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Teilo est le quatrième rejeton sur six d'une famille d'artistes habitant à Lyon. Son premier mot était "gâteau" (plus précisément "â-o" mais le geste de sa main vers le placard de la cuisine ne laissait aucun doute). Comme il était curieux de tout depuis tout jeune, il a fallu que Maman canalise ses envies : danse, chant, théâtre, rugby, goûters et jeux avec les copains constituèrent alors le socle de ses activités périscolaires. Des copains, il n'avait aucun mal à s'en faire. Il avait tendance à 'prêter' tous ses jouets et à 'oublier' de demander qu'on lui rende. Il était doué pour consoler les autres. Il ne disait jamais non, même quand il savait très bien que ce qu'on lui proposait de faire était une grosse bêtise. Souvent, c'était d'ailleurs lui qui proposait parce qu'il venait d'avoir une 'super idée'. Les leçons de morale de Maman et Papa n'entamèrent pas son enthousiasme. Ils s'inquiétaient vraiment pour rien. La preuve : il s'en sortait toujours sans heurts.

Un jour au rugby, ils avaient bien failli perdre le match. C'est Teilo qui sauva l'équipe des poussins avec un essai miraculeux marqué à la toute dernière minute. Il crut d'abord à un énorme coup de chance : le tout dernier défenseur prêt à lui plonger dessus s'était arrêté net, comme suspendu dans les airs quelques instants. Le soir même, il apprit que l'autre s'était en fait pétrifié sur place et que c'était à cause de la magie, de sa magie, et que la magie existait vraiment. En vrai, ce n'était pas une énorme surprise.

Du jour au lendemain, son monde changea. Finies les activités périscolaires, finis l'école, les goûters et les jeux - c'était vraiment trop risqué, disaient parents comme précepteurs. Teilo en fut très longtemps inconsolable. La magie c'était super, et plus il en apprenait sur elle, plus il avait envie d'essayer de faire des choses avec, mais cette magie lui avait fait perdre tous ses amis. Il se jura alors de tout faire pour que ça n'arrive plus jamais. Heureusement, à la maison il pouvait compter sur le soutien de sa fratrie. Olympia la plus grande continuait à lui apprendre la danse. Il pouvait continuer à s'entraîner au rugby avec Ariane qui, même plus petite que lui, était autant sinon plus féroce sur le terrain. Fabrice, son aîné, était là pour répondre à toutes ses questions et l'aider à s'organiser. Il n'y avait que Suzanne, la deuxième et Robin, le petit dernier, qui ne semblaient pas s'intéresser vraiment à lui. Quant à Papa, il était vraiment très très occupé par son travail.

Teilo grandit, continua un peu le théâtre grâce à la compagnie de Maman, et plus il grandissait, plus il en apprenait sur l'autre monde, celui des sorciers dont il faisait maintenant partie. Pourquoi lui et pas ses frères et soeurs ? Pourquoi pas tout le monde ? C'était injuste. Mais c'était ainsi, lui dit-on. Parfois, on avait juste pas le choix. Le premier froncement de sourcils de Teilo date de cette époque là.

Le plus dur, c'était quand même de voir passer Jean et les autres sous ses fenêtres quand ils revenaient de l'école ou du rugby. De ne pas pouvoir leur crier "You-houuu, je suis là, je vais bien. Vous me manquez." Mais au moins, ils avaient l'air heureux. Eliott leur capitaine grandissait à vue de nez, c'était assez fou. Il avait pris du muscle aussi. Rien à voir avec Teilo qui en avait même perdu mais... c'était ainsi.  

A son onzième anniversaire, Teilo eut droit à une nouvelle paire de baskets (orange fluo), un grand carnet pour s'organiser et noter tout ce qui lui passait par la tête, un livre sur l'univers de Zelda et une lettre de l'académie de magie Beauxbâtons. Il était temps pour lui de partir pour de bon dans le monde auquel il appartenait vraiment. Quitter sa famille fut un déchirement, il vola même quelques effets personnels pour les avoir avec lui à l'école, dont une boussole qui appartenait à sa grand-mère décédée plus tôt dans l'année.

Mais sa première année à Beauxbâtons lui prouva qu'il avait tort de s'en faire. Très vite, la nouveauté du lieu, les possibilités magiques, les gens qu'il rencontra là-bas lui donnèrent la confiance nécessaire pour partir à l'aventure. Toute l'année, le petit Lug se forgea de nouveaux souvenirs, des heureux et des drôles et des surprenants pour remplacer les plus tristes. Il rencontra un elfe conduisant un bus magique, monta à dos d'un grand oiseau nommé Asmodée et croisa la route d'un mage blanc sur une montagne, mena des enquêtes sur de nombreux mystères, fabriqua une pierre alchimique à la belle couleur bleue grâce au souvenir de sa grand-mère, prépara une pièce de théâtre et organisa une fête pour soutenir la Championne de Beauxbâtons au Tournoi des Trois Sorciers (la génoise était particulièrement réussie). Il comprit aussi que tout le monde ne lui voulait pas nécessairement du bien sans toutefois trop saisir pourquoi. Surtout, Teilo se fit plein, plein d'amis. Et ceux-là, c'était sûr et certain, il n'allait jamais les perdre.