Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Dimanche 1er Décembre 2024, 14h32
Remparts - Entre le belvédère des astronomes et le belvédère des fureteurs
Troisième Année
Remparts - Entre le belvédère des astronomes et le belvédère des fureteurs
Troisième Année
Le vent s'engouffrait dans ses cheveux, entre son écharpe multicolore et son cou, à l'intérieur de ses manches et à l'endroit où son pantalon remontait un peu trop de ses chaussettes à l'effigie de Batman. Pourtant, Teilo préférait largement braver les éléments que la profusion d'êtres vivants, humains, fées et autres qui, en ce début décembre, préféraient l'intérieur du château à son extérieur. Ça faisait beaucoup trop de monde dans un endroit clos et ça en devenait étouffant, à la limite du supportable.
Alors que le vent, lui, ne l'avait jamais dérangé. C'était même lui qui le bravait car, un peu gêné que les remparts ne l'en protègent un peu trop, le garçon avait décidé de sauter sur le dos d'un Michel dépassant d'un créneau. Il avait bien choisi le moment, en plein après-midi pour éviter les protestations de la gargouille, et le Michel. Celui-ci avait des espèces d'ailes légèrement repliées et atrophiées mais c'était mieux que rien. Ainsi juché, il pouvait s'imaginer partir pour Lyon, chez lui au 12 rue du Garet, dans sa chambre qu'il avait toujours connue, douce et chaude, au milieu des objets de son enfance, des cadeaux de ses amis, des étoiles accrochées au mur, des vêtements pêle-mêle jonchant meubles et lit.
Sauf qu'en vrai, il ne retournerait jamais là-bas. Sa famille avait déménagé cet été. Un étranger occupait sa chambre.
Il pouvait s'imaginer repartir à dos d'Asmodée, vers cette montagne qu'il voyait encore au loin... à moins que ce ne soit celle-ci, plus à droite ? Il n'était plus très sûr. Quitter l'académie sur le dos de cet invraisemblable oiseau de feu en compagnie de Maëlle pour aller rencontrer le sage mage blanc Abeba. Peut-être rester là-bas, cette fois, ne pas revenir tout de suite, goûter une nouvelle fois à cette potion qui pour la toute première fois lui avait fait ressentir le monde autrement.
Mais Teilo se demandait si tout cela avait été un rêve. Le gigantesque oiseau de feu était parti depuis longtemps, plus personne n'en parlait à Beauxbâtons, et il ne retrouvait plus ce pendentif en bois que le sage Abeba lui avait donné pour sa protection. Les objets se dégradaient-ils comme les promesses, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien ?
Le vent lui fouettait le visage de plus belle, séchant les larmes avant même qu'elles ne coulent. Il ne s'était jamais senti aussi triste de sa vie... sauf peut-être à ses neuf ans, quand Papa n'avait pas pu venir. Ce même Père qui, il avait l'âge de le penser maintenant, ne s'était pas assez occupé de lui, croyant certainement que cinq frères et sœurs seraient suffisants. Mais dans une fratrie aux caractères bien trempés, le gentil et curieux Teilo avait toujours eu un peu de mal à se faire sa place, virevoltant entre un amas de passions plus ou moins fortes, plus ou moins voulues, à plus ou moins long terme. Cette place, elle avait fini par lui être donnée sans qu'on lui demande son avis : il serait le sorcier de la famille... exit la danse, le théâtre, le chant, les clowneries, le cirque. Tout ça, c'était bel et bien fini. Le quidditch aussi, très certainement. Il n'était vraiment pas au niveau.
Son statut particulier de sorcier, il n'était même pas le seul de la famille à l'avoir. Son petit frère Robin allait faire sa rentrée à Beauxbâtons l'année prochaine. Alors bon...
Ho ! Il fallait vraiment qu'il se ressaisisse. A quoi ça rimait, ces pleurnicheries ? lui soufflaient Drian, Lorie, Giovanni et sa mère réunis. Tout ça, ce n'était pas lui. Les grands hommes, les grands sorciers savaient se contrôler, prendre du recul, dominer leurs émotions. Il se sentait bien à Beauxbâtons la plupart du temps. Il aimait ses professeurs, ses cours, l'Académie, la magie, les créatures et les êtres magiques, son Cercle, ses amis. Il était délégué à son jeune âge et avait la confiance des professeurs ! Il avait plein d'amis, il avait mis du cœur à l'ouvrage pour en avoir toujours plus et, dans l'ensemble, ça avait payé. Il y avait même une fille qu'il trouvait jolie et souhaitait protéger, une autre avec qui il aimait bien passer du temps et avec qui il préparait actuellement un tas de cadeaux de Noël. Des garçons aussi. Et tous ensemble, ils allaient pouvoir affronter les mages noirs quand ceux-ci ne manqueraient pas de venir tout détruire. Le directeur l'avait dit. C'était inévitable.
Pris dans une soudaine bourrasque, Teilo agrippa le cou de la gargouille encore plus fort et, dans un grand soupir, lui murmura à l'oreille : "S'il te plaît, Michel, emmène-moi loin d'ici."
Dans les Dombes, chez sa grande-tante où il avait passé l'été. Il ressentait le besoin de revoir les vastes et calmes étangs.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Brrr, mais que ce vent était glacial. Tahina venait juste de sortir du dispensaire où elle avait fait un point avec Melle Zitelli sur les quelques patients qu'elles avaient et avait ensuite emprunté les escaliers qui menaient en haut des remparts, ne s'attendant pas à ce que ça souffle si fort. Seulement, elle était "de garde" ce week-end et elle avait donc décidé de faire une ronde avant de rentrer se mettre au chaud. Elle ne comptait pas s'attarder trop longtemps mais elle aurait quand même dû se couvrir un peu. Qu'est-ce qu'elle pouvait détester ce temps. Contrairement à la plupart des gens, ce n'était pas le fait que la nuit tombe tôt qui la dérangeait mais bien uniquement le froid. Il faut dire qu'en Guyane, c'était toute l'année qu'il faisait nuit vers 18h30 alors pour elle, c'était plutôt l'été que ça avait été un choc pour elle. La température par contre...
Enfin, heureusement, la ronde sur les remparts ne prenait jamais trop de temps. Tahina referma donc sa cape sur elle et hâta le pas, pensant déjà à la douce tiédeur qu'elle retrouverait dans l'académie une fois qu'elle pourrait rentrer. Elle profita du point de vue en hauteur pour vérifier que tout allait bien dans les jardins mais c'était au moins un avantage de cette météo désagréable : il y avait peu d'âme qui vive pour affronter la morsure du vent. Elle frissonna encore un peu et allait se résoudre à ne pas finir le tour avant d'être allée chercher une cape plus chaude quand sa vue périphérique fût attirée par une sorte de mouvement sur sa gauche. Instinctivement, elle tourna la tête, persuadée qu'il s'agissait d'un corbeau ou tout autre volatile du genre mais non, il n'en était rien.
Son cœur manqua un battement quand elle réalisa qu'il s'agissait d'un élève, perché sur un Michel. De là où elle était, impossible de savoir de qui il s'agissait mais peu importe, elle se mit à courir, baguette à la main, prête à réagir s'il venait à tomber. Mais qu'est-ce qui lui prenait ?
"Mais que faites-vous perché là. Descendez tout de suite et expliquez-vous !"
Manque de tact, comme toujours. Pour la défense de Tahina, elle venait d'avoir la frousse de sa vie et elle n'était encore pas franchement rassurée. Elle avait toujours sa baguette à la main, pointée vers l'élève au cas où il glisse ou alors qu'il soit en proie à des pensées bien sombres. Après tout, ne sachant pas ce qui l'avait conduit là, elle était obligée de prévoir tous les cas de figures et elle pourrait se détendre que l'autre l'adolescent serait les pieds sur le chemin de ronde, en sécurité !
Enfin, heureusement, la ronde sur les remparts ne prenait jamais trop de temps. Tahina referma donc sa cape sur elle et hâta le pas, pensant déjà à la douce tiédeur qu'elle retrouverait dans l'académie une fois qu'elle pourrait rentrer. Elle profita du point de vue en hauteur pour vérifier que tout allait bien dans les jardins mais c'était au moins un avantage de cette météo désagréable : il y avait peu d'âme qui vive pour affronter la morsure du vent. Elle frissonna encore un peu et allait se résoudre à ne pas finir le tour avant d'être allée chercher une cape plus chaude quand sa vue périphérique fût attirée par une sorte de mouvement sur sa gauche. Instinctivement, elle tourna la tête, persuadée qu'il s'agissait d'un corbeau ou tout autre volatile du genre mais non, il n'en était rien.
Son cœur manqua un battement quand elle réalisa qu'il s'agissait d'un élève, perché sur un Michel. De là où elle était, impossible de savoir de qui il s'agissait mais peu importe, elle se mit à courir, baguette à la main, prête à réagir s'il venait à tomber. Mais qu'est-ce qui lui prenait ?
"Mais que faites-vous perché là. Descendez tout de suite et expliquez-vous !"
Manque de tact, comme toujours. Pour la défense de Tahina, elle venait d'avoir la frousse de sa vie et elle n'était encore pas franchement rassurée. Elle avait toujours sa baguette à la main, pointée vers l'élève au cas où il glisse ou alors qu'il soit en proie à des pensées bien sombres. Après tout, ne sachant pas ce qui l'avait conduit là, elle était obligée de prévoir tous les cas de figures et elle pourrait se détendre que l'autre l'adolescent serait les pieds sur le chemin de ronde, en sécurité !
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Bien sûr, le Michel ne lui avait ni répondu ni agité ses ailes de pierre pour enfin s'extraire du socle qui le retenait au château. De toute manière, ces ailes étaient bien trop petites pour les porter tous les deux, nota Teilo dans un souffle désemparé. Même son soupir n'était rien face au vent qui soufflait de face et cherchait à le plaquer contre les remparts, comme pour lui signifier que partir d'ici lui était tout bonnement impossible.
Le vent n'était pas le seul à vouloir qu'il reste. La voix aussi, celle qui surprit Teilo et lui fit tordre son long cou par dessus son épaule. Les yeux ronds de surprise, il avisa l'adulte qui l'avait débusqué. Madame Yapara. Un frisson le prit qui n'était pas dû au vent frais et, sans trop attendre, il défit son emprise autour du cou du Michel, se mit debout sur son dos et bondit sans trop vraiment réfléchir vers le bord du rempart qu'heureusement il attrapa.
Par la force de ses bras et grâce à la protubérance d'une pierre sur laquelle il put prendre appui, le Lug se hissa sans grande difficulté et se retrouva debout en haut du créneau, dans une posture immobile qu'il conserva quelques secondes : les mains cachées dans ses poches de pantalon, ses jambes fines toutes droites, le dos courbé vers l'avant et la tête légèrement sur le côté. Ses yeux ronds et bleus étaient braqués sur Madame Yapara, inquisiteurs et terrifiés à la fois.
Le garçon finit par sauter d'un bond du muret et se retrouva deux mètres devant elle et sa baguette. Aussitôt, il tendit des mains ouvertes et pacifiques vers l'avant, sourire aux lèvres. "Pardon, Professeur. Je ne voulais pas vous inquiéter." Il commençait à bien connaître sa Professeur de Guérison et son caractère, disons... entier. Il savait aussi qu'elle était de ces adultes qui pouvaient écouter pourvu qu'on ne les mène pas en bateau. Il y avait aussi quelque-chose dans son regard, quelque-chose de beaucoup plus inquiétant qui l'avait toujours un peu chiffonné. Là, c'était plus flagrant que jamais.
Le Lug déglutit. Il n'arrivait pas à se débarrasser de ce frisson dans sa nuque et son dos, comme si une partie de son corps lui suggérait de s'échapper plutôt que répondre. Mais fuir était ridicule, c'était une Professeur, il était un élève, elle n'allait pas le manger ! Elle voulait juste une explication.
"Hm, comment dire ?" commença Teilo en se balançant d'un pied à l'autre, les mains dans le dos et le visage gêné. Toute sa tristesse avait disparu comme par magie mais ce n'était pas pour le meilleur, pensait-il : il était tendu comme pas possible. "Je voulais dire bonjour à mon Michel préféré." Ses yeux ne pouvaient quitter ceux de sa Professeure. "C'est le plus gentil de tous les Michel ! Il jure deux fois moins que les autres. Je m'en suis rendu compte lors de mes rondes du soir !"
Il pouffa pour se détendre un peu et fit sans trop y penser deux pas en arrière. Sa respiration s'était accélérée sans qu'il ne s'en rende compte. "Je vous promets que c'est vrai.", ajouta-t-il en étirant son sourire.
Ça ne suffirait pas comme explication mais que lui dire ? Il n'en avait aucune, il avait juste eu envie de sauter sur le dos du Michel. Mais s'il lui disait, elle allait s'énerver, Teilo en était sûr et certain. Peut-être valait-il mieux changer de sujet ? Mais lequel, le temps ? Les potions, de nouvelles recettes d'infusions ? Bien en peine de trouver quoi que ce soit qui puisse le sauver de l'ire de son Professeur, Teilo baissait progressivement la tête, les épaules de plus en plus voûtées. Le passage dans son bureau avec Giovanni pour leur mauvaise blague du premier avril lui revenait en tête. Qu'est ce qu'il allait prendre. En plus, il était délégué !
"Professeur... je sais que ça a l'air bizarre, mais... c'est pas si grave", tenta-t-il tout de même dans un ultime espoir. Un soupçon de sourire persistait au coin de ses lèvres. "J'ai vraiment pas peur des hauteurs et j'ai un bon équilibre, j'ai fait de la danse. Et j'ai déjà volé sur le dos d'Asmodée. Vous savez, l'oiseau de feu de Durmstrang."
Le vent n'était pas le seul à vouloir qu'il reste. La voix aussi, celle qui surprit Teilo et lui fit tordre son long cou par dessus son épaule. Les yeux ronds de surprise, il avisa l'adulte qui l'avait débusqué. Madame Yapara. Un frisson le prit qui n'était pas dû au vent frais et, sans trop attendre, il défit son emprise autour du cou du Michel, se mit debout sur son dos et bondit sans trop vraiment réfléchir vers le bord du rempart qu'heureusement il attrapa.
Par la force de ses bras et grâce à la protubérance d'une pierre sur laquelle il put prendre appui, le Lug se hissa sans grande difficulté et se retrouva debout en haut du créneau, dans une posture immobile qu'il conserva quelques secondes : les mains cachées dans ses poches de pantalon, ses jambes fines toutes droites, le dos courbé vers l'avant et la tête légèrement sur le côté. Ses yeux ronds et bleus étaient braqués sur Madame Yapara, inquisiteurs et terrifiés à la fois.
Le garçon finit par sauter d'un bond du muret et se retrouva deux mètres devant elle et sa baguette. Aussitôt, il tendit des mains ouvertes et pacifiques vers l'avant, sourire aux lèvres. "Pardon, Professeur. Je ne voulais pas vous inquiéter." Il commençait à bien connaître sa Professeur de Guérison et son caractère, disons... entier. Il savait aussi qu'elle était de ces adultes qui pouvaient écouter pourvu qu'on ne les mène pas en bateau. Il y avait aussi quelque-chose dans son regard, quelque-chose de beaucoup plus inquiétant qui l'avait toujours un peu chiffonné. Là, c'était plus flagrant que jamais.
Le Lug déglutit. Il n'arrivait pas à se débarrasser de ce frisson dans sa nuque et son dos, comme si une partie de son corps lui suggérait de s'échapper plutôt que répondre. Mais fuir était ridicule, c'était une Professeur, il était un élève, elle n'allait pas le manger ! Elle voulait juste une explication.
"Hm, comment dire ?" commença Teilo en se balançant d'un pied à l'autre, les mains dans le dos et le visage gêné. Toute sa tristesse avait disparu comme par magie mais ce n'était pas pour le meilleur, pensait-il : il était tendu comme pas possible. "Je voulais dire bonjour à mon Michel préféré." Ses yeux ne pouvaient quitter ceux de sa Professeure. "C'est le plus gentil de tous les Michel ! Il jure deux fois moins que les autres. Je m'en suis rendu compte lors de mes rondes du soir !"
Il pouffa pour se détendre un peu et fit sans trop y penser deux pas en arrière. Sa respiration s'était accélérée sans qu'il ne s'en rende compte. "Je vous promets que c'est vrai.", ajouta-t-il en étirant son sourire.
Ça ne suffirait pas comme explication mais que lui dire ? Il n'en avait aucune, il avait juste eu envie de sauter sur le dos du Michel. Mais s'il lui disait, elle allait s'énerver, Teilo en était sûr et certain. Peut-être valait-il mieux changer de sujet ? Mais lequel, le temps ? Les potions, de nouvelles recettes d'infusions ? Bien en peine de trouver quoi que ce soit qui puisse le sauver de l'ire de son Professeur, Teilo baissait progressivement la tête, les épaules de plus en plus voûtées. Le passage dans son bureau avec Giovanni pour leur mauvaise blague du premier avril lui revenait en tête. Qu'est ce qu'il allait prendre. En plus, il était délégué !
"Professeur... je sais que ça a l'air bizarre, mais... c'est pas si grave", tenta-t-il tout de même dans un ultime espoir. Un soupçon de sourire persistait au coin de ses lèvres. "J'ai vraiment pas peur des hauteurs et j'ai un bon équilibre, j'ai fait de la danse. Et j'ai déjà volé sur le dos d'Asmodée. Vous savez, l'oiseau de feu de Durmstrang."
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