Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Dimanche 27 Octobre 2024
11h05
Troisième année
11h05
Troisième année
Teilo s'assura que la porte s'était bien refermée derrière lui et que personne n'était dans le salon avant de s'autoriser un long soupir de soulagement. Il avait besoin d'une pause, juste cinq minutes de calme, cinq minutes où il était quasiment assuré de ne pas être dérangé. Le salon des délégués était l'endroit idéal puisque même les professeurs n'y avaient pas accès. Disait-on.
Le Lug prit quelques secondes pour calmer sa respiration, bailler et se frotter les yeux. La rentrée avait été... frénétique. En troisième année, il avait l'impression que les professeurs leur en demandaient encore plus et il n'était pas question de décrocher. Il travaillait beaucoup, relisait méthodiquement ses cours, rendait ses devoirs en temps et en heure. Il s'avançait même un peu sur le cursus. Et quand il ne travaillait pas, il devait juguler le peu qu'il lui restait de temps libre entre le club des Bâtisseurs, les entraînements de Quidditch, sa préparation pour le tournoi de duels, quelques tranches de bon temps avec ses amis et ses fonctions de délégué.
Teilo défit le bouton du haut de son col de chemise et arpenta d'un pas traînant le salon qu'il n'avait pas encore eu le temps d'apprivoiser. Un feu crépitait dans la cheminée et tamisait la pièce d'une douce lumière ambrée. La petite fenêtre à côté donnait sur... un bout de rempart. Pas terrible comme vue mais pour le coup, personne ne pouvait les espionner de l'extérieur. Le texte intégral du règlement intérieur de l'établissement était placardé en grand sur le mur à droite - pratique pour vérifier qu'on ne venait pas de dire n'importe quoi aux première année ou juste pour réviser.
Dommage, il n'y avait pas de Charte du Bon Délégué, ou quelque chose de similaire, ça l'aurait bien aidé.
Le regard de Teilo s'attarda sur le petit arbuste épineux qui donnait des baies de givre au solstice d'hiver et qui faisait partie des murs, d'après ses collègues. Mince. La guirlande avait disparu. Il fronça les sourcils en la cherchant sous la table, dans les tiroirs de l'armoire, sous le fauteuil. Comme il ne la trouvait pas, le Lug soupira et sortit sa baguette. "Accio guirlande."
Ha ! Quelqu'un avait du trouver drôle de la mettre au cou de Pinocchio - c'était comme ça qu'il appelait le pantin de duel personnalisé que Mérédice avait installé dans un coin du salon. Il tendit la main juste à temps pour attraper cette guirlande bleue, rouge et or qui volait jusqu'à lui puis hocha la tête pour s'auto-féliciter d'avoir bien assimilé ce sort très pratique de quatrième année. N'en déplaise au tableau du moine décapité, la curiosité pouvait parfois être très utile.
D'un pas lent, étouffé par le tapis, il s'approcha de l'arbuste et le revêtit trèèès doucement de cette guirlande de Noël en prenant bien soin de ne pas toucher aux feuilles épineuses. Il faisait ça avec grand sérieux : en tant que plus jeune délégué, il était de facto le responsable de cette guirlande qui devait toujours rester propre et autour de l'arbuste. Pourquoi donc ? Les autres répondaient toujours évasivement à cette question. Il avait juste compris que c'était la tradition.
Sa tâche accomplie, il se laissa tomber dans le premier fauteuil venu et bailla à s'en décrocher les mâchoires. Il se sentait perpétuellement fatigué depuis quelques semaines, au point de s'être même endormi une fois pendant un cours de Monsieur Delalande. Mais ça allait ! Guider et rassurer les première année à tout instant de la journée lui demandait beaucoup d'énergie mais il adorait faire ça. Pour les plus petits, il était un référent, un repère, presque comme un grand frère. Là, il venait du réfectoire où il avait joué pendant une petite heure le promoteur touristique auprès de celles et ceux dont c'était la toute première sortie à Osse en Bazar - il avait aidé par la même occasion Monsieur Gautier à vérifier qu'ils avaient bien tous le droit d'y aller. Certains avaient oublié de demander l'autorisation de leurs parents, il avait fallu faire preuve d'intransigeance, de patience et de diplomatie. Il avait même dû consoler un Ogme qui s'était mis à pleurer.
Cinq minutes de repos, pas plus. Mais Teilo grommela. Ses fesses cognaient sur... un truc que quelqu'un avait laissé traîner là, sur le fauteuil. Un livre dont le titre lui arracha un rire sans joie : Faites vous respecter ! Comment asseoir votre autorité naturelle. Qui lisait ça ? Sûrement pas Lorie ni Drian, ils n'en avaient pas besoin. Mérédice non plus. Teilo soupira, s'assit en lotus dans le fauteuil et se mit à feuilleter quelques pages, juste comme ça. Mais le propos était tellement ampoulé et verbeux que ses yeux se fermaient tous seuls. Et il était bien ici, seul avec le doux feu réconfortant de la cheminée, et le fauteuil lui semblait très confortable. Moelleux même. Très moelleux.
Deux minutes plus tard, sans qu'il ne s'en soit vraiment rendu compte, le livre lui était tombé des mains. Teilo s'était avachi, recroquevillé et endormi. Sa joue droite était venue tout naturellement se poser contre un bras du fauteuil. Son pied gauche dépassait dans le vide de l'autre côté. Dans le salon, seule sa respiration tranquille et régulière accompagnait maintenant le crépitement du feu.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Dimanche 27 octobre 2024 - 11h20
Sixième année - 17 ans
Salon des délégués
______
Sixième année - 17 ans
Salon des délégués
______
Je ne rêve que d'une chose, m'enfuir de cette atmosphère étouffante qu'est devenue Beauxbâtons. Chaque jour qui passe, je regrette mon choix d'être monté dans ce carrosse. Ces yeux invisibles qui m'épient sans relâche me laissant une répugnante sensation partout où je me trouve, cette tension latente dès que j'ai le malheur de croiser le majordome et, probablement le pire, l'indifférence du professeur Delalande lors des cours d'Alchimie ont fait de ses deux premiers mois un enfer. Je suis certain également que d'une façon ou d'une autre, le chateau s'y est mis. Les fauteuils font semblant de ne pas aller assez vite pour mon royal postérieur, les portes se ferment devant moi - ou c'est peut-être bien le fait de Côme ça - et les fées perdent constamment mes messages. Quant aux Michels, ils ne m'ont jamais autant insulté que cette année. Encore l'autre jour, il m'ont traité de "tête de cul", une première ! Bien que les élèves et les autres professeurs agissent comme d'habitude à mon égard - bien heureux sont les ignorants - et malgré la présence de Tobias et encore plus d'Abbie, je ne me suis jamais senti aussi seul. Contrairement à ce que le directeur a prétendu, cette école n'est plus mon foyer.
Toutes ces tensions ont ravivé mes vieux cauchemars pour les mêler à des nouveaux et chaque nuit, se joue un scénario différent pour me laissé épuisé, tremblant et nauséeux au réveil. Les morts se disputent aux vivants, Aliaume côtoie la mage noire agonisante tandis que les yeux vides de Thiberius Vaillant contemple avec moi les soubresauts des corbeaux, quand tout le monde n'est pas de la partie en même temps. Seule la présence d'Abbie repousse les mauvais rêves mais ce luxe n'est possible que quelques heures volées, lorsque nous nous rejoignons au beau milieu de la nuit dans la pièce commune de la tour d'Ogme. Il n'y a que dans ses bras que je parviens à m'endormir paisiblement, mais ce n'est pas suffisant.
Les yeux cernés, je regarde avec envie les élèves profiter de cette journée de liberté pour s'enfuir vers Osse-en-Bazar. Cette possibilité m'a été enlevée, tout comme celle de pouvoir m'évader pendant les vacances. Beauxbâtons est ma prison, une prison que j'exècre de plus en plus. Un coup de sang me fait partir d'un pas colérique sans réelle destination jusqu'à ce que je sente à nouveau peser un regard sur moi. Je me retourne vivement et regarde dans tous les sens. Rien. Il n'y a rien de vivant dans ce couloir. Que des murs, un tableau dont le protagoniste est endormi et un candélabre. Je serre les dents, je n'en peux plus. J'ai besoin d'éloigner cette tension rien qu'un peu, de m'isoler loin de tous.
D'un pas décidé, je me dirige vers le salon des délégués. Ils doivent tous être soit dans les jardins, soit dans leur tour ou encore à Osse-en-Bazar. Même les plus zélés ne vont pas dans le salon un dimanche sans qu'une réunion y soit organisée et bizarrement, la pression que je sens continuellement dans ma nuque s'y fait moins présente. Je ne suis pas loin, quelques minutes plus tard, je me tiens devant la porte. Je l'ouvre doucement, passe la tête. Personne à l'horizon. J'entre alors complètement et me fait surprendre par la guirlande qui quitte l'arbuste de baies de givre pour s'enrouler joyeusement autour de moi. Je la caresse - même trois ans plus tard, je trouve encore ça étrange - et elle reste paisiblement autour de mes épaules. Je crois que Teilo n'a pas encore découvert qu'elle se déplaçait toute seule, il la replace systématique sur l'arbuste. Elle fait toujours ça aux petits nouveaux. D'ailleurs... elle était bien dans l'arbuste à l'instant ?
Suspicieux, j'avance un peu plus et repère une masse cachée derrière le dos d'un des fauteuils. En me penchant sans bruit par-dessus, je vois le fameux Teilo recroquevillé et endormi. Que fiche-t-il ici ? C'est bien ma veine. Tant qu'il dort, il devrait me laisser tranquille mais pour combien de temps ? Je n'ai pas le courage de trouver un autre lieu, je me sens déjà un peu plus léger ici. Tanpis, je profiterai autant que je peux. Je m'installe moi aussi dans un fauteuil et passe mes jambes par dessus l'accoudoir. Immédiatement, les coussins et dossier s'allongent pour que je sois plus à mon aise. Ma tête tournée sur le côté, je regarde le gamin avec un sourire ironique. Il est encore suffisamment petit pour que le sofa ne se métamorphose pas. Encore assez jeune et innocent pour dormir paisiblement n'importe où probablement.
Je me tourne et fixe le plafond. Il joue un ciel nuageux mais calme, où quelques oiseaux se laissent apercevoir au loin, bien haut dans le firmament bleu. Je l'observe en silence et très vite mes yeux finissent par ne plus le voir. Sans même m'en rendre compte, me voilà plongé dans une pièce tamisée où le râle d'une forme féminine allongée au sol face contre terre me parvient. Je m'approche doucement, j'entrevois ma baguette tremblante dans ma main gauche. Je m'accroupis près du corps et d'un seul coup, elle tourne la tête vers moi. Je suis frappé d'un effroi terrible et je sens ma bouche s'ouvrir en un cri silencieux. Une face de corbeau aveugle remplace son visage, une écume sanglante dégouline de son bec.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Ces picolatons sont à NOUS, le mioche. On va revendre leurs oeufs, ils valent un paquet de liards. HAHAHAHA."
"Jamais de la vie ! Je ne vous laisserai pas faire !"
"Et qu'est ce que tu vas faire, d'abord ? Regarde toi. T'es tout petit, t'es nul en magie, t'as vu tes notes ? Rentre chez ta famille non-mag avant de te blesser ! Nous on est des vrais mages noirs."
"Vous avez tort, je suis bien plus fort que vous pensez !"
Fiouuuuush, d'un coup de baguette magique, Teilo fait apparaitre une tornade gigantesque qui fait voler au loin les trois ou dix méchants trafiquants d'animaux. Les cages des picolatons sont épargnées par la tornade qui disparait aussi vite qu'elle est venue. Normal, se dit Teilo, c'est un rêve. Il s'avance vers les picolatons, ouvre leur cage et s'envole avec eux dans le ciel bleu et sans nuages. Ils sont libres d'aller où bon leur semble, par dessus les étangs, ou juste de se laisser porter au gré du vent qui gémit...
Il est bizarre le vent, il gémit un peu comme un humain.
Teilo ouvrit lentement les yeux. Il n'était pas dans le ciel mais face à une cheminée. Son dos lui faisait mal et pour cause, il était en train de faire la planche en travers d'un fauteuil. Comment s'était-il retrouvé dans cette position ? Ha oui. Il s'était endormi dans le salon des délégués. Il prit quelques secondes pour respirer, cligner des yeux et se rassit tant bien que mal avec des gestes encore imprécis.
Le garçon ravala difficilement sa salive, sa gorge était un peu sèche. Pourquoi entendait-il encore le gémissement du vent ? Il tourna la tête vers l'origine du bruit, sur sa gauche. C'était Drian.
"Hein ?"
Depuis combien de temps il était là ? se demanda-t-il en se massant le ventre. Il avait raté le déjeuner ? Pourquoi Drian dormait-il dans le fauteuil à côté ? C'était une habitude chez les délégués de faire des petites pauses ? Confus, le Lug expira doucement en observant le plus grand qui gémissait encore. C'était un rêve intime ? conclut d'abord Teilo en rosissant instantanément des joues. Mais non, à en juger par ses traits tirés, c'était plutôt un cauchemar.
Teilo avait l'habitude des cauchemars, il en faisait au moins autant que des rêves et il s'en souvenait pas mal, même après avoir cessé d'utiliser son carnet pour les consigner. Le pire dans les cauchemars, c'était qu'on ne pouvait pas se réveiller facilement même en criant. On était pris au piège, même quand on s'appelait Drian Vaillant.
Ça faisait quelque-chose au Lug de voir ce grand qu'il avait érigé en modèle, ce délégué au charisme plus grand que les tours du château si... fragile et impuissant face à un simple rêve. A croire que tout le monde l'était, en fait, sans doute Monsieur Delalande aussi. Et ce malgré toutes les apparences qu'on voulait donner devant les autres.
Teilo se mordilla la lèvre, hésitant un peu sur la marche à suivre. A la place de Drian, il aurait apprécié qu'on le réveille et qu'on le sorte d'un cauchemar. Mais peut-être que l'Ogme aimait ça ? Lui qui avait tenté de lui enseigner le contrôle de soi, la volonté de se dépasser par la confrontation et de s'extirper de chaque situation sans aide extérieure, s'était peut-être donné pour défi de dompter à lui tout seul les démons de ses cauchemars ?
Hm. Ca allait un peu loin, comme raisonnement. Et puis Teilo savait qu'il n'y avait qu'une seule bonne chose à faire. Drian était en détresse, pas la peine de tergiverser. Comme les picolatons, il fallait le libérer. Il se leva de son fauteuil, le dos encore endolori par sa position de tout à l'heure et traîna un peu des pieds jusqu'au grand à qui il tapota doucement le bras. "Drian", dit-il le plus doucement et gentiment possible, comme sa mère avait souvent fait avec lui. "Drian, tout va bien. C'est juste un cauchemar."
Il attendit avec espoir que le grand ouvre les yeux, prêt à l'accueillir dans la réalité avec un sourire rassurant.
"Jamais de la vie ! Je ne vous laisserai pas faire !"
"Et qu'est ce que tu vas faire, d'abord ? Regarde toi. T'es tout petit, t'es nul en magie, t'as vu tes notes ? Rentre chez ta famille non-mag avant de te blesser ! Nous on est des vrais mages noirs."
"Vous avez tort, je suis bien plus fort que vous pensez !"
Fiouuuuush, d'un coup de baguette magique, Teilo fait apparaitre une tornade gigantesque qui fait voler au loin les trois ou dix méchants trafiquants d'animaux. Les cages des picolatons sont épargnées par la tornade qui disparait aussi vite qu'elle est venue. Normal, se dit Teilo, c'est un rêve. Il s'avance vers les picolatons, ouvre leur cage et s'envole avec eux dans le ciel bleu et sans nuages. Ils sont libres d'aller où bon leur semble, par dessus les étangs, ou juste de se laisser porter au gré du vent qui gémit...
Il est bizarre le vent, il gémit un peu comme un humain.
Teilo ouvrit lentement les yeux. Il n'était pas dans le ciel mais face à une cheminée. Son dos lui faisait mal et pour cause, il était en train de faire la planche en travers d'un fauteuil. Comment s'était-il retrouvé dans cette position ? Ha oui. Il s'était endormi dans le salon des délégués. Il prit quelques secondes pour respirer, cligner des yeux et se rassit tant bien que mal avec des gestes encore imprécis.
Le garçon ravala difficilement sa salive, sa gorge était un peu sèche. Pourquoi entendait-il encore le gémissement du vent ? Il tourna la tête vers l'origine du bruit, sur sa gauche. C'était Drian.
"Hein ?"
Depuis combien de temps il était là ? se demanda-t-il en se massant le ventre. Il avait raté le déjeuner ? Pourquoi Drian dormait-il dans le fauteuil à côté ? C'était une habitude chez les délégués de faire des petites pauses ? Confus, le Lug expira doucement en observant le plus grand qui gémissait encore. C'était un rêve intime ? conclut d'abord Teilo en rosissant instantanément des joues. Mais non, à en juger par ses traits tirés, c'était plutôt un cauchemar.
Teilo avait l'habitude des cauchemars, il en faisait au moins autant que des rêves et il s'en souvenait pas mal, même après avoir cessé d'utiliser son carnet pour les consigner. Le pire dans les cauchemars, c'était qu'on ne pouvait pas se réveiller facilement même en criant. On était pris au piège, même quand on s'appelait Drian Vaillant.
Ça faisait quelque-chose au Lug de voir ce grand qu'il avait érigé en modèle, ce délégué au charisme plus grand que les tours du château si... fragile et impuissant face à un simple rêve. A croire que tout le monde l'était, en fait, sans doute Monsieur Delalande aussi. Et ce malgré toutes les apparences qu'on voulait donner devant les autres.
Teilo se mordilla la lèvre, hésitant un peu sur la marche à suivre. A la place de Drian, il aurait apprécié qu'on le réveille et qu'on le sorte d'un cauchemar. Mais peut-être que l'Ogme aimait ça ? Lui qui avait tenté de lui enseigner le contrôle de soi, la volonté de se dépasser par la confrontation et de s'extirper de chaque situation sans aide extérieure, s'était peut-être donné pour défi de dompter à lui tout seul les démons de ses cauchemars ?
Hm. Ca allait un peu loin, comme raisonnement. Et puis Teilo savait qu'il n'y avait qu'une seule bonne chose à faire. Drian était en détresse, pas la peine de tergiverser. Comme les picolatons, il fallait le libérer. Il se leva de son fauteuil, le dos encore endolori par sa position de tout à l'heure et traîna un peu des pieds jusqu'au grand à qui il tapota doucement le bras. "Drian", dit-il le plus doucement et gentiment possible, comme sa mère avait souvent fait avec lui. "Drian, tout va bien. C'est juste un cauchemar."
Il attendit avec espoir que le grand ouvre les yeux, prêt à l'accueillir dans la réalité avec un sourire rassurant.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Ecroulé en arrière, je regarde horrifié la tête de corbeau suintante. Son corps de femme gonfle, ondule et il est remplacé par celui frêle, et vieux d'un sorcier que je connais bien. Les vêtements qui le recouvrent ne peuvent pas me tromper, ni le bâton qui git à côté de lui. Alors que je me recroqueville en gémissant, une ombre derrière moi grandit dans cette quasi obscurité. Elle est oppressante, angoissante. Cette aura, je l'ai déjà sentie peser sur moi. Je sens l'ombre se pencher sur moi, elle me frôle le bras et je frémis de ton mon être.
- Drian... je reconnais la voix de Sa seigneurie et je me recroqueville davantage, espérant lui échapper.
L'ombre s'attenue, devient plus menue, mais il y a toujours une présence dans mon dos. J'hésite, la sensation d'oppression est moins forte alors je finis par oser. Avec une lenteur extrême, je me retourne. Un visage au sourire tordue par le mépris me fait face, à quelques centimètres du mien. Celui de l'apprenti de Morsure.
- Drian... prononce sa voix avec un fort accent.
Ma terreur se mue en haine et me donne la force de bouger. Je me jette sur lui avec tout le désespoir qui m'anime...
... Et mon monde d'obscurité redevient soudainement très lumineux. Mes yeux clignent frénétiquement pour enrayer la douleur qui me vrille les rétines et quand celle-ci se calme enfin, je prends la mesure de ma situation. A califourchon sur le corps plus si maigrichon du jeune délégué de Lug renversé au sol, haletant comme un damné, je le tiens fermement par la gorge d'une main et de l'autre, je pointe ma baguette sur sa tempe.
Je l'observe un instant effaré sans rien comprendre à ce qu'il vient de se passer, me vois dans ces yeux écarquillés. J'ai l'air d'un fou. Je le relâche immédiatement comme si sa peau me brulait et me remets sur mes pieds, non sans chanceler une fois debout. Je me retiens sur le dossier du fauteuil que j'occupais il y a peu, et qui a repris sa forme, et me détourne, la mâchoire crispée. Je n'ose même pas regarder Daroux. Il doit s'être relevé maintenant. Si il répète ce qui vient de se passer à qui que ce soit... Dois-je le faire taire d'une manière ou d'une autre pour qu'il n'aille pas tout raconter ? Mais que s'est-il passé au juste ? J'ai toujours du mal à comprendre.
Je sens la guirlande glisser de mes épaules et je la suis du regard. Elle s'envole entre nous deux et mime la stupéfaction en ramenant ses deux extrémités vers le centre. Mes yeux bleues glacés et toujours hantés descendent à contrecœur jusqu'au garçon. Je jauge sa réaction un instant.
- Désolé... je murmure.
Un goût de fer se répand dans ma bouche et me rappelle mes images cauchemardesques. Je suis pris d'une violente nausée et une corbeille a tout juste le temps de se ficher dans mes bras avant que je ne vomisse un mélange de bile et de sang. Une fois la crise passée, je m'assoie encore plus épuisé qu'avant. Ma langue me fait un mal de chien, j'ai du me la mordre pendant mon sommeil. Ou à mon réveil, peut-être. Je n'en sais trop rien. Toujours est-il que Daroux ne s'est pas encore enfuit. Il aurait du en profiter pour prendre ses jambes à son cou. Emilien Gautier aurait certainement adoré l'histoire qu'il a à raconter.
- Pourquoi es-tu toujours là ? Je m'entends lui demander d'une voix rauque. Je viens de t'agresser sans raison.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
En un rien de temps, Teilo s'était retrouvé projeté à terre. Impossible de se relever, Drian le surplombait. Impossible de respirer, Drian lui comprimait la gorge. Il ne pouvait ni crier ni demander pitié et était bien trop stupéfait pour se débattre. Le visage en face du sien était méconnaissable. Ce n'était pas Drian, c'était... c'était son loup, ce loup qui avait déjà veillé sur lui sauf que là, l'animal avait la gueule assoiffée de sang.
Teilo s'était déjà senti vulnérable depuis son arrivée à Beauxbâtons, notamment en présence d'Oscar, mais jamais autant qu'en ce moment. Par instinct de survie, il usa de ce qu'il lui restait de forces pour se débattre comme il pouvait. Pile à cet instant, Drian se retira, le laissant tousser et respirer bruyamment l'air qui manquait cruellement à ses poumons. Dès qu'il s'en sentit capable, il recula avec ses coudes et ses pieds pour s'éloigner du grand et se réfugier contre son fauteuil, même si ça ne le protégeait pas de grand chose. Ses oreilles sifflaient, ses joues le brûlaient et il transpirait de peur. D'une main tremblante, il défit le bouton du col de sa chemise en continuant à prendre de grandes respirations.
Drian était devenu fou ? En se relevant maladroitement, Teilo posa les yeux sur la guirlande qui voletait entre eux. La violence subie, l'humiliation ressentie lui retournaient le cerveau. Frénétiquement, il chercha sa baguette dans toutes ses poches mais quand il s'aperçut qu'elle n'était pas là, la panique supplanta la colère et les larmes lui montèrent aux yeux. C'en était trop pour lui. Ses jambes chancelaient et il dut prendre appui sur le fauteuil pour ne pas retomber à terre.
Ce fut alors que leurs regards se croisèrent et qu'il entendit le grand... s'excuser.
Teilo cligna des yeux plusieurs fois. Il voulut lui répondre quelque-chose mais comme il ne savait pas quoi, sa bouche s'ouvrit sans qu'aucun son n'en sorte. Puis Drian se mit à vomir dans une corbeille ce qui rendit le Lug encore plus perplexe. Etait-il possédé ? Malade ? Ou était-ce juste son cauchemar qui le mettait dans un tel état ? Parce que si c'était le cas, ça avait dû être un sacré cauchemar.
En tout cas, l'Ogme ne semblait plus avoir envie de le tuer. Teilo s'attarda un peu sur son visage pâlot. Il n'avait vraiment pas l'air d'aller bien mais les notions de guérison du troisième année n'étaient pas assez poussées pour un diagnostic rapide, précis et si lointain.
Le Lug souffla aussi doucement qu'il put. Sa respiration se calmait, les battements de son cœur aussi, il avait de nouveau les idées claires. Il vit que sa baguette était sur le dossier du fauteuil, elle avait du tomber de sa poche quand il s'était assoupi. Au moment où il se penchait pour la ramasser, la voix éraillée de Drian le fit sursauter. Mais l'Ogme ne faisait que poser une question.
Tiens, oui. Il aurait pu simplement partir, pourquoi ne l'avait-il pas fait ? Teilo n'en savait fichtre rien. Il lui était venu à l'idée de se débattre, de s'écarter, de crier, de pleurer et de lui faire du mal en retour... mais pas de fuir. Il serra sa baguette dans sa main gauche en entendant le grand confirmer verbalement ce qu'il venait de lui infliger. "Ou... ouais." Sa voix était quasiment éteinte, elle aussi. Drian avait du comprimer un peu fort ses cordes vocales. "C'est l'article neuf du règlement." D'un geste sec, le Lug essuya une larme qui coulait sur sa joue et se dirigea rapidement vers la porte du salon.
Il braqua sa baguette sur la porte. "Collaporta." Voilà. Ils allaient être tranquilles quelques instants. Si Côme, Mérédice, Lorie ou un autre délégué était entré, il n'aurait pas su quoi leur dire. Quant à Drian... il donnait toujours l'image de l'élève parfait, il n'aurait certainement pas apprécié qu'un élève de plus le voit dans cet état. Teilo se retourna et se mordilla la lèvre puis s'approcha de l'alambic de Meredice posé sur un coin de la grande table. Il retira le col, versa de l'eau dans la grande fiole, lança un Inflamare pour la faire chauffer et entreprit de fouiller dans le tiroir à herbes.
Il interrompit sa fouille après quelques sercondes pour se retourner vers Drian. "Je viens de réaliser. En fait, la guirlande elle bouge toute seule." Il eut un petit rire nerveux et se regarda dans la fiole où l'eau commençait à frémir. Ses cheveux raides étaient en pétard, ça lui donnait l'air d'un alchimiste un peu fou. Même avec cette coiffure, il avait pour une fois l'air plus cool que Drian. "Tu préfères euhhh... la menthe poivrée ou le citron vert ?"
Teilo s'était déjà senti vulnérable depuis son arrivée à Beauxbâtons, notamment en présence d'Oscar, mais jamais autant qu'en ce moment. Par instinct de survie, il usa de ce qu'il lui restait de forces pour se débattre comme il pouvait. Pile à cet instant, Drian se retira, le laissant tousser et respirer bruyamment l'air qui manquait cruellement à ses poumons. Dès qu'il s'en sentit capable, il recula avec ses coudes et ses pieds pour s'éloigner du grand et se réfugier contre son fauteuil, même si ça ne le protégeait pas de grand chose. Ses oreilles sifflaient, ses joues le brûlaient et il transpirait de peur. D'une main tremblante, il défit le bouton du col de sa chemise en continuant à prendre de grandes respirations.
Drian était devenu fou ? En se relevant maladroitement, Teilo posa les yeux sur la guirlande qui voletait entre eux. La violence subie, l'humiliation ressentie lui retournaient le cerveau. Frénétiquement, il chercha sa baguette dans toutes ses poches mais quand il s'aperçut qu'elle n'était pas là, la panique supplanta la colère et les larmes lui montèrent aux yeux. C'en était trop pour lui. Ses jambes chancelaient et il dut prendre appui sur le fauteuil pour ne pas retomber à terre.
Ce fut alors que leurs regards se croisèrent et qu'il entendit le grand... s'excuser.
Teilo cligna des yeux plusieurs fois. Il voulut lui répondre quelque-chose mais comme il ne savait pas quoi, sa bouche s'ouvrit sans qu'aucun son n'en sorte. Puis Drian se mit à vomir dans une corbeille ce qui rendit le Lug encore plus perplexe. Etait-il possédé ? Malade ? Ou était-ce juste son cauchemar qui le mettait dans un tel état ? Parce que si c'était le cas, ça avait dû être un sacré cauchemar.
En tout cas, l'Ogme ne semblait plus avoir envie de le tuer. Teilo s'attarda un peu sur son visage pâlot. Il n'avait vraiment pas l'air d'aller bien mais les notions de guérison du troisième année n'étaient pas assez poussées pour un diagnostic rapide, précis et si lointain.
Le Lug souffla aussi doucement qu'il put. Sa respiration se calmait, les battements de son cœur aussi, il avait de nouveau les idées claires. Il vit que sa baguette était sur le dossier du fauteuil, elle avait du tomber de sa poche quand il s'était assoupi. Au moment où il se penchait pour la ramasser, la voix éraillée de Drian le fit sursauter. Mais l'Ogme ne faisait que poser une question.
Tiens, oui. Il aurait pu simplement partir, pourquoi ne l'avait-il pas fait ? Teilo n'en savait fichtre rien. Il lui était venu à l'idée de se débattre, de s'écarter, de crier, de pleurer et de lui faire du mal en retour... mais pas de fuir. Il serra sa baguette dans sa main gauche en entendant le grand confirmer verbalement ce qu'il venait de lui infliger. "Ou... ouais." Sa voix était quasiment éteinte, elle aussi. Drian avait du comprimer un peu fort ses cordes vocales. "C'est l'article neuf du règlement." D'un geste sec, le Lug essuya une larme qui coulait sur sa joue et se dirigea rapidement vers la porte du salon.
Il braqua sa baguette sur la porte. "Collaporta." Voilà. Ils allaient être tranquilles quelques instants. Si Côme, Mérédice, Lorie ou un autre délégué était entré, il n'aurait pas su quoi leur dire. Quant à Drian... il donnait toujours l'image de l'élève parfait, il n'aurait certainement pas apprécié qu'un élève de plus le voit dans cet état. Teilo se retourna et se mordilla la lèvre puis s'approcha de l'alambic de Meredice posé sur un coin de la grande table. Il retira le col, versa de l'eau dans la grande fiole, lança un Inflamare pour la faire chauffer et entreprit de fouiller dans le tiroir à herbes.
Il interrompit sa fouille après quelques sercondes pour se retourner vers Drian. "Je viens de réaliser. En fait, la guirlande elle bouge toute seule." Il eut un petit rire nerveux et se regarda dans la fiole où l'eau commençait à frémir. Ses cheveux raides étaient en pétard, ça lui donnait l'air d'un alchimiste un peu fou. Même avec cette coiffure, il avait pour une fois l'air plus cool que Drian. "Tu préfères euhhh... la menthe poivrée ou le citron vert ?"
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
La marche rapide du Lug vers la porte me laisse penser qu'il va appliquer ce qu'on attend de lui : sortir de cette pièce dans laquelle un fou siège et aller chercher quelqu'un qui pourrait l'enfermer. Instinctivement, il me vient l'idée de l'en empêcher et mes doigts qui n'ont pas lâché ma baguette se resserrent autour. Cette idée s'évanouit aussi vite qu'elle est apparue. Je n'ai plus de force et puis, à quoi bon ? Je ne pourrai pas le garder ici indéfiniment et le garçon est plus têtue qu'un troupeau d'Eale. Et puis, suis-je vraiment à ça près ? Je me résous donc à le voir prendre ses jambes à son cou et me retrouve d'autant plus surpris lorsqu'il scelle la porte d'un sort.
Il ne pose pas de questions, ne me demande aucune justification. Sans un mot, il se dirige vers la grande table et depuis mon fauteuil, j'entends plus que je ne vois le clapotement puis le frémissement de l'eau qui commence à chauffer, le bruit d'un tiroir que l'on tire et que l'on fouille. Rien de plus. Teilo Daroux ne dit pas un mot. C'est une première, lui qui parle tout le temps. Il doit vraiment être secoué. Comme s'il avait entendu mes pensées, il rompt le silence et sa remarque me tire un demi-sourire crispé. Finalement le Lug est toujours fidèle à lui-même, même si je suis bien en peine de répondre quoique ce soit pour l'accompagner dans ce que je suppose être une tentative d'alléger l'atmosphère. Ce n'est pas mon point fort, loin de là.
Je baisse les yeux sur ma main droite qui s'est fermée sur son cou et elle se met à trembler. Que suis-je en train de devenir ? Je n'ai jamais voulu devenir un monstre, je n'ai cherché que la force et le pouvoir de mettre à genoux tous mes ennemis. Le jeune sorcier n'est pas mon ennemi. Il ne l'a jamais été. Agaçant oui, envahissant souvent mais une menace ? Certainement pas. Il pourrait bien le devenir après ça. Je ferme les yeux, j'ai toujours le cœur au bord des lèvres et réfléchir me lancine le crâne.
- Menthe poivrée, je réponds au bout de quelques secondes en relevant doucement la tête. Ce sont les seuls mots qui sortent de ma bouche tout au long de la préparation.
Après un moment, il revient avec un verre et je m'en saisis en le remerciant, non sans lui lancer un regard perplexe. Quelle étrange situation... J'attends, prêt à être enseveli de questions. Une minute passe tandis je souffle sur ma tisane - très bonne idée pour me débarrasser de l'horrible goût que j'ai en bouche. Je prends une gorgée brulante en retenant un gémissement de douleur lorsque le liquide rentre en contact avec ma plaie, puis une seconde, donnant ainsi un prétexte à mon propre silence. Quand il devient évident que le délégué de Lug ne sera pas le premier à prendre la parole, je dépose lentement mon verre sur l'accoudoir - pas la peine de souffrir pour rien - et inspire profondément. Ce n'est pas parce qu'il ne parle pas qu'il ne se pose pas mille questions. Je pourrai le laisser mariner ainsi mais sa frustration finira tôt ou tard par éclater, et certainement pas dans un moment qui me sera bénéfique. Lui mentir est également inutile, la réalité est déjà bien assez confuse comme ça. Evidemment, je ne lui dirai pas tout, loin de là. Finalement, c'est certainement son absence de question qui me convint de lui donner une explication à peu près potable. Il m'aurait pressé que je ne lui aurai probablement rien dit.
- J'ai fait un cauchemar. Et... je t'ai pris pour quelqu'un d'autre. Je finis par avouer, non sans difficulté. Conscients que ces maigres informations ne justifient pas la violence de mon réveil et pourraient soulever davantage de questions, je me résous à lâcher une dernière information : - Quelqu'un qui me veut du mal.
Voilà, je me suis défendu, en quelques sortes. J'espère que cette explication suffira à Teilo. Je n'ai pas l'intention de lui en fournir davantage de toute façon, c'est le mieux que je puisse faire. A toute prochaine question, je me contenterai d'éluder.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
S'enfermer sans prévenir personne avec le gars qui venait d'essayer de vous étrangler... ce n'était sans doute pas la meilleure idée que Teilo ait eu et lui même en convenait en tendant d'une main légèrement tremblante son verre de tisane à Drian. Ses sens étaient encore en alerte malgré l'assurance de façade qu'il tâchait avec grand effort de projeter. Il s'était excusé mais qu'est-ce qui empêchait Drian de recommencer à n'importe quel moment ? Aussi sereinement qu'il le put, le Lug battit en retraite à reculons jusqu'à choir dans son fauteuil. Ses yeux s'ouvrirent encore plus grand sous l'effet de surprise mais il passa une jambe par dessus l'autre, s'accouda et posa une joue sur son poing fermé comme si l'ensemble de ses mouvements étaient somme toute très calculés.
Il avait oublié de se servir son propre verre. Dommage, ça lui aurait fait du bien. Ça faisait du bien à Maman qui buvait toujours une tisane quand elle était stressée ou contrariée. Et puis Madame Yapara avait de chouettes idées d'ingrédients, même si là, sous l'effet de l'émotion, il était allé directement aux plus basiques.
Comme son cœur s'emballait à nouveau et sans raison apparente, Teilo se força à respirer calmement. Son regard ne quitta pas le visage de Drian sauf une fois, pour suivre ce regard bleu froid vers cette main qui lui avait pris la gorge en tenaille et maintenant tremblait. Le garçon eut pour seule réaction de se pincer les lèvres et resta obstinément coi.
Drian n'allait pas répondre à ses questions de toute manière. Un peu comme Oscar, le grand taiseux en face de lui était un mystère qui le dépassait. Et plus ça le dépassait, plus ça l'intriguait, plus il cherchait des explications. Et s'il ne les avait pas, il les imaginait. Sa surprise fut donc non feinte lorsque sans y être incité, l'Ogme verbalisa de lui-même une raison à son comportement de tout à l'heure.
Quelqu'un lui voulait du mal.
Sans trop y réfléchir, Teilo se percha carrément sur le fauteuil et ramena ses genoux vers sa poitrine, enveloppant ses bras autour de ses jambes. Son long cou s'étirait vers la droite. Qui donc pouvait vouloir du mal à Drian au point de hanter ses cauchemars ? "Un mage noir", lança-t-il presque immédiatement, la voix encore râpeuse. C'était tellement évident, qui d'autre ? Ils avaient déjà cherché à faire du mal à Lorie et Thaïs, deux autres délégués.
Rien que dire leur nom le faisait trembloter. Depuis que Monsieur Delalande avait dévoilé à l'Académie entière leur existence, annoncé l'affrontement inéluctable entre lumière et obscurité, Teilo ne ratait pas une occasion de repenser à ce que l'Ancien avait dit. "Ou alors c'est juste des carcohls qui t'ont grignoté le cerveau", temporisa-t-il avec un nouveau rire nerveux. Drian les avait tellement terrorisé lui et Paolo avec ce sordide conte sur les carcohls qui rentraient dans l'oreille des élèves pendant qu'ils dormaient. Desfois, pour se rassurer, il se disait que Delalande leur avait aussi raconté un conte, rien qu'une histoire pour les émouvoir. Mais ça ne fonctionnait pas longtemps.
"Tu te souviens de ce que Monsieur Delalande a dit avant les vacances ? Ils ont peut-être eu son corbeau mais ils ne peuvent pas arriver jusqu'ici. On est tous en sécurité."
Le Lug affirmait ça de cette voix mutante qui fluctuait sempiternellement entre les graves et les aigus et qu'il souhaitait malgré tout rassurante. Il avait tellement envie d'y croire mais... même Drian en Septième Année faisait des cauchemars, des cauchemars qu'il confondait ensuite avec la réalité, des cauchemars qu'il finissait par vomir. Il avait craché du sang tout à l'heure et là, il ne buvait pas sa tisane.
"Tire la langue pour voir ?" fit le Lug en bondissant hors de son fauteuil pour s'approcher à distance respectable de l'Ogme. Campé sur ses deux pieds et les mains dans le dos, sa méfiance en sourdine, il se pencha en avant d'un air inquisiteur.
Il avait oublié de se servir son propre verre. Dommage, ça lui aurait fait du bien. Ça faisait du bien à Maman qui buvait toujours une tisane quand elle était stressée ou contrariée. Et puis Madame Yapara avait de chouettes idées d'ingrédients, même si là, sous l'effet de l'émotion, il était allé directement aux plus basiques.
Comme son cœur s'emballait à nouveau et sans raison apparente, Teilo se força à respirer calmement. Son regard ne quitta pas le visage de Drian sauf une fois, pour suivre ce regard bleu froid vers cette main qui lui avait pris la gorge en tenaille et maintenant tremblait. Le garçon eut pour seule réaction de se pincer les lèvres et resta obstinément coi.
Drian n'allait pas répondre à ses questions de toute manière. Un peu comme Oscar, le grand taiseux en face de lui était un mystère qui le dépassait. Et plus ça le dépassait, plus ça l'intriguait, plus il cherchait des explications. Et s'il ne les avait pas, il les imaginait. Sa surprise fut donc non feinte lorsque sans y être incité, l'Ogme verbalisa de lui-même une raison à son comportement de tout à l'heure.
Quelqu'un lui voulait du mal.
Sans trop y réfléchir, Teilo se percha carrément sur le fauteuil et ramena ses genoux vers sa poitrine, enveloppant ses bras autour de ses jambes. Son long cou s'étirait vers la droite. Qui donc pouvait vouloir du mal à Drian au point de hanter ses cauchemars ? "Un mage noir", lança-t-il presque immédiatement, la voix encore râpeuse. C'était tellement évident, qui d'autre ? Ils avaient déjà cherché à faire du mal à Lorie et Thaïs, deux autres délégués.
Rien que dire leur nom le faisait trembloter. Depuis que Monsieur Delalande avait dévoilé à l'Académie entière leur existence, annoncé l'affrontement inéluctable entre lumière et obscurité, Teilo ne ratait pas une occasion de repenser à ce que l'Ancien avait dit. "Ou alors c'est juste des carcohls qui t'ont grignoté le cerveau", temporisa-t-il avec un nouveau rire nerveux. Drian les avait tellement terrorisé lui et Paolo avec ce sordide conte sur les carcohls qui rentraient dans l'oreille des élèves pendant qu'ils dormaient. Desfois, pour se rassurer, il se disait que Delalande leur avait aussi raconté un conte, rien qu'une histoire pour les émouvoir. Mais ça ne fonctionnait pas longtemps.
"Tu te souviens de ce que Monsieur Delalande a dit avant les vacances ? Ils ont peut-être eu son corbeau mais ils ne peuvent pas arriver jusqu'ici. On est tous en sécurité."
Le Lug affirmait ça de cette voix mutante qui fluctuait sempiternellement entre les graves et les aigus et qu'il souhaitait malgré tout rassurante. Il avait tellement envie d'y croire mais... même Drian en Septième Année faisait des cauchemars, des cauchemars qu'il confondait ensuite avec la réalité, des cauchemars qu'il finissait par vomir. Il avait craché du sang tout à l'heure et là, il ne buvait pas sa tisane.
"Tire la langue pour voir ?" fit le Lug en bondissant hors de son fauteuil pour s'approcher à distance respectable de l'Ogme. Campé sur ses deux pieds et les mains dans le dos, sa méfiance en sourdine, il se pencha en avant d'un air inquisiteur.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Un mage noir. L'affirmation me tend et me fait serrer les doigts autour de mon verre que j'entends craquer. Cette alerte discrète, je ne l'ignore pas et je m'oblige à me détendre. Il ne manquerait plus que je finisse la main en sang. Le gamin a probablement balancé ça au hasard. Certainement qu'il s'agit de ce qui l'effraie le plus en ce moment. Il ne sait rien et ne peut rien savoir. Je n'ai aucune raison de prendre ses paroles au sérieux. Et pour cause, le voilà qu'il blague avec un cauchemar que j'ai moi-même crée de toute pièce.
Je pense à tord que le sujet des mages noirs est clos, il revient bien vite dessus dans une tentative risible - dont il ne soupçonne pas à quel point - de me rassurer. S'il savait que Delalande lui-même a laissé entrer en connaissance de cause le loup dans la bergerie, aurait-il encore foi dans les paroles du directeur ? Même s'il a pris soin de m'enlever mes griffes, le vieil homme a tord de penser que je ne peux pas me servir de mes crocs et c'est évidemment la conclusion que d'autres pourraient avoir. Je me demande, oui, que penseraient les élèves et leurs parents, s'ils savaient ? Le scandale qui s'en suivrait l'emporterait-il ou le sorcier parviendrait à trouver une parade pour endiguer la vague ? Un instant, je m'imagine dire à Teilo Daroux que je suis celui qui a tué Odin. Je vois d'ici son visage douter, se décomposer, sombrer dans la peur. En éprouverai-je de la satisfaction ?
Je le regarde bondir de son fauteuil et s'approcher prudemment de moi. Je lui fais déjà peur.
- Non. Je réponds simplement avant de porter la tisane à ma bouche et d'en boire une longue gorgée pour le défier d'insister.
Je lui fais peur et cela ne me fait rien ressentir.
Non. Ce n'est pas totalement vrai. J'ai déjà constaté sa crainte respectueuse pour moi et me suis même amusé à le terroriser avec un histoire à dormir debout, et j'en ai apprécié le pouvoir que ça me procurait. Mais là, c'est encore différent. La peur que je vois dans ses yeux est plus viscérale. De cette peur là, que je le veuille ou non, j'en ressens de la honte et de la peine. Pourquoi me serai-je excusé sinon ? Pas uniquement pour me protéger des répercussions. Ce constat fait, je m'empresse d'enfouir ses sentiments sous une couverture d'indifférence. Je n'ai pas le luxe pour ce genre d'émotions. Je me dois de trouver un sens à mes choix et à ce qui m'arrive, à contrôler mes cauchemars et à devenir celui de ceux sur qui ma haine se porte. Voir la peur dans les yeux de ceux que je considère comme mes ennemis est la seule chose qui me satisfera. Les autres ne sont que des pions pour y parvenir. Teilo Daroux est un pion et c'est tout ce qu'il doit être, et pour pouvoir l'utiliser, j'ai tout intérêt à arranger les choses et à semer le doute en lui.
- Tu sembles croire que seuls des mages noirs peuvent vouloir du mal aux autres. Tu as tord. Je bois une gorgée de ma tisane. C'est le propre du genre humain de nourrir ce genre de sentiments, c'est dans notre nature. Nouvelle gorgée. Il y a ceux qui l'embrassent, ceux qui s'en accommodent quand ça les arrange, ceux qui luttent contre et ceux qui se voilent la face. On en est tous victime, ou au contraire bourreau. Même toi, je suis certain que tu as déjà voulu me faire du mal. Pourtant, tu n'es pas un mage noir, si ?
Je laisse quelques secondes au Lug pour réfléchir à ce que je viens de dire avant de surenchérir d'une voix qui a repris totalement son timbre posé.
- On n'est pas plus en sécurité à Beauxbâtons qu'ailleurs.
N'est-ce pas dans cette école qu'on m'a fait le plus de mal ? Du fait de Natacha, Thiberius, Lorie et d'autres encore. Les mages noirs sont arrivés après ça. Ce sont ceux qui m'inquiètent le plus, c'est vrai, mais pas ceux qui m'ont directement menacés. Je vais pour boire une gorgée de tisane lorsque je constate que mon verre est vide. Enfin ! Ma langue est toute endolorie maintenant mais je fais comme si de rien n'était. Je me lève à mon tour et me dirige vers la table et l'alambic. Cette fois-ci, je prépare un verre pour Teilo. Je n'ai pas manqué de voir qu'il ne s'était pas servi, peut-être sciemment mais vu les circonstances, il s'est peut-être juste oublié.
- Menthe poivrée ou citron vert ? Je demande dans le doute, avant de verser l'eau encore chaude dans un nouveau verre.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Non.
Drian ne tirerait pas la langue. L'Ogme n'avait même pas refusé méchamment et pourtant, Teilo reçut ces trois lettres en pleine face comme autant de claques. Il se redressa bien droit et déglutit. Peut-être avait-il espéré qu'après ces mois d'entraînement et la connivence qu'ils avaient pu susciter entre lui et plus grand, ce dernier lui aurait fait ce petit plaisir ? Peut-être avait-il osé penser que Drian le considérait suffisamment comme un ami pour sortir quelques secondes de cette rigidité qu'il lui avait toujours connue ?
Mais c'était être bien naïf, se souvint-il. Ses deux années à Beauxbâtons lui avaient appris que l'amitié ne se gagnait pas toujours facilement. Pour certains, c'était même un travail de longue haleine. Et même si le non qu'il venait de se prendre lui paraissait dur, intangible, irrévocable, il n'avait pas vraiment l'intention d'abandonner... surtout après ce qu'il venait de voir et d'entendre.
A treize ans et demi révolus, le Lug était tout à fait près à confronter des idées plus complexes, des concepts qu'il aurait jusque-là traité par dessus la jambe avec son optimisme "naturel" à toute épreuve. Et l'image que Drian se faisait de la nature humaine ne correspondait pas, mais alors pas du tout, avec celle que ses parents - surtout sa mère - avaient inculqué à Teilo. On lui avait toujours dit que le mal ne venait pas de la nature mais de la société, de ce que les gens avaient subi... on lui avait asséné que les méchants n'en étaient pas vraiment sauf dans les films et les histoires pour faire peur, qu'en creusant on découvrait qu'ils avaient toujours une raison.
Mais peut-être que sa mère se trompait, que c'était Drian qui avait raison. Et s'il faisait partie comme Maman de ceux qui se voilaient la face ?
Une chose était sûre, il ne voulait de mal à personne, et entendre l'Ogme le soupçonner de lui avoir un jour ne serait-ce que souhaité du mal révolta le jeune Lug. Ce n'était tout simplement pas vrai, d'aussi loin qu'il remontait dans ses souvenirs. Ou alors ça lui échappait. Il y avait bien cette première fois où Drian était allé tranquillement dîner en le laissant moisir plus d'une heure entravé par le lierre de la cour... mais il avait peut-être eu quelques mots crus, rien de plus. Et ce désespoir furtif qu'il avait ressenti en fin d'année dernière quand il avait compris que Drian ne lui viendrait pas en aide lors de son duel clandestin, que le grand se contenterait juste de regarder et ce, qu'il gagne ou qu'il perde...
Teilo était allé s'avachir dans le fauteuil qu'il venait de quitter, le visage et les poings fermés, la respiration un peu bruyante. Bien sûr qu'il pouvait être méchant, lui aussi. Ne l'avait-il pas été avec ses amis l'année dernière en les laissant tomber pour se concentrer sur sa préparation au duel ? Il s'en voulait encore un peu. Il ne leur en avait pas voulu du mal mais il leur en avait fait quand même. Aujourd'hui, il comprenait mieux pourquoi Paolo et Giovanni avaient été si durs avec lui.
Quant à Beauxbâtons... c'était plus compliqué. Drian donnait l'impression d'asséner une vérité. Ils n'étaient pas plus en sécurité à l'académie qu'ailleurs. L'entendre glaça le sang de Teilo. Ca faisait remonter cette boule d'angoisse qu'il avait réussi à enfouir dans un coin de son ventre, ces doutes qu'il avait lui-même ressentis à chaque fois que Monsieur Delalande avait cherché à les rassurer dans ses discours. Aucun discours de leur Directeur n'avait empêché Thaïs et Lorie de se faire capturer, Odin de mourir. Dans le dernier, il avait même été question de l'inéluctabilité du conflit à venir, auquel chacun allait devoir prendre part. Et si l'Ancien leur avait promis une nouvelle fois la sécurité... il leur avait aussi dit qu'il partait.
Et ça, ça faisait vraiment peur.
La respiration hachée, Teilo se retourna à genoux dans son fauteuil pour poser son menton sur le haut du dossier, ce qui lui permettait de voir ce que fichait Drian. Il repensa à sa mère qui avait toujours réussi à apaiser ses peurs par des mots et des câlins, à Lorie qui l'avait aidé à prendre confiance en lui lors de sa première année et était encore un modèle à ce jour, à Pensée avec qui il ne voulait penser à rien de mauvais, à Giovanni dont l'amitié avait résisté à tous les chocs jusqu'ici, et elle comptait tellement. A Roseanne qui appréhendait ses visions mais trouvait quand même le temps de canaliser ses excès à lui. Au Cercle des Bâtisseurs qui essayait de mieux comprendre le château tous les mercredis et dont il faisait partie.
Et il y avait les autres camarades, les professeurs, le personnel, le ministère et tous les sorciers de bonne volonté !
"Au moins, on est pas seuls", osa-t-il clamer avec une certaine émotion. Dans le on, il mettait bien entendu Drian. "Quand ils viendront, Beauxbâtons ne se laissera pas faire." Des mots certes héroïques mais un peu creux tant malgré lui il redoutait ce jour. Pourvu qu'il arrive le plus tard possible, que tout le monde ait le temps de bien se préparer. Ces mots avaient au moins eu le mérite de diluer la boule d'angoisse qui était remontée dans sa poitrine. Y croire le faisait se sentir déjà un peu mieux.
"Citron vert", répondit-il à Drian quand celui-ci lui proposa de choisir entre deux parfums. Citron vert, c'était un des préférés de Maman. Il observa avec intérêt le grand lui préparer une tisane - rien ne l'obligeait à le faire - et lui apporter la tasse fumante dont il se saisit dans un grand sourire : "Merci." Il fit attention à ne rien renverser en se rasseyant convenablement dans son fauteuil, sa bouche en o soufflant sur la tasse. Drian était décidément compliqué à comprendre, un non cinglant pouvait être suivi d'un geste amical et attentionné... il lui faisait de plus en plus penser à un autre camarade, un garçon blond qui était lui aussi dans le on. De là, il repensa à une question qu'il voulait poser à Drian depuis plusieurs jours. Il en avait maintenant l'occasion.
"Florian Devigne sait que son petit frère n'a pas vraiment gagné le duel", annonça-t-il de but en blanc entre deux soufflements. En vrai, Teilo avait abandonné sur demande d'Oscar mais comme le duel était clandestin, seuls lui et Oscar le savaient, ainsi que Drian qui avait tout observé de loin avec son loup. "Je n'ai rien dit à personne", glissa Teilo avant de prendre une gorgée, le regard rivé sur Drian. C'était encore trop chaud mais l'odeur comme le goût lui rappelaient la cuisine de sa maison à Lyon. Une maison dans laquelle il ne reviendrait plus, songea-t-il avec amertume.
"Oscar m'en veut, il croit que c'est moi", avoua-t-il dans un petit soupir. Ça allait mieux avec Oscar depuis le début de l'année, peut-être parce que le blond n'osait pas s'en prendre à un délégué... mais il s'était encore plus renfermé qu'avant. Il ne semblait même plus prendre de plaisir à tourmenter les plus jeunes que lui et passait le plus clair de son temps libre à lire, seul. Teilo soupira une deuxième fois. Si seulement ses efforts pour regagner la confiance du plus jeune Devigne n'étaient pas sabotés... si seulement Drian avait pu fermer sa bouche.
Parce que c'était forcément lui qui avait parlé. Et la question que Teilo ne posait que par un regard appuyé était... pourquoi ?
Drian ne tirerait pas la langue. L'Ogme n'avait même pas refusé méchamment et pourtant, Teilo reçut ces trois lettres en pleine face comme autant de claques. Il se redressa bien droit et déglutit. Peut-être avait-il espéré qu'après ces mois d'entraînement et la connivence qu'ils avaient pu susciter entre lui et plus grand, ce dernier lui aurait fait ce petit plaisir ? Peut-être avait-il osé penser que Drian le considérait suffisamment comme un ami pour sortir quelques secondes de cette rigidité qu'il lui avait toujours connue ?
Mais c'était être bien naïf, se souvint-il. Ses deux années à Beauxbâtons lui avaient appris que l'amitié ne se gagnait pas toujours facilement. Pour certains, c'était même un travail de longue haleine. Et même si le non qu'il venait de se prendre lui paraissait dur, intangible, irrévocable, il n'avait pas vraiment l'intention d'abandonner... surtout après ce qu'il venait de voir et d'entendre.
A treize ans et demi révolus, le Lug était tout à fait près à confronter des idées plus complexes, des concepts qu'il aurait jusque-là traité par dessus la jambe avec son optimisme "naturel" à toute épreuve. Et l'image que Drian se faisait de la nature humaine ne correspondait pas, mais alors pas du tout, avec celle que ses parents - surtout sa mère - avaient inculqué à Teilo. On lui avait toujours dit que le mal ne venait pas de la nature mais de la société, de ce que les gens avaient subi... on lui avait asséné que les méchants n'en étaient pas vraiment sauf dans les films et les histoires pour faire peur, qu'en creusant on découvrait qu'ils avaient toujours une raison.
Mais peut-être que sa mère se trompait, que c'était Drian qui avait raison. Et s'il faisait partie comme Maman de ceux qui se voilaient la face ?
Une chose était sûre, il ne voulait de mal à personne, et entendre l'Ogme le soupçonner de lui avoir un jour ne serait-ce que souhaité du mal révolta le jeune Lug. Ce n'était tout simplement pas vrai, d'aussi loin qu'il remontait dans ses souvenirs. Ou alors ça lui échappait. Il y avait bien cette première fois où Drian était allé tranquillement dîner en le laissant moisir plus d'une heure entravé par le lierre de la cour... mais il avait peut-être eu quelques mots crus, rien de plus. Et ce désespoir furtif qu'il avait ressenti en fin d'année dernière quand il avait compris que Drian ne lui viendrait pas en aide lors de son duel clandestin, que le grand se contenterait juste de regarder et ce, qu'il gagne ou qu'il perde...
Teilo était allé s'avachir dans le fauteuil qu'il venait de quitter, le visage et les poings fermés, la respiration un peu bruyante. Bien sûr qu'il pouvait être méchant, lui aussi. Ne l'avait-il pas été avec ses amis l'année dernière en les laissant tomber pour se concentrer sur sa préparation au duel ? Il s'en voulait encore un peu. Il ne leur en avait pas voulu du mal mais il leur en avait fait quand même. Aujourd'hui, il comprenait mieux pourquoi Paolo et Giovanni avaient été si durs avec lui.
Quant à Beauxbâtons... c'était plus compliqué. Drian donnait l'impression d'asséner une vérité. Ils n'étaient pas plus en sécurité à l'académie qu'ailleurs. L'entendre glaça le sang de Teilo. Ca faisait remonter cette boule d'angoisse qu'il avait réussi à enfouir dans un coin de son ventre, ces doutes qu'il avait lui-même ressentis à chaque fois que Monsieur Delalande avait cherché à les rassurer dans ses discours. Aucun discours de leur Directeur n'avait empêché Thaïs et Lorie de se faire capturer, Odin de mourir. Dans le dernier, il avait même été question de l'inéluctabilité du conflit à venir, auquel chacun allait devoir prendre part. Et si l'Ancien leur avait promis une nouvelle fois la sécurité... il leur avait aussi dit qu'il partait.
Et ça, ça faisait vraiment peur.
La respiration hachée, Teilo se retourna à genoux dans son fauteuil pour poser son menton sur le haut du dossier, ce qui lui permettait de voir ce que fichait Drian. Il repensa à sa mère qui avait toujours réussi à apaiser ses peurs par des mots et des câlins, à Lorie qui l'avait aidé à prendre confiance en lui lors de sa première année et était encore un modèle à ce jour, à Pensée avec qui il ne voulait penser à rien de mauvais, à Giovanni dont l'amitié avait résisté à tous les chocs jusqu'ici, et elle comptait tellement. A Roseanne qui appréhendait ses visions mais trouvait quand même le temps de canaliser ses excès à lui. Au Cercle des Bâtisseurs qui essayait de mieux comprendre le château tous les mercredis et dont il faisait partie.
Et il y avait les autres camarades, les professeurs, le personnel, le ministère et tous les sorciers de bonne volonté !
"Au moins, on est pas seuls", osa-t-il clamer avec une certaine émotion. Dans le on, il mettait bien entendu Drian. "Quand ils viendront, Beauxbâtons ne se laissera pas faire." Des mots certes héroïques mais un peu creux tant malgré lui il redoutait ce jour. Pourvu qu'il arrive le plus tard possible, que tout le monde ait le temps de bien se préparer. Ces mots avaient au moins eu le mérite de diluer la boule d'angoisse qui était remontée dans sa poitrine. Y croire le faisait se sentir déjà un peu mieux.
"Citron vert", répondit-il à Drian quand celui-ci lui proposa de choisir entre deux parfums. Citron vert, c'était un des préférés de Maman. Il observa avec intérêt le grand lui préparer une tisane - rien ne l'obligeait à le faire - et lui apporter la tasse fumante dont il se saisit dans un grand sourire : "Merci." Il fit attention à ne rien renverser en se rasseyant convenablement dans son fauteuil, sa bouche en o soufflant sur la tasse. Drian était décidément compliqué à comprendre, un non cinglant pouvait être suivi d'un geste amical et attentionné... il lui faisait de plus en plus penser à un autre camarade, un garçon blond qui était lui aussi dans le on. De là, il repensa à une question qu'il voulait poser à Drian depuis plusieurs jours. Il en avait maintenant l'occasion.
"Florian Devigne sait que son petit frère n'a pas vraiment gagné le duel", annonça-t-il de but en blanc entre deux soufflements. En vrai, Teilo avait abandonné sur demande d'Oscar mais comme le duel était clandestin, seuls lui et Oscar le savaient, ainsi que Drian qui avait tout observé de loin avec son loup. "Je n'ai rien dit à personne", glissa Teilo avant de prendre une gorgée, le regard rivé sur Drian. C'était encore trop chaud mais l'odeur comme le goût lui rappelaient la cuisine de sa maison à Lyon. Une maison dans laquelle il ne reviendrait plus, songea-t-il avec amertume.
"Oscar m'en veut, il croit que c'est moi", avoua-t-il dans un petit soupir. Ça allait mieux avec Oscar depuis le début de l'année, peut-être parce que le blond n'osait pas s'en prendre à un délégué... mais il s'était encore plus renfermé qu'avant. Il ne semblait même plus prendre de plaisir à tourmenter les plus jeunes que lui et passait le plus clair de son temps libre à lire, seul. Teilo soupira une deuxième fois. Si seulement ses efforts pour regagner la confiance du plus jeune Devigne n'étaient pas sabotés... si seulement Drian avait pu fermer sa bouche.
Parce que c'était forcément lui qui avait parlé. Et la question que Teilo ne posait que par un regard appuyé était... pourquoi ?
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je regarde l'eau se colorer tandis que le mélange infuse doucement. De limpide, elle devient trouble, puis opaque. Est-ce qu'une âme, si pure soit-elle, peut ne pas suivre le même chemin ? Teilo Daroux est d'une naïveté touchante. Si je pouvais décrire son âme, je dirai qu'elle est aussi clair qu'une eau de source. On n'est pas seul, qu'il dit. Comme il est touchant, à m'inclure dans son univers de poussière de fée et de grands héros. Un léger sourire en coin étire mes lèvres. A m'écouter et me suivre, finira-t-il par se troubler ?
Je lui amène sa tasse avant de reprendre ma place dans le fauteuil. Les miasmes du cauchemar, je les sens toujours, mais ils sont plus diffus. J'ai retrouvé ma capacité à me forger le visage que je veux et il est serein à cet instant. Mon sourire habituel sur mes lèvres, je regarde le Lug se perdre un instant dans ses pensées, son souffle s'évertuant à refroidir le liquide brulant. Quelque chose semble le perturber et je suis surpris de ce qu'il en est lorsqu'il s'en ouvre à moi.
Un constat. Rien de plus. Je n'ai rien à en dire. Oui Devigne sait, rien de plus normal puisqu'il est venu me titiller d'un peu trop prêt juste après le duel. Les deux gamins étaient partis vers le dispensaire et j'avais escompté passer un savon à Teilo dès son retour. En lieu et place du jeune Lug, c'est le grand-frère d'Oscar qui a croisé mon chemin. Personne ne garde un sourire aussi suffisant devant moi bien longtemps. Je ne sais pas bien quelle satisfaction il tirait de la pseudo victoire de son frère, mais je la lui ai enlevé bien vite. A bien y réfléchir, je vois un certain potentiel en lui, il est aussi tordu que moi en un sens. Je pourrai m'en faire un larbin, avec un peu de persuasion, d'appât et d'intimidation. Ce genre de type, je me satisferai sans problème de voir la crainte dans ses yeux.
Teilo continue sur sa lancée et son postulat de base prend une note presque accusatrice qui me fait lever un sourcil. Je ne m'en formalise pas pour autant. Il a bien offert sa baguette à son adversaire, je ne devrai pas être étonné que l'inimitié de son camarade, pourtant déjà bien connue, le contrarie. Même si je trouve ça parfaitement stupide.
- Et alors ? Je finis par dire. Il t'en voulait déjà en te provoquant en duel. Pour quelle raison aurai-je dû mentir à son frère lorsqu'il est venu te rabaisser toi et tout le travail réalisé depuis des semaines ?
En réalité, je n'ai pas une seule fois pensé à Teilo, il n'y a que mon orgueil blessé que j'ai défendu. Mais il n'a vraiment pas besoin de savoir ça. Je pose un coude sur le bras du fauteuil et mon menton vient se poser sur mon poing. Je transperce de mon regard bleu glacé le garçon, sans chercher toutefois à l'intimider. Je suis curieux de voir s'il s'est trouvé du courage depuis nos derniers entraînements. Peu à peu, je l'ai observé prendre confiance mais est-ce qu'il en a assez pour venir contredire ma position ?
- Ceci dit, je n'ai pas non plus dit que tu avais gagné. Tu as peut-être désarmé ton adversaire en premier, mais tu lui as cédé si facilement. Mon sourire s'accentue. Tu l'as laissé faire, je dis en choisissant soigneusement mes mots. Ce n'est pas un hasard si je reprends sa propre formulation lorsqu'il a clamé son héroïsme face aux Mages noirs.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Drian lui répondait sous forme de question, avec un regard, un sourire auxquels Teilo était déjà bien habitué pour les avoir côtoyés tous les jours pendant deux mois. C'était même rassurant de les retrouver après ce qu'il venait tout juste de se passer et le Lug se détendit un peu dans son siège. Il eut même le loisir, cette fois, de réfléchir plus posément à ce que Drian lui disait... et il n'arrivait pas exactement à la même conclusion que lui.
Souhaitant le lui dire, il ouvrit la bouche mais le grand reprenait déjà la parole. La pique de son coach n'échappa pas à Teilo qui se renfrogna un peu et baissa les yeux pour observer les ondulations de l'eau dans sa tasse. Il ne pensait pas que ça ferait si mal. Il lui fallut quelques secondes pour rassembler ses pensées en quelque-chose de cohérent, suite à quoi il releva la tête.
"Oscar n'est pas mon ennemi. C'est pour ça que je l'ai laissé faire."
Il avait eu le temps cet été et même depuis de repenser à ce qui s'était passé ce jour là. A la soudaine supplique d'Oscar, la détresse qu'il avait pu discerner dans ses yeux... à sa propre et brusque envie de frapper le grand frère Florian avant d'entrer dans le dispensaire. Depuis le début, il avait essayé d'arranger les choses avec Oscar par tous les moyens possibles : en l'ignorant, en discutant, en l'affrontant en duel, en plaisantant avec lui... Maintenant, Teilo comprenait que rien n'aurait de toute façon fonctionné.
Le Lug avait froncé les sourcils. Sur son visage soucieux et agacé ne figurait aucun des habituels traits de tendresse. "C'est son grand-frère qui le manipule." Du moins, en théorie. Tous les éléments concordaient : qui lui avait amené la lettre d'Oscar lors de son douzième anniversaire ? Qui avait été - comme par hasard - le chercher au milieu du labyrinthe après leur altercation en fin de Première année ? Et qui s'était encore trouvé sur leur chemin après le duel ? Florian ! Le même qui avait dû menacer Oscar pour le forcer à aller quand même au duel malgré ses deux maladies (merci Paolo). Et si Oscar n'avait pas de cheveux ce jour-là... c'était sûr, c'était parce que Florian lui avait lancé un Calvorio ! Pour le menacer !
"Oscar m'a vraiment supplié de le laisser gagner... il doit avoir peur", conclut Teilo en se redressant bien droit dans son fauteuil. "Il faut qu'on le protège." asséna-t-il d'une voix plus sèche que d'ordinaire. "C'est notre rôle en tant que délégués. Et je m'en fiche si j'ai perdu le duel ! Et je m'en fiche que Florian me rabaisse. C'est ce qu'il fait à son petit frère qui m'énerve !"
Son poing droit frappa le dossier droit du fauteuil. Sa main gauche en trembla et de l'eau encore chaude s'échappa de la tasse pour tâcher sa chemise. Mais Teilo décida de faire comme si de rien n'était et supporter la brûlure en silence, sans se départir de son expression courroucée. Là, il ne s'agissait pas de mages noirs. Là, il avait l'impression de pouvoir faire quelque-chose. Ca aussi, quelque part, c'était rassurant. Par contre, Florian lui paraissait bien trop intelligent et fourbe, il ne pouvait clairement pas le gérer seul.
Après quelques secondes, il s'adoucit un peu, laissa retomber ses épaules et pencha la tête sur le côté en regardant Drian. "Tu veux bien m'aider ?"
Souhaitant le lui dire, il ouvrit la bouche mais le grand reprenait déjà la parole. La pique de son coach n'échappa pas à Teilo qui se renfrogna un peu et baissa les yeux pour observer les ondulations de l'eau dans sa tasse. Il ne pensait pas que ça ferait si mal. Il lui fallut quelques secondes pour rassembler ses pensées en quelque-chose de cohérent, suite à quoi il releva la tête.
"Oscar n'est pas mon ennemi. C'est pour ça que je l'ai laissé faire."
Il avait eu le temps cet été et même depuis de repenser à ce qui s'était passé ce jour là. A la soudaine supplique d'Oscar, la détresse qu'il avait pu discerner dans ses yeux... à sa propre et brusque envie de frapper le grand frère Florian avant d'entrer dans le dispensaire. Depuis le début, il avait essayé d'arranger les choses avec Oscar par tous les moyens possibles : en l'ignorant, en discutant, en l'affrontant en duel, en plaisantant avec lui... Maintenant, Teilo comprenait que rien n'aurait de toute façon fonctionné.
Le Lug avait froncé les sourcils. Sur son visage soucieux et agacé ne figurait aucun des habituels traits de tendresse. "C'est son grand-frère qui le manipule." Du moins, en théorie. Tous les éléments concordaient : qui lui avait amené la lettre d'Oscar lors de son douzième anniversaire ? Qui avait été - comme par hasard - le chercher au milieu du labyrinthe après leur altercation en fin de Première année ? Et qui s'était encore trouvé sur leur chemin après le duel ? Florian ! Le même qui avait dû menacer Oscar pour le forcer à aller quand même au duel malgré ses deux maladies (merci Paolo). Et si Oscar n'avait pas de cheveux ce jour-là... c'était sûr, c'était parce que Florian lui avait lancé un Calvorio ! Pour le menacer !
"Oscar m'a vraiment supplié de le laisser gagner... il doit avoir peur", conclut Teilo en se redressant bien droit dans son fauteuil. "Il faut qu'on le protège." asséna-t-il d'une voix plus sèche que d'ordinaire. "C'est notre rôle en tant que délégués. Et je m'en fiche si j'ai perdu le duel ! Et je m'en fiche que Florian me rabaisse. C'est ce qu'il fait à son petit frère qui m'énerve !"
Son poing droit frappa le dossier droit du fauteuil. Sa main gauche en trembla et de l'eau encore chaude s'échappa de la tasse pour tâcher sa chemise. Mais Teilo décida de faire comme si de rien n'était et supporter la brûlure en silence, sans se départir de son expression courroucée. Là, il ne s'agissait pas de mages noirs. Là, il avait l'impression de pouvoir faire quelque-chose. Ca aussi, quelque part, c'était rassurant. Par contre, Florian lui paraissait bien trop intelligent et fourbe, il ne pouvait clairement pas le gérer seul.
Après quelques secondes, il s'adoucit un peu, laissa retomber ses épaules et pencha la tête sur le côté en regardant Drian. "Tu veux bien m'aider ?"
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Mon sourire s'accentue à mesure que le jeune Lug parle. Ses émotions se lisent sur son visage comme un grimoire ouvert. J'apprécie d'y lire autre chose que ce dont il m'a habitué jusqu'ici. Et par-dessus tout, j'ai une étrange satisfaction à le voir se creuser la tête là où il est resté aveugle pendant longtemps. C'est un peu comme lorsqu'il a compris comment me dépasser à notre course de balai, d'un seul coup, il avait passé une étape. Je le vois en passer une seconde et je me dis que d'une certaine façon, je ne suis pas étranger à cette évolution. La relation entre les deux frères, je n'y ai jamais fait attention, mais Florian Devigne est bien le type à manipuler les autres, mes brèves interactions avec lui ne m'ont laissé aucun doute là-dessus. Il était temps que le délégué de Lug s'en rende compte.
Protégé ce petit imbécile ? Bah ! Quel intérêt ? Si Devigne est, ne serait-ce qu'un peu, comme ma sœur, protéger son jeune frère à Beauxbâtons ne servirait pas à grand chose. Néanmoins, je m'amuse de voir le garçon frémir de colère tout en balançant au vent les seules choses qui m'importent et d'encenser ce dont je me fiche royalement. Nous ne pourrions pas être plus diamétralement opposé.
Je laisse sa question en suspens. Mes doigts pianotent sur le bras du fauteuil tandis que je réfléchis à sa demande, à ce qu'elle pourrait me rapporter. Sous couvert de l'aider, Teilo ne s'étonnera en rien que je m'approche de Florian Devigne, que je l'amadoue ou même que je l'intimide, dans le but secret de l'utiliser à ma guise. Pas plus qu'il ne me tiendra rigueur de lui demander une juste compensation en échange de mes bons services. J'ai moi-même une tâche que je ne peux confier qu'à lui. Quelque chose qui me sera bien utile. Il ne saurait me le refuser dans ces circonstances.
- Il semblerait que tu ne puisses plus te passer de moi, je dis finalement tout en souriant. Bien sûr que je t'aiderai Teilo mais avant ça, je dois d'abord régler mon soucis qui va me prendre du temps, à moins que...
Je me lève du fauteuil et fais quelques pas dans un sens, puis quelques autres dans l'autre sens en faisant mine de réfléchir.
- Oui, je pense que je peux te faire confiance maintenant, je murmure.
Je m'arrête d'un seul coup et frappe dans mes mains avec un air entendu.
- Faisons comme ça ! Je m'exclame. Je t'aide avec ton soucis et pendant ce temps, si tu l'acceptes, tu m'aides avec le mien ? Mais avant de t'en parler, concentrons-nous sur les Devigne.
Je saisis ma baguette de ma main gauche et fais un mouvement sec.
- Holos reconstituo, je prononce. Un brume se répand devant moi avant de se compacter pour former une silhouette flou puis de s'affiner jusqu'à ce que Oscar Devigne soit reconnaissable. A genou et vaincu, il lève la tête vers le vide, en lieu et place où se tenait Teilo dans mon souvenir.
- Repends-moi si je me trompe, mais à part à ce moment là, jamais Devigne ne t'a demandé de l'aide ? Je doute qu'il soit du genre à en accepter, surtout après ça... Mais je pourrai toujours lui proposer de l'entraîner si tu le souhaites, à force il pourrait devenir encore meilleur duelliste que toi et ne plus s'en faire de son grand-frère.
Teilo a dit qu'il se fichait de gagner ? Il m'a prouvé tout le contraire l'année dernière. Je doute que l'idée que Oscar puisse lui mettre une raclée quand bon lui semblera l'enchante. Voyons voir... Ma brume se mélange pour se reformer en une autre silhouette connue, le grand-frère Devigne.
- Ou sinon, on procède à la source. Quelles sont les motivations de Florian Devigne ? Pourquoi agit-il comme il le fait ? Peut-on le raisonner ? Le menacer ? Je hausse les épaules et rompt le sortilège avec la formule adaptée. A toi de me dire. Que préfères-tu ? Comment souhaites-tu procéder pour qu'il ne menace plus son frère ?
Il y a toujours plusieurs voies, je me doute de celle qu'il choisira mais je veux lui laisser croire qu'il a décidé par lui-même.
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