de s’allonger. Elle qui voulait être guérisseuse, c’était bien sa veine de ne pas pouvoir utiliser la magie dans ces moments-là.

« Essaie de ne pas bouger d’accord ? »

L’apprentie guérisseuse se servit de la lumière des plafonniers pour observer la plaie. Celle-ci saignait abondamment, et il n’y avait rien d’étonnant à cela. « Hum » laissa glisser Lorie entre ses lèvres. Le bout de verre était visible et, par chance, il ne devrait pas être si difficile à extraire.

« Bon, surtout ne bouge pas, je reviens »

Ni une ni deux, la petite blonde plus si petite sauta de la voiture et se mis en chemin pour trouver de quoi soigner Suzanne. Elle n’eut aucune difficulté à mettre la main sur des compresses, du désinfectant et de quoi retirer le bout de verre. Elle en était où d’ailleurs sa sœur avec le canon ? Elle traînait beaucoup trop au goût de Lorie. Bien, une fois tout le matériel en main, elle rejoignit Suzanne.

Elle épongea un peu le sang, pour y voir plus claire, et délicatement, elle se servit de la petite pince. La langue pincée entre les lèvres, Lorie se concentrait au maximum pour ne pas faire mal à la petite non-magique. Ainsi, avec la plus grande douceur dont elle pouvait faire preuve, elle attrapa le morceau de verre. Dès qu’elle eut fini, Lorie récupéra de quoi faire un bandage.

« Attention ça risque de piquer un peu » avoua l’adolescente avant qu’elle ne désinfecte un peu la plaie.

Toujours délicatement, elle posa une compresse légèrement imbibée. « Ça va ? » Confirma la sorcière avant de reprendre. Quand elle eut fini, elle banda le pied de Suzanne. C’était le temps que madame Louise ou Rose finissent de s’en occuper.

« Je suis désolée, j’avais complètement oublié que tu étais pieds nus… »

***

Pensée chercha, mais ne trouva rien. Finalement, c’est Teilo qui trouva l’entrée du passage. Du moins, le courant d’air. La petite blonde accourait dans la direction du garçon. Elle observa sa trouvaille de ses propres yeux, puis… Il avait déjà trouvé ! Bouche béée, la petite Fleury n’en revenait pas, tout avait été sous ses yeux depuis tellement longtemps.

La bibliothèque s’ouvrit non sans faire un bruit digne d’un bombardement, madame Louise les aurait probablement entendus à l’autre bout du domaine. Se faufilant rapidement dedans, les yeux de la fillette n’en revenaient pas. Elle avait traversé un tout petit couloir pour apercevoir ce lieu bien étrange. Elle ne savait pas à quoi pouvait bien servir cette salle, mais tout un. Un assortiment de bibelots qui rendait cette pièce pour le moins ancienne.

« Attends ! S’exclama la fillette… C’est peu-être un piège non ? »

Le regard hypnotisé sur l’oiseau, elle le regardait se débattre à l’intérieur de ce placard de verre. Parfois, son vol était serein, parfois, il chargeait la vitre. Quoi qu’il en fût Pensée n’était pas certaine de ce qu’il fallait faire.
Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Dim 7 Jan 2024 - 17:06

La vue de son propre sang faisait tourner la tête de Suzanne qui accepta bien vite l'idée de s'allonger sur le toit de la voiture. Mieux valait fermer les yeux, oublier la douleur lancinante dans son pied et laisser Lorie et sa voix rassurante opérer leur magie.

Mais - pourquoi elle partait, là ? La sorcière n'avait qu'à sortir sa baguette de dedans son chignon et- Ah. Ils étaient en territoire non-magique. Avec François et le matagot, elle avait zappé ce petit détail. Pourtant, Teilo lui avait tout rappelé avant leur départ. Des rappels qu'elle n'avait écouté que d'une oreille distraite, trop occupée à tenter de fermer sa valise trop pleine. Mais alors, si la magie était interdite ici, qui réparait les voitures ? C'était François ? Les adultes, eux, ils avaient le droit ? Non, ça l'embêtait de penser ça mais elle aurait du mieux écouter son petit frère.

Juste au moment où elle commençait à trouver le temps long, avec sa douleur et sa respiration haletante pour seules compagnes, Lorie refit son apparition en tenant une PINCE. Par anticipation, Suzanne serrait déjà les dents. Toute rougeur disparut de son visage, qu'elle détourna de toute manière sur le côté pour regarder le mur du garage. La seule chose qui l'empêchait de fuir, c'était sa confiance en la personne qui allait s'occuper de sa blessure. Ca ne l'empêcha pas de tendre tous ses muscles avant même que sa soignante ne fasse quoi que ce soit, et elle resta ainsi jusqu'au bout.

« Attention ça risque de piquer un peu »

Ouais ouais, elle connaissait. Ca allait piquer beaucoup. Maman avait souvent usé du même procédé. Suzanne trembla un peu et ne put retenir un gémissement assez pitoyable au contact du désinfectant. Elle signala quand même à Lorie que tout allait bien en hochant rapidement la tête. Et c'était fini.

Déjà ?

La blessée se redressa doucement, regarda son pied nettoyé de son sang, Lorie qui bandait son pied avec attention, précision et calme. Elle souffla. "Ouais, c'est la faute des chaussures. Elles me faisaient super mal, je sais pas pourquoi j'ai pris des talons, je voulais juste-" Sa bouche se contorsionna. "Je voulais juste essayer pour-" Pour faire quoi ? "Pour essayer. Enfin, voilà." Il fallait passer à autre chose, quelque chose qui allait lui faire oublier sa douleur et tout ça. "Tu sais, tu ferais une bonne infirmière si jamais Mage Blanc ça te gave un jour. BON, il est où ce canon ?"

Il lui fallait du spectacle, du fracas et du tonitruant. C'était toujours mieux que de dire n'importe quoi. Tiens, en parlant de fracas, c'était quoi ce bruit qui venait d'en haut ? Encore Elina ? Non, elle était punie. C'était eux. "Mais qu'est ce qu'ils fabriquent ? T'es sûre que c'est une bonne idée de les laisser seuls ?"

Oui, la question venait bien de la même personne qui avait tant insisté pour se débarasser rapidement des nabots un quart d'heure plus tôt.



***



Teilo s'était avancé d'un pas résolu vers le placard en verre où l'oiseau de papier était prisonnier, le bras tendu pour en agripper la poignée. La voix de Pensée stoppa net son mouvement et il se retourna vers elle, sourcils froncés. "Un piège ? Mais non, y'a pas de piège." Enfin... sans doute ? Il avait l'habitude de se précipiter et ça pouvait lui jouer des tours. A Noël, Lorie lui avait dit d'être plus prudent avant de prendre un objet, de se poser les bonnes questions. Mais là, ce n'était pas un objet, c'était un animal - de papier, d'accord, mais un animal - et il ne voulait pas se l'accaparer. Qu'est ce qui pouvait arriver de mal ? Et puis, qui serait assez tordu pour mettre un piège ici ?

Le garçon refit face au placard, en examina les contours - rien de particulier - puis l'intérieur. L'oiseau de papier lui semblait tout à fait inoffensif et ne demandait qu'une chose, une seule, simple : voler en toute liberté. Depuis combien de temps s'évertuait-il à cogner dans la porte ? Non, c'était plus fort que lui, Teilo ne pouvait pas ne rien faire. Mais par acquis de conscience, il se retourna une nouvelle fois vers Pensée avec un sourire rassurant. "Recule et prépare toi à courir, on sait jamais." S'il se trompait, hors de question que Pensée paie les conséquences de son erreur. "Content de t'avoir connue !" ajouta-t-il en exagérant beaucoup son sacrifice à venir.

Après une longue inspiration qui lui donna quelques frissons, il abaissa la poignée et ouvrit doucement la porte du placard.
Lorie Fleury
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6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Dim 7 Jan 2024 - 18:03


Un sourcil relevé la petite mage blanc observa sa patiente. Donc elle avait mis des chaussures à talon talons pour « essayer »… Pourquoi par Merlin celle-ci avait mis des chaussures à talon si elle savait que c’était inconfortable pour elle ? Depuis toute petite Lorie avait été habitué, ça avait commencé par des talons de hauteur plus que raisonnable et à mesure qu’elle grandissait, eh bien, l’uniforme en avait.

« Ne t’inquiète pas » répondit Lorie en toute confiance.

Leurs petits frères et sœurs étaient sous l’œil attentif de Louise et il ne pouvait rien se passer de réellement dangereux pour eux. Elle n’eut pas le temps de rajouter quelque chose que Rose déboula dans le garage.

« Appareo » un tas de boulets fit leur apparition et alors qu’elle lança quelque chose en l’air, d’un coup de baguette magique, elle lui fit reprendre sa forme. Un canon tout ce qu’il y avait de plus authentique, sûrement d’un navire corsaire ou peut-être d’un navire pirate, à vrai dire Lorie n’en savait rien et ne comprenait pas vraiment la différence.

« Well well well qu’est-ce que vous attendez faites donc vivre ce projet artistique ! »

Lorie sauta de la voiture et se rapprocha du canon. Elle arma un boulet, non sans avoir du mal à le porter, puis lorsque sa sœur lui tandis qu'un petit briquet en argent, elle alluma la mèche. Une détonation fulgurante arracha la voiture qui était en face et celle-ci se plia sous la puissance de feu. Mais le boulet continua sa route et plia une nouvelle voiture un peu plus loin et une autre, et encore une autre avant d’exploser laissant une énorme trace de peinture s’étendre sur les murs et les autres voitures aux alentours.

« Wow » laissa échapper Lorie qui avait tremblé pour donner suite à la détonation.

***

Pensée déglutie et se prépara à se mettre à couvert. Lorsque Teilo posa sa main sur la poignée, la petite blonde retint sa respiration et dès lors que l’oiseau de papier fut libre, le passage qu’ils avaient emprunté se referma sous un autre bruit assourdissant. La lumière fut occultée en totalité et les ténèbres gagnèrent la salle, laissant seulement quelques bougies diffusait timidement leur lumière.

Apeuré Pensée attrapa le bras de Teilo et ne le lâcha pas une seule fois. Il se passa bien quelques secondes interminables de silence avant que d’autres bruits d’engrenages ne se firent entendre. Quelques Clic clic clic tic cloc, puis, plus rien. Pensée était en apnée et serra un peu plus fort le bras de Teilo.

Puis, quatre encadrés dorés apparaissaient, révélant quatre passages derrière un voile de brume qui reflétait aussi clairement qu’un miroir tout ce qu’il y avait devant. Visiblement, il faudrait en emprunter un pour ressortir puisque le premier passage empêchait le duo de faire demi-tour.
Teilo Daroux
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Dim 7 Jan 2024 - 23:49

Lorie avait l'air super confiante. Pourtant, elle avait bien cotoyé Teilo a Beauxbâtons. Suzanne en conclut qu'elle devait avoir tout prévu pour empêcher son petit frère de faire n'importe quoi et ça la rassura au moins autant que la voix calme et constante de son amie.

Soignée, apaisée, elle accueillit Rose avec un sourire et constata que c'était probablement elle qui allait tout nettoyer, vu qu'elle avait le droit d'utiliser la magie. On pouvait donc passer aux choses sérieuses. Balancer des boulets dans des voitures de luxe, ce n'était pas n'importe quoi. Il y avait une vraie démarche artistique, se justifia la non-mag en observant Lorie placer le premier boulet dans la bouche du canon. Une intention, un message, éphémère mais marquant, explo-

BOUM. "HA !"

La puissance du tir et le bruit venaient de la faire sursauter. Elle retomba sur son pied bandé mais ne grimaça même pas, trop occupée à regarder les dégâts avec un mélange de fascination et d'effarement. Quatre voitures d'un coup, et une jolie gerbe de couleurs sur le mur en guise de signature. La dernière fois qu'elle avait vu quelque-chose d'aussi violent... ben c'était justement avec Lorie, devant son lycée à Lyon, en juillet dernier. Des images qui restaient bien ancrées dans sa mémoire même si, en pratique, rien ne s'était vraiment passé.

Cette fois, même Lorie semblait soufflée. Elle tremblotait un peu. Suzanne aussi.

"C'est efficace mais..." commença la jeune Daroux avant d'avaler sa salive. "L'angle n'était pas parfait. Il faut le mettre.... plus à... hmppph... babord". Les mains sur le fut du canon, elle le déplacait de toutes ses forces vers la droite. Suzanne n'y connaissait rien aux termes marins, mais c'était dans le thème. Après avoir vérifié la euh... mire ? la travée là... la ligne de tir ? elle hocha la tête de contentement et alla prendre un boulet sur laquelle elle déposa un baiser.

"Allez, va, cours, hmmph... vole et nous venge." Après avoir fait avaler le métal au canon goulu, elle se frotta les mains de contentement et se plaça en arrière. "C'est dans Le Cid. Ma mère m'a forcé à le lire à l'époque où je savais pas dire non." Avec un sourire en coin style louve des mers, elle se tourna vers Lorie et Rose. "Feu ?"



***


"Allez, vole, tu es libre !"

En suivant du regard le vol de l'oiseau, Teilo était heureux. Ca ne dura qu'une seconde ou deux. Quand l'obscurité se fit autour de lui, son corps entier se figea. Ah. Donc c'était un piège, en fait.

Le passage s'était refermé, il avait entendu l'étagère bouger. Maintenant il ne voyait plus rien, comme dans ses pires cauchemars. Sa respiration accéléra, le rythme de son coeur aussi. Quand quelque chose de chaud lui toucha le bras, son sang se glaça. Mais c'était Pensée ! Pourquoi elle n'avait pas fui, comme il lui avait demandé ? Ils allaient être coincés ici pour l'éternité !

Non. "Pas de panique", murmura-t-il en se forçant à inspirer et expirer plus lentement. "Pas de panique." Déjà, il ne faisait pas tout à fait noir, quelques bougies étaient allumées. Il n'était pas seul. Pensée avait l'air d'avoir peur, elle s'accrochait vraiment fort à son bras. "T'inquiète pas", la rassura-t-il d'une voix un peu plus perchée que d'ordinaire. "Y'a toujours une solution."

Et, comme si le château Fleury l'avait entendu, quatre cadres apparurent autour d'eux. Teilo souffla doucement en tournant sur lui-même, Pensée au bras. "Les mêmes... et on voit rien derrière." Peut-être qu'un seul de ces quatre était le bon et les autres menaient vers les oubliettes ? Ou un puits sans fond ? Teilo blêmit : il allait devoir faire le bon choix. Les souvenirs du labyrinthe de l'Académie, où il s'était aventuré avec Pensée, lui revinrent en tête. Il avait vraiment été nul ce jour là, à ne pas se décider sur quel chemin emprunter.

Mais comment aurait-il pu savoir lequel était le bon ? Et là, c'était exactement pareil. Tous les cadres se ressemblaient, avec la même brume qui cachait tout, le même reflet. Comment savoir ?

Un frottement de papier attira son oreille. La tête levée, le garçon plissa les yeux. "Oh, regarde !" A la lueur des bougies, on pouvait deviner l'oiseau animé qui volait en cercle au dessus d'eux, passant de cadre en cadre sans s'attarder sur un en particulier. Teilo le regarda faire, d'abord perplexe. Est-ce que l'oiseau cherchait à lui dire quelque-chose ? "Et si... et si tous les chemins étaient bons ?" demanda-t-il à Pensée mais il ne lui laissa pas le temps de répondre. L'idée faisait son chemin dans sa tête avec une telle force que déjà, le petit Daroux ne tenait plus trop en place. "Je crois que c'est ça, Pensée ! Y'a pas de mauvais choix ! On peut prendre n'importe lequel, c'est pas grave !"

Rien que le dire lui donnait chaud au ventre. Il voulait tellement avoir raison. "C'est pas grave", répéta-t-il dans un souffle en clignant des yeux pour en chasser l'humidité. Pourvu, pourvu qu'il ait raison !

Il n'y avait qu'un seul moyen de savoir. Teilo déglutit, mit sa main sur le bras chaud de Pensée : "On y va." D'un pas décidé, les yeux ouverts et la mâchoire un peu serrée, il avanca dans l'obscurité vers le portail qui leur faisait face. En haut, l'oiseau se mit à les suivre.
Lorie Fleury
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Lun 8 Jan 2024 - 0:59


Lorie hochait la tête à toutes les paroles de Suzanne, comme si elle détenait la vérité absolue. Elle l’observa embrasser le boulet, charger le canon et le contourner. Puis d’un nouveau hochement de tête, elle signifia à Suzanne de faire feu. Rose fit exactement la même chose, baguette en main prête à intervenir si jamais.

Le tir de Suze arracha les couches de carbone des voitures. Ce n’était pas moins de six voitures qui avaient été touchées par ce tir légèrement en diagonale. La première s’était écrasée sur la seconde, et avait touché deux autres voitures autours. Le boulet lui avait traversé pour toucher une autre voiture avant de s’exploser contre un monocoque d’une Bugatti.

« C’est pour les ours polaires !! » Avait crié Lorie sur un ton amusé alors que le boulet avait repeint en bleu une bonne partie du garage.

Surexcitée Lorie se rapprocha de Suzanne et lui fit un high five bien mérité. Puis en voyant les dégâts, elle explosa de rire. C’était la seconde fois où elle s’en prenait aux voitures de son père, et cette fois était bien plus fun. Peut-être était l’euphorie des ondes de choc, le côté spectaculaire ou l’odeur de la poudre noire qui fumait encore par endroit. La blonde s’empressa de recharger un boulet dans la gorge du canon, mais cette fois, c’était un double boulet attaché ensemble avec une chaîne. Puis… Elle posa son regard sur Rose.

« Essaie un Waddiwasi pour voir » lui suggéra-t-elle avant de décharger le canon.

« Ohhh ! Avec plaisir, mais attends ! Testons un truc… »

D’un coup de baguette magique, la plus grande des sœurs Fleury créait une belle structure de voiture. À vrai dire, ça ressemblait même à plusieurs quilles présentées comme ça. Des grosses grosse quilles les unes derniers les autres. Puis elle fit léviter le double boulet et utilisa le sortilège de tir. Le boulet, partit près de trois fois plus vite que depuis le tir d’un canon, et si les yeux de Lorie n’avaient pas perçu cette différence, les voitures elles… Ce n’était pas moins de dix voitures qui furent éventrée et déchiquetées à l’endroit où le boulet était passé. Celui-ci s’était même logé dans le mur avant d’exploser et de recouvrir le tout de peinture jaune.

***

Toujours apeurée, Pensée tenait fermement le bras de Teilo. Fort heureusement, celui-ci arrivait à estomper cette peur. Les paroles du petit Lug touchèrent Pensée qui finit par hocher la tête. Soufflant pour se donner du courage elle suivit Teilo prendre le chemin qui leur faisait face. Ses pas étaient prudents, et même si Teilo pensait qu’il ne pouvait rien y arriver, la petite blonde ne pouvait s’empêcher de penser que rien n’était impossible.

Elle laissa égoïstement Teilo faire le premier pas au travers de la brume qui reflétait leur image. Et dès qu’il eut mis le pied, le petit oiseau de papier fonça au travers. Il explosa en plusieurs bouts de papier et au même moment une allée de torches s’alluma en rythme les unes après les autres. Chaque fois qu’une s’embrasait, Pensée entendait le Frouf caractéristique du feu prenant ses droits.

La respiration rapide et le cœur battant dans sa poitrine, Pensée emboîta le pas. Le passage avait l’air long, très long. Suivant Teilo, elle se décontractait à mesure qu’elle marchait. Quelques toiles d’araignées venaient se poser dans les cheveux de la blonde. L’allée continuait de serpenter, parfois, elle remontait grâce à des escaliers et parfois elle redescendait. C’était presque interminable lorsque l’on avait aucun point de repère.

« Tu crois qu’on va devoir encore marcher longtemps ? Demanda Pensée, avant de se figer. Le… Le mur ! Il a bougé ! » Fit-elle en pointant son doigt vers lui. Le couloir était encore assez long, mais c’était difficile à dire sans avoir la vision sur le bout.

Puis un autre tremblement se fit entendre, la poussière se releva des interstices avant de retomber aux pieds de Pensée. Déglutissant, la petite blonde s’avança. Elle cola son oreille contre la pierre et sursauta lorsqu’elle entendit un bruit résonant. Elle se recula d’un pas et alors qu’elle se retourna vers son ami pour lui dire qu’elle ne comprenait pas, elle prit une vague de peinture jaune dans le dos. Les yeux ronds, elle regarda Teilo avant de se tourner vers le mur qui bavait de la peinture jaune. Complètement paniquée, elle attrapa une torche et au même moment le mur s’écarta pour laisser apparaître le garage de son père. Elle reconnaissait les voitures.

« Lorie ? » Fit-elle quand elle vit sa sœur au travers de l’épais passage non sans se décaler pour l’apercevoir derrière la pile de voiture.

Mais ce n’était pas tout, Rose semblait être avec elle, sans oublier Suzanne.

« OKAY FIN DU PROJET ARTISTIQUE » cria Rose comme si elle était sur scène, avant de faire disparaître le canon d’un coup de baguette magique et d'applaudir la prestation.
Teilo Daroux
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug

Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug

Teilo Daroux
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Lun 8 Jan 2024 - 19:15


Suzanne avait beau savoir à quoi s'attendre, ça ne l'empêcha pas de sursauter quand le canon détona à nouveau. La violence visuelle et sonore lui parut moins surréelle, peut-être parce qu'elle en était à l'origine. C'était pour les ours polaires, disait Lorie et la non-mag acquiesca fièrement. "Et pour la forêt d'Amazonie !" ajouta-t-elle tout en répondant au high-five de la Championne qui avait déjà pu voir cette forêt sûrement magnifique de ses propres yeux.

Le rire soudain de Lorie l'avait détendue mais la même Lorie chargeait déjà un troisième boulet dans le canon. Quoi, encore ? Elle voulut intervenir, lui dire que "les choses les meilleures sont les plus courtes" comme répétait souvent son Père, mais voilà que les deux soeurs échangeaient autour d'un sort, un Vas-y-vas-y qui ne lui disait fichtre rien mais présageait encore plus de chaos. Les Fleury semblaient si enthousiastes à leurs idées respectives, se répondant l'une et l'autre comme deux complices, que la petite Daroux n'osa rien faire.

Le double boulet propulsé par la magie causa encore plus de dégâts. A ce rythme, elles allaient défoncer les fondations du château. Suzanne, les poings serrés, ne ratait pas une miette du spectacle auquel elle avait contribué et qu'elle aurait sans doute pu arrêter. Oh et puis crotte. De toute façon, Lorie avait raison, qu'est ce qu'il y avait de grave ? Dans quelques minutes, tout dans le garage redeviendrait comme avant.


***


"Tu crois qu’on va devoir encore marcher longtemps ?"

Teilo, qui marchait sans frémir en avant de Pensée, la regarda par dessus son épaule avec un sourire joyeux. "Je sais pas". Il ne savait pas et, comme son choix de cadre venait de le prouver, ce n'était pas grave. Le couloir était long, on en voyait pas le bout, mais il avait une fin et ils allaient bien finir par tomber dessus. Peut-être même que Madame Louise les y attendait avec des chocolats chauds. Tout ça l'excitait tellement qu'il en avait oublié sa peur de l'obscurité.

Le garçon s'arrêta toutefois quand Pensée parla d'un mur qui bougeait. "Hein ?" Les yeux plissés, il se concentra sur le dit mur que seules les flammes des torches autour pouvaient éclairer et constata que oui, ça s'effritait même ! Bizarre, il n'y avait aucune indication autour pour indiquer une sortie. Teilo laissa Pensée enquêter avec un petit sourire et attendit qu'elle se retourne vers lui pour lui présenter ses conclusions.

La suite lui fit ouvrir grand les yeux et la bouche. Pensée venait de se prendre de la... bave de monstre ? Non, de la peinture... jaune ? "Eeeuhhh..." Y'en avait partout sur le mur alors il la laissa reculer et s'approcha pour examiner tout ça de plus près. A cet instant précis, la pierre se sépara en deux. C'était bien une sortie ! Et ça donnait sur... un garage ? Rose Fleury qui applaudissait ? Et Lorie... et Suzanne ?

Circonspect, Teilo avança dans le garage et croisa le regard de Suzane qui mettait les mains sur ses hanches, l'air agacée, comme souvent, de le voir.

"Qu'est ce que tu fais ?"

Le garçon pouffa, la fille soupira. Ils l'avaient dit ensemble et ce n'était pas la première fois. "Toi d'abord", asséna la grande soeur à son petit frère. Teilo bomba le torse : "On a trouvé un passage secret ! C'est Pensée qui a eu l'idée du cheveu pour repérer le courant d'air." Il s'était tourné vers Rose, les traits malicieux : "L'air qui mène à l'obscurité ? Trop facile." Non, ça n'avait pas été trop facile mais il était juste très heureux alors c'était dur de rester humble. "Ouais, heureusement qu'elle était là, quoi", le nargua Suzanne mais Teilo ne donna pas l'impression d'avoir saisi l'ironie. Il alla juste se poster à côté de Pensée et hocha fièrement la tête : "Oui."

C'était drôle. Elle avait sa belle robe salie par la peinture, les chaussures poussiéreuses et une ou deux toiles d'araignée dans les cheveux. Il ne devait pas être tout propre non plus après leur déambulation. "On est des vrais aventuriers", gloussa-t-il. C'était leur troisième grande aventure, après le labyrinthe et la salle des fêtes de nuit. Plus important, c'était surtout la première où il avait l'impression d'avoir été à la hauteur.

"Et vous ? Pourquoi... les voitures..." Il venait à peine de repérer les véhicules éventrés, comme si un bécut qui passait par là les avait écartelés avec ses gros bras. "Cherche pas, c'est de l'art." "C'est de l'art ?" répéta Teilo en clignant des yeux, le visage tordu par l'incompréhension. "Tu comprendras quand tu seras grand." "Ha ha ha. Et ton pied, c'est de l'art aussi ? T'as pensé à désinfecter la plaie avant de faire le bandage ?" "Rohlalaaaaa. t'inquiète paupiette. Lorie s'est occupée de tout." "Ha."

Oui. Lorie avait pu intervenir cette fois-ci. Teilo se tourna vers elle, lui sourit et refit face à Suzanne en croisant les bras, le menton relevé : "Ouais, heureusement qu'elle était là, quoi." Sans doute surprise qu'il ait osé lui renvoyer sa vanne dans la face, sa soeur cligna des yeux plusieurs fois avant de se tourner vers les deux Fleury plus âgées. Le regard figé vers le plafond, elle inspira profondément et souffla : "Dommage, vous avez rangé le canon."

Teilo continuait de sourire doucement.
Lorie Fleury
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme

Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme

Lorie Fleury
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Mar 9 Jan 2024 - 22:30


Lorie fit des yeux ronds, qu’est-ce que Pensée faisait ici ? Qu’est-ce que Teilo faisait ici ?!! Mais la réponse ne tarda pas à arriver puisque le petit Lug vendait déjà la mèche. D’un mouvement lent, Lorie retourna s’asseoir sur la voiture aux couleurs vertes. Se délectant de toute l’interaction entre le frère et la sœur. Un sourire aux lèvres la blonde observa sa sœur qui était bien loin de tout ce qu’elle avait pu montrer auparavant, mais ou était donc la petite fille timide n’osant pas faire les quatre cents coups ? Bien loin de la figure qu’elle avait en face si on s’en référait aux toiles d’araignées et à la peinture sur sa robe. Bon… La peinture, c’était peut-être sa faute, ainsi que celle de Rose. Par chance, le mur s’était avéré épais.

Lorie manqua de s’étouffer quand le petit Daroux fit l’impertinent, et pourtant, s’était pas mal renvoyé. Amusée, Lorie étouffait un rire en posant son regard sur Suze qui semblait bouillir. Mais pas de chance, le rire de Lorie s’estompa lorsqu’elle entendit les pas d’une personne qui approchait. Puis, fixant Louise qui venait d’arriver pour observer tout le bazar, elle ne manqua pas son air pantois. La bouche bée de Louise avait jeté un silence glacial sur la petite assemblée. Du moins jusqu’à ce que celle-ci tourne les talons pour rebrousser chemin.

« Je n’ai rien vu, chocolat chaud dans cinq minutes ! S’était-elle exclamée alors qu’elle était déjà en route pour lever la punition d’Elina. Ces gamines vont me tuer… » Soupira-t-elle.


Pensée qui avait rejoint ses sœurs observa Louise remonter et disparaître. Puis elle balaya le garage du regard. Un silence gêné l’empêcha de commenter la scène totalement chaotique, son père allait peut-être faire une crise cardiaque en voyant tout ça.

« Bon… Chocolat chaud ? » Proposa la plus grande des Fleury avec un visage crispé, mais tout de même satisfait.

Lorie questionna Suzanne d’un petit mouvement de tête, il était de toute façon temps d’arrêter les bêtises, l’atelier « d’arts plastiques » avait été suffisamment destructeur, il n’y avait pas besoin d’en rajouter.

« C’est vrai qu’on a mérité un chocolat chaud, autant les explorateurs que les artistes, s’amusait Lorie alors qu’elle se laissait glisser du capot. Oh Rose ? tu peux ? » le regard de Lorie se posa sur le pied couvert de bandage de Suzanne.

« Soigner ta petite amie ? Yup ! Mais dans le salon. »

Lorie fixa Rose en clignant plusieurs fois des yeux comme sonnée par l’affirmation de sa sœur qui avait déjà tourné les talons pour cacher son petit sourire narquois. Visiblement très satisfaite d'avoir mis mal à l'aise la grande championne.

« Heu ben, c’est que… Eh Attends ! On est pas ensemble ! » S’exclama la mage blanc qui emboîta les pas de sa sœur.

Pensée fixa Suzanne timidement et détourna le regard sur Teilo quand elle croisa les yeux de la grande Daroux.

« Moi, j’aimerais bien un chocolat chaud » sa voix était étouffé par sa timidité maladive, mais elle avait un grand sourire pour son ami.
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