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Nathaniel Amber
Nathaniel Amber
6ᵉ année, Ogme

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6ᵉ année, Ogme

Nathaniel Amber
https://www.beauxbatons.org/t243-nathaniel-amber#1342

Dim 7 Jan 2024 - 21:35

(Belgique) La boîte aux souvenirs Q7ry
   







    Depuis aussi loin qu'il puisse s'en souvenir, Nathaniel a prit l'habitude de glisser dans une boîte dissimulée sous son lit, tout un tas d'objets qui se rattachent à des souvenirs importants pour lui. Qu'ils soient tristes ou joyeux, chaque moment qui l'a marqué a trouvé sa place à travers un objet lié, dans cette boîte. Cette dernière n'a pas quitté sa cachette, du côté de la tête de lit sous celui-ci.    C'est une simple boîte en bois qui n'a ni couvercle ni décoration.        



-Maison Peyron-Amber  Bruxelles-
     
-Fleur séchée-


    Le 11 mai 2012.
Nathaniel a quatre ans et demi.
       


Timéo commençait à s'inquiéter sérieusement. Alors que certains parents à qui il parlait semblaient chercher désespérément le silence chez-eux, lui aurait parfois préféré que son fils unique soit bruyant. Comme Laura se reposait il ne voulait pas crier à travers la maison, mais il commençait à s'impatienter de ne pas trouver son fils, et ne pas pouvoir se laisser guider au son des jeux du garçon l'inquiétait encore plus. Il entra dans le petit salon, la dernière pièce qu'il n'avait pas encore vérifiée, décidant que même si sa compagne dormait, tant pis il crierait à leur garçon de venir le rejoindre.   Il trouva finalement l'enfant assit derrière l'un des fauteuils, tournant une fleur séchée dans ses petites mains. Nathaniel tourna la tête en entendant le bruit. Il tendit aussitôt ses bras vers son père, présentant l'objet en faisant un petit sourire, ce qui équivalait pour lui à un éclat de rire. Timéo vit une lueur de déception passer dans les yeux bruns du garçon avant que celui-ci ne baisse ses  mains. « Est-ce que c'est pour maman? »     Nathaniel leva le regard vers son père et acquiesça vivement de la tête. Ce n'était pas difficile à deviner vu sa déception. Le jeune père plissa les yeux pour observer la fleur et tenta de réprimer un sourire. « Tu voulais lui faire une surprise? » Nouvel acquiescement. Le petit garçon se leva enfin, fit les quelques pas qui le séparaient de son père et leva son présent fané depuis des années, et pour cause, vers l'adulte qui comprit l'intention dans le geste. « Oui, je penses que cela lui ferait plaisir mais tu sais,... en fait cette fleur est à moi. »     Nathaniel baissa les yeux sur la fleur, puis releva un regard déçu vers son père tout en lui tendant l'objet pour qu'il le reprenne. Timéo ne put empêcher un petit rire avant de se baisser à la hauteur de l'enfant en prenant le présent des mains. « En fait, c'est ta maman qui me l'a offert. Elle l'avait perdue le jour où l'on s'est rencontrés, et quand je la lui est rendue plus tard, elle me l'a offerte. »   Silence. Nathaniel avait dans ses yeux ce même air qu'il avait quand il attendait la suite de son histoire du soir, avant d'aller dormir. Timéo, se moquant de la bienséance et des autres choses qu'on lui avait apprises, s'assit en tailleur sur le sol et laissa son fils s'asseoir sur ses genoux. Il plaça la fleur devant eux et raconta alors sa rencontre avec Laura qui était plutôt banale.    

*  *  *

    Lui venait juste de fêter la fin de ses études à BeauxBâtons avec Maxime, l'un de ses camarades de confrérie avec qui il était proche. Ils avaient décidés de s'installer au café Abréger à Paris avec quelques autres amis et les amis de ceux-ci. L'une de ses personnes, Julie, avait elle demandé à sa cousine, Laura, de cinq ans plus âgés qu'eux de se joindre à eux. Timéo avait été placé à côté d'elle et de peur qu'elle ne soit éjectée des anecdotes que chacun et chacune racontaient à tour de rôle, il les lui avait expliquées avant de diriger la conversation vers d'autres choses, comme ce qu'elle aimait ou les études qu'elle avait choisies de poursuivre. Puis elle était partie précipitamment, ayant oublié un rendez-vous pour son travail, ne s'apercevant pas que l'une des fleurs séchées qui composaient la broche qu'elle avait épinglée sur sa robe était tombée dans le mouvement. Timéo l'avait bêtement ramassée en se disant qu'elle y tenait peut-être.   Laura l'avait par la suite invité à venir l'écouter jouer dans son groupe de sorciers musiciens, puisqu'il avait dit qu'il n'avait jamais été à un concert de sa vie. Ensuite, Timéo l'avait aidée à choisir la décoration de son nouveau salon suite à son déménagement. Tous les deux s'étaient ainsi invités mutuellement pendant plus d'une année avant de finalement se mettre ensemble.    

*  *  *

    « Enfin elle ne me l'as pas réellement offerte, mais elle m'a dit que je pouvais la garder, c'est tout comme non? J'aime beaucoup cette fleur, elle me rappelle le jour où je l'ai rencontrée. Et ça aurait été triste si ça n'avait pas été le cas. Tu comprends? » Toujours sur les genoux de son père, Nathaniel acquiesça. Bien sûr qu'il comprenait. Il comprit aussi à quel point des choses pourtant insignifiantes pouvaient être importantes. Le petit garçon se sentit bête d'avoir tenté d'offrir à sa maman un souvenir qui n'était pas le sien. Quand il se leva enfin, Timéo lui tendit la fleur après avoir réfléchi un instant. « Après tout, ce serait surement bien si tu lui offrait cette fleur. Ta maman adore les cadeaux et les fleurs. Est-ce que tu avais une raison pour la lui offrir, ou tu voulais juste lui faire plaisir? » Nathaniel se frotta doucement les avant-bras avant d'ouvrir la bouche : « Son anniversaire. »

  « Anni... » Timéo devint blanc en regardant la date sur le calendrier, posé sur le buffet. Effectivement, aujourd'hui était l'anniversaire de Laura. Et il l'avait complètement oublié. Le jeune père se hâta d'écrire un mot qu'il envoya d'un sortilège sur la table de nuit de Laura, avant de prendre leur fils sous le bras et se dépêcher de sortir de la maison. Tous les deux revinrent en début de soirée, avec un petit cadeau et un énorme bouquet de magnifiques fleurs. Nathaniel les trouva bien trop jolies pour y ajouter celle qu'il comptait lui offrir en début de journée. Alors il garda celle qu'il avait, sans le vouloir, volé à son père.    


  Plus tard, Nathaniel glissa la fleur dans une boîte, décidant de la garder précieusement jusqu'à ce que son père la lui réclame. Elle fût la toute première à entrer dans la boîte à souvenirs du petit garçon.
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6ᵉ année, Ogme

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Dim 7 Jan 2024 - 21:43


   
-Maison Peyron-Amber  Bruxelles-
     


-Parchemin déchiré-
 


 Le 28 novembre2012
Nathaniel a cinq ans
     

 Assis par terre, le dos contre le dossier de son fauteuil préféré dans le salon, Nathaniel tourne tranquillement les pages de son livre d'images. Déjà silencieux d'ordinaire, il se fait encore plus discret depuis que sa maman est revenue de l'hôpital, parce qu'on lui a dit qu'elle était très fatiguée. Le petit garçon a vu aussi que sa maman était très triste et en colère, mais il n'était pas certain de savoir pourquoi.    
Son père lui avait expliqué, quand ils étaient rentrés, que Laura avait perdu le bébé qui était dans son ventre. Personne ne lui avait précisé comment, ni pourquoi personne ne l'avait cherché. Un bébé dans un hôpital, ce ne devait pas être compliqué à trouver non? Est-ce que les bébés savaient jouer à cache-cache?    

 Il y eut un bruit sourd qui fit sursauter l'enfant. Il referma précipitamment son livre et tourna la tête dans la direction d'où provenait le son. Il y eut des bruits de pas qui martelaient le sol, le garçon reconnut la porte qui claqua alors comme celle de l'entrée, et enfin le silence revint.  
 Après quelques instants, il entendit quelques pas plus doux se diriger vers le fond du couloir. Timidement, Nathaniel se leva et se dirigea là-bas. Son père se tenait devant la porte de ce qui aurait du être la chambre de sa petite sœur ou de son petit frère.

« N'approches pas Nat'. Il y a des bouts de verres par terre. » murmura Timéo en tendant une main devant son fils. Il sortit sa baguette et rentra dans la pièce afin de nettoyer et réparer ce qui devait l'être.    
 Obéissant, Nathaniel ne bougea pas, il fit seulement un tout petit pas pour récupérer un morceau de parchemin déchiré qui avait été éjecté de la chambre. Le petit garçon reconnu une partie du dessin qu'il avait fait pour son frère ou sa sœur. Quand son père se fut occupé du verre brisé et de tout ce qui était susceptible de le blesser, l'enfant demanda du bout du doigt s'il pouvait entrer. Une fois qu'il en eut le droit, il récupéra les autres morceaux de son dessin et repartir derrière son fauteuil.  
 Le garçon posa le tout au sol et les assembla comme un puzzle, impassible. Sur le parchemin, on pouvait encore voir quatre personnages grossièrement dessinés. Il y avait ses parents, chacun avec une baguette à la main, lui et un enfant plus grand que lui en taille mais qui était plus jeune. Il s'était appliqué pour ne pas dépasser en coloriant, pour faire le plus beau dessin afin de l'offrir à sa sœur ou son frère.    

 « Veux-tu que je le répare? » demanda son père. Nathaniel sursauta, ne l'ayant pas attendu arriver, et secoua un peu vivement la tête de manière négative. « Maman... pourquoi? » fit le petit garçon en serrant les morceaux de papiers contre lui. Timéo soupira avant de se laisser glisser au sol aux côtés de son fils.  
 « Maman est très triste parce..., le bébé qui était dans son ventre est parti pour rejoindre Grand-Pa et Grand-Ma. Et elle est très fâchée à cause de cela aussi. Est-ce que tu comprends? » Nathaniel approuva de la tête. Oui, il comprenait que maman soit en colère, il se souvenait que papa l'était aussi quand Grand-Ma est partie alors qu'il était encore plus petit.  « Maman va revenir, on va lui préparer quelque chose qu'elle aime beaucoup, d'accord? »    

  Nathaniel glissa les morceaux de parchemin dans sa boîte, ayant toujours refusé qu'il soit réparé. Ce dessin représenterait toujours pour lui cette sœur ou ce frère qu'il n'avait pas connu mais qui avait tout de même sa place dans leur famille.  
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6ᵉ année, Ogme

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Dim 7 Jan 2024 - 22:05


       
-Appartement Amber  Paris-
     

-Plume à encre éternelle-
 

  Septembre 2014
Nathaniel a six ans et demi.
   


Nathaniel ne s'était pas encore trouvé de place préférée dans le nouvel appartement qu'il partageait avec son père. Il avait gardé sa place à la maison, même si le fauteuil avait été changé, mais ici il n'avait pas encore choisi un endroit confortable où se placer pour lire. Alors il restait dans sa chambre sur son lit qui était en hauteur, là il pouvait chatouiller le plafond avec le bout de ses doigts lorsqu'il était allongé.  
v Il y avait eu beaucoup de changement cette année en peu de temps. D'abord la séparation de ses parents, puis le déménagement de son père, et enfin l'arrivée d'une préceptrice aujourd'hui pour lui faire les leçons. Jusque là, c'était Timéo qui lui donnait des cours, mais à présent il n'aurait plus autant de temps qu'avant à lui consacrer pour cela.    

 Le garçon avait entendu que Doris Heger avait été recommandée à Laura par d'anciens camarade de l'académie. C'était Timéo qui l'avait approchée et lui avait fait la demande d'enseigner à leur fils. Le petit garçon appréhendait un peu ce premier jour de leçon, il n'était jamais resté seul avec un autre adulte que ses parents, et encore même avec Laura il n'était jamais longtemps uniquement avec elle.    
 Quand elle arriva, quelques heures plus tard, Nathaniel était déjà prêt. Il se tenait droit devant la cheminée, et tout le matériel dont ils pourraient avoir besoin les attendaient sur le pupitre placé dans la future bibliothèque.
« Bonjour messieurs. » dit-elle, ce à quoi le garçon répondit par un hochement de tête poli. Les adultes parlèrent un peu entre eux, Timéo proposa une boisson à la préceptrice et cette dernière invita son nouvel élève à la guider jusqu'à l'endroit où ils feraient les leçons.    

 « Bien. » dit-elle une fois qu'il fût installé. Le thé qu'elle avait poliment accepté arriva, et elle commença en plaçant une feuille de parchemin devant l'enfant. « Voilà un petit questionnaire afin d'évaluer votre niveau actuel. N'hésitez-pas si vous avez des questions. »    
Nathaniel acquiesça doucement, et voulu commencer mais nerveux, il se tourna un peu vite et renversa l'encrier sur le pupitre. Il sauva le parchemin in extremis, regardant simplement l'encre couler sans réagir autrement. Doris nettoya cela d'un coup de baguette, qu'elle rangea ensuite dans sa manche et regarda l'enfant qui se levait déjà pour aller chercher un autre pot d'encre.    

 « Inutile. » dit-elle. La femme sortit une plume à l'apparence classique de sa pochette et la donna au garçon. « Tenez. C'est une plume éternelle. Vous n'avez qu'à écrire, elle se charge de fournir l'encre. » Le nouvel élève acquiesça et se mit à la tâche. Il mit moins d'encre partout, surtout en tant que gaucher. Il remplit ce qu'il put, ce dont il se souvenait et nota quelques questions à la fin, plutôt que de les poser à voix haute.  

 Le temps passa rapidement, et même si Doris lui parla peu au final, il apprécia beaucoup cette première journée. Il trouva que sa préceptrice avec un air sévère, mais après avoir passé l'après-midi avec elle il vit qu'elle était plutôt douce. Il ne doutait pas qu'elle serait sévère en cas de besoin.      
Quand le temps du cours du jour fût terminé, Nathaniel tendit honnêtement la plume à sa préceptrice. Celle-ci refusa d'un signe de la main en ajoutant : « Gardez-là, j'en ai une autre. Au revoir messieurs. » fit-elle une fois devant la cheminée, alors que Timéo se levait pour la saluer. « A demain Nathaniel. »  
 Le garçon approuva de la tête, et se tourna vers son père une fois qu'elle fut partie. Timéo attendait ce moment pour savoir comment cela s'était passé, et fut rassuré de voir que tout se passait bien pour le moment.        

Nathaniel se servit de cette plume jusqu'à ce qu'il doive partager sa préceptrice avec Esther Lombard. Craignant de la perdre, il préféra la placer dans sa boîte à souvenirs.  

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Lun 8 Jan 2024 - 11:23


 
-Rue Claudel  Paris-
   

-Sucre d'orge-
   


Juin 2015,
Nathaniel a sept ans et demi.
 


 Cela faisait presque un an que ses parents étaient séparés, mais Nathaniel avait toujours ces moments où il était certain qu'il allait voir son père en train de lire dans son fauteuil, dans la bibliothèque. Mais le meuble en question tout comme Timéo se trouvaient dans un appartement à Paris, qu'il avait pu acheter en grande partie grâce à l'héritage de ses parents. A présent, l'enfant devait partager ses semaines entre ses parents, et naviguer de la maison à l'appartement chaque samedi.
  Il n'aimait pas vraiment cela, mais ne détestait pas non plus. Passif, il se laissait faire. De toute façon il n'aurait rien put faire ou dire qui les aurait fait changer d'avis.  

  Le garçon avait une petite préférence pour son père, même s'il ne l'avait jamais dit, et appréhendait parfois légèrement les moments qu'il devait passer avec sa mère. Il s'était rendu compte, après leur séparation, qu'il n'avait jamais réellement passé énormément de temps seul avec elle, son père était celui qui l'emmenait souvent voir des tas de choses, lui donnait les bases de la vie sorcière.  
 Laura s'était presque aussitôt offusquée de son manque de conversation, et alors que le garçon avait jusqu'ici eût l'habitude de parler avec le minimum de mots possibles, elle ne manquait pas de patience pour le forcer à former des phrases correctes. Elle en était même venue à demander à Timéo et Doris, sa préceptrice, de faire de même. Heureusement pour le garçon, aucun des deux deux adultes n'avaient suivit sa demande.    

 Nathaniel l'ignorait, mais son père avait avoué à Laura qu'il avait été plus bavard que d'habitude quand ils s'étaient promenés dans la rue Claudel quelques jours plus tôt, alors la femme avait décidé d'emmener son fils dans cet endroit qui semblait le rendre bavard. En réalité le garçon avait juste fait quelques remarques sur certains objets dont Doris lui avait parlé en cours, et qu'il ne voyait en vrai que dans les boutiques de la rue. « Alors, qu'est-ce que tu veux faire? Est-ce que tu as faim? Est-ce que tu veux aller voir les jardins? Ou aller à Magillard? »  
 Le garçon hausse les épaules. Peu lui importe, lui est déjà venu il y a peu, il a déjà vu tout ce qu'il voulait voir. Il donne un coup de tête en direction de sa mère pour lui demander son propre avis. « Avec des mots Nathanaël. On forme des phrases pour communiquer. » Elle soupire, s'arrête une seconde au milieu de la rue, laisse quelques personnes passer puis reprend comme si de rien n'était : « Oh, fait moi penser avant de partir il faut que je passe chez Mr Sanfin, d'accord? Est-ce que tu veux faire un tour à la maison McAron, ou à la confiserie peut-être? »  

La main dans celle de sa mère, l'enfant suit le mouvement. Nathaniel n'a réellement envie de rien, seulement de rentrer mais il ne dit rien. En revanche, en parlant de la confiserie il a un souvenir qui lui revient. Doris lui a parlé des sucreries, elle avait été étonnée qu'il ne sache pas les effets que certaines produisaient quand on les mangeait. Son père ayant comprit qu'il n'aimait pas les choses sucrées, ne lui en avait jamais fait goûter.  
 « Le sucre d'orge... fait saliver. Vrai? » hésita Nathaniel réfléchissant à haute voix. « Oui, c'est vrai. Tu en veux un? Est-ce que tu as déjà mangé une dent de Parisette? Tu verras c'est très drôle! » Et Laura le tira jusqu'à la confiserie, ravie d'avoir enfin tiré quelques mots de son fils. « Je... je n'aime pas... » murmura le garçon, dont la réclamation fut balayée d'un signe de la main.  

 L'enfant ressortira avec le sucre d'orge à la main et dira ne pas avoir faim (ce qui n'était pas totalement faux, l'idée de manger la sucrerie lui ayant couper l'appétit). La journée continuera ainsi, Nathaniel parlant un peu pour faire plaisir, et Laura l'écoutant tout en ignorant son avis, le trainant dans toutes les boutiques ravie de passer un moment "normal" avec son fils.  

 Nathaniel retiendra deux choses de cette journée : s'il n'aime pas parler il peut faire quelques efforts pour sa mère. Mais cette dernière n'en fait pas pour écouter ce qu'il dit. Aussi le garçon a gardé le sucre d'orge dans sa boîte sans jamais y goûter. Ce souvenir est le premier qu'il a qui n'est ni bon ni mauvais, bien qu'il lui ai laissé un goût amer.        

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Lun 8 Jan 2024 - 11:56


   
-Appartement Lombard-Pérez  Paris-
 

     
-Amulette-
   

  Avril 2017,
Nathaniel a dix ans.
   

   « Avez-vous la réponse à ma question Nathaniel? »  
   Le garçon secoua négativement la tête. Doris fronça les sourcils, sembla débattre intérieurement mais n'insista pas et se tourna vers Esther. La vérité, c'était qu'il avait bien la réponse à la question posée, mais il refusait d'ouvrir la bouche pour la donner.    

 Quelques jours plus tôt, il était revenu de chez Laura avec la ferme intention de ne plus parler. Un soir il avait craqué. Sa mère avait insisté toute la journée, ne changeant pas de sujet tant qu'elle n'avait pas obtenu gain de cause, pour qu'il parle. Et lorsqu'il s'était finalement exécuté à contrecœur pour donner son avis, elle ne l'avait même pas écouté. Enfin si, elle s'était arrêtée sur le son de sa voix, mais n'avait pas fait attention à la signification de sa phrase. « A quoi ça sert de te répondre? Tu ne m'écoutes même pas. » avait-il fini par lâcher, avant de retourner dans son mutisme.  

  Pourquoi personne ne voulait le comprendre? Il n'avait aucune envie de parler, surtout que bien souvent très peu de mots suffisaient pour se faire comprendre, alors pourquoi l'obliger à former des phrases à rallonge?  
 Enfin si, quelques personnes semblaient le comprendre : son père bien sûr et Doris. Même Esther le poussait parfois même physiquement pour lui arracher quelques paroles.    

C'était d'ailleurs ce qu'elle avait fait à nouveau ce jour-là, le faisant craquer dans son vœux de silence. « Laisse-moi! Je n'ai pas envie de parler. De toute façon, ça ne sert à rien,... personne n'écoute! »   Esther le surprit à cet instant. Nathaniel s'attendait à des insultes, à être rabaissé ou bien même à ce qu'elle lui hurle dessus. Mais la fillette ne fit rien de tout cela. « Tu n'aimes pas parler et j'aime pas écouter. Mais les adultes, ils comprennent rien. » Le garçon, même s'il ne montrait rien, était choqué par la douceur de sa phrase. Au moins ils étaient d'accord sur un point : les adultes et leur compréhension des vrais problèmes en était un à lui tout seul. Sa cadette ôta l'amulette qu'elle portait à son cou, et le lui donna. « Je te le donne, maman me l'a donné pour dormir le soir. J'ai plus peur maintenant... t'en as plus besoin que moi. » Et juste comme cela, le garçon se retrouva avec un talisman qui devait le protéger... de quoi? Nathaniel n'en était pas certain, et il ne voulu pas demander des explications à Esther. Simplement il accepta le présent, gonflant les joues alors qu'il se retenait de pleurer - il ne comprenait pas pourquoi les larmes lui montaient ainsi aux yeux- et hocha la tête avant de se détourner.  
  Quelques jours plus tard, il posa devant Esther une chaîne en argent fin pour "remplacer" le collier qu'elle lui avait offert.  

  L'amulette d'Esther est le seul objet de sa boîte qui en sort régulièrement. Nathaniel retire parfois cet objet de là pour le porter quelques temps, avant de l'y remettre Quand il est à l'académie, l'amulette ne quitte pas son placard sauf pendant les vacances où l'objet rentre avec lui.    

   
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Lun 8 Jan 2024 - 12:05


   
Maison Peyron  Bruxelles
 

   
-Tickets divers-
     

 Octobre 2018

   Assit en tailleur par terre juste à côté de son lit, Nathaniel regardait les différents papiers qu'il avait dans les mains. Il n'avait pas fouillé dans sa boîte à souvenirs depuis un long moment, alors il avait pensé à faire un peu de tri, voir s'il pouvait se débarrasser de choses, alors qu'il était venu pour en rajouter toute une liasse. Le garçon n'était pas revenu chez sa mère depuis presque un an, et cette dernière n'avait formulé la demande pour passer à nouveau du temps avec lui il y avait quelques semaines seulement. Trop occupée avec son nouveau couple, Laura n'avait prêté aucune attention à son fils pendant plusieurs mois. L'enfant en avait fait part à son père au début, il avait réclamé sa mère quelques temps puis avait laissé tomber. Si elle préférait passer du temps avec son nouveau compagnon et les enfants "normaux" de ce dernier alors tant pis.  
 Donc aujourd'hui, alors qu'il voulait déposer dans sa boîte de nouveaux objets, il avait décidé de non seulement faire du tri mais de la reprendre avec lui, la placer chez Timéo.  

  Finalement, après l'avoir entièrement vidée, le garçon ne put se résoudre à jeter quoi que ce soit. Qu'ils soient bons ou mauvais, tout ces trucs et ces machins sans valeurs pour beaucoup étaient ces souvenirs, et ils étaient précieux pour lui. Même cette sucrerie maintenant immangeable, qui lui rappelait que sa mère ne s'intéressait pas vraiment à lui. Nathaniel transvasa les objets dans un coffre en bois que son père lui avait offert, puis plia un parchemin en deux et y glissa les papiers divers qu'il voulait garder. Il y avait entre autre le parchemin que Lorie Fleury lui avait écrit quand il avait joué aux échecs avec elle, un billet de la coupe du monde de Quidditch, deux autres du Cirque Arcanus portant deux dates différentes. S'il devait séparer les souvenirs qu'il avait avec Timéo, de ceux avec Laura, il y en aurait beaucoup plus avec son père, et très peu de mauvais au contraire de ceux avec sa mère. Fort de cette constatation, l'enfant glissa dans son sac le coffre en bois et d'autres choses comme des livres ou des dessins qu'il avait faits. Il préférait laisser le moins de choses possibles auxquelles il tenait chez sa mère, pour le cas où elle recommencerait à oublier qu'il existait. Pour autant il voulait profiter de ces moments qu'ils passaient ensemble, elle et lui, parce que même si elle ne le comprenait pas et essayait de le changer, elle restait sa maman.    

  La boîte fut donc remplacée par un petit coffre en bois joliment décoré par Timéo, et placée chez ce dernier sous le bureau de Nathaniel dans sa chambre.    

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