Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Dimanche 24 Novembre 2024
Osse-en-Bazar - Café Arias
12h51
Osse-en-Bazar - Café Arias
12h51
Conséquence 1 de l'épopée Bonaccord & les champs d'Aliénor
Lorsque Teilo franchit la porte du Café Arias en compagnie de son camarade de confrérie Joseph Bonaccord, les élèves qui investissaient toujours l'endroit les jours de sortie à Osse cessèrent toute activité pour leur adresser des regards surpris et interloqués.
"Oulah, y'a du monde", s'exclama Teilo assez fort pour que sa voix résonne dans tout le café. Mais malgré sa remarque innocente couplée à un sourire avenant tout naturel, la majorité des regards persistèrent. Certains élèves sourirent, d'autres hochèrent négativement la tête, quelques uns soupirèrent. "Qu'est-ce qu'ils ont ?" s'étonna le Lug en se tournant vers Joseph. C'était un effet secondaire de l'anneau de Keu ? Il ressemblait à un fantôme ? "Ils se souviennent que tu es délégué." "Et ?" Son aîné pointa l'index vers son ventre. "Oh."
En se démenant avec les mauvaises herbes dans le jardin de la vieille Aliénor, il avait complètement sali son uniforme... même sa chemise, comment il avait fait pour tâcher sa chemise de terre... et son pantalon était déchiré au niveau du genou ! "Bonjour l'image", commenta Joseph avec un sourire léger. "T'as de la terre sur le front", répondit illico Teilo en passant son doigt sur la couture déchirée de son pantalon. "Mais je ne suis pas délégué", précisa le Quatrième Année sans s'essuyer. "Allez viens, il faut que je repose mes jambes... et j'ai vraiment trop faim."
Ils se frayèrent un chemin dans la salle bondée et somme toute petite. Par chance, deux tabourets hauts près du comptoir se libérèrent à leur approche. Teilo se hissa immédiatement sur le sien. Mains sur les genoux pour cacher la déchirure, le dos et le cou bien droits, il engloba la salle du regard. Ainsi juché, il la surplombait un peu. "Parfait", souffla-t-il en approuvant de la tête. Son regard capta immédiatement une main qui s'agitait à la table près de la terrasse. Il lui répondit avec moins d'enthousiasme. "Une connaissance ?" "Alice Schnabel. Lug, en Deuxième Année. Gentille mais... elle parle beaucoup trop."
Teilo cligna des yeux. Il avait dit ça si sèchement qu'il s'en sentit honteux. Il reprit avec un petit sourire gêné : "J'étais comme elle au début, je racontais ma vie à tout le monde. Fallait pas me lancer." Qu'est ce qu'il avait du en saouler des gens, camarades ou professeurs, à chanter à tue-tête, à parler de danse, de Link et de Zelda et d'il ne savait même plus quoi, tout ce qui lui passait par la tête à ce moment là. Personne ne lui avait clairement dit qu'il était gavant à part Oscar. Il croisa les bras autour de sa poitrine. "Je voulais tellement me faire des amis aussi." "Ça a bien marché." "Hm", fit Teilo en se mordillant la lèvre. Elle en avait des paquets sur sa table, Alice. "Oh, faut encore que j'achète les cadeaux. J'étais venu pour ça à la base !" "Pour tes amis ?" "Hm. Mes parents m'ont envoyé moins d'argent cette année mais je vais trouver quelque-chose de bien pour tout le monde. Sinon... je suis un Lug, je les fabriquerai moi-même." "Avoir beaucoup d'amis, ce n'est pas bon pour les finances."
Teilo fronça les sourcils et se retourna vers Joseph, l'air interrogateur. "Je plaisante", le rassura le plus grand en lui passant le menu. "On commande ?"
"Oulah, y'a du monde", s'exclama Teilo assez fort pour que sa voix résonne dans tout le café. Mais malgré sa remarque innocente couplée à un sourire avenant tout naturel, la majorité des regards persistèrent. Certains élèves sourirent, d'autres hochèrent négativement la tête, quelques uns soupirèrent. "Qu'est-ce qu'ils ont ?" s'étonna le Lug en se tournant vers Joseph. C'était un effet secondaire de l'anneau de Keu ? Il ressemblait à un fantôme ? "Ils se souviennent que tu es délégué." "Et ?" Son aîné pointa l'index vers son ventre. "Oh."
En se démenant avec les mauvaises herbes dans le jardin de la vieille Aliénor, il avait complètement sali son uniforme... même sa chemise, comment il avait fait pour tâcher sa chemise de terre... et son pantalon était déchiré au niveau du genou ! "Bonjour l'image", commenta Joseph avec un sourire léger. "T'as de la terre sur le front", répondit illico Teilo en passant son doigt sur la couture déchirée de son pantalon. "Mais je ne suis pas délégué", précisa le Quatrième Année sans s'essuyer. "Allez viens, il faut que je repose mes jambes... et j'ai vraiment trop faim."
Ils se frayèrent un chemin dans la salle bondée et somme toute petite. Par chance, deux tabourets hauts près du comptoir se libérèrent à leur approche. Teilo se hissa immédiatement sur le sien. Mains sur les genoux pour cacher la déchirure, le dos et le cou bien droits, il engloba la salle du regard. Ainsi juché, il la surplombait un peu. "Parfait", souffla-t-il en approuvant de la tête. Son regard capta immédiatement une main qui s'agitait à la table près de la terrasse. Il lui répondit avec moins d'enthousiasme. "Une connaissance ?" "Alice Schnabel. Lug, en Deuxième Année. Gentille mais... elle parle beaucoup trop."
Teilo cligna des yeux. Il avait dit ça si sèchement qu'il s'en sentit honteux. Il reprit avec un petit sourire gêné : "J'étais comme elle au début, je racontais ma vie à tout le monde. Fallait pas me lancer." Qu'est ce qu'il avait du en saouler des gens, camarades ou professeurs, à chanter à tue-tête, à parler de danse, de Link et de Zelda et d'il ne savait même plus quoi, tout ce qui lui passait par la tête à ce moment là. Personne ne lui avait clairement dit qu'il était gavant à part Oscar. Il croisa les bras autour de sa poitrine. "Je voulais tellement me faire des amis aussi." "Ça a bien marché." "Hm", fit Teilo en se mordillant la lèvre. Elle en avait des paquets sur sa table, Alice. "Oh, faut encore que j'achète les cadeaux. J'étais venu pour ça à la base !" "Pour tes amis ?" "Hm. Mes parents m'ont envoyé moins d'argent cette année mais je vais trouver quelque-chose de bien pour tout le monde. Sinon... je suis un Lug, je les fabriquerai moi-même." "Avoir beaucoup d'amis, ce n'est pas bon pour les finances."
Teilo fronça les sourcils et se retourna vers Joseph, l'air interrogateur. "Je plaisante", le rassura le plus grand en lui passant le menu. "On commande ?"
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Alors ?"
"Attends..."
Le nez dans le menu, Teilo se massait distraitement les cheveux. Bouchées étincelantes, salade hivernale aux bobards, plateau de fromages au lait tourné, et le choix du patron : le plat poco probable. Il avait envie de tout essayer mais comme c'était impossible, il fallait bien en choisir un. Mais le mois prochain, le menu aurait sûrement changé.
Relevant la tête, il avisa Joseph qui le regardait accoudé au comptoir. Si son aîné était impatient, il ne le montrait pas. "Des bouchées ?" tenta Teilo en lui rendant le menu. Le visage de Joseph s'éclaira. "Excellent choix, tu vas te régaler." Teilo lui sourit et profita qu'il commande pour regarder à nouveau ce qui se passait derrière eux dans la salle.
Les tables étaient pleines d'élèves de tous les âges, discutant, rigolant, mangeant et dégustant les fameux cocktails qui avaient rendu le Café Arias si célèbre. Il y avait vraiment beaucoup de monde. La salle était vraiment petite. Les tasses qui volaient toutes seules autour des tables lui donnaient un peu le tournis. Il souffla et leva le nez vers les fenêtres qui donnaient sur la terrasse. Dehors, la rue ne désemplissait pas non plus.
Quelque-chose pendait au plafond et Teilo tordit son cou en arrière. Des cages. Pourquoi il y avait des cages ici ? Et qu'est ce qu'il faisait chaud par rapport à dehors. Mécaniquement, il retira son écharpe et la déposa sur le comptoir. "Ca va ? T'es tout pâle." lui fit la voix de Joseph sur sa droite. "Hm. Ca va." "Prends une bouchée, ça va te caler."
Teilo se tourna vers le comptoir, Joseph et le plat de bouchées étincelantes entre lui et Joseph. Un plat pour deux qu'il n'avait même pas vu arriver. Les bouchées elles-mêmes avaient des formes géométriques variées mais un point commun, elles brillaient toutes de lumières de différentes couleurs. Sa main attrapa une étoile jaune qui lui rappelait Pensée. Il mordit dedans avec délicatesse.
C'était doux, sucré, salé, mais aussi...
"Che chais pas ch'est à quoi mais... ch'est chuper bon", se réjouit-il avant même d'avoir dégluti. "Je savais que tu apprécierais", fit Joseph en attrapant ce qui ressemblait à une espèce de cube vert scintillant. Il le dévora rapidement et soupira de contentement. Teilo s'était déjà retourné vers la salle, absorbé par les fenêtres et la lumière qui en provenait. "Monsieur le délégué fait du zèle là, nous ne sommes pas à Beauxbâtons..." "Hm, oui." "Comment tu t'es retrouvé délégué, au fait ?" "Madame Landi m'a demandé si ça m'intéressait avant les grandes vacances, elle pensait que je pouvais faire l'affaire", répondit Teilo en haussant les épaules. "Tu aurais pu lui dire non."
Teilo grimaça et fit face à Joseph. "J'ai failli. Je lui ai dit que j'étais pas sûr d'y arriver." Joseph pinça une nouvelle bouchée entre ses doigts et la porta à sa bouche. "Et maintenant ?" Cette question fit frissonner Teilo. "En fait, c'est encore plus dur que je pensais." "Vraiment ? Je trouve que tu te débrouilles bien." "Les sixième et septième année sourient encore quand je leur fais des remarques, ils croient que j'ai pas remarqué ?" "Oh, ils peuvent toujours sourire. Tu as la confiance de notre maîtresse de confrérie, c'est pas rien. Et les Première Année t'adorent. Ils me demandent souvent où est grand frère Tei."
Le délégué pencha la tête à droite et pouffa avant de reprendre sa contemplation de la rue dehors et du ciel au dessus qui semblait devenir plus gris à chaque minute. Sa main gauche s'était engouffrée dans la poche de sa veste et manipulait l'anneau qu'Aliénor lui avait confié. Près des fenêtres, la main d'Alice se dressa à nouveau dans l'air pour lui faire coucou. Il lui fit juste un geste du menton pour confirmer que oui, c'était bon, il l'avait bien vue.
Pourquoi, par Merlin, y avait-il des cages au plafond ?
"Attends..."
Le nez dans le menu, Teilo se massait distraitement les cheveux. Bouchées étincelantes, salade hivernale aux bobards, plateau de fromages au lait tourné, et le choix du patron : le plat poco probable. Il avait envie de tout essayer mais comme c'était impossible, il fallait bien en choisir un. Mais le mois prochain, le menu aurait sûrement changé.
Relevant la tête, il avisa Joseph qui le regardait accoudé au comptoir. Si son aîné était impatient, il ne le montrait pas. "Des bouchées ?" tenta Teilo en lui rendant le menu. Le visage de Joseph s'éclaira. "Excellent choix, tu vas te régaler." Teilo lui sourit et profita qu'il commande pour regarder à nouveau ce qui se passait derrière eux dans la salle.
Les tables étaient pleines d'élèves de tous les âges, discutant, rigolant, mangeant et dégustant les fameux cocktails qui avaient rendu le Café Arias si célèbre. Il y avait vraiment beaucoup de monde. La salle était vraiment petite. Les tasses qui volaient toutes seules autour des tables lui donnaient un peu le tournis. Il souffla et leva le nez vers les fenêtres qui donnaient sur la terrasse. Dehors, la rue ne désemplissait pas non plus.
Quelque-chose pendait au plafond et Teilo tordit son cou en arrière. Des cages. Pourquoi il y avait des cages ici ? Et qu'est ce qu'il faisait chaud par rapport à dehors. Mécaniquement, il retira son écharpe et la déposa sur le comptoir. "Ca va ? T'es tout pâle." lui fit la voix de Joseph sur sa droite. "Hm. Ca va." "Prends une bouchée, ça va te caler."
Teilo se tourna vers le comptoir, Joseph et le plat de bouchées étincelantes entre lui et Joseph. Un plat pour deux qu'il n'avait même pas vu arriver. Les bouchées elles-mêmes avaient des formes géométriques variées mais un point commun, elles brillaient toutes de lumières de différentes couleurs. Sa main attrapa une étoile jaune qui lui rappelait Pensée. Il mordit dedans avec délicatesse.
C'était doux, sucré, salé, mais aussi...
"Che chais pas ch'est à quoi mais... ch'est chuper bon", se réjouit-il avant même d'avoir dégluti. "Je savais que tu apprécierais", fit Joseph en attrapant ce qui ressemblait à une espèce de cube vert scintillant. Il le dévora rapidement et soupira de contentement. Teilo s'était déjà retourné vers la salle, absorbé par les fenêtres et la lumière qui en provenait. "Monsieur le délégué fait du zèle là, nous ne sommes pas à Beauxbâtons..." "Hm, oui." "Comment tu t'es retrouvé délégué, au fait ?" "Madame Landi m'a demandé si ça m'intéressait avant les grandes vacances, elle pensait que je pouvais faire l'affaire", répondit Teilo en haussant les épaules. "Tu aurais pu lui dire non."
Teilo grimaça et fit face à Joseph. "J'ai failli. Je lui ai dit que j'étais pas sûr d'y arriver." Joseph pinça une nouvelle bouchée entre ses doigts et la porta à sa bouche. "Et maintenant ?" Cette question fit frissonner Teilo. "En fait, c'est encore plus dur que je pensais." "Vraiment ? Je trouve que tu te débrouilles bien." "Les sixième et septième année sourient encore quand je leur fais des remarques, ils croient que j'ai pas remarqué ?" "Oh, ils peuvent toujours sourire. Tu as la confiance de notre maîtresse de confrérie, c'est pas rien. Et les Première Année t'adorent. Ils me demandent souvent où est grand frère Tei."
Le délégué pencha la tête à droite et pouffa avant de reprendre sa contemplation de la rue dehors et du ciel au dessus qui semblait devenir plus gris à chaque minute. Sa main gauche s'était engouffrée dans la poche de sa veste et manipulait l'anneau qu'Aliénor lui avait confié. Près des fenêtres, la main d'Alice se dressa à nouveau dans l'air pour lui faire coucou. Il lui fit juste un geste du menton pour confirmer que oui, c'était bon, il l'avait bien vue.
Pourquoi, par Merlin, y avait-il des cages au plafond ?
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Tu sais toi, pourquoi il y a toutes ces cages au plafond ?"
Surpris par la question, Joseph cessa de mâcher, puis reprit plus lentement et attendit d'avoir avalé pour répondre. "Non. C'est pas juste pour la décoration ?" En entendant cela, Teilo fit une grimace. "Qui mettrait des cages pour décorer ? C'est bizarre." "Hm."
"Ce sont des trophées." Les deux garçons se tournèrent vers la voix qui venait de leur droite. Accoudé au comptoir, un des rares adultes qui osait braver la foule d'élèves du café Arias ce jour de sortie, leur souriait à travers sa barbe grise et bien taillée. Il était dans sa cinquantaine, habillé très chic et avait le regard vert affûté. "Les ancêtres d'Ernesto libéraient les Calandres de l'emprise des trafiquants. Vous savez qu'elles peuvent guérir beaucoup de maladies d'un simple regard. La demande a toujours été forte, les affaires juteuses."
Teilo releva la tête vers la myriade de petites prisons qui, maintenant, ne contenaient plus que des bougies. Il se rappelait sa visite de la Ménagerie du Refuge et de ses pensionnaires l'année dernière, en compagnie de Roseanne. L'émotion qui l'avait envahie alors surgissait de nouveau et faisait trembler ses mains. "Hélas... le même adage s'applique à tous, créatures, êtres, humains compris : plus vous êtes utile aux autres, moins vous serez libre", continua l'adulte qu'il ne regardait plus.
Teilo déglutit et pâlit. Il lui fallut quelques secondes pour réagir vraiment, sauter vivement de son tabouret et prendre directement la direction de la sortie. "N'importe quoi." Joseph et l'adulte échangèrent un regard interloqué, puis Joseph se leva à son tour. "Attends Teilo, on peut pas sortir sans- oh, bon." Il régla rapidement ce qu'ils devaient pour les bouchées au comptoir, juste à temps pour éviter que la porte du café ne claque dans la figure de Teilo qui sortait.
Une fois dehors, Teilo continua d'avancer sur la place bondée, sans prendre la peine d'esquiver les nuées d'élèves qui déferlaient de tous les côtés, en bousculant un ou deux au passage sans même s'excuser. Ils n'avaient qu'à faire attention ! Progressivement, sa marche ralentit jusqu'à ce qu'il ne s'arrête, seul au milieu de la place et de son flot d'humains. Qu'est-ce qui lui avait pris de s'énerver et partir en laissant Joseph planté là-bas ? Alors qu'il s'apprêtait à se retourner pour retourner au café, il sentit une main sur son épaule.
"Ça va ?"
C'était Joseph, bien entendu. Il inspira lentement par le nez et avisa le plus grand qui devait sûrement le trouver ridicule. "Oui. J'avais besoin de prendre l'air, y'a... vraiment trop de monde là-dedans." "Alors que cette place est totalement déserte", fit remarquer Joseph, l'oeil rieur. Teilo regarda autour de lui, pouffa et adressa à son camarade un sourire gêné "Pardon." "T'excuses pas. Il se passe tellement de choses en ce moment, tu as le droit d'en avoir marre." "Mais... je fais pas ça d'habitude", avoua Teilo dans un petit rire nerveux. Ses mains tremblaient encore alors il les cacha dans son dos.
Joseph le regarda avec attention quelques instants avant de reprendre la parole, bien plus bas. "Tu sais quoi ? Je crois que j'ai bien fait de t'offrir ce que tu sais tout à l'heure. Mais on a pas toujours besoin de magie pour disparaître. Je connais un petit coin sympa dans les hauteurs d'Osse, peu d'élèves y vont. Il y a des bancs et une superbe vue des montagnes. L'endroit parfait pour souffler un peu." "Mais faut que j'achète les cadeaux." "Tu auras le temps. Ce n'est pas très loin, dix minutes de marche tout au plus." D'un coup de menton, Joseph lui indiqua la direction et se mit à fendre gracieusement la foule. "Attends, tu voulais pas reposer tes jambes ? On a même pas fini de manger. On devait essayer les cafés !" Malgré son ton de plus en plus pressant, le grand ne se retourna même pas. Perché sur le bout de ses pieds, la tête penchée et interrogative, Teilo l'observa s'éloigner.
Il lui fallut deux secondes pour se décider, six à peine pour le rattraper.
Surpris par la question, Joseph cessa de mâcher, puis reprit plus lentement et attendit d'avoir avalé pour répondre. "Non. C'est pas juste pour la décoration ?" En entendant cela, Teilo fit une grimace. "Qui mettrait des cages pour décorer ? C'est bizarre." "Hm."
"Ce sont des trophées." Les deux garçons se tournèrent vers la voix qui venait de leur droite. Accoudé au comptoir, un des rares adultes qui osait braver la foule d'élèves du café Arias ce jour de sortie, leur souriait à travers sa barbe grise et bien taillée. Il était dans sa cinquantaine, habillé très chic et avait le regard vert affûté. "Les ancêtres d'Ernesto libéraient les Calandres de l'emprise des trafiquants. Vous savez qu'elles peuvent guérir beaucoup de maladies d'un simple regard. La demande a toujours été forte, les affaires juteuses."
Teilo releva la tête vers la myriade de petites prisons qui, maintenant, ne contenaient plus que des bougies. Il se rappelait sa visite de la Ménagerie du Refuge et de ses pensionnaires l'année dernière, en compagnie de Roseanne. L'émotion qui l'avait envahie alors surgissait de nouveau et faisait trembler ses mains. "Hélas... le même adage s'applique à tous, créatures, êtres, humains compris : plus vous êtes utile aux autres, moins vous serez libre", continua l'adulte qu'il ne regardait plus.
Teilo déglutit et pâlit. Il lui fallut quelques secondes pour réagir vraiment, sauter vivement de son tabouret et prendre directement la direction de la sortie. "N'importe quoi." Joseph et l'adulte échangèrent un regard interloqué, puis Joseph se leva à son tour. "Attends Teilo, on peut pas sortir sans- oh, bon." Il régla rapidement ce qu'ils devaient pour les bouchées au comptoir, juste à temps pour éviter que la porte du café ne claque dans la figure de Teilo qui sortait.
Une fois dehors, Teilo continua d'avancer sur la place bondée, sans prendre la peine d'esquiver les nuées d'élèves qui déferlaient de tous les côtés, en bousculant un ou deux au passage sans même s'excuser. Ils n'avaient qu'à faire attention ! Progressivement, sa marche ralentit jusqu'à ce qu'il ne s'arrête, seul au milieu de la place et de son flot d'humains. Qu'est-ce qui lui avait pris de s'énerver et partir en laissant Joseph planté là-bas ? Alors qu'il s'apprêtait à se retourner pour retourner au café, il sentit une main sur son épaule.
"Ça va ?"
C'était Joseph, bien entendu. Il inspira lentement par le nez et avisa le plus grand qui devait sûrement le trouver ridicule. "Oui. J'avais besoin de prendre l'air, y'a... vraiment trop de monde là-dedans." "Alors que cette place est totalement déserte", fit remarquer Joseph, l'oeil rieur. Teilo regarda autour de lui, pouffa et adressa à son camarade un sourire gêné "Pardon." "T'excuses pas. Il se passe tellement de choses en ce moment, tu as le droit d'en avoir marre." "Mais... je fais pas ça d'habitude", avoua Teilo dans un petit rire nerveux. Ses mains tremblaient encore alors il les cacha dans son dos.
Joseph le regarda avec attention quelques instants avant de reprendre la parole, bien plus bas. "Tu sais quoi ? Je crois que j'ai bien fait de t'offrir ce que tu sais tout à l'heure. Mais on a pas toujours besoin de magie pour disparaître. Je connais un petit coin sympa dans les hauteurs d'Osse, peu d'élèves y vont. Il y a des bancs et une superbe vue des montagnes. L'endroit parfait pour souffler un peu." "Mais faut que j'achète les cadeaux." "Tu auras le temps. Ce n'est pas très loin, dix minutes de marche tout au plus." D'un coup de menton, Joseph lui indiqua la direction et se mit à fendre gracieusement la foule. "Attends, tu voulais pas reposer tes jambes ? On a même pas fini de manger. On devait essayer les cafés !" Malgré son ton de plus en plus pressant, le grand ne se retourna même pas. Perché sur le bout de ses pieds, la tête penchée et interrogative, Teilo l'observa s'éloigner.
Il lui fallut deux secondes pour se décider, six à peine pour le rattraper.
== FIN ==
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