Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Dimanche 11 septembre 2022
Outre la rentrée effervescente et les passages répétés de Lorie au dispensaire, l'année commençait à être sacrément mouvementé pour l'adolescente. Pour couronner le tout, sur un commun accord, Lorie et Andrea s'étaient séparées et les délégations ne tarderaient pas à arriver. La brune espérait retrouver un peu de calme, ne serait-ce que pour travailler ses échecs, mais aussi souffler avant le tournoi des trois sorciers. Elle n'avait toujours pas réfléchi quant à sa participation, si toutefois elle était autorisée à le faire. Drian avait sans nul doute les meilleures chances de le remporter, de plus il représentait Ogme. Cette perspective freinait Lorie à participer.
Perdu dans ses pensées Lorie marchait dans les jardins tout en observant le ballet des dernières parisettes, dansant autour des fleurs dont elles prenaient soin. Lorie était heureuse, le soleil était toujours au rendez-vous en cette période de septembre et il n'était pas aussi brulant qu'en été. Été qui fut calme pour la jeune sorcière, quelques punitions, mais finalement ce n'était rien comparé à sa fugue. Toutefois, elle avait toujours en tête d'ennuyer son père en lui faisant perdre un maximum d'argent. Si elle avait une idée claire sur le comment se débarrasser de la collection de voitures à plusieurs millions, lui siphonner le reste était obscure pour elle. À moins de créer une arnaque, elle ne voyait pas comment faire. À vrai dire elle ne savait même pas comment créer une arnaque.
Continuant de fouler le sol des jardins, Lorie posa son regard sur l'anneau de chevalerie. À chaque fois que ses yeux bleus se posaient sur cet objet si important, elle se demandait si elle était vraiment légitime. Même s'il avait appartenu à son ancêtre et que par le sang elle pouvait être considérée comme une héritière. Ceci-dit il n'y avait pas que sa famille qui apparaissait sur les fresques alors finalement est-ce que le sang se suffisait ? Lorsqu'elle aperçut une silhouette qu'elle connaissait bien, Lorie se figea. Pour cause c'était son homologue d'Ogme, celui qui était visiblement en conflit avec elle. Néanmoins, peut-être qu'il pourrait l'aider dans sa quête qui consistait à faire perdre une quantité astronomique d'argent à son paternel et peut-être qu'il avait aussi des information sur les anneaux, Peny était restée très flou sur le passage secret dont elle avait été expulsée par Étincelle. Elle engagea le pas dans sa direction, se demandant comment engager la discussion pour ne pas rentrer dans une sorte de conflit et sans être sur la défensive d'un côté comme de l'autre. Finalement, quand elle fut à sa hauteur elle se contenta de quelque chose de basique.
« Bonjour Drian, est-ce que l'on peut discuter ? » sa voix était calme et douce, les mains jointes elle espérait avoir une réponse positive. Sans même s'en rendre compte elle se mit à jouer discrètement avec l'anneau de son ancêtre.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Dimanche 11 septembre 2022
Cinquième année - 15 ans
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Cinquième année - 15 ans
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Je déambule dans le jardin à la recherche de ma prochaine victime. Je viens tout juste de faire l'auror pour deux jeunes premières années s'amusant à semer partout des crottes de Simiot et agaçant de ce fait les Parisettes. Un ennui. Le seul plaisir que je tire de cette surveillance, c'est que je peux m'entrainer en toute impunité sur des élèves - plus jeunes que moi évidemment. Un petit "expelliarmus" par-là, un petit "levicorpus" par-ci, un protego pour éviter un jet d'eau. Cette année commence fort et certains se sentent pousser des ailes, finalement à mon avantage. Je pense que l'annonce du tournois et la visite de Fleur Delacour y est pour beaucoup. Beaucoup redoublent d'ingéniosité - ou de stupidité selon les points de vue - pour montrer qu'ils sont dignes de représenter l'école, même si ils viennent tout juste d'en découvrir les fondations. Pour ma part, je m'entraine deux fois plus le matin avant le début des cours, et comme vous l'aurez compris, je ne rate pas une occasion pour lancer un sortilège.
Il va donc sans dire que l'arrivée de Fleury devant moi, en ce beau dimanche, a de quoi me blaser même si je n'en laisse rien paraître. A elle, je ne peux pas lui lancer un sortilège en toute impunité... Le mouvement d'un anneau à son doigt attire mon attention. Cette anneau. Il y a ça aussi. Outre le tournois des trois sorciers, le mystère de la table dans la salle à double tour fait parti de mes préoccupations principales. J'avais réussi à extirper en fin d'année quelques informations sur la bague que porte Lorie et je suis pratiquement certain qu'elle a un lien avec la table ronde présente dans les tréfonds de l'académie. J'ai bien essayé de la faire voler pour aller vérifier moi-même - et ne pas me coltiner la sorcière -, mais toute tentative a été veine. J'ai donc perdu un temps infini pour me retrouver finalement à demander aux jumelles fouille-tout de trouver un moyen de retourner dans le bureau du directeur en sachant pertinemment que je n'aurai pas le choix que d'embarquer la jeune fille avec moi.
Enfin, qu'a dit mère déjà ? Ah oui ! De garder ses ennemis proches de soi. Ce n'est pas pour rien. Si je veux l'amener à la salle à double tour, il va bien falloir que je montre patte blanche jusque là où elle risquerait d'aller tout raconter au directeur ou pire... au sous-directeur. Sans sourire - elle n'y croirait pas une seconde de toute façon - mais le visage détendu et avenant, j'acquiesce.
- Bonjour Lorie, dis-je d'une voix suave. Que puis-je faire pour toi ?
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Le temps d'observer Drian se rapprocher, l'esprit de Lorie venait de trouver une solution. Quelque chose de solide, mais qui d'une certaine façon avait besoin de la présence de Drian. Le but était relativement simple en somme, l'exécution peut-être un peu plus risquée. Elle ne savait pas dans quelle mesure c'était faisable, ni dans quelle mesure elle risquait quelque chose. Alors qu'elle affichait un sourire heureux, Lorie était bien déterminée à mener son plan de bout en bout comme l'on confectionnerait une potion Grogentia. « J'ai besoin de quelqu'un de malin, qui gère bien ses émotions même si tu as des progrès à faire songea Lorie sans communiquer cette partie-là, fin stratège et qui sait se montrer subtil quand c'est nécessaire. » Voilà il lui fallait un beau parleur, et à en juger sa liste de gourgandine, ça fonctionnait plutôt bien. « Donc, j'aimerais que tu m'aides sur quelque chose... Enfin si tu le souhaite je ne veux pas te forcer la main. » La brune était calme, sûre d'elle et comme à son habitude joyeuse.
Si Lorie était fine stratège sur un échiquier, la réalité avait des variables qu'elle avait du mal à s'approprier. Un regard extérieur n'était pas de refus et une aide non plus. Puis devant ses parents l'adolescente ne serait pas en possession de tous ses moyens, variable qui pourrait faire tout capoter. Elle n'était pas certaine que son homologue accepte, et elle ne voulait en aucun cas le forcer. Surtout qu'il ne semblait pas vraiment l'apprécier, il suffisait de voir comment il s'était comporté l'an dernier et comment il s'était comporté lors du dîné de rentrer. Lorie était loin d'être rancunière, finalement, même s'il semblait froid et un peu exaspérant peut-être qu'au fond elle l'aimait bien.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
La suite d'éloges sortant de la bouche de Lorie me fait lever un sourcil. Elle s'est prit un maléfice ou quoi ? Autant je ne suis pas insensible à la flatterie, autant je me méfierai toujours de celle venant de la jeune fille. Je croise les bras sur ma poitrine. Elle a forcément quelque chose à me demander pour me faire autant de compliment d'un seul coup. Une seconde plus tard, j'ai ma réponse. Je retiens un sourire moqueur. Un peu trop prévisible la déléguée d'Ogme ! Finalement, tout n'est pas si gratuit venant d'elle, exactement comme je le pensai l'année dernière. Se pourrait-il même qu'elle utilise le prétexte de Calypso pour tenter de me forcer à l'aider ? Elle prétend ne pas vouloir m'obliger mais je n'y crois évidemment pas, elle a mis tous les arguments pour que j'aille dans son sens.
Je la regarde un moment, braquant mon regard glacé sur elle sans répondre. Je veux qu'elle se questionne, qu'elle hésite, qu'elle pense que c'est perdu d'avance, qu'elle abandonne. Je veux qu'elle ressente tout ça et plus encore avant que je ne vienne la libérer de ses doutes tel le jeune homme bienveillant que je suis. Ou plutôt que je vais prétendre être. Enfin tout dépend encore du sujet. Il faut dire que si sa préoccupation est le tournois, il n'est pas question que je lui offre des armes contre moi et j'aurai du mal à faire semblant. Mais pour le reste... Cela peut être une occasion en or pour lui faire payer pour l'année dernière... ou pour suivre les conseils de ma mère. J'avoue que mon humeur du moment jouera fortement dans ce choix.
- Je t'écoute. Quel est ce quelque chose ? Je finis par lui demander.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Observant Drian celui-ci n’était visiblement pas fermé à l’aider, du moins pas tout de suite. Rester plus qu’à formuler la demande. Peut-être que le mieux était d’aller directement au but. « Je veux ruiner mes parents » se contenta-t-elle de dire avec flegme. Puisque l’argent les rendaient méchants autant leur enlever. Loin de savoir ce qui se tramait pour eux depuis que madame Louise avait rencontrer madame Kieffer, c’était pour la déléguée, le début de son attaque. Le plan était simple, leur enlever ce qu’ils avaient de plus précieux. Un sourire espiègle qui commençait à se dessiner sur le visage de Lorie, entremêlé par le sérieux dont elle faisait preuve. Ce n’était pas une blague.
Lorie continuait de fixer Drian. Elle n’avait aucune idée de sa réponse, de ce qu’il ferait, de combien de temps il lui faudrait pour construire celle-ci. Par chance il n’y avait pas de cours ce jour-là, un des avantages des fins de semaines. Bien qu’elle ne pût aucunement prévoir la moindre réponse, Lorie commençait à essayer d’anticiper, essayant de trouver la moindre petite réponse à toutes les questions qui lui passait par la tête pour donner suite à cela. Néanmoins, elle ne voulait pas le forcer, s’il refusait alors elle se contenterait de tourner les talons. Après tout c’était quelque chose de délicat qui pouvait leur attirer des ennuis.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je ne suis pas certain d'avoir bien entendu. Ruiner ses parents ? A-t-elle vraiment dit ça ? Impossible. Si ? Et elle veut que je l'aide ? Un tas de souvenirs, de contradictions, de colère me reviennent et il me faut un instant pour encaisser le choc de l'absurdité de cette demande. Enfin encaisser est un grand mot. Un rire nerveux, inattendu, monte doucement dans ma gorge pour finalement exploser et m'en faire venir les larmes aux yeux. J'ai l'impression de ne plus réussir à m'arrêter. Je ris, encore et encore, jusqu'à en être essoufflé et de devoir inspirer profondément.
- C'est une blague ? Je demande finalement entre deux respirations difficiles. Mais Lorie a l'air parfaitement sérieuse malgré son sourire et, à moins qu'elle ait pris des cours du rire pendant l'été et qu'elle se soit découvert une nouvelle passion, je la vois mal faire de l'humour là-dessus. Ou alors elle veut me piéger mais j'en doute, elle a déjà fait plus retors.
Je me calme petit à petit et réussis à reprendre mon sérieux. Néanmoins, un sourire sarcastique ne quitte pas mes lèvres.
- Je croyais que tu n'avais pas besoin de mon aide.
Je me rappelle encore parfaitement bien de ce moment dans le boudoir, où, se mêlant encore une fois de mes affaires, j'avais dirigé la conversation avec Lorie vers son père. Elle m'avait alors envoyé bouler. J'ai mis un peu de temps à la digérer pour finalement m'en désintéresser totalement lorsqu'elle a commis l'irréparable. Aujourd'hui, j'en ai toujours plus rien à faire de ses soucis mais j'avoue être intrigué. Elle n'a pas l'air d'avoir conscience que de ruiner ses parents, c'est détruire son mode de vie, sa famille, les gens qui travaillent certainement pour eux. Elle s'attirait beaucoup d'ennemis et pas sûr que ses sœurs la remercient pour ça. Je dois avouer que plus j'y pense, plus ça me parait intéressant.
- Allez soit. Tu veux ruiner tes parents. Et quel serait mon rôle dans tout ça ?
Je suis curieux de voir ce qu'elle va me proposer. Certainement un un rôle de distraction ou un truc du genre. Elle doit probablement se douter que je ne prendrai aucun risque pour elle, je ne jouerai donc pas là-dessus. Ou alors elle est plus naïve que ce que je pense et je pourrai faire carton plein.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
La brune observait son homologue rire aux éclats, à ne plus pouvoir s’arrêter. Son sourire s’efface alors et un sentiment la parcours. Ce n’était visiblement pas une bonne idée de faire appel à lui. Le visage toujours dénué d’émotion, elle continue de l’observer. Rire à en pleurer… Voilà une image qu'elle ne se doutait aucunement de voir. Finalement, il reprit son souffle. « Une blague… » Songea la brune sans dire un mot.
« L’an dernier, je n’étais pas dans de bonnes dispositions et je m’excuse de… T’avoir envoyé bouler alors que tu voulais vraisemblablement m’aider. » Est-ce que c’était ça l’expression ? Elle n’était pas certaine, elle n’avait jamais utilisé ce genre de terme. Elle continuait de regarder Drian, plus elle lui parlait et moins elle le comprenait. Est-ce qu’il la haïssait ? L’appréciait ? Était indifférent ? En colère ? Lorie n’avait aucune idée de ce qui lui passait par la tête parfois, elle le trouvait ambivalent. Finalement, il finit par recentrer le sujet. Lorie laissa un silence s’installer et se rejouait la scène qu’elle venait de vivre. Il n’avait pas l’air de prendre ça au sérieux et ce n’était pas cette phrase qui allait changer la perception de l’adolescente.
« Laisse tomber, ce n’est pas grave. Désolée de t’avoir dérangé » se contenta-t-elle de dire un peu déçue, avant de tourner les talons. Elle trouverait quelqu’un d’autre qui prendrait le sujet plus au sérieux. Plus elle avait d'interaction avec lui et plus elle était déçue, et elle avait du mal à le cacher.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Et après on s'étonnera que je ne supporte pas cette fille. La seule raison pour laquelle elle tourne les talons, c'est pour que je lui cours après. Je suis sûr qu'elle adore ce genre d'attention. Pourquoi avoir fait l'effort de me demander mon aide sinon ? Une vraie princesse. Je ne comprends pas comment les autres peuvent être si aveugle à son sujet, en termes de manipulation et de coup bas, même moi je ne suis pas à son niveau. Ce n'est pas si difficile à voir lorsqu'on l'a percé à jour.
J'adorerai en rester là, la laisser partir en lui souhaitant bon vent même si du coup je ne participerai pas à son auto-massacre. M'abaisser à aller la chercher ? L'horreur. Je n'ai pourtant pas vraiment le choix. À tout moment, les jumelles pourraient venir me chercher et j'aurai besoin d'elle. Enfin de son anneau mais je ne peux pas le lui arracher même si j'adorerai. Le lourd soupir que je rêve de laisser échapper ne franchit jamais mes lèvres et à la place de ça, je m'empresse de rattraper Lorie en me retenant de ne pas exprimer tout le dégoût que m'inspire ce geste.
- Excuse-moi, je ne voulais pas te contrarier, tu m'as juste vraiment surpris, je dis en levant les mains en signe de paix avec un petit sourire contrit. Je n'ai absolument aucune raison de m'excuser mais à priori, les filles aiment bien ça. Et si on reprenait à zéro ? Moi aussi j'ai besoin de ton aide pour quelque chose d'important. Pourquoi ne pas partir sur : je t'aide et tu m'aides en retour ?
Avant même qu'elle ne réponde, je me dis qu'attiser sa curiosité pourrait m'aider à obtenir ce que je veux tant elle peut être difficile et butée. Il ne manquerait plus que je la supplie. Je m'empresse donc d'ajouter une information allant dans ce sens.
- C'est au sujet de ta chevalière, je complète.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Marchant dans les jardins, Lorie se fit rattraper rapidement par Drian, elle fut plutôt surprise par cela, elle qui pensait qu'il passerait à autre chose... Un peu étonnée par ses explications, elle vit ses mains se lever comme un acte de paix. « D’accord… Répondit-elle simplement, j’ai mal interprété, je pensais que tu te moquais, c'est moi qui suis désolée. » Reprendre à zéro ? Que voulait-il entendre par là ? Il ne fallu pas beaucoup de temps pour comprendre où il voulait en venir. La fausse brune se contenta de le fixer, avant qu’il ne rajoute qu’il avait besoin d’aide pour la chevalière.
« Mais Drian… Commença-t-elle par dire un peu étonnée de ce qu’elle venait d’entendre. Tu n’as pas besoin de m’aider pour que je t’aide… Si je dois t’aider c’est parce que ça me fait plaisir de le faire, pas parce que tu m’as aidé ou que je te serais redevable. Lorie marqua un silence, elle ne comprenait pas vraiment cette façon de penser. Même si tu décides de ne pas m’aider et tu as le droit de le faire… Je ne vois pas pourquoi je ne t’aiderais pas si j’en ai la possibilité… C’est étrange comme façon de penser non ? » Lorie cligna plusieurs fois des yeux avant de se recentrer sur l’essentiel. « Mais oui, j’accepte de t’aider, il faut juste que tu me dises comment. » Elle se garda bien de préciser qu’elle ne le ferait pas si cela devait leur attirer des ennuis, mais pourquoi se risquerait-il à cela ?
Le sourire de Lorie était réapparu, la rancune ne faisait pas partie d’elle… Sauf avec son père ou sa mère, mais c’était une autre histoire. Ainsi, elle attendit que Drian lui explique en quoi elle pouvait l’aider.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je garde mon sourire contrit comme un bouclier pour ne pas réagir à ses paroles. Bien sûr que je me moquai d'elle, qu'elle peut être naïve... Cela me sert bien, elle va là où je veux qu'elle aille. Même si elle me ressort son discours mielleux auquel je ne crois pas du tout. Elle m'a volé Calypso, ce n'est pas pour "rien". Aider pour le plaisir ? Sans rien en retour ? Quel idiot ferait ça ? Il y a toujours quelque chose à gagner, même si ce n'est pas visible. Il n'y a que les mages blancs pour faire des actes purement altruistes et encore... Je suis certain qu'ils y gagnent aussi quelque chose même si je ne saurai dire quoi. Enfin, pour une fois qu'elle ne me contrarie pas plus que ça, je vais continuer de jouer le jeu. Je n'ai pas le choix, j'ai vraiment besoin de sa chevalière, j'en suis certain. Je garde mon sourire de pantin et me force à aller dans son sens.
- Tu as probablement raison, je lâche du bout des lèvres.
Elle accepte finalement de m'aider mais je ne relâche pas pour autant ma vigilance. Vigilance à ses réactions pour mieux la cerner et anticiper mais aussi sur moi-même. Je ne dois pas la laisser m'affecter. Lui expliquer vaguement le plan reste dans mes cordes et je m'y attendais. Mais encore une fois, je dois faire attention à mes mots, c'est une déléguée après tout. Lui en dire suffisamment pour attiser sa curiosité mais pas tout pour ne pas prendre le risque qu'elle nous dénonce ou qu'elle se rétracte. Voyons-voir...
- Je suppose que Pénélope a dû te parler de la salle à double tour ? Je commence à voix basse, autant pour instaurer une ambiance laissant aller à la confidence que pour éviter d'être écouté. Il ne manquerait plus que des oreilles indiscrètes nous entendent. Nous l'avons trouvé. Je lui épargne mes doutes à ce sujet. En vérité, je ne suis pas vraiment certain de ce que l'on a trouvé mais tous les indices pointent dans cette direction et il vaut mieux pour m'assurer de son adhésion d'avoir l'air le plus sûr de moi possible. Ta bague, je pense qu'elle en est la clé. Les jumelles Kleinerman sont en train de négocier le passage, nous accompagneras-tu quand nous l'aurons ? Encore une demi-vérité. Je n'ai pas la moindre idée de comment vont s'y prendre les jumelles fouille-tout et on passera très certainement en douce. Mais une petite voix me dit que je devrai garder cette information pour moi.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Elle fut quelque peu étonnée lorsque Drian admettait qu’elle avait probablement raison. Était-ce la première fois qu’elle entendait ces mots de sa bouche ? Elle n’était pas certaine, la fausse brune ne faisait pas spécialement attention à cela, mais elle avait cette sensation de nouveauté en elle qui venait lui susurrer dans le creux de l’oreille que c’était le cas. Lorsque son homologue commença ses explications à voix basse, l’adolescente l’écouta avec curiosité et attention. Alors ils avaient bien trouvé la salle à double tour… Son intuition, lorsqu’elle les avait vu glisser sur le sol, venait de se confirmer.
Lorie resta silencieuse quelques secondes, fronçant les sourcils trahissant une certaine réflexion. Son regard semblait vouloir jauger si Drian mentait. « Pénélope ne m’a rien dit, commença-t-elle à dire. C’est Olympe Maxime qui m’a parlé de la salle et des anneaux... Puis sa valise de la table ronde et d'une histoire de sang ou descendance visiblement… Mais ça sonnait plus comme une provocation envers le professeur Delalande » Lorie n’avait pas besoin de mentionner la rivalité des deux sorciers, il devait la connaître et par lien de cause à effet, le cinquième année devait comprendre ce que cela voulait dire. « Donc je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée, ni qu’on ait le droit d’y aller. » Lorie semblait réfléchir à certaines possibilités. « Cependant… Rien dans le règlement ne nous l’interdit non plus… » finit-elle de dire avec un petit sourire malicieux. Cette salle était comme une zone grise que l’on pouvait exploiter faute d’avoir un règlement précis. Drian avait vraisemblablement gagné toute la curiosité de Lorie, il pouvait le voir et l'entendre, sa dernière phrase allait très clairement dans le sens du garçon. Puis Lorie posa un regard le plus rigide dans celui de Drian. « Pénélope sera avec vous ? » demande la brune d'une intonation plus sérieuse.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Si le fait que Penelope n'est rien dit à Lorie me surprend, ce n'est rien comparé à son histoire avec Olympe Maxime. Voilà qui est bien curieux, je me demande ce qu'elle a à voir avec la salle à double tour et pourquoi elle en aurait parler à la première élève venue. Cette salle est cachée au fin fond de l'école, ce n'est certainement pas pour que le tout-venant la trouve. Probablement même qu'on n'est pas censé la trouver du tout... Pourquoi une ancienne directrice mettrait une élève sur cette piste ? Provoquer le vieux sorcier me semble être une bien faible raison, surtout pour une simple rivalité des temps passés. Ils ne devaient vraiment pas se sentir, ces deux-là, pour que les choses perdurent aussi longtemps, et la salle à double tour doit être bien plus que ce que l'on imagine.
Perdu dans mes pensées, j'ai à peine écouté les tergiversions de la jeune fille mais je n'ai pas l'impression qu'elle ait dit oui ou non même si elle semble curieuse. Elle m'en tire d'ailleurs complètement avec une question que je n'ai pas du tout anticipée. Qu'est ce qu'elle me veut avec sa Pénélope ? C'est évident que je n'ai pas convié cette empotée. Je dois déjà me faire force pour Fleury, il ne manquerait plus que sa copine se ramène alors qu'elle ne servirait à rien. J'imagine que si elle le demande, c'est qu'elle souhaite que son amie nous accompagne. Plutôt annuler la mission que ça...
- Elle n'est pas dans la confidence cette fois-ci. Mais si tu souhaites qu'elle viennes, tu peux le lui proposer. Néanmoins..., je laisse planer une seconde, le temps de choisir mes mots, si elle n'a pas souhaité te parler de la salle à double tour, c'est qu'il y a une raison. Elle n'a peut-être pas confiance en toi ou c'est autre chose... A toi de voir.
J'espère avoir semé suffisamment de graines du doute pour que l'autre quatrième année ne soit pas de la partie. Dans tous les cas, je ne la laisserai pas se joindre à nous, même s'il faut l'envoyer au dispensaire pour ça. Il n’y aurait bien trop de personne en qui je n'ai aucune confiance. Bien sûr, je ne ferai rien qu'un colasyskol ne puisse réparer, il faut que cela reste une blessure accidentelle. Juste de quoi nous permettre de la laisser sur la touche sans lever de soupçon. Enfin, je n'aurai peut-être pas besoin d'aller jusque-là. Lorie pourrait se montrer raisonnable.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Si les yeux de Lorie tentent de sonder Drian, la fausse brune à bien du mal à savoir ce qu’il a derrière la tête. Puis vint l’explication, le cinquième année semble marcher sur des œufs, mais Lorie entends bien l’information qu’elle voulait. Pénélope ne serait pas de la partie. « Pas de Pénélope… Lorie apparaissait songeuse. Parfait ! » S’exclame-t-elle. Ses yeux bleus, parcoururent les jardins avant de se reposer dans ceux de Drian. « Tu peux compter sur moi pour t’aider » finit-elle par conclure.
La rancune ne faisait pas partie de la personnalité de Lorie. Mais il fallait avouer qu’elle n’avait pas vraiment envie d’entendre son ancienne amie, ni même de la voir. En cours c’était déjà suffisant. Toute joyeuse Lorie en avait oublié pourquoi elle était venue trouver Drian. Oubliant complètement qu’elle était venue chercher son aide, elle regarda au loin un arbre comme perdu dans ses pensées, et vit une tache blanche y grimper. Lys… Songea l’apprentie mage blanc. Puisqu’il était d’aventure qu’elle suive Drian jusqu’à la salle à double tour, il était hors de question que Lys les suivent. L’inconnue était trop grande et s’il y avait du danger, il était préférable que Lys reste dans les jardins à se dégourdir les pattes.
Soudaine Lorie détourna le regard de l’arbre, revenant à la réalité, elle observa Drian. « Je ne vais pas t’embêter plus longtemps, je te laisse venir me voir quand tu auras besoin de mon aide. » Ainsi la quatrième année se mit à marcher dans la direction de l’arbre. Si l’envie d’y grimper était grande, elle éviterait. La déléguée avait bien trop fait de séjour au dispensaire depuis la rentrée et elle ne voulait plus subir le colasyskol de la guérisseuse.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
L'exclamation de Lorie me laisse muet. Parfait ? Comment ça parfait ? Je crois que quelque chose m'échappe au sujet de la relation entre les deux filles... Même si leurs chamailleries ne m'intéressent pas le moins du monde, il vaut quand même mieux que je me renseigne un minimum. La connaissance, c'est le pouvoir. Mon oncle et ses livres me l'ont suffisamment appris. Lorie est l'ennemie sur laquelle je dois être le plus renseigné. Une fois cette conversation terminée, je mettrai ça au clair discrètement.
- Parfait, je dis à mon tour mais pour une toute autre raison. J'ai donc la bague d'assurée. Ne manque plus qu'à attendre que les jumelles reviennent vers moi.
J'attends que la sorcière me parle à son tour de son projet mais le silence s'installe à la place. J'observe alors Lorie avec curiosité et la vois le regard perdu au loin. J'ai beau essayer de comprendre ce que ses yeux ont capté mais mis à part un arbre, je ne vois rien dans cette direction. Est-elle en train de réfléchir ? A quoi ? De son plan pour ruiner ses parents ? Ou de la découverte qu'elle s'apprête à faire malgré moi ? Qu'elle n'essaye en aucun cas de me doubler, la salle sur demande est à moi. De toute façon, je doute que les jumelles me laissent sur la touche pour elle. Ce n'est pas leur style. Depuis les évènements de la rue Claudel, j'ai pu un peu me familiariser avec elle et leur façon d'être. Etonnamment, j'ai même fini par les trouver appréciables.
La jeune fille finit par se tourner vers moi pour finalement me donner congé. J'hésite moins d'une seconde avant de hocher la tête. Je ne sais pas ce qu'elle a en tête mais je vais rester sur mes gardes. Quant à l'aide qu'elle m'a demandé, ce n'est pas bien grave si elle a changé d'avis. Peut-être se réserve t-elle le temps de voir comment notre future opération se déroulera. J'aurai fait ainsi pour ma part. Je la regarde s'éloigner en direction du fameux arbre avant de retourner moi-même à ma ronde. J'ai l'impression que quelque chose a changé en elle mais je ne saurai dire quoi. Pas sa personnalité, ça non. Pas quelque chose de visible non plus. Il s'agit plutôt de ce qu'elle dégage mais mon ressenti s'arrête là. Je me fais probablement des idées. Trop de Lorie m'embrouille l'esprit, il est temps de retourner m'entraîner.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Les pas lents de Lorie l’amenaient doucement vers l’arbre où Lys avait pris refuge. Toujours avec une élégance qui lui valait son surnom de princesse auprès de plusieurs camarades de classe, l’adolescente profitait du soleil qui illuminait les jardins. Soudain... Elle se rappela qu’elle n’avait pas formulé sa demande, l’ayant complétement mise de côté. La fausse brune soupira tout en se retenant de taper son front avec la paume de sa main. Si l’envie d’opérer un demi-tour était grande, elle ne put s’empêcher de se dire qu’elle pourrait toujours formuler cette demande plus tard.
À mi-parcours, le sourire aux lèvres, Lorie repensait au cas Drian. Il était si difficile à comprendre qu’elle se sentait perdue comme si elle était au milieu d’un océan sans la moindre parcelle de terre environnante. Si certains signaux étaient au rouge, elle avait du mal à voir le mauvais en Drian. Peut-être était-il comme elle d’une certaine façon. Peut-être que ce côté mystérieux et insondable venait de ses parents. Après tout Lorie n’avait pas oublié que sa mère était bulgare et qu’elle avait fait sa scolarité à Durmstrang par conséquent. Un peu comme à l’image de ses parents à elle, Drian avait peut-être dû se plier à quelques règles venant de l’est.
Puis elle repensa à l’oncle, sous-directeur et professeur de conjuration… Lorie grimaça alors que l’arbre convoité lui faisait désormais de l’ombre. Était-il heureux ? Songea Lorie avant de se corriger. Non… Sont-ils heureux ? Voilà la question à laquelle il fallait répondre… Elle devait la poser, au moins pour être certaine. Mais seulement quand elle serait en mesure de détecter les mensonges, sinon sa naïveté viendrait anéantir la vérité. Si elle savait, peut-être qu’elle pourrait les aider… Lorie grimaça à nouveau. La dernière fois qu’elle avait aidé Drian avec l’abraxan, n’avait pas été une grande réussite même si l’adolescente était optimiste sur le fait qu’à long terme Drian finirait par accepter le cadeau. Peut-être qu’elle aurait même le droit à un petit merci… L’apparition soudaine de Lys sur l’une des branches eut pour effet d’extraire Lorie de ses pensées, affichant par la même occasion un grand sourire a celle qui était entrée dans sa vie. Toujours aussi discrète qu’un fantôme. Songea-t-elle en l’observant.
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