Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Octobre 2024
Teilo est en Troisième année
Teilo est en Troisième année
Atelier E2 d'Artisanat Magique : Reverto Arca
Teilo était parmi les premiers arrivés. Cette année, il était mo-ti-vé, il assistait à tous les cours qu'il pouvait, même les optionnels. Il était grand temps qu'il devienne sérieux avec tout ce qui se tramait.
Pour le coup, vu qu'il se donnait à fond dans son travail académique depuis plus d'un mois, et qu'il avait de nouvelles responsabilités en tant que délégué, des responsabilités qu'il prenait très à cœur, il était fa-ti-gué. C'était peut-être même plus que de la simple fatigue. Il usait de divers procédés magiques pour résister mais même après avoir pris potions et plats gastromagiques et baies et tout ce qu'on lui recommandait, il sentait qu'il y avait encore quelque-chose qui n'allait pas. Ce jour ne faisait pas exception. Depuis qu'il était entré dans la salle de Madame Landi, il avait déjà regardé cinq fois par la fenêtre. Malgré toute sa bonne volonté et son intérêt pour le sujet de la leçon, son attention ne cessait de dériver ailleurs.
Deux petits coups de baguette sur le dos de sa main droite le firent revenir une nouvelle fois au cours. Ils s'étaient mis d'accord sur ce signal avec Paolo. Teilo pouvait toujours compter sur Paolo pour veiller au grain, son ami était très consciencieux, et encore plus en artisanat magique car c'était sa matière de prédilection.
Teilo soupira. Et lui, c'était quoi sa matière de prédilection ? Comment savoir lorsque dans son cas, on avait tendance à tout aimer ? La métamorphose, peut-être ? Ce n'était même pas une matière de sa confrérie.
"Je crois que ce sort a été créé juste pour toi", lui glissa son voisin d'établi, ramenant une nouvelle fois Teilo à ce que leur racontait Madame Landi. Mais comment ça, un sort de rangement juste pour lui ? Qu'insinuait Paolo ? Il fronça les sourcils, un petit peu vexé par la remarque. "Ça va, je suis pas si bordélique que ça." "Vraiment ? Vide tes poches, pour voir."
Paolo le regardait avec le sourire de celui qui savait. Teilo grimaça et pour lui prouver qu'il avait tort, plongea sa main droite dans la poche de sa veste. Elle rencontra direct un objet qui n'était pas sensé s'y trouver, alors il la retira et tapota des doigts sur la table. "Plus tard, là, faut qu'on se concentre !" Ah ! Paolo ne pouvait plus rien dire, là. D'ailleurs, le portugais se tut pendant quelques secondes, pendu aux lèvres de leur Professeur.
"Je peux pas me tromper de coffre. J'ai décoré le mien avec des azulejos, ça me rappelle chez moi", finit par lui murmurer son voisin. Teilo tiqua. Sa broche ne lui avait pas traduit ce mot. "C'est quoi, des azulejos ?" "Du carrelage bleu." "Oh. Faut que tu me montres, ça doit faire classe. Moi j'ai mis des photos vues du ciel de plein d'endroits du monde : le Brésil, le Népal, le Japon, la Russie... c'est ma grande soeur qui me les a donnés." "Hm. C'est classe aussi."
Les deux amis se sourirent un instant.
Pour le coup, vu qu'il se donnait à fond dans son travail académique depuis plus d'un mois, et qu'il avait de nouvelles responsabilités en tant que délégué, des responsabilités qu'il prenait très à cœur, il était fa-ti-gué. C'était peut-être même plus que de la simple fatigue. Il usait de divers procédés magiques pour résister mais même après avoir pris potions et plats gastromagiques et baies et tout ce qu'on lui recommandait, il sentait qu'il y avait encore quelque-chose qui n'allait pas. Ce jour ne faisait pas exception. Depuis qu'il était entré dans la salle de Madame Landi, il avait déjà regardé cinq fois par la fenêtre. Malgré toute sa bonne volonté et son intérêt pour le sujet de la leçon, son attention ne cessait de dériver ailleurs.
Deux petits coups de baguette sur le dos de sa main droite le firent revenir une nouvelle fois au cours. Ils s'étaient mis d'accord sur ce signal avec Paolo. Teilo pouvait toujours compter sur Paolo pour veiller au grain, son ami était très consciencieux, et encore plus en artisanat magique car c'était sa matière de prédilection.
Teilo soupira. Et lui, c'était quoi sa matière de prédilection ? Comment savoir lorsque dans son cas, on avait tendance à tout aimer ? La métamorphose, peut-être ? Ce n'était même pas une matière de sa confrérie.
"Je crois que ce sort a été créé juste pour toi", lui glissa son voisin d'établi, ramenant une nouvelle fois Teilo à ce que leur racontait Madame Landi. Mais comment ça, un sort de rangement juste pour lui ? Qu'insinuait Paolo ? Il fronça les sourcils, un petit peu vexé par la remarque. "Ça va, je suis pas si bordélique que ça." "Vraiment ? Vide tes poches, pour voir."
Paolo le regardait avec le sourire de celui qui savait. Teilo grimaça et pour lui prouver qu'il avait tort, plongea sa main droite dans la poche de sa veste. Elle rencontra direct un objet qui n'était pas sensé s'y trouver, alors il la retira et tapota des doigts sur la table. "Plus tard, là, faut qu'on se concentre !" Ah ! Paolo ne pouvait plus rien dire, là. D'ailleurs, le portugais se tut pendant quelques secondes, pendu aux lèvres de leur Professeur.
"Je peux pas me tromper de coffre. J'ai décoré le mien avec des azulejos, ça me rappelle chez moi", finit par lui murmurer son voisin. Teilo tiqua. Sa broche ne lui avait pas traduit ce mot. "C'est quoi, des azulejos ?" "Du carrelage bleu." "Oh. Faut que tu me montres, ça doit faire classe. Moi j'ai mis des photos vues du ciel de plein d'endroits du monde : le Brésil, le Népal, le Japon, la Russie... c'est ma grande soeur qui me les a donnés." "Hm. C'est classe aussi."
Les deux amis se sourirent un instant.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Pourquoi elle a des nocturnocles sur son bureau ?" demanda Teilo en pointant Madame Landi du menton. "Fallait suivre un peu, tête de drac." "Hé ! Non." La machoire de Teilo s'était crispée. C'était Oscar qui avait inventé cette insulte, il ne savait pas où Paolo l'avait entendue... et il n'avait pas besoin de lui pour valider qu'il était effectivement étourdi... parfois. Il le savait très bien !
"Pardon", fit le portugais avec une sincérité confondante qui calma tout de suite son aigreur. "Oublie. Et sors ta plus belle plume, on doit écrire." "Hein ? Mais c'est un atelier..." grommela Teilo pour la forme tout en obtempérant. Sa plume ensorcelée pour être multicolore semblait en meilleur état que celle de Madame Landi, remarqua-t-il avec une pointe de fierté. Il vérifia celle de Paolo qui était juste dans un état optimal. Il pouffa en imaginant son camarade la brosser et la peigner tous les soirs.
Comme il avait raté le début de ce qu'ils devaient écrire, il se pencha sur le parchemin de Paolo pour recopier ce qui provoqua un reniflement amusé du portugais qui tordit un peu son poignet pour continuer à griffonner tout en lui permettant de lire. L'histoire de Joeri Overhein fit retenir à Teilo qu'avec les moyens de l'époque, c'était quand même plus rigolo de voyager, surtout qu'on était pas certain d'arriver là où on voulait aller. Maintenant, quand on annonçait clairement la destination à une cheminée, on était presque sûrs de s'y retrouver. Pratique et rassurant, oui... mais ennuyant.
Il tendit l'oreille pour écouter la question qu'un camarade posait à Madame Landi.
"C'est tellement nul comme question", commenta-t-il avec l'intransigeance de son âge. "Moi, je veux savoir pourquoi il avait autant de fleurs sur lui." "C'est pas à cause des fleurs qu'il s'est perdu." "Peut-être que si. Elles ont des pouvoirs extraordinaires."
Teilo se chatouillait le menton avec le haut de sa plume, l'air inspiré. Il voyait que Paolo ne semblait pas convaincu. "Ca, c'est parce que t'en as pas assez reçu... ou donné !" le tança-t-il avec clin d'oeil mutin. "Ho parce que toi t'as l'habitude ?" "Peut-être." "Alors à qui t'en donnes ?" "Hé, Paolo... c'est moi où t'es pas très concentré aujourd'hui ? Faut suivre le cours un peu."
Comme piqué à vif par cette simple remarque, le portugais se pencha illico sur son parchemin pour continuer à écrire. Teilo reposa sa plume et le regarda faire, un sourire amusé aux lèvres. Ses longs cheveux noirs étaient tellement bouclés que des fleurs n'auraient aucun de mal à y rester accrochées.
"Ah, enfin", souffla-t-il quand Madame Landi passa à la pratique. Il mima la formule des lèvres plusieurs fois, se saisit de sa baguette et tapota sur l'épaule de Paolo. "Arrête d'écrire, on essaie." Aussitôt, les deux amis se mirent debout, s'écartèrent de leur établi et se tournèrent l'un vers l'autre. Après une petite révérence - la même qu'il faisait avant un duel - Teilo mima d'un air très professoral le geste à accomplir. "Un L inversé, comme... ça."
Paolo fit de même avec application. "Pas mal", tempéra Teilo. "Allez, ensemble." Ils firent chacun leur L, face à face, et quand ils arrivèrent au bout, leurs baguettes se ratèrent. "Tu vas pas assez vite à gauche", remarqua le portugais. Lèvres pincées, Teilo hocha la tête. "On recommence." Ils devaient parvenir à faire un U, c'était quand même pas si compliqué.
"Pardon", fit le portugais avec une sincérité confondante qui calma tout de suite son aigreur. "Oublie. Et sors ta plus belle plume, on doit écrire." "Hein ? Mais c'est un atelier..." grommela Teilo pour la forme tout en obtempérant. Sa plume ensorcelée pour être multicolore semblait en meilleur état que celle de Madame Landi, remarqua-t-il avec une pointe de fierté. Il vérifia celle de Paolo qui était juste dans un état optimal. Il pouffa en imaginant son camarade la brosser et la peigner tous les soirs.
Comme il avait raté le début de ce qu'ils devaient écrire, il se pencha sur le parchemin de Paolo pour recopier ce qui provoqua un reniflement amusé du portugais qui tordit un peu son poignet pour continuer à griffonner tout en lui permettant de lire. L'histoire de Joeri Overhein fit retenir à Teilo qu'avec les moyens de l'époque, c'était quand même plus rigolo de voyager, surtout qu'on était pas certain d'arriver là où on voulait aller. Maintenant, quand on annonçait clairement la destination à une cheminée, on était presque sûrs de s'y retrouver. Pratique et rassurant, oui... mais ennuyant.
Il tendit l'oreille pour écouter la question qu'un camarade posait à Madame Landi.
"C'est tellement nul comme question", commenta-t-il avec l'intransigeance de son âge. "Moi, je veux savoir pourquoi il avait autant de fleurs sur lui." "C'est pas à cause des fleurs qu'il s'est perdu." "Peut-être que si. Elles ont des pouvoirs extraordinaires."
Teilo se chatouillait le menton avec le haut de sa plume, l'air inspiré. Il voyait que Paolo ne semblait pas convaincu. "Ca, c'est parce que t'en as pas assez reçu... ou donné !" le tança-t-il avec clin d'oeil mutin. "Ho parce que toi t'as l'habitude ?" "Peut-être." "Alors à qui t'en donnes ?" "Hé, Paolo... c'est moi où t'es pas très concentré aujourd'hui ? Faut suivre le cours un peu."
Comme piqué à vif par cette simple remarque, le portugais se pencha illico sur son parchemin pour continuer à écrire. Teilo reposa sa plume et le regarda faire, un sourire amusé aux lèvres. Ses longs cheveux noirs étaient tellement bouclés que des fleurs n'auraient aucun de mal à y rester accrochées.
"Ah, enfin", souffla-t-il quand Madame Landi passa à la pratique. Il mima la formule des lèvres plusieurs fois, se saisit de sa baguette et tapota sur l'épaule de Paolo. "Arrête d'écrire, on essaie." Aussitôt, les deux amis se mirent debout, s'écartèrent de leur établi et se tournèrent l'un vers l'autre. Après une petite révérence - la même qu'il faisait avant un duel - Teilo mima d'un air très professoral le geste à accomplir. "Un L inversé, comme... ça."
Paolo fit de même avec application. "Pas mal", tempéra Teilo. "Allez, ensemble." Ils firent chacun leur L, face à face, et quand ils arrivèrent au bout, leurs baguettes se ratèrent. "Tu vas pas assez vite à gauche", remarqua le portugais. Lèvres pincées, Teilo hocha la tête. "On recommence." Ils devaient parvenir à faire un U, c'était quand même pas si compliqué.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Après plusieurs essais infructueux, les deux compères de Lug parvinrent enfin à faire la lettre d'unisson à partir de leurs de L inversés. Ils se félicitèrent l'un l'autre en levant le pouce ce qui les fit marrer. Teilo se dit alors que se mettre à côté de Paolo pour cet atelier ne produisait pas vraiment l'effet escompté : c'était plus lui qui déteignait sur le portugais que l'inverse. Il fallait vraiment qu'ils redeviennent sérieux là, Madame Landi allait finir par les réprimander.
Pour un délégué (lui) et pour un élève discret qui n'avait jamais eu d'histoire (Paolo), ça la ficherait mal. Heureusement, ils avaient l'opportunité de se recentrer à nouveau avec l'exercice que proposait leur professeur : la construction rapide d'un objet. Teilo laissa la priorité à Paolo, après tout, c'était à l'établi du portugais qu'il s'était invité. "Je veux voir l'artiste à l’œuvre", glissa-t-il à son ami qui répondit par un petit sourire sûr de lui.
Ça, il pouvait l'être, sûr de lui. Paolo était de loin un des meilleurs élèves de Beauxbâtons en Artisanat Magique. Dès qu'il était penché sur son établi, les mouvements d'ordinaire incertains du garçon d'apparence fragile devenaient dignes de ceux d'un danseur de ballet. Il ouvrait ses tiroirs avec grâce et attrapait ses outils sans les regarder, les manipulait avec une douceur et une précision infinie. Penché sur sa création il semblait lui murmurer une histoire. Teilo n'avait jamais vu quelqu'un avoir tellement d'affection pour les objets qu'il créait - à part peut-être son paternel quand il était penché sur ses claviers.
Appuyé sur le bord de l'établi, les deux jambes raides et le cou penché vers la droite, il observait immobile et songeur le mouvement des mains de son ami. De temps en temps, captant du coin de l’œil un déplacement de leur Professeur, il redressait la tête - mais elle ne venait jamais dans leur direction. Elle devait savoir que Paolo n'avait pas besoin d'aide.
Teilo ne sut combien de minutes venait de passer lorsque Paolo se retourna vers lui l'air triomphant. "Et voilà. J'ai même fini avant Maëlle." "Ha." Il regarda le Verrevélateur que son ami venait de fabriquer en un temps qu'il estimait record, puis Maëlle deux établis plus loin vers la droite. En effet, elle n'avait pas terminé. "C'est pas une compétition", plaisanta Teilo en pouffant, "mais bravo quand même." "Merci". Le grand et chétif Paolo rayonnait. "A toi !"
Teilo plongea sa main droite dans la poche de sa veste pour en tirer l'objet qu'il avait finalement très bien fait d'amener. "Pas la peine, mate ça." "Un sablipnotique ? Donne." "Hm... attends... oui t'as raison, j'ai pas besoin d'un sablipnotique pour captiver les gens." "Teilo, tu sais que tu m'en dois un depuis plus d'un an." "Oui. Et je dois un liard à Nathanaël... et un mouchoir depuis plus de deux ans." Teilo se frotta le menton, pensif. "Je dois cinq liards à Roseanne depuis un an. J'ai toujours pas rendu ses chaussettes à Gio..." "Des chaussettes ?" "Oui. Elles me vont encore, regarde !"
De sa main droite, Teilo pinca son pantalon pour en soulever le bas. "Coin." Les chaussettes Donald Duck étaient ses préférées. Les jours où il les mettait, il avait l'impression que tout se passait bien mieux que prévu, elles devaient avoir un effet magique qui portait chance. Le portugais, visiblement pas emballé, le jaugea d'un regard désabusé qui s'il était venu de Drian lui aurait donné envie de disparaître. Mais comme c'était bien Paolo en face de lui, Teilo le gratifia tout simplement d'un très grand sourire.
"Tu sais quoi ? T'as raison, je te dois un sablipnotique. Alors on échange." "Si tu veux", soupira Paolo, "mais après, tu me devras un Verrevélateur." "Marché conclu !" Ils se serrèrent la main, échangèrent les objets et Teilo fit immédiatement un bisou à sa nouvelle acquisition. "Maintenant, tu es à moi !" "T'es bête." "Non, j'y mets un peu de mon énergie magique. Comme ça, il finira bien dans mon coffre." "N'importe quoi."
Teilo haussa les épaules, posa SON Verrevélateur sur l'établi, fit rouler ses épaules, se râcla la gorge, se dégourdit le poignet... et enfin, prononça la formule en faisant le mouvement pour lequel ils venaient de s'entraîner. "Reverto Arca. Woah." A sa grande surprise, ça avait tout de suite marché, l'objet avait disparu. "Chance", railla Paolo. "Ou talent", se défendit Teilo en frétillant des sourcils. Il vérifia quand même d'un regard circulaire dans la salle de classe que son Verrevélateur ne s'y trouvait pas et finit par hausser les épaules. Il lui tardait d'aller vérifier dans son coffre.
Paolo, qui n'arrivait pas à synchroniser formule et mouvement correctement, ne fit disparaître son Sablipnotique qu'au bout de la huitième tentative. Teilo ne cessa de l'encourager, imperméable au chaos qui semblait naître autour d'eux dans la salle, et tapa sur l'épaule du portugais quand enfin il y parvint. Juste à temps car Madame Landi mettait fin à l'atelier.
"Déjà ?" s'étonna le jeune Daroux à voix haute en relevant la tête. Il cligna rapidement des yeux. Le temps était passé bien plus vite qu'il n'avait pensé.
Pour un délégué (lui) et pour un élève discret qui n'avait jamais eu d'histoire (Paolo), ça la ficherait mal. Heureusement, ils avaient l'opportunité de se recentrer à nouveau avec l'exercice que proposait leur professeur : la construction rapide d'un objet. Teilo laissa la priorité à Paolo, après tout, c'était à l'établi du portugais qu'il s'était invité. "Je veux voir l'artiste à l’œuvre", glissa-t-il à son ami qui répondit par un petit sourire sûr de lui.
Ça, il pouvait l'être, sûr de lui. Paolo était de loin un des meilleurs élèves de Beauxbâtons en Artisanat Magique. Dès qu'il était penché sur son établi, les mouvements d'ordinaire incertains du garçon d'apparence fragile devenaient dignes de ceux d'un danseur de ballet. Il ouvrait ses tiroirs avec grâce et attrapait ses outils sans les regarder, les manipulait avec une douceur et une précision infinie. Penché sur sa création il semblait lui murmurer une histoire. Teilo n'avait jamais vu quelqu'un avoir tellement d'affection pour les objets qu'il créait - à part peut-être son paternel quand il était penché sur ses claviers.
Appuyé sur le bord de l'établi, les deux jambes raides et le cou penché vers la droite, il observait immobile et songeur le mouvement des mains de son ami. De temps en temps, captant du coin de l’œil un déplacement de leur Professeur, il redressait la tête - mais elle ne venait jamais dans leur direction. Elle devait savoir que Paolo n'avait pas besoin d'aide.
Teilo ne sut combien de minutes venait de passer lorsque Paolo se retourna vers lui l'air triomphant. "Et voilà. J'ai même fini avant Maëlle." "Ha." Il regarda le Verrevélateur que son ami venait de fabriquer en un temps qu'il estimait record, puis Maëlle deux établis plus loin vers la droite. En effet, elle n'avait pas terminé. "C'est pas une compétition", plaisanta Teilo en pouffant, "mais bravo quand même." "Merci". Le grand et chétif Paolo rayonnait. "A toi !"
Teilo plongea sa main droite dans la poche de sa veste pour en tirer l'objet qu'il avait finalement très bien fait d'amener. "Pas la peine, mate ça." "Un sablipnotique ? Donne." "Hm... attends... oui t'as raison, j'ai pas besoin d'un sablipnotique pour captiver les gens." "Teilo, tu sais que tu m'en dois un depuis plus d'un an." "Oui. Et je dois un liard à Nathanaël... et un mouchoir depuis plus de deux ans." Teilo se frotta le menton, pensif. "Je dois cinq liards à Roseanne depuis un an. J'ai toujours pas rendu ses chaussettes à Gio..." "Des chaussettes ?" "Oui. Elles me vont encore, regarde !"
De sa main droite, Teilo pinca son pantalon pour en soulever le bas. "Coin." Les chaussettes Donald Duck étaient ses préférées. Les jours où il les mettait, il avait l'impression que tout se passait bien mieux que prévu, elles devaient avoir un effet magique qui portait chance. Le portugais, visiblement pas emballé, le jaugea d'un regard désabusé qui s'il était venu de Drian lui aurait donné envie de disparaître. Mais comme c'était bien Paolo en face de lui, Teilo le gratifia tout simplement d'un très grand sourire.
"Tu sais quoi ? T'as raison, je te dois un sablipnotique. Alors on échange." "Si tu veux", soupira Paolo, "mais après, tu me devras un Verrevélateur." "Marché conclu !" Ils se serrèrent la main, échangèrent les objets et Teilo fit immédiatement un bisou à sa nouvelle acquisition. "Maintenant, tu es à moi !" "T'es bête." "Non, j'y mets un peu de mon énergie magique. Comme ça, il finira bien dans mon coffre." "N'importe quoi."
Teilo haussa les épaules, posa SON Verrevélateur sur l'établi, fit rouler ses épaules, se râcla la gorge, se dégourdit le poignet... et enfin, prononça la formule en faisant le mouvement pour lequel ils venaient de s'entraîner. "Reverto Arca. Woah." A sa grande surprise, ça avait tout de suite marché, l'objet avait disparu. "Chance", railla Paolo. "Ou talent", se défendit Teilo en frétillant des sourcils. Il vérifia quand même d'un regard circulaire dans la salle de classe que son Verrevélateur ne s'y trouvait pas et finit par hausser les épaules. Il lui tardait d'aller vérifier dans son coffre.
Paolo, qui n'arrivait pas à synchroniser formule et mouvement correctement, ne fit disparaître son Sablipnotique qu'au bout de la huitième tentative. Teilo ne cessa de l'encourager, imperméable au chaos qui semblait naître autour d'eux dans la salle, et tapa sur l'épaule du portugais quand enfin il y parvint. Juste à temps car Madame Landi mettait fin à l'atelier.
"Déjà ?" s'étonna le jeune Daroux à voix haute en relevant la tête. Il cligna rapidement des yeux. Le temps était passé bien plus vite qu'il n'avait pensé.
Jessica Landi
Professeure d’Artisanat Magique