Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je descends les escaliers à pas de loup, me repère grâce aux rayons de lune jusqu'au sofa le plus large avant d'invoquer mon patronus qui disparait vers les chambres des filles. Puis je dépose Topine sur un des accoudoirs. Elle secoue ses bras en signe de compréhension. Ces étapes, je les ai répété un grand nombre de fois depuis la rentrée. Elles sont devenues comme une routine bien huilée.
Je m'allonge sur le canapé en l'attendant. Si elle dort, il lui faudra quelques minutes pour sentir la présence de ma magie. Mais je sais qu'elle finira par l'éveiller, c'est toujours le cas. Je n'ai aucune idée de comment elle fait. Lorsque je lui ai posé la question, elle m'a dit que ça lui venait comme ça, comme un sixième sens. Ca me dépasse mais je ne m'en plains pas. De cette façon, je peux la contacter à toute heure et elle vient éloigner mes cauchemars. Ce soir - ou plutôt cette nuit - est un peu différente néanmoins...
Quelques minutes passent durant lesquelles j'observe la nuit derrière la grande baie vitrée. Je pourrai presque m'endormir là, comme ça, au rythme des rayons de lune qui apparaissent et disparaissent au gré des nuages. Je sens mes yeux se fermer irrésistiblement jusqu'à ce qu'un mouvement sur l'accoudoir m'interpelle. Avant même de voir le faisceau lumineux sortant d'une baguette, Topine s'agite, me prévenant de l'arrivée prochaine d'un intru dans le salon. Les sens aguets, je reste donc immobile jusqu'à ce que la silhouette familière se fonde dans les ombres pour me rejoindre une fois qu'elle m'a repérée. J'entends son soupire.
- Je croyais que ça allait mieux depuis que Teilo t'a donné de quoi occuper ton esprit, dit Abbie à voix basse en s'asseyant contre moi.
- C'est le cas. Mais j'avais envie d'être avec toi, je lui réponds en me redressant jusqu'à pouvoir poser mes lèvres contre son cou.
- Tu sais bien ce que l'on risque si on nous surprend ici tous les deux, de ce qu'on pourrait penser.
Je lâche un soupire contrarié avant de me laisser retomber lourdement. Depuis quand s'inquiète t-elle autant des "qu'en dira-t-on" ?
- On ne fait que dormir, ils ne vont pas nous virer pour ça. Et Topine nous préviendra si quelqu'un arrive.
Enfin, si il pouvait me renvoyer pour n'importe quelle raison, je ne dirai pas non. Cela dit, je doute que la liberté m'attende à la sortie. Plus certainement un fouttu auror. Je repousse ces pensées pour me concentrer sur Abbie. Je la sens hésiter. C'est bien la première fois, je me demande ce qui lui prend. Du bout des doigts, je lui caresse le bras pour la rassurer et l'inciter à venir contre moi. Le temps s'étire et j'ai l'impression qu'à tout moment, elle repartira. Cette idée me noue l'estomac d'une manière que je ne m'explique pas. Je n'ai qu'une certitude, je ne veux pas qu'elle me laisse.
- Reste, s'il te plait, je finis par murmurer.
Je la sens plus que je ne la vois acquiescer et je sens le soulagement m'envahir lorsqu'elle finit par s'allonger contre moi. Je me love dans ses bras et l'embrasse avec tendresse. Ce baiser à le don d'allumer un feu dans mon ventre et la furieuse envie de le consumer mais je l'étouffe avec regret. Je sais qu'Abbie ne le permettra pas et je n'ai aucune envie qu'elle s'en aille parce que je serai allé trop loin. Ainsi installé, je ne me rends même pas compte de m'enfoncer dans le sommeil.
***
Salon de la Tour d'Ogme - 1h48
Depuis l'orée de ma conscience, je sens que la chaleur qui m'enveloppe disparait peu à peu. Le froid m'envahit rapidement tandis qu'une voix murmure au-dessus de moi. "Desillusio" qu'elle dit. Le contact avec la magie me fait davantage frissonner et participe à me tirer doucement du sommeil. A demi endormi, j'entends vaguement le bruit de verre qui teinte puis la voix claire d'Abbie.
- Lorie ? dit-elle avec une intonation de surprise contenue.
Ce prénom finit par me réveiller complètement et je tends l'oreille vers la source de la conversation naissante.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Le regard droit vers le plafond, dans une semi-conscience, la blonde profitait de l’obscurité de son dortoir. Lys, lovée contre sa poitrine, ne craignait plus les regards indiscrets des autres filles de la chambre. Sous la couette, Lorie laissait sa main parcourir le pelage de son animal de lien d’une douce caresse.
Puis, d’un mouvement tout aussi doux, la blonde se releva pour s’asseoir. Un simple mouvement, certes léger, mais qui eut pour effet de tirer Lys de son sommeil d’hermine. Après s’être dégourdie les pattes, l’amie la plus fidèle de Lorie vint sortir son museau.
Tu ne dors pas… En effet, avait songé Lorie en accordant un sourire masqué par la pénombre. Prépare-toi, nous allons sortir. Le couvre-feu ? Ne le ressens-tu pas ? Quoi donc ? Le poids de l’insomnie… Non. La voix de l’hermine était triste. Serait-ce de la tristesse ? Ne t’en fais pas, on s’y accommode. Crois-tu que dans la pensine d’Aliaume nous aurons la réponse ? Elle viendra lorsque le temps le permettra, ne brusquons pas les prophéties.
Lorie tendit la main devant le nez de Lys et, sans même lui indiquer quoi faire, celle-ci s’empressa de l’emprunter pour monter sur son épaule. Elle glissa son corps dans l’encolure de la robe sorcière et commença sa petite vie alors que Lorie se levait. La sorcière enfila un peignoir de soie blanc avant d’attraper son sac et à pas de velours, elle se dirigea vers la sortie. D’un geste discret, elle se faufila dans les escaliers et les descendit un à un.
Le clair de lune éclairait le boudoir dans une teinte bleuté, tandis que le feu mourant colorait une petite partie de celui-ci d’une couleur vermillon. Pieds nus, Lorie tomba nez à nez avec Abbie, si le nez de celle-ci pouvait être considéré comme extensible. Faute de l’être, le nez à nez était moins intimiste. La voix de la fille, avait rompu le silence de maître, seulement interrompu par le crépitement des braises.
« Bonsoir Abbie »
Lui avait-elle répondu sur un ton délicat et aussi feutré que ses déplacements. Elle se déplaça vers la fenêtre et y observa les jardins. Puis d’un geste gracieux, elle récupéra sa baguette et alluma une lumière dorée. Quelques fines particules s’échappaient par ici et là, c’était l’un de ses plus beaux lumos bien qu’il envahît les lieux d’une lumière moins intense.
Après un petit soupire, la blonde se retourna, elle offrit un sourire complice et rassurant. Pourquoi ? Aucune idée, c’était simplement Lorie, mais personne ne venait au beau milieu de la nuit sans raison. Encore moins à rester seul. Mais tout cela ne la regardait pas, alors d’un pas tout aussi feutré, elle se déplaça vers la porte de sa confrérie, prête à braver le couvre-feu. Elle connaissait, à force, le chemin vers le dispensaire toute seule.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je m'attends à une suite, des questions, de l'une ou de l'autre de ces demoiselles, un commentaire quelconque, mais rien. Le silence. Puis une porte s'ouvre et se ferme doucement et j'ai l'intuition que Lorie est repartie aussi vite qu'elle est apparue. Si Abbie ne m'avait pas lancer son sort pour me dissimuler, la déléguée d'Ogme n'aurait pas pu me louper, son lumos était pointé droit sur moi. Tandis qu'elle regardait le vide, moi, c'est elle que j'observai avec tout le mépris et la colère que je me suis habitué à masquer en sa présence. Il fallait que ça soit elle, la perturbatrice de mon sommeil, de ce moment d'intimité avec Abbie. Comme toujours.
Je me redresse le plus discrètement possible pour regarder par dessus le dossier du canapé et ne vois que ma petite amie. La blonde s'est véritablement évaporée. Comme si Abbie avait remarqué mon mouvement, elle se tourne dans ma direction.
- Elle fait toujours comme bon lui semble, on dirait qu'elle n'est pas soumise au même règlement que nous..., dit-elle avant de hausser les épaules. Peu importe, qu'elle fasse bien ce qu'elle veut... Qu'est-ce que tu fais ? Demande-t-elle en m'entendant me lever et lancer le même sortilège que le sien sur Topine que je viens de poser au creux de mon col.
- Tu as raison, on dirait qu'elle a un passe-droit. La conclusion de la jeune femme m'a sauté aux yeux au moment même où elle l'a énoncé. Si je suis constamment surveillé, Lorie, elle, ne semble jamais se soucier de se faire prendre et brave bien trop souvent le couvre-feu pour que ça soit normal. Je vais voir ce qu'elle fabrique.
- Tu plaisantes ?! Tu...
Je m'approche d'elle et la prends dans mes bras. D'un baiser, je stoppe ses protestations. Je n'ai pas le temps pour ça. Si je tarde trop, je ne retrouverai plus Lorie.
- Je ne serai pas long, je rev... Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'Abbie se défait brutalement de mon étreinte. Je l'observe interdit. Elle regarde dans la direction qu'elle pense être la mienne et, dans les lueurs des braises mourantes et le clair de lune, je vois dans son regard et son expression de la colère et peut-être aussi... de la peine ?
- C'est toujours pareil quand il s'agit d'elle. Je vais me coucher.
Elle me plante là, me laissant perdu. Je ne comprends rien à sa réaction. Que veut-elle dire par là ? Elle sait pourtant pourquoi j'agis ainsi. Les femmes sont incompréhensibles. C'est d'un pas aussi agacé qu'elle que je sors de la Tour, marquant un temps d'arrêt pour que mes yeux s'habituent à l'obscurité plus profonde que celle du salon. Dès que j'arrive à distinguer les couloirs, je me faufile entre les ombres pour retrouver la trace de la sorcière.
- Aide-moi, je murmure à Topine à la stimulant d'une petite caresse du bout du doigt.
Je la sens s'étirer et affuter ses sens, puis la femelle Chope-mitaine se tourne d'un bloc dans une direction que j'espère être celle de Lorie. Il ne manquerait plus que la créature me fasse tomber sur un professeur en ronde. Le risque n'est pas absent, mais je mise sur les faits. La plus proche devrait être la jeune fille. Mes pieds nus se posent sans un bruit sur le sol même lorsque je me mets à trottiner. C'est un avantage indéniable. Moi, moins que personne, ne peut me permettre de me faire repérer. En revanche, le sol est si glacé que sa brulure se répand de ma voute plantaire jusque dans ma nuque. Je me force à serrer la mâchoire pour ne pas claquer des dents.
La silhouette de la jeune femme, que je repère une poignet de seconde plus tard dans un couloir devant moi, me fait oublier le froid. Elle n'était finalement pas si loin. J'avance prudemment sur ses traces, à pas feutré. J'ai beau être invisible, je ne suis pas insonore. Je dois rester prudent. J'ai bien l'intention de découvrir cette nuit le secret qu'elle cache - car il y en a un, elle me l'a clairement dit la première année du tournoi - et qui est possiblement la raison pour laquelle elle n'est pas inquiétée de se faire prendre en pleine nuit.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Tu es suivie, il est invisible mais je peux entendre ses pas. Sûrement l’odeur aux côtés d’Abbie. La voix de Lys avait résonné dans la tête de Lorie qui n’avait rien changé à son rythme. Elle n’avait même pas cherché à accélérer le rythme. Qui se mettrait à la suivre ? Une question futile alors que sa baguette était déjà dans sa main et qu’elle éclairait ses pas sous la lumière dorée de son lumos. Puis au fond elle avait peu de chance de se tromper sur l’identité de celui qui pensait fusionner avec les ombres.
Il ne fallut pas longtemps à la blonde pour pousser les portes du dispensaire. Après qu’elle ait échangé deux trois mots avec madame Zitelli, ou plutôt ses lèvres. Elle laissa les portes se refermer toute seules derrière elle sans même se retourner. Le sol du dispensaire était bien moins froid que les jardins gelés de l’hiver. Il y avait toujours cette douce chaleur tropical. Peut-être était-ce les murs de végétations qui donnait cet effet, mais Lorie s’y trouvait admirablement bien. Le mordant du froid tantôt expérimenté avait réussi à faire frissonner Lorie, pourtant au chaud dans ses vêtements de nuit enchantés. Chaque pas faisait un petit bruit audible pour ses oreilles. Le son était toutefois probablement trop faible pour que les quelques malades qui avaient été frappés par le froid de l’hiver. La peau de ses pieds nus qui se collait et se décollait du sol n’était donc pas un problème.
La blonde lança un regard aux lits de ses malades de la journée. Certains pourraient reprendre les cours dès le lendemain matin. Elle faisait de toute façon confiance à mademoiselle Ziteli. En cette nuit illuminée par la lune, Lorie était surtout ici pour elle. Alors elle trouva sans mal celle qui faisait office de gardienne du dispensaire.
« Madame Ziteli ? » « Venez mademoiselle Fleury. » Les voix des jeunes femmes se fondaient dans un demi murmure. « Merci » « Depuis combien de temps ? » avait questionné la guérisseuse. « C’est ma deuxième nuit d’insomnie consécutive cette semaine madame. » « Je vais vous donner une potion» Lorie fit un petit mouvement de la tête. « Quelque chose vous tracasse ? » « Pas spécialement. » Avait menti la championne. « Êtes-vous certaine ? » Après un soupir, Lorie afficha un air embêté. « C’est, une année, compliqué » Elle l’était, elle ne l’imaginait pas aussi intense même. « Vos résultats sont excellents et vos notes en guérison sont parfaites mademoiselle Fleury… » « Je sais » « Vous vous inquiétez plus pour vos résultats que pour les tournois ? Mais dites moi quand vous avez extrait la flèche de centaure des entrailles de l’amazone en pleine forêt alors que vous étiez sous le feu ennemi… Que vous est-il passé par la tête ? » « J’ai simplement agi pour lui sauver la vie » La guérisseuse afficha un sourire. « Installez vous ici pour la nuit » La guérisseuse en profita pour déposer une fiole sur le guéridon de Lorie. « Je vais devoir prévenir la professeure Yapara. » « Ce n’est pas obligé. » « Si, vous connaissez votre passif pour les potions… Demander une potion de sommeil n’est pas anodin surtout quand vous consommez de manière excessive celle produite par les gitans pour tenir le rythme, je suis obligé aussi de parler de ça à votre professeure. » Lorie ses doigts sur la lanière de son sac. « Je comprends » « Vous avez besoin de repos, vous aurez les idées plus claires demain pour trouver ce qui vous empêche de dormir à ce point » « Je plussois » « Bonne nuit Mademoiselle Fleury » « Merci madame, bonne nuit. » « D’une traite la potion. »
Lorie soupira et fouilla dans son sac. Fatiguée, elle eu du mal a trouver ce qu’elle cherchait. Alors, elle commença à sortir quelques affaire qu’elle posa sur la table de chevet ou encore sur le sol. Alors qu’elle s’était saisit d’une fiole, elle déposa celle-ci à côté de celle que lui avait donné madame Zitelli. Ce n’est qu’une fois qu’elle eut trouvé son gri-gri, qu’elle s’asseyait en se saisissant d’une fiole.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
A distance raisonnable, je continue de suivre la jeune femme jusque dans les jardins. Là, un doute m'envahit. Ne me dis pas qu'elle va encore au dispensaire ? Mon intuition se confirme lorsqu'elle emprunte le chemin dont la seule destination possible mène tout droit au repère des guérisseurs. En pleine nuit, je ne vois qu'une raison pour laquelle elle se rendrait là-bas et cette raison est d'un ennui mortel. Elle va probablement juste récupérer un de ces somnifères ou autre truc dans le genre dont elle ne pouvait se passer l'année du tournoi. Je ne savais pas qu'elle continuait à en utiliser. Bordel... Tout ça pour ça. Je ne peux même pas envisager de profiter de mon invisibilité pour lui balancer un maléfice, les soupçons se dirigeraient immédiatement sur moi quoiqu'il arrive. C'était bien la peine de laisser Abbie.
Ne voyant plus aucune raison de continuer ma filature, je fais demi-tour. Je ne vais pas me les geler pour rien et il n'y a pas moyen que j'entre dans le dispensaire discrètement sans devoir dévoiler ma présence. Je n'ai aucune envie de rester coincer là-bas sous un faux prétexte pour au final... pas grand chose. Mon retour se fait aussi silencieusement que l'allée. Si je m'orientai grâce à la lumière que produisait la baguette de Lorie, là je flirte totalement avec les ombres qui se font tantôt féeriques, tantôt chimériques. Pour autant, si la nuit se pare de son manteau de mystère et de son aura inquiétante, elle ne m'effraie pas. Mes cauchemars sont bien plus terrifiants. Une chose me dérange néanmoins et me hérisse les poils de ma nuque : même sous la lune et le château endormi, et parer d'un voile d'invisibilité, a sensation d'être observé ne disparait pas. Elle semble me coller à la peau à toute heure du jour et de la nuit, et un sortilège de dissimulation n'y change rien. Rien que pour ça, je me hâte de rejoindre la Tour d'Ogme.
Tout du moins, je l'espérai. Alors qu'il ne me reste plus qu'une quinzaine de pas à faire pour pouvoir passer la porte de la Tour, Topine s'agite et un rayon de lumière se profile au bout du couloir. J'avance plus prudemment et m'apprête à m'engager tout de même devant la Tour du personnel lorsque je sens que quelque chose change. J'ai un peu plus chaud et un coup d'œil aux vitres me renvoie mon reflet. Merde ! Instinctivement, je fais demi-tour et me cache dans un recoin, derrière une statue. J'ai beau être dans l'ombre, je ne me sens pas plus que ça à l'abri. Comme si la menace qui me suivait au quotidien avait bien l'intention de tout de faire pour dévoiler ma présence. La statue ne vient-elle pas de se déplacer un peu ? Je le jurerai ! La lumière s'intensifie, la personne en question vient par là. A coup sûr, elle ne pourra pas me louper. Je ne peux même pas me lancer le sortilège de désillusion à moi-même, même un murmure dans ce silence uniquement interrompu par les bruits de pas qui se rapprochent, ne passerait pas inaperçu. Je peux toujours essayer.
J'inspire doucement et profondément en sortant ma baguette et... me dis que finalement, tout ceci est ridicule. Pourquoi donc est-ce que je me cache ? Je suis un maître occlumens, doué dans l'art du mensonge, me cacher me rendrait encore plus suspect et que crains-je au juste ? Perdre des poussières ? Je m'en moque complètement. Des travaux d'intérêt généraux ? Bah, peu m'importe. Le seul qui pourrait vraiment me mettre en difficulté est Emilien Gautier. Mais ce n'est pas le seul à faire des rondes dans l'académie. Je serai malchanceux s'il s'agissait de lui. Sous une impulsion, je sors de ma cachette et m'avance. Une seconde à peine après, la lumière de la baguette m'oblige à me couvrir les yeux. Je n'arrive pas à discerner l'adulte qui la tient.
- Monsieur Vaillant, constate une voix d'adulte qui me glace le sang. Que faites-vous donc ici en plein milieu de la nuit ?
Il fallait que ça soit lui. J'en rirai presque si ma bouche ne s'était pas asséchée soudainement. Mes yeux s'habituent et le majordome se révèle devant moi. Nous nous toisons sans un mot. Je cherche une explication qui tienne la route mais je sais que l'homme ne se laissera pas facilement tromper. C'est alors qu'une seconde lumière apparait. Celle-ci provient de derrière moi, précisément du chemin que je viens de rebrousser.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Elle bu le contenue de la fiole d’une traite, comme lui avait suggéré madame Zitelli. Elle se senti tout à coup bien mieux, tellement qu’elle n’avait plus envie de rester allonger dans son lit du dispensaire. Ce qui arrivait lorsqu’on buvait une potion de confusion. Elle rédigea un mot pour éviter les sanctions qu’elle signa du nom Zitelli. Silencieusement, avec pour seule musique le son de ses pas. Lorie traversait le dispensaire, elle poussa les portes et alors que le froid vint de nouveau mordre ses petits pieds. Songeuse la petite, plus si petite, sorcière resta planté un petit temps l’air songeur.
« Hum… »
La sorcière agita sa baguette et sembla attendre pour qui voulait y faire attention. Après avoir attendu quelques instants, la sorcière secoua la tête et transforma une pierre en banc. Elle vint s’asseoir dessus, les jambes d’un côté de celui-ci, comme si elle chevauchait en amazone. Aussitôt le banc se mit à courir vers le château, sous la petite mélodie de la voix de Lorie.
« La la la la, je suis un poisson bloup bloup… Mais je cours je cours. »
Le vent froid venait frapper le visage de la championne qui frissonna malgré ses vêtements réchauffés par ses charmes. Baguette allumée, elle progressa rapidement dans le château et les pieds du banc de pierre cliquetaient dans un rythme effréné sur le sol du château. Tac tac tac tac tac.
Clic clic clic clic clic. « la lala la la, chaud devant tut-tut ! Elle dépassa deux personnes et s’immobilisa juste après, comme si elle venait de prendre conscience de ce qui se tramait. Le banc se retourna à la façon d’un cheval participant à un concours de dressage et Lorie inclina sa tête sur le côté. Oh ben M’sieur Gautier qu’est-ce que vous faite debout à cette heure-là ? Y’a pas idée de se lever à cette heure-là, vous avez des journées fatigantes faut vous reposer. »
Lorie cligna des yeux. Le silence après son petit speech était tout aussi lourd que les ténèbres de la nuit. Jusqu’à ce que le banc reprenne sa forme de pierre et que la sorcière tombe sur les fesses. Elle tomba à la renverse et se releva après une roulade arrière disgracieuse.
« Ça va ! J’ai rien ! Rien de cassé ! »
La blonde se releva les cheveux devant les yeux et chassa sa chevelure blonde tantôt en soufflant dessus, tantôt en se débattant avec ses mains. L’air un peu nié, Lorie souriait au majordome avec une innocence troublante.
« Oh oui ! Dit-elle avant de fouiller dans une poche de son peignoir. Le mot de mademoiselle Ziteli ! » Elle s’avança alors jusqu’au majordome et agita le bout de parchemin pour qu’il s’en saisisse.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Voir débarquer Lorie ne me surprend pas en soi, même si je ne comprends pas pourquoi elle a été autorisée à sortir du dispensaire. Par contre, la voir débarquer sur un banc galopant en chantant puis agir et parler de manière inconséquente au majordome me laisse sur le cul. Non littéralement, contrairement à elle. Les carcohls lui ont grignoter le cerveau ou quoi ? Elle semblait pourtant tout à fait normale en entrant dans le dispensaire.
Je jette un coup d'œil au majordome qui, droit comme un i, se contente de froncer les sourcils sans esquisser le moindre geste vers le morceau de papier qu'elle lui tend. Dans la seule lueur de sa baguette, cela lui donne un air inquiétant.
- Que voulez-vous que je fasse de ça Mademoiselle Fleury ? Soit vous l'avez écrit vous-même, soit Madame Zitelli a oublié le règlement en vigueur dans l'académie. En aucun cas elle n'aurait du vous laisser quitter le dispensaire. J'irai tirer cela au clair dès demain matin car de toute évidence, vous ne souffrez d'aucune urgence médicale qui expliquerait votre présence en dehors de votre Tour en pleine nuit. Je vous raccompagne. Immédiatement.
Sa voix sèche et ferme claque comme un coup de fouet. J'aurai probablement laissé échapper un sourire satisfait si l'homme ne s'était pas tourné à nouveau vers moi avec une froideur encore plus glaciale, en m'enjoignant de le suivre également.
- Maintenant je veux connaître la raison pour laquelle vous n'êtes pas dans vos lits respectifs à une heure pareille et épargnez-moi d'autres excuses idiotes, nous savons tous trois que vous n’avez rien à faire ici. Demande-t-il - ou plutôt ordonne-t-il ce qui a le don de me hérisser davantage - tout en marchant vers notre destination que nous rejoignons rapidement.
Je garde le silence jusqu'à ce que la porte de le Tour d'Ogme ne soit qu'à une longueur de bras. Emilien Gautier n'a pourtant pas l'intention de nous laisser nous échapper sans une explication qui le satisfasse.
- J'attends, dit-il en nous toisant tous les deux.
Pas d'excuse bidon hein ? Je n'ai pas la moindre excuse qui me viennent tout court. Pas même un mensonge plausible. Et Lorie n'en n'aura pas non plus puisqu'elle vient réellement du dispensaire. Si aucun de nous deux ne se jette à l'eau, le majordome risque de finir par s'impatienter et de nous amener directement au professeur Yapara. La nuit promet alors d'être extrêmement longue.
- Comme vous pouvez le constater, le comportement de Lorie est quelque peu... étrange, je finis par dire en brisant le silence pesant. Je lance un regard en biais pour la jeune femme. Autant utiliser ce à quoi nous venons d'assister pour corroborer son histoire. Et je l'ai vu quitter la Tour sans raison, je voulais donc savoir ce qui lui arrivait. Je l'ai alors suivi. Lorsque j'ai compris qu'elle se dirigeait vers le dispensaire et donc en sécurité, j'ai fait demi-tour et je suis tomber sur vous.
Un nouveau silence s'installe. Je n'ose plus regarder Lorie de peur de ne pas réussir à garder mon expression impassible. Quant au majordome, je suis certain qu'il ne me croit pas. Tout du moins, il ne croit pas aux intentions que j'essaie de faire passer dans mon discours. En même temps, ce n'est pas lui que j'essaie de duper là-dessus mais Lorie. Evidemment qu'il ne prendra pas un Mage noir pour un bon samaritain. Pour le reste, s'il ne croit pas aux faits, je n'y peux plus grand chose.
- Je vois, et j'imagine que prévenir un adulte ne vous ait pas venu à l'esprit ?
- Absolument pas. Je n'ai aucune confiance en les adultes, je réponds avec le plus grand des sérieux qui ne manque pas de faire tiquer le sorcier. Parfait, mon objectif est rempli.
- Soyez certain et certaine que votre Maitresse de confrérie sera informée de votre manquement au couvre-feu, dit-il. Il semble hésiter un instant avant d'ajouter tout en nous balayant du regard avec gravité : Et votre directeur également.
Je sais que cette menace vaut surtout pour moi au regard légèrement plus appuyé qu'il me porte. C'est invisible, pour qui ne sait pas qu'un secret nous lie, mais une évidence pour moi. Il reste planté devant l'entrée jusqu'à ce que nous entrions dans le salon. Je suppose même qu'il y restera une bonne partie de la nuit pour être certain que nous n'en sortions plus. Qu'il se rassure, je n'en ai pas l'intention. Je n'ai qu'une envie, rejoindre mon lit. Sans un mot pour la déléguée, je me dirige vers la cheminée qui masque l'escalier menant aux dortoirs.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Fichier ciel ! Il avait pas marché le vieux margoulin ! Lorie observa le mot qu’elle avait rédigé avec attention. Elle s’était pourtant sacrément appliquée… Loin de suivre toute l’interaction entre le major d’homme et le stalker, Lorie fronça les sourcils en relisant ce qui aurait pu la trahir. Il était vrai que le fait que madame Zitelli ne l’aurait pas laissé, même sans potion, sortir du dispensaire, aurait du lui mettre la puce à l’oreille.
« Boarf… Je l’ai pas si mal écrit quand même… »
La blonde se grattait la tête d’un air embêté, avant de hausser les épaules. Le major d’homme était cette fois un obstacle à son exploration. Qu’avait-elle en tête ? Plein de trucs. Devait-elle être seule ? Totalement !
La blonde releva le regard vers le duo que lorsqu’elle entendit son homologue confesser qu’il n’avait pas confiance aux adultes.
« Ah… À la base moi j’allais juste au dispensaire, Madame Zitelli m’a donné une potion pour dormir, je l’ai bu et hop ! Donc je vais vous laisser, loin de moi l’envie de me mêler de vos affaires. Lorie laissa un silence s’installer. N’empêche c’est ultra réaliste les rêves… La blonde tapota le biceps de Gautier. Roooh plus vrai qu’nature ! Bon aller je file. »
Lorie n’eut pas le temps de capter la moindre expression du major d’homme qu’elle entendit des pas se rapprocher et une lumière de lumos l’aveugler. La main devant les yeux, elle observa la lumière hypnotisante. Ce qui lui valu le reflex de se toucher.
« Oh-oh… Je suis morte ? Ou je suis devenue un papillon ? »
Prise d’une légère panique Lorie opéra un demi tour et commença à faire dans la direction opposé de la lumière. Mais elle se sentie d’un seul coup d’un seul, cloué au sol, dans l’impossibilité de bouger.
« Mademoiselle Fleury ! C’était Zitelli… Buvez ça par Merlin ! »
J’aime pas trop la tournure de ce rêve… Avait songé la blonde alors qu’elle était forcée de boire le contenu de la fiole. Très vite, la danse des ombres se transforma en obscurité ténébreuse. Si bien que toute sa conscience s’était envolée sous le voile de la nuit.
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